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Construction d’horaires dans un contexte multidépartement

raires des employés en permettant le transfert entre les départements. Combiner la construc- tion d’horaires de plusieurs départements dans le même processus d’optimisation fait en sorte que la taille du problème devient très grande. Tous les travaux rencontrés dans la litté- rature écartent la résolution directe du problème et procèdent par la décomposition heuris- tique du problème. Dans ce qui suit, nous présentons d’une manière détaillée ces travaux. 3.3.1 Contexte multidépartement et monoactivité par département

L’ensemble des travaux rencontrés dans la littérature dans un contexte MDSA implique deux problèmes : la construction des cycles anonymes multidépartements et la construction simul- tanée des cycles et des quarts personnalisés multidépartements.

Construction des cycles anonymes multidépartements

À notre connaissance,Mabert et Raedels(1977) sont les premiers à s’adresser à un contexte multidépartement. Les auteurs traitent un problème de construction de cycles anonymes dans un contexte multidépartement. Les auteurs considèrent le cas réel d’une banque (Pur- due National Bank) formée de huit agences. Chaque agence est monoactivité. Tous les cais- siers peuvent travailler dans n’importe quelle agence. La main d’œuvre est à temps-partiel. Les cycles admissibles sont ceux obtenus en plaçant deux ou trois jours de travail à l’intérieur d’une semaine ouvrable de cinq jours. Aucune restriction sur les transferts n’est considérée. L’affectation des agences aux jours travaillés se fait sans aucune restriction. Le problème est formulé comme un modèle de couverture généralisée. L’objectif est de minimiser le nombre

total de cycles anonymes sélectionnés et le nombre total de jours travaillés. La demande est spécifiée par jour de travail et par agence bancaire.

Deux heuristiques de résolution sont proposées pour résoudre le problème difficile dont la taille augmente exponentiellement avec le nombre d’agences. Les deux heuristiques décom- posent le problème en deux niveaux décisionnels : la construction des cycles anonymes et le placement des agences à l’intérieur des jours travaillés. La construction des cycles ano- nymes se fait en agrégeant la demande de toutes les agences ensemble. La différence entre les deux heuristiques est que la première résout un modèle de couverture généralisé alors que la deuxième utilise une heuristique constructive. Le placement des agences à l’intérieur des jours travaillés se fait en minimisant les transferts ou encore les déplacements. Nous uti- lisons dans ce cas le terme déplacement étant donné que le caissier n’est pas rattaché à une agence en particulier. La deuxième heuristique permet de diminuer les temps de calcul par rapport à la première. La stratégie de gestion de la main d’œuvre dans la banque utilisait exclusivement des caissiers à temps complet sans transferts entre les agences. L’emploi des caissiers à temps partiel qui peuvent être déplacés entre les agences a permis d’économiser environ 30000 par an à la banque.

Comme pour le contexte monodépartement, les travaux explicites ont été suivis par des tra- vaux implicites afin de réduire la taille des modèles obtenus. Plus tard, Bechtold (1988) a repris le travail deMabert et Raedels(1977) et a proposé une approche implicite pour la ré- solution du même problème. Les tests expérimentaux montrent que l’approche implicite do- mine l’approche explicite. Le modèle implicite, noté BIF, divise les employés en deux types : les employés SD et les employés MD. Les employés SD désignent les employés travaillant dans le même département tout au long de la fenêtre de temps. Les employés MD travaillent dans plus qu’un département durant la fenêtre. Alors que le nombre d’employés de type SD est spécifié par département en se basant sur une demande désagrégée de ce département, le nombre d’employés MD se base sur une demande agrégée pour tous les départements ensemble. Plusieurs formulations implicites sont proposées permettant de considérer des objectifs différents. Le modèle est résolu. L’affectation a posteriori de la main d’œuvre mul- tidépartementale aux différents départements se fait d’une manière heuristique.

Construction simultanée des cycles et des quarts personnalisés multidépartements

Al-Yakoob et Sherali(2007) s’adressent à un problème de construction simultanée de quarts

et de cycles personnalisés dans un contexte multidépartement. Un département est une station-service. Les auteurs définissent une approche de résolution à deux étapes. La pre- mière étape vise à partitionner l’ensemble des employés et des stations en des sous-ensembles mutuellement disjoints. Ce problème est formulé comme un modèle linéaire en nombres entiers. La fonction objectif maximise les préférences des employés pour les stations et les heures de travail. À la deuxième étape, un sous-problème est associé à chaque partition éta-

blie à l’étape précédente. L’ensemble des sous-problèmes sont résolus séparément. Un sous- problème correspond à la construction simultanée de cycles et de quarts personnalisés dans un contexte multidépartement. Le partitionnement permet donc de réduire la taille du pro- blème global. Al-Yakoob et Sherali(2008) propose une heuristique basée sur la génération de colonnes pour résoudre le problème intégré.

3.3.2 Contexte multidépartement et multiactivité par département

Plus tard,Bard et Wan(2008) s’adressent à un problème de construction simultanée de cycles et de quarts personnalisés dans un contexte multidépartement. La contribution principale de ce travail couvre deux niveaux décisionnels habituellement négligés : l’affectation de chaque employé à son département d’origine et le respect de certaines restrictions de transfert entre les départements, notés ici WSG. Il existe certaines règles sur les transferts entre certains départements à cause de leur localisation et des objectifs de supervision. Un employé est rattaché à un WSG lorsqu’il passe l’intervalle de temps le plus élevé de son horaire de travail dans ce WSG. En absence de restrictions sur les transferts, le problème peut être traité en deux phases d’une manière optimale. Dans une première phase, la demande est agrégée pour tous les WSG du centre. La composition et la taille de la main d’œuvre est déterminée à l’aide d’un problème de construction simultanée de cycles et de quarts anonymes avec placement de pause. On se ramène au contexte monodépartement (Bard et collab., 2003). Dans une deuxième phase, un problème d’affectation des WSG aux périodes travaillées est résolu et un horaire rempli est construit pour chaque employé du centre (Bard et Wan,2006). Cette décomposition n’est plus optimale lorsqu’il y a des restrictions sur les transferts entre départements. En présence de restrictions sur les transferts, les auteurs proposent deux ap- proches heuristiques : séquentielle et itérative. L’approche séquentielle repose sur la défini- tion d’un graphe particulier dont les nœuds sont les WSG et les arcs sont les déplacements permis entre les WSG. Les auteurs commencent par partitionner l’ensemble des nœuds en des sous-ensembles mutuellement disjoints. Une partition est obtenue en regroupant tous les WSG vérifiant la propriété d’absence de restrictions sur les transferts. Les partitions sont par la suite triées selon un ordre spécifique. Finalement, les sous-problèmes associés aux partitions sont résolus selon l’ordre de priorité identifié précédemment. L’approche itérative fait intervenir deux étapes principales. La première étape consiste à relaxer les restrictions sur les transferts et à résoudre un problème global de construction simultanée de cycles et de quarts anonymes en agrégeant la demande de tous les WSG ensemble. La solution obte- nue sera un intrant pour la deuxième étape qui utilise un problème en nombres entiers. Ce problème consiste à l’affectation simultanée des WSG aux périodes travaillées et des WSG d’origine aux horaires personnalisés en tenant compte des restrictions sur les transferts. Ce problème n’est pas forcément réalisable à cause de la relaxation des restrictions au niveau de la première étape. Autrement dit, la solution agrégée de la première étape n’est pas for-

cément suffisante pour couvrir la demande désagrégée de la deuxième étape. Afin d’assurer la réalisabilité du problème d’affectation simultanée des WSG et des WSG d’origine, la sous- couverture est acceptée et minimisée dans la fonction objectif. Lorsque la sous-couverture est non nulle, un nouveau problème est résolu en considérant deux options. La première option correspond à réitérer la procédure à deux étapes en considérant la demande incrémentée de la sous-couverture obtenue. Le processus itératif s’arrête lorsqu’une solution réalisable soit obtenue. La deuxième option correspond à égaliser la demande à la sous-couverture et à faire appel à l’approche séquentielle pour rajouter le nombre d’employés suffisant à couvrir les écarts. Les auteurs démontrent que le problème de la deuxième étape est NP-difficile. Ils proposent un algorithme de fixation de variables (Variable fixing algorithm) pour le résoudre. Les auteurs concluent que l’approche itérative combinée avec l’algorithme de fixation de variables et l’utilisation a postériori de l’approche séquentielle pour couvrir les écarts de de- mande est la meilleure alternative. Trois classes d’instances sont considérées et chaque classe contient quatre scénarios faisant intervenir le même nombre de WSG et diffèrent par les in- terdictions de transfert entre les WSG. La première classe d’instances contient trois WSG, et une fois résolue, utilise un peu plus de 200 employés. La deuxième contient quatre WSG et un peu plus de 70 employés et la troisième contient cinq WSG et presque 50 employés. En moyenne, des solutions de bonne qualité sont obtenues dans un intervalle de 30 minutes. Les approches de résolution des problèmes de construction d’horaires dans un contexte mul- tidépartement ont presque toutes un schéma de décomposition à deux étapes. Nous distin- guons deux cas. Le premier, celui adopté parMabert et Raedels(1977);Bechtold(1988);Bard

et Wan(2008) qui divisent le problème en deux étapes : une étape d’agrégation et une étape

de désagrégation. La première étape se base sur l’agrégation des courbes de demande de tous les départements en une seule, ramenant ainsi le contexte multidépartement au contexte monodépartement. Ceci permet alors à la première étape d’obtenir des horaires agrégés pour l’ensemble des départements. La deuxième étape consiste à affecter les départements aux ho- raires préétablis. Des post-traitements sont utilisés. Le deuxième cas, celui de (Al-Yakoob et Sherali,2007) traite le problème différemment en partitionnant l’ensemble des départements et des employés en des sous-problèmes mutuellement exclusifs et ceci en maximisant les préférences des employés. Ensuite, chacun des sous-problèmes est à son tour un problème de construction d’horaires dans un contexte multidépartement de taille plus petite.

Pour conclure, cette revue nous a permis d’examiner des axes prometteurs de recherche pour la thèse. D’une part, elle montre que le contexte multidépartement est peu exploré par rapport au contexte monodépartement qui a été dûment étudié dans la littérature. Ce constat a donc motivé l’élaboration de cette thèse. Tel que précisé parVan den Bergh et collab.(2013), les organisations ont besoin d’outils permettant un haut niveau d’intégration décisionnelle et l’incorporation d’aspects plus réalistes du problème. D’autre part, elle fait apparaître que la résolution du problème de construction d’horaires dans le contexte multidépartement est

généralement traitée par une heuristique à plusieurs étapes. Ceci a donc motivé notre travail pour la conception d’approches de résolution performantes supportant des organisations de taille très grande non encore rencontrées dans la littérature.

Chapitre 4

Modélisation du problème

4.1

Modèle de construction d’horaires

Le modèle de construction d’horaires est un modèle explicite basé sur la formulation de cou- verture généralisée proposée par Dantzig(1954). On commence par l’énumération exhaus- tive de tous les horaires admissibles H. À chaque horaire énuméré h ∈ H, on associe une variable de décision binaire Xh qui vaut 1 si l’horaire est sélectionné et 0 sinon. L’ensemble

des horaires construits doivent, d’une part respecter les règles de travail et de transfert, et d’autre part couvrir les courbes de demande des départements. Les règles de travail et de transfert sont explicitement considérées lors de l’énumération des horaires admissibles. Pour chaque département d et chaque période i, on définit une contrainte de demande qui impose que l’offre en effectifs soit supérieure ou égale à la demande. Étant donné que la taille et la composition de la main d’œuvre dans cette thèse sont un intrant fixe, il arrive que l’offre ne suffise pas à couvrir la demande d’une ou plusieurs périodes. À l’opposé, les employés peuvent être disponibles mais inactifs. On définit ainsi, pour chaque département det chaque période i, une variable de sous-couverture Ud,iet de surcouverture Od,ique l’on

pénalisera dans la fonction objectif.

Étant donné que nous traitons le cas d’horaires personnalisés, l’ensemble H est formé par l’union des horaires admissibles personnalisés de tous les employés (∪e∈EHe). Une contrainte

d’affectation est considérée dans le modèle pour sélectionner un et un seul horaire pour chaque employé. Dans ce qui suit, on se propose de définir formellement l’ensemble des horaires admissibles personnalisés Hede l’employé e.

Rappelons qu’un quart q est modélisé par le quintuplet (sq, lb, lf, db, df). Le quart q est com-

posé de deux blocs : un bloc de début dans le département dbqui commence à sqet se termine

à sq+ lb− 1 et un bloc de fin dans le département df qui commence à sq+ lbet se termine à

sq+ lb + lf − 1. De plus, la durée du quart q est notée lq. Notons ltrq,dle nombre de périodes

culé comme suit : ltr

q,d = lbµd,db + lfµd,df avec µd,d0 un paramètre qui vaut 1 si d = d

0 et 0

sinon.

On peut diviser l’ensemble des règles de travail et de transfert en deux types : ponctuelles et horizontales. Les règles ponctuelles servent à définir les quarts admissibles d’un jour donné alors que les règles horizontales servent à définir les liens admissibles entre quarts sur les différents jours de l’horizon.

Les règles ponctuelles de travail sont celles qui définissent les heures de début et les durées de travail. Elles sont définies par les types de quart de l’organisation. Les règles ponctuelles de transfert sont celles qui définissent la composition des quarts en départements. Elles im- posent qu’un quart soit formé d’au plus deux blocs, que la durée d’un bloc soit au moins supérieure à un seuil Bmin et que dans le cas d’un quart à deux blocs, au moins l’un des

deux soit interne. L’ensemble des règles ponctuelles de travail et de transfert permettent de définir l’ensemble des quarts admissibles personnalisés de l’employé e le jour j désigné par Qe,j = ∪t∈TQe,j,t avec T l’ensemble des types de quart. Pour la définition de l’ensemble

Qe,j,t, on réfère à la Section2.1.1.

Les règles horizontales de travail sont la règle de séparation minimale entre quarts reçus du- rant deux jours de travail consécutifs (Smin) et la règle de la charge horaire maximale (Lmax).

La règle horizontale de transfert est la règle du pourcentage minimal de travail dans le dé- partement d’origine (Tmin). L’ensemble des règles horizontales de travail et de transfert per-

mettent de définir l’ensemble des horaires admissibles He = {(qj)j∈Je ∈ Q j∈JeQe,j|sqj+1 − (sqj + lqj) ≥ Smin, ∀(j, j + 1) ∈ J 2 e; P j∈Jelqj ≤ Lmax; P j∈Jelqj − P d∈De P j∈Jel tr qj,d ≥ Tmin P j∈Jelqj}.

La fonction objectif est une somme pondérée de quatre termes. En premier lieu, on minimise le coût total de sous-couverture. L’objectif ultime dans les organisations est de construire des calendriers de travail qui permettent d’atteindre la «sous-couverture zéro». Les sous-couvertures d’effectifs créent des goulots, dégradent la qualité de service et provoquent des pertes de marché. En deuxième lieu, on minimise le coût total de surcouverture. La surcouverture est un gaspillage de ressources car l’employé sera payé pour des heures d’inactivité. En troi- sième lieu, on minimise le coût total de transfert. Dans les organisations, le recours fréquent à la main d’œuvre multidépartementale provoque la variation de la productivité des em- ployés entre les départements, diminue la motivation du personnel à cause du changement du superviseur et de l’équipe de travail, complique la gestion administrative et cause une gêne de travail (Bechtold,1988). En quatrième lieu, on minimise le coût total de travail. Il s’agit de la masse salariale calculée proportionnellement aux heures travaillées. Nous défi- nissons les cœfficients γ−, γ+, γtr et γl pour pondérer les objectifs correspondant au coût total de sous-couverture, de surcouverture, de transfert et de travail respectivement.

de transfert. Notons par lh=Pj∈Jelqj le nombre de périodes travaillées et l tr h,d = P j∈Jel tr qj,d le nombre de périodes transférées dans le département d selon l’horaire h. Le coût de travail est égal à cl

h = clelh avec clele taux de rémunération d’une période travaillée de l’employé e.

Le coût de transfert est égal à ctrh = P

d∈Dec

tr

e,dlh,dtr avec ctre,d le coût d’une période transférée

de l’employé e dans son département d’accueil d. Rappelons que c−d et c+d désignent le coût d’une sous-couverture et d’une surcouverture dans le département d. Soit δh,d,ile paramètre

de couverture qui vaut 1 si à la période i l’employé recevant l’horaire h ∈ He sera dans le

département d et 0 sinon.

Le modèle de construction d’horaires de travail sur un horizon multi-jour et dans un contexte multidépartement est comme suit :

Modèle (MCH) minγ−X d∈D X i∈I c−dUd,i+ γ+ X d∈D X i∈I c+dOd,i+ γtr X e∈E X h∈He ctrhXh+ γl X e∈E X h∈He clhXh (4.1) s.c.X e∈E X h∈He

δh,d,iXh+ Ud,i− Od,i = rd,i, ∀d ∈ D, i ∈ I (4.2)

X

h∈He

Xh= 1, ∀e ∈ E (4.3)

Xh ∈ {0, 1}, ∀e ∈ E, h ∈ He (4.4)

Ud,i, Od,i≥ 0, ∀d ∈ D, i ∈ I (4.5)

La fonction objectif (4.1) minimise le coût total de sous-couverture, de surcouverture, de transfert et de travail. L’ensemble des contraintes est formé par les contraintes de demande (4.2), les contraintes d’affectation (4.3), les contraintes d’intégralité (4.4) et les contraintes de non négativité (4.5).

La formulation explicite de construction d’horaires MCH fait intervenir un nombre de va- riables de décision très élevé du moment qu’elle procède à l’énumération exhaustive de tous les horaires admissibles. Nous concluons qu’il serait pertinent de chercher à proposer des formulations permettant de réduire ce nombre.