• Aucun résultat trouvé

I. LES FIBRES VEGETALES

4. Consommation des fibres alimentaires et principaux « effets santé »

Les fibres alimentaires sont reconnues pour leurs effets bénéfiques sur la santé humaine. Il n’y a pas d’AJR officiel (apport journalier recommandé) pour la consommation de fibres alimentaires, cependant une valeur d’au moins 25g par jour est retenue en tant que recommandation. Les ANC (apports nutritionnels conseillés) sont donnés pour la population française, par tranche d’âge en g/jour (soit 25 à 30g/jour pour les adultes et 15g/jour pour un enfant de 10ans par exemple). De nos jours, l’apport en glucides pariétaux est de 15 à 22g par jour, ce qui est insuffisant, 50% de cette consommation proviennent des produits céréaliers, 32% des légumes, 16% des fruits et 3% des légumes secs.

Depuis quelques années, de nombreuses études concernant les effets de la consommation des fibres sont menées, et toutes s’accordent à dire qu’une alimentation riche en fibres assure le maintien en bonne santé. En effet, de nombreuses qualités sont attribuées aux fibres alimentaires : ces qualités sont dues, d’une part aux fibres en elles-mêmes et aux éléments qu’elles apportent à l’organisme, et d’autre part à leur fermentation par le microbiote intestinal.

4.1Effets sur les fonctions intestinales

Les fibres alimentaires, et en particulier les fibres pariétales, agissent sur le transit digestif en augmentant le volume et réduisant la consistance des fèces grâce à leur capacité de rétention d’eau et d’échange d’ions. La capacité d’absorption de l’eau dépend du type de fibre (structure tridimensionnelle) et de la taille des particules, toutes les fibres n’ont donc pas le même effet sur le transit. Les fibres insolubles, comme la cellulose, régulariseraient la fonction intestinale (augmentation de l’excrétion de substrat) pour que le temps de transit soit d’environ 48 heures (Borel, 1990).

Les fibres pariétales solubles, hautement fermentescibles, ont également un effet laxatif. Ces fibres, qui permettent une croissance bactérienne importante, ne sont pas retrouvées dans les selles, dans ce cas l’augmentation du volume fécal est due à l’augmentation de la masse bactérienne (Stephen & Cummings, 1980 ; Kurasawa, et al., 2000).

4.2Effets sur les maladies cardiovasculaires

Les fibres alimentaires peuvent jouer un rôle important dans la prévention des maladies cardio-vasculaires. En effet, les fibres pariétales solubles ont un effet hypocholestérolémiant

Nombre de sujets Diminution du risque Références

Maladies cardio-vasculaires 158 327 (7 études) 29%

Accidents vasculaires 134 787 (4 études) 26% Liu et al, 1999; Steffen et al, 2003

Burr et al, 1989; Ascerio et al, 1998

Diabète 239 485 (5 études) 19%

Obésité 115 789 (4 études) 30% Anderson et al, 2008

Anderson et al, 2004

Anderson et al, 2007

significatif, puisqu’elles permettraient de faire diminuer le taux de cholestérol-LDL, considéré comme un facteur à risque des maladies cardio-vasculaires. D’après l’étude de Brown en 1999, une consommation de 12 à 24 grammes de pectines par jour permettrait de faire diminuer le taux de cholestérol-LDL de 13%, car leur fermentation permet d’insolubiliser les sels biliaires, ce qui diminue à la fois leur toxicité et leur possibilité de réabsorption (Brown,

et al., 1999). D’autres études ont aussi montré que des individus ayant une alimentation riche

en fibres pariétales (notamment riche en céréales et en graines entières), présenteraient un risque de maladie cardio-vasculaires diminué de 29% par rapport à des individus qui en consomment peu (Tableau 3) (Anderson, et al., 2009). Ainsi une consommation de psyllium ou de β-glucanes d’avoine permettrait de diminuer le taux de cholestérol-LDL de 5,5% en 8 semaines (Katan, et al., 2003) ou 7% en 6 mois, soit un risque de maladies cardio-vasculaires diminué de 25% environ au bout d’une année (Tuomilehto, et al., 1988).

Tableau 3. Effet de la consommation de fibres pariétales sur la prévalence de différentes maladies (Anderson, et al., 2009).

4.3Effets sur le diabète et l’obésité

Les fibres alimentaires peuvent aussi avoir un effet positif sur le diabète et l’obésité qui sont souvent deux maladies associées (Tableau 3). D’une part, les aliments riches en fibres pariétales doivent être mastiqués plus longtemps, ce qui a tendance à réduire la suralimentation car les fibres augmentent la satiété et l’estomac se vide plus lentement, ces phénomènes ont donc un effet sur la satiété et sont bénéfiques pour les individus souffrant d’obésité. En suivant un régime supplémenté en fibres insolubles, une perte de poids de 2 à 3,2% a été observée en 4 semaines et de 2,9 à 4,9% en 8 semaines (Anderson, et al., 2008). D’autre part, les fibres solubles dites visqueuses, retrouvées dans le riz, les graines entières (Pereira, et al., 2002) ou le psyllium (Ziai, et al., 2005) permettent de réguler la glycémie et l’insulinémie après leur ingestion (Jang, et al., 2001). De part leur structure, ce type de fibres

Bibliographie

41 conduirait à la formation d’un gel, ralentissant la vidange de l’estomac et régulant ainsi l’absorption du glucose. En suivant un régime enrichi en fibres solubles visqueuses, les personnes souffrant d’un diabète de type I ou II peuvent donc limiter les prises d’insuline médicamenteuse (Anderson, et al., 2009).

4.4Effets associés à la fermentation colique des fibres

Les fibres alimentaires ont aussi des effets bénéfiques qui sont dus à leur fermentation par le microbiote colique. Cette fermentation va conduire à la production d’acides gras à chaine courte (AGCC) qui sont rapidement absorbés par le côlon et stimuleraient l’absorption d’eau et de sodium (Hebuterne 2002). De plus, ces AGCC sont une source d’énergie importante pour les bactéries et pour différents organes de l’Homme. L’effet bénéfique majeur de la fermentation colique des fibres sur la santé de l’homme serait lié à l’effet protecteur vis-à-vis du cancer colique (Key & Spencer, 2007). La majorité des études mettent en avant que les fibres pariétales les moins fermentescibles sont plus protectrices que les fibres pariétales hautement fermentescibles. En effet, par leur encombrement digestif, les fibres les moins fermentescibles diluent les agents potentiellement cancérigènes et diminuent leur agressivité vis-à-vis de la muqueuse colique. Le risque de cancer du côlon pourrait donc être réduit en consommant ces fibres moins fermentescibles (Lupton, 2000). Le butyrate produit lors de la fermentation des fibres, et en particulier de l’amidon et des xylanes, pourrait aussi avoir un rôle important pour lutter contre ce type de cancer (Spurling, et al., 2008). Cet AGCC est capable d’inhiber la prolifération des cellules cancéreuses coliques et d’agir comme agent de différenciation (Siavoshian, et al., 2000). Les AGCC peuvent également moduler la sécrétion de mucus dans le côlon assurant le maintien d’un pH constant au voisinage des cellules épithéliales. Enfin, les AGCC inhibent la prolifération et/ou l’adhésion de certains germes entéro-pathogènes. Dans une étude de May en 1994 par exemple, il a été montré que l’apport de fibres fermentescibles dans l’alimentation inhibe la croissance de Clostridium difficile ainsi que la production de toxine (May, et al., 1994).

4.5Autres effets physiologiques

Les fibres alimentaires sont aussi une source de micronutriments importante, tels que les vitamines (B et C), les minéraux (potassium et magnésium), les oligoéléments ou les antioxydants (flavonoïdes…) qui ont des effets bénéfiques pour la santé de l’Homme (Slavin, 2003 ; Anderson, et al., 2009). Par exemple, les phyto-œstrogènes jouent un rôle important dans la prévention de certains cancers, notamment le cancer du sein mais aussi dans la

prévention des maladies métaboliques comme l’ostéoporose (Rowland, et al., 1999). Ces phyto-œstrogènes sont métabolisés par le microbiote en métabolites souvent plus actifs, qui sont alors absorbés par la muqueuse. Enfin, le tube digestif ayant un rôle très important dans l’immunité (60% des lymphocytes du corps humain sont associés aux tissus intestinaux), la consommation de fibres alimentaires permet de stimuler le système immunitaire (Vos, et al., 2007). Pour profiter de tous les effets intéressants des fibres, il est donc important d'en varier les sources, et/ou de compléter son alimentation par des compléments alimentaires riches en fibres, comme les prébiotiques.