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LA CONSOMMATION D'ÉNERGIE LE LONG DES CHAÎNES D'APPROVISIONNEMENT

La modernisation des chaînes d'approvisionnement alimentaire a été associée à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre associées à la fois aux intrants utilisés en amont de ces chaînes (engrais, machines, pesticides, produits vétérinaires, transport) et aux activités menées après la production agricole (transport, transformation et commercialisation).

À partir des calculs et des données fournis par Bellarby et al. (2008) et Lal (2004), on a estimé que la

production d'engrais, d'herbicides et de pesticides, conjuguée aux émissions dues aux combustibles fossiles utilisés pour les travaux des champs, représentait 2 pour cent environ des émissions de gaz à effet de serre dans le monde en 2005 (HLPE, 2012).

Il est nécessaire de faire appel à des méthodes d'analyse du cycle de vie pour calculer les émissions résultant de la consommation de produits alimentaires. Ces méthodes tiennent généralement compte de l'ensemble des émissions, depuis l'utilisation d'intrants en amont des chaînes d'approvisionnement jusqu'à la transformation des produits hors des exploitations agricoles, et couvrent les émissions de méthane, d'oxyde nitreux et de CO2

ainsi que la consommation de combustibles fossiles dans les systèmes alimentaires (exemples: Steinfeld et al., 2006; FAO, 2013b). Si l'on prend en considération les étapes après récolte, la consommation directe et

indirecte d'énergie dans la chaîne agroalimentaire entraîne le rejet de 3,4 Gt équiv.-CO2 approximativement (FAO, 2011d). Ce chiffre peut être comparé aux quelque 5,2 Gt équiv.-CO2 générées par l'agriculture et aux 4,9 Gt équiv.-CO2 environ liées à la foresterie et au changement d’affectation des terres. Actuellement, on estime que les systèmes alimentaires consomment 30 pour cent de l'énergie disponible dans le monde, et que 70 pour cent de cette part est consommée après la production agricole.

Bien qu'ils dépendent fortement des combustibles fossiles, les systèmes alimentaires modernes ont beaucoup contribué à améliorer la sécurité alimentaire. Pour qu'ils participent à l'atténuation du changement climatique, toutefois, il faudra découpler leur développement futur de la dépendance à l'égard de ces combustibles.

Le programme de la FAO pour des systèmes de production alimentaire énergétiquement rationnels et respectueux de l'humain et du climat (Energy-Smart Food for People and Climate, ESF) suit une approche axée sur le lien entre l'eau, l'énergie et l'alimentation pour aider les pays en développement à assurer un accès adéquat à des services énergétiques modernes à toutes les étapes des chaînes agroalimentaires, à améliorer l'efficacité énergétique et à accroître la part des énergies renouvelables (FAO, 2014).

plus souvent aux émissions de gaz à effet de serre et à l'utilisation des terres (INR A et CIR AD, 2009; Erb et al., 2009; Tilman et Clark, 2014; Tukker et al., 2011; Van Dooren et al., 2014).

Au moyen d'évaluations du cycle de vie, elles concluent en général que le passage à des régimes alimentaires comprenant moins de produits d'origine animale pourrait contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale et aurait des effets positifs sur la santé humaine.

De plus en plus de données probantes montrent que les modes d'alimentation qui ont un faible impact sur l'environnement sont également plus sains. Ces régimes alimentaires ont plusieurs caractéristiques en commun: diversité des aliments consommés; équilibre entre apports et dépenses énergétiques; et intégration de tubercules très peu transformés et de céréales complètes dans l'alimentation, parallèlement aux légumineuses, aux fruits et aux légumes, et à la viande (mais en quantités modérées pour celle-ci).

LA SITUATION MONDIALE DE L’ALIMENTATION ET DE L’AGRICULTURE 2016

CHAPITRE 4 LE RÔLE DES SYSTÈMES ALIMENTAIRES ET AGRICOLES DANS L'ATTÉNUATION <...>

Les régimes alimentaires sains comprennent aussi des produits laitiers (en quantités

modérées), des graines et des fruits à coque non salés, de petites quantités de poisson et de produits aquatiques et un très faible apport en aliments transformés riches en matière grasse, en sucre ou en sel et pauvres en micronutriments (FAO et FCRN, 2016).

L'un des autres facteurs déterminants à prendre en considération est l'énergie utilisée dans les systèmes alimentaires modernes pour

transformer les aliments et les acheminer jusqu'aux consommateurs (encadré 20). Dans les pays à revenu élevé, le stockage, la distribution et la consommation des produits périssables sont associés à une utilisation d'énergie élevée – et donc à un niveau d'émissions de gaz à effet de serre proportionnel à cette utilisation.

Fischbeck, Tom et Hendrickson (2016) ont mis en évidence qu'aux États-Unis, le respect des préconisations alimentaires officielles

entraînerait une augmentation de 38 pour cent de la consommation d'énergie, de 10 pour cent de l'utilisation d'eau et de 6 pour cent des émissions de gaz à effet de serre. Ces effets négatifs s'expliquent par la proportion plus élevée, dans le régime alimentaire préconisé, des fruits et légumes, dont l'empreinte en énergie, en gaz à effet de serre et en eau est élevée aux États-Unis. Cet exemple montre qu'il est important de tenir compte des

caractéristiques des systèmes de production pour déterminer les empreintes

environnementales. Il indique en outre que l'on peut avoir à trouver des compromis entre la réduction des effets sur l'environnement et l'amélioration des régimes alimentaires.

Sans perdre de vue la très grande diversité des systèmes alimentaires à l'échelle mondiale, on peut néanmoins s'attendre à ce que le

rééquilibrage des régimes alimentaires en fonction de cibles nutritionnelles ait

d'importantes retombées bénéfiques conjointes, par une atténuation des émissions de gaz à effet de serre et une amélioration de l'efficacité globale des systèmes alimentaires (Tilman et Clark, 2014). Il faudra étudier plus avant les différences démographiques et sociales, notamment la consommation alimentaire en croissance rapide dans les pays en

développement, pour éclairer les stratégies destinées à promouvoir des régimes alimentaires optimaux, qui permettent d'améliorer la santé tout en réduisant les niveaux de pollution par les nitrates et les émissions de gaz à effet de serre.

Il faudra également mener des évaluations multidimensionnelles du cycle de vie aux niveaux régional et mondial pour estimer les effets en matière d'adaptation et d'atténuation entraînés par les différentes évolutions des régimes alimentaires, en tenant compte des arbitrages possibles. n

L'agriculture, la foresterie et les autres utilisations des terres font partie des facteurs essentiels qui influent sur les cycles du carbone et de l'azote terrestres. Une meilleure gestion desdits cycles dans ces secteurs peut offrir de multiples avantages sur le plan de la sécurité alimentaire et en matière d'adaptation au changement climatique et d'atténuation de celui-ci. Au niveau des politiques, il est nécessaire de poursuivre trois objectifs complémentaires:

„augmenter l'efficacité de la production agricole et réduire au minimum l'intensité des

émissions de gaz à effet de serre au niveau des exploitations;

„conserver et remettre en état les sols et les paysages riches en carbone par une meilleure gestion des terres agricoles et des forêts;

„orienter les systèmes alimentaires vers une réduction des pertes et du gaspillage de nourriture et des régimes alimentaires plus sains.

La poursuite simultanée de ces trois objectifs aiderait à concrétiser les retombées conjointes positives que peuvent offrir l'adaptation et l'atténuation. Il sera nécessaire de redéfinir les priorités des politiques alimentaires et agricoles

pour passer d'un objectif étroit de réduction des écarts de rendement à des objectifs plus larges, mais tout aussi importants: conservation et remise en état des sols pour améliorer leur capacité de séquestration du dioxyde de

carbone; amélioration de la gestion de l'azote en vue de réduire les émissions et d'accroître la productivité; pratiques permettant d'augmenter l'efficacité de la production au niveau des exploitations tout en réduisant au minimum l'intensité des émissions de gaz à effet de serre;

mesures visant à réduire le plus possible les pertes et le gaspillage au sein des systèmes alimentaires et à promouvoir des régimes alimentaires durables; et stratégies de

diversification destinées à renforcer la résilience des systèmes de production face au changement climatique et à la variabilité du climat.

Après ce chapitre consacré au versant atténuation de la problématique adaptation/

atténuation dans les systèmes agricoles et alimentaires, nous examinerons au

chapitre 5 la réponse que peuvent apporter les politiques et les institutions, dans le domaine de l'agriculture, pour faire face au

changement climatique.

CONCLUSION

LA SITUATION MONDIALE DE L’ALIMENTATION ET DE L’AGRICULTURE 2016

CHAPITRE 5