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Considérations ontologiques et épistémologiques

3. Cadre méthodologique

3.1. Considérations ontologiques et épistémologiques

Afin que toute recherche académique ou scientifique soit valide, il convient de détailler les visions qu’épouse le chercheur sur la réalité et sur son rapport avec celle-ci. Cela est d’autant plus important que la conception que l’on a de la réalité exerce une influence certaine sur ce que nous percevons comme explicable et sur la manière que nous estimons pertinente pour l’étudier.

L’ontologie étudie l’être dans le sens du mot anglais the being. Autrement dit, l’ontologie se soucie de ce qu’est, de la réalité ou de la vérité. Elle s’interroge sur la nature et la structure de l’existence en tant que telle108 ou encore de ce qui est possible de connaître sur le monde. Certains auteurs comme Bryman parlent d’« ontologie sociale », qui étudie la nature des entités sociales109. Comme le font aussi Ormston et al., il s’agit de se demander s’il y a une réalité sociale qui existerait indépendamment de l’être humain, de ses perceptions et de ses interprétations ou si, au contraire, cette entité sociale serait multiple, construite à travers les perceptions et les actions de la société, et ainsi spécifique au contexte mouvant110.

Dans cette optique, il existe deux paradigmes ontologiques principaux. D’abord, l’objectivisme ontologique (aussi dénommé réalisme ontologique111) comprend la réalité comme donnée : elle existe indépendamment de l’être humain et de sa perception. Il n’existe qu’une réalité qui, de plus, est fixe et ne change pas. Par le biais de différentes mesures, le phénomène du réel peut être appréhendé de manière absolument objective et peut, ultérieurement, être généralisé. Il existe une séparation claire et nette entre la réalité et nos perceptions, nos interprétations ou nos croyances.

À l’opposé de ce paradigme se trouve le constructionnisme (aussi dénommé relativisme112). Selon cette vision, la réalité n’est pas une et seule, mais plutôt multiple : la réalité dépend de la signification qu’un sujet lui attache. La vérité absolue n’existe pas et ne peut pas être trouvée. La réalité n’existe pas indépendamment de l’existence de l’être humain : la réalité est socialement construite ou créée et, par conséquent, elle évolue au fur et à mesure que les constructions sociales se transforment.

Une vision ontologique objectiviste ou constructioniste aura des implications sur le choix de la vision épistémologique. L’épistémologie étudie la nature, non pas de la réalité, mais de la connaissance et se demande comment il est possible de découvrir ou étudier la réalité113. La vision ontologique déterminera donc la vision épistémologique : ce que le chercheur croit sur la nature de la réalité déterminera le type de relation qu’il croit qu’il devrait avoir avec le sujet d’étude.

108 Michael J. CROTTY, The Foundations of Social Research: Meaning and Perspective in the Research Process, London, Sage Publications Ltd, 1998.

109 Alan BRYMAN, Social Research Methods, New York, Oxford University Press, 2008.

110 Rachel ORMSTON, (et al.), « The Foundations of Qualitative Research », in Rachel ORMSTON, (et al.), (ed), Qualitative Research Practice: a Guide for Social Science Students and Researchers, Los Angeles, Sage Publications Ltd, 2014, pp. 1–25.

111 Joseph A. MAXWELL, « What is Realism, and Why Should Qualitative Researchers Care? », in Joseph A.

MAXWELL, (ed), A Realist Approach For Qualitative Research, California, Sage Publications, 2012, pp. 3–14.

112 Martin PALEČEK, Mark RISJORD, « Relativism and the Ontological Turn within Anthropology », in Philosophy of the Social Sciences, 2013, Vol. 43, No. 1, pp. 3–23. Disponible à l’adresse:

https://doi.org/10.1177/0048393112463335

113 Rachel ORMSTON, (et al.), « The Foundations of Qualitative Research », op. cit.

L’épistémologie a, elle aussi, deux courants, notamment en fonction de l’ontologie choisie. D’une part, le positivisme estime que, afin de découvrir la seule vérité existante, il faut que le chercheur soit totalement objectif et que, pour ce faire, il devra utiliser des méthodes de mesure qui lui permettront d’étudier le phénomène choisi sans pour autant se plonger dans le contexte où ce sujet se trouve114. Cette approche est caractérisée comme « étique » puisqu’elle suppose que le chercheur reste en dehors du contexte et, donc, objectif afin de pouvoir, par la suite, expliquer (erklären115) et généraliser les résultats qu’il obtiendra116.

Par contre, d’autre part, l’interprétivisme soutient que, la réalité étant multiple et construite par les diverses interactions sociales, il n’y a pas une seule réalité objective, mais plutôt subjective117. En plus, la séparation stricte entre faits et valeurs n’en est pas forcément une et donc l’objectivité prétendue par le positivisme n’est qu’une utopie. C’est pourquoi l’interprétivisme met l’accent sur la performativité de la réalité, c’est-à-dire, la réalité est performée, construite ou créée par les sujets ; elle n’existe donc pas par elle-même. Les mesures objectives sont substituées par des méthodes qui impliquent une immersion totale du chercheur dans le sujet d’étude afin qu’il puisse comprendre (Verstehen118) le phénomène étudié. C’est donc une approche « émique »119.

Il s’ensuit que la vision ontologique réaliste/objectiviste amène le chercheur à adopter une position épistémologique positiviste ; et de même, le choix d’une perspective constructioniste ontologique conduit à épouser une conception épistémologique interprétiviste. De ces choix entre paradigmes dépend aussi la méthodologie, et de la méthodologie dépendra le choix des méthodes de récolte de données.

3.1.1. Notre ontologie et notre épistémologie

Notre sujet tel qu’évoqué dans la problématique soulevée dans l’introduction de cette étude consiste, avant tout, en une attitude politique. Dans le champ de la sociologie et de la psychologie sociale, une attitude politique se manifeste comme le résultat de toute une série de stimuli du contexte qui entoure un individu ou, plus collectivement, une société120. Vu la diversité d’attitudes politiques et les degrés dans lesquels elles peuvent se manifester dans les différents individus, il n’y a pas lieu d’admettre une logique ontologique objectiviste avec sa conséquence épistémologique positiviste. Nous le défendons avec l’exemple qui suit.

Prenons l’attitude politique du nationalisme. Selon les postulats de l’ontologie objectiviste, le nationalisme serait une réalité sociale qui ne changerait à aucun moment, qui aurait à tout moment et partout une même existence. Par conséquent, le nationalisme manifesterait les mêmes causes, mais aussi les mêmes conséquences. Le chercheur pourrait donc se plonger sur cette entité réelle pour la mesurer et pour déterminer ses causes et ses conséquences de manière générale sans émettre de jugement de valeur.

114 Alan BRYMAN, « Social Research Strategies », in Alan BRYMAN, (ed), Social Research Methods, New York, Oxford University Press, 2008, p. 14.

115 Thomas R. LINDLOF, « Verstehen vs Erklären », in Wolfgang DONSBACH, (ed), The International Encyclopedia of Communication, Vol. 11, Oxford, Wiley Blackwell, 2008, pp. 5257–5261. Disponible à l’adresse:

https://doi.org/10.1002/9781405186407.wbiecv004

116 John W. BERRY, « Imposed Etics-Emics-Derived Etics: The Operationalization of a Compelling Idea », International Journal of Psychology, 1989, Vol. 24, No. 6, pp. 721–735. Disponible à l’adresse:

https://doi.org/10.1080/00207598908247841

117 Alan BRYMAN, « Social Research Strategies », op. cit., pp. 15–17.

118 Thomas R. LINDLOF, « Verstehen vs Erklären », op. cit.

119 John W. BERRY, « Imposed Etics-Emics-Derived Etics », op. cit.

120 John P. ROBINSON, (et al.), Measures of Political Attitudes, San Diego, Emerald Group Pub Ltd, 1999; Dann G. FISHER, John T. SWEENEY, « The Relationship Between Political Attitudes and Moral Judgment:

Examining the Validity of the Defining Issues Test », in Journal of Business Ethics, 1998, Vol. 17, No. 8, pp. 905–

916. Disponible à l’adresse: https://doi.org/10.1023/A:1005737508336

À notre avis, ceci n’est pas adéquat pour plusieurs raisons. Le nationalisme a des caractéristiques non seulement différentes selon l’endroit, mais aussi en fonction de l’époque. Qui plus est, le nationalisme n’existe pas sans le contexte qui l’entoure et c’est ce contexte qui le construit, voire même qui le crée.

Le nationalisme devient une réalité lorsque les individus interprètent leur contexte et éprouvent les attitudes et émotions liées au phénomène que l’on connaît par le mot nationalisme. Il est donc fruit de l’interprétation et c’est pourquoi il y aurait lieu d’adopter une approche ontologique constructioniste avec sa conséquence épistémologique interprétiviste.

Cela se reproduit aussi pour notre attitude politique d’étude. En effet, l’antiaméricanisme n’est pas lié à une réalité externe à l’individu, mais cette réalité est créée à travers la performativité de l’individu et à travers ses interactions sociales. En d’autres mots, l’Amérique n’est pas le « démon » d’une société parce qu’elle serait un fait externe à la réalité humaine, mais elle le devient lorsque l’interprétation faite à l’égard de l’Amérique est chargée de connotations négatives, qui sont le produit d’un entourage particulier. Il s’ensuit tout logiquement que le contexte détermine l’émergence de l’antiaméricanisme, sa configuration et ses caractéristiques.

Les conséquences de l’adoption d’une telle perspective sont multiples. Tout d’abord, l’antiaméricanisme n’a pas d’existence réelle si ce n’est qu’à travers les interactions sociales, et plus précisément, les échanges discursifs. Il y aura donc lieu d’examiner le phénomène à travers une méthodologie (et des méthodes) qui se prête à l’analyse du discours. En outre, l’antiaméricanisme, s’il est le produit d’un contexte, n’a pas de caractéristiques uniques puisque les contextes sont multiples.

Il faut donc s’attendre à plusieurs types d’antiaméricanisme, d’où le fait que nous considérons que les attitudes antiaméricaines peuvent se placer sur un continuum qui irait de moins à plus d’antiaméricanisme. En somme, notre choix d’ontologie et d’épistémologie nous paraît plus riche, voire même le seul réellement fructueux, pour analyser une attitude politique comme l’antiaméricanisme.

3.1.2. L’enjeu principal

Nous croyons pertinent de mettre à part l’enjeu épistémologique principal de notre recherche.

Comme nous l’expliquerons dans la partie suivante, nous visons à répondre à notre question de recherche à travers l’analyse d’articles dans la presse française et britannique. Afin de déterminer l’existence de l’antiaméricanisme et, dans l’affirmative, quelles sont ses caractéristiques, nous classifierons l’antiaméricanisme selon les catégories de Katzenstein et Keohane et utiliserons les concepts d’opinion, méfiance et biais selon le degré d’information dont l’auteur de l’article fera preuve. Par conséquent, l’enjeu épistémologique de notre recherche se réfère au fait que la distinction entre ce qui est une critique de l’Amérique fondée et ce qui est une critique systématique est compliqué à déterminer. Nous soutenons que les classifications mentionnées et le degré d’information pourra nous éclaircir, c’est-à-dire, nous permettra d’analyser le réel (i.e. le phénomène de l’antiaméricanisme). De toute façon, il faut être conscient que le degré d’implication du chercheur est plus élevé dans cette approche épistémologique interprétiviste.

3.2. Méthodologie

Le choix ontologico-épistémologique déterminera les conclusions auxquelles nous visons d’arriver à la fin de notre travail. Cependant, pour y parvenir, la méthodologie et les techniques de récolte de données (les « méthodes ») doivent être planifiées selon la nature et les exigences de la problématique, comme elles le sont ci-dessous.

3.2.1. Explication de la problématique

Pour rappel, notre problématique mentionnée dans l’introduction se lit comme suit :

Dans quelle mesure et sous quelle forme l’antiaméricanisme européen se manifeste-t-il dans la critique des actions des États-Unis depuis l’arrivée de Trump au pouvoir de ce pays et dans quelle mesure existe-t-il aujourd’hui une convergence de ces visions critiques entre les Européens de certains pays ?

La problématique peut être découpée en plusieurs parties. D’abord, la question se pose sur le degré (dans quelle mesure) de la présence de cette attitude politique. En effet, il faudra chercher à placer les attitudes des sujets examinés sur un continuum allant du pro-américanisme jusqu’à l’antiaméricanisme plus extrême. Si cela s’avère possible avec le matériel empirique récolté, nous utiliserons la typologie bien établie de Katzenstein et Keohane afin de classifier les différents degrés d’antiaméricanisme, tout en gardant l’option de créer des catégories nouvelles de manière inductive si besoin il y a.

Deuxièmement, la question contient un élément de modalité (sous quelle forme). Cela doit nous indiquer qu’il faudra que les typologies soient suffisamment caractérisées et, le cas échéant, il faudra créer de nouvelles catégories pour remplir le besoin descriptif qu’implique notre question de recherche. Dans le cas où il n’y aurait que des critiques non-antiaméricaines (c’est-à-dire, des critiques qui sont fondées et non pas systématiquement biaisées), nous essayerons aussi de les classifier pour donner une vue d’ensemble sur l’actualité des critiques européennes aux États-Unis.

Ensuite viennent les limites temporelles et spatiales. Notre étude se circonscrit uniquement à la période s’étendant depuis l’arrivée de Trump au pouvoir aux États-Unis le 8 novembre 2016 jusqu’à nos jours (deuxième trimestre de 2019). Quant aux limites spatiales (de certains pays), il faut rappeler que l’antiaméricanisme est une attitude politique de rejet des États-Unis qui manque très souvent d’équivalent. Il n’y a pas d’antifrançaisisme, antiespagnolisme ou antiitaliennisme, d’où le fait que certains chercheurs expliquent l’émergence d’une attitude transnationale comme celle de l’antiaméricanisme comme étant due au rôle de puissance mondiale qu’ont ou ont eu les États-Unis121. C’est pourquoi l’antiaméricanisme est une attitude répandue à différents degrés et sous différentes formes autour du globe. Dans notre étude, nous nous focaliserons sur l’analyse de l’antiaméricanisme européen et, plus concrètement, sur l’antiaméricanisme des pays qui constituent nos cas d’étude : la France et le Royaume-Uni. Ce choix est justifié dans le sous-chapitre 3.2.6.

La deuxième question insérée dans la problématique vise à examiner précisément s’il existe une convergence des visions critiques exprimées à l’égard des États-Unis entre les deux pays d’étude. Il s’agit aussi d’étudier la nature et l’intensité de cette convergence, dont l’apparition paraît possible eu égard à la revue de la littérature et à notre cadre théorique. Ceci est développé dans nos hypothèses exposées ci-après.

3.2.2. Les hypothèses

Ayant déjà explicité le cadre théorique dans la première partie de ce travail, il faut justifier le choix de nos hypothèses, déjà brièvement présentées dans notre introduction. Nous faisons les suivantes.

L’antiaméricanisme est perçu selon quelques auteurs comme une réaction enragée aux actions des États-Unis en matière de politique étrangère122. Pour d’autres auteurs, il s’agit d’une attitude qui mélange les actions des États-Unis avec l’attribution de caractéristiques jugées négatives à ce pays123. Enfin, une série d’auteurs, dont Katzenstein et Keohane, expliquent que le phénomène de l’antiaméricanisme à travers une perspective psychologique, selon laquelle les États-Unis seraient la cible de toutes les attaques puisqu’ils représenteraient tous les maux que les entités attaquantes ont mais ne voudraient pas avoir et pour lesquelles elles jugent les États-Unis responsables124. Ainsi paraît-il logique de s’attendre à ce que, lorsque les actions ou la manière de les mener est distincte à celle des Européens, les attitudes antiaméricaines et les critiques seront plus fortes qu’elles ne le

121 S’il n’y avait pas de doute qu’après la chute du mur de Berlin, les États-Unis étaient le seul hégémon sur la planète, ce rôle est trente ans après plus contesté. Dû notamment, mais pas exclusivement, à la montée en force de la Chine, les États-Unis ne seraient plus la seule puissance et nous serions en train d’évoluer vers un monde sinon bipolaire, alors multipolaire (voir, à cet égard, Jeffrey D. SACHS, A New Foreign Policy: Beyond American Exceptionalism, op cit.).

122 Voir, par exemple, Charles KRAUTHAMMER, « To Hell With Sympathy », op. cit.

123 Voir, par exemple, Brendon O’CONNOR, « A Brief History of Anti-Americanism: from Cultural Criticism to Terrorism », op. cit.

124 Peter J. KATZENSTEIN, Robert O. KEOHANE, « Varieties of Anti-Americanism: A Framework for Analysis », op. cit.; Jonathan MERCER, « Emotional Beliefs », op. cit.

seraient si les États-Unis agissaient conformément aux procédures que les Européens considèrent adéquates, pertinentes ou acceptables.

Notre première hypothèse est la suivante :

H1 : lorsque les États-Unis agissent différemment des pays européens, ces derniers enregistrent une hausse des critiques.

L’examen de cette hypothèse, en la validant ou la rejetant par la suite, nous permettra de confirmer ou rejeter le postulat sur lequel se base notre question de recherche comme point de départ, à savoir, qu’il existe, en effet, un phénomène de contestation qui s’active dès que les États-Unis agissent différemment.

Ensuite, si notre première hypothèse est confirmée et que les actions des États-Unis qui sont contraires au modus operandi des pays européens entraînent une hausse des critiques envers l’Amérique, la revue de la littérature et notre cadre théorique montrent qu’une partie de l’opinion à cet égard pourrait, moyennant les mécanismes psychologiques propres au cadre cognitif de l’antiaméricain, s’enraciner et devenir systématique, tout en réduisant l’information analysée dans la construction d’une telle opinion critique. Au vu de ces considérations théoriques, il ne serait pas illogique de penser que, vu que les actions promeuvent la critique à l’Amérique (notre première hypothèse), cette critique plus fréquente se radicalise grâce à ces actions et devient une tendance systématique à critiquer coûte que coûte les États-Unis (c’est-à-dire, la critique radicalisée fait preuve d’un biais).

H2 : lorsque les actions des États-Unis suscitent plus de critiques chez les Européens, ces critiques ou certaines de ces critiques envers les actions des États-Unis se radicalisent et blâment l’Amérique pour des événements qui ne sont pas forcément de sa faute, faisant devenir l’Amérique le bouc émissaire de tous les maux.

La validation ou le rejet de cette deuxième hypothèse nous permettra ensuite de définir le degré et, dans le cas où nous détecterions sa présence, la forme de l’antiaméricanisme. Ces réponses rejoignent entièrement la première partie de notre question de recherche.

En outre, notre cadre théorique a montré, entre autres, que le processus de construction de l’autre (le processus d’altérité) se fait par opposition à une entité perçue subjectivement comme différente du sujet en question. Cette entité peut donc être un pays (en l’occurrence, les États-Unis), mais cette entité pourrait aussi être une personne. Étant donné que les actions des États-Unis sont décidées par leur gouvernement qui compte à sa tête le président Donald Trump et compte tenu que, lors de l’époque de Bush, les individus et sociétés antiaméricains avaient bien relié l’image de Bush à celle des cruautés de la guerre menée par le pays125, il est envisageable de formuler l’hypothèse que Trump, en tant que leader du pays avec sa propre façon de faire, sera l’une des causes et des cibles des critiques antiaméricaines.

H3 : une partie des critiques aux États-Unis se basent sur la figure, le rôle ou les actions personnelles du président Donald Trump afin de le critiquer lui, mais aussi, par extension, critiquer l’Amérique.

Examiner cette hypothèse pour y répondre favorablement ou pas nous permettra de peaufiner la description du phénomène et, potentiellement, la catégorisation de celui-ci. Tester cette hypothèse nous aidera à mieux répondre à la partie descriptive (sous quelle forme) présente dans notre question de recherche.

Finalement, si l’antiaméricanisme latent s’active grâce aux actions des États-Unis, nous pourrions penser que les Européens, qui partagent des valeurs stipulées dans l’article 2 du Traité de l’Union

125 Pew Research Center, « Confidence in the U.S. President », Pew Research Center, Global Attitudes & Trends, 2017. Disponible à l’adresse: http://www.pewglobal.org/database/indicator/6/survey/all/

européenne et qui coordonnent certains aspects de leurs politiques étrangères, réagiront de manière similaire. C’est pourquoi nous faisons l’hypothèse suivante :

H4 : lorsque l’antiaméricanisme s’active chez les Européens, il y a une convergence des visions critiques de degré et de forme entre les différents pays étudiés.

Cette hypothèse est en ligne avec les arguments psychologiques exposés dans notre cadre théorique, selon lesquels le processus d’altérité, qui se produirait contre une entité, pourrait se produire dans n’importe quelle société. Examiner cette hypothèse nous permettra de déterminer s’il existe une convergence entre les réactions critiques qui émergent dans nos pays d’étude. Par conséquent, tester cette hypothèse nous aidera à répondre à la deuxième partie de notre question de recherche s’interrogeant sur le degré et la nature de la convergence des visions critiques envers les États-Unis.

Cette hypothèse est en ligne avec les arguments psychologiques exposés dans notre cadre théorique, selon lesquels le processus d’altérité, qui se produirait contre une entité, pourrait se produire dans n’importe quelle société. Examiner cette hypothèse nous permettra de déterminer s’il existe une convergence entre les réactions critiques qui émergent dans nos pays d’étude. Par conséquent, tester cette hypothèse nous aidera à répondre à la deuxième partie de notre question de recherche s’interrogeant sur le degré et la nature de la convergence des visions critiques envers les États-Unis.

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