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bénéficiaires

Le "consensus de Washington" constituait un ensemble de réformes ou de préceptes préconisés conjointement par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Il est mis en œuvre à travers des politiques d’ajustement structurel (PAS) et à pour objectif de surmonter les conséquences de la crise d’endettement des États du Sud au début des années 1980 caractérisées par le défaut de paiement du service de la dette et d’introduire une nouvelle orthodoxie de la pensée économique de développement fondée sur les principes du respect du marché et de l'État minimum (Conte, 2003; Berr et al., 2004 : 2; Azoulay, 2011 : 57). Lesdites réformes pourraient être résumées en dix points, à savoir : la discipline budgétaire, la réorientation de la dépense publique, la réforme fiscale, la libéralisation financière, l'adoption d'un taux de change unique et compétitif, la libéralisation des échanges, l'élimination des barrières à l'investissement direct étranger, la privatisation des entreprises publiques, la dérégulation des marchés pour assurer l'élimination des principales barrières à l'entrée et à la sortie et la sécurité des droits de propriété (Conte, 2003).

A la fin des années 1980, le FMI et la Banque mondiale avec l’appui des États- Unis ont profité de l’éclatement soudain du bloc soviétique pour faire entériner par la communauté internationale la mise œuvre du "consensus de Washington" à travers

des programmes

faisaient déjà l’objet de vives critiques, de résistances partielles et circonstancielles. Mais brusquement, il apparaît à la fin des années 1980 le "consensus de Washington" qui devient le discours officiel des politiques de développement notamment dans les pays du Sud Sahara (Coussy, 2006 : 29-30). Ainsi, les institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) ont imposé aux États du Sud, notamment aux pays africains des politiques d’austérité en termes de mesures de stabilisation. Elles consistaient à réduire les dépenses publiques en vue de limiter la pression fiscale sur les citoyens, à réduire de nouveaux endettements des États, à favoriser le remboursement de la dette publique externe; à mener une politique monétaire orthodoxe (primauté du mécanisme du marché) en vue d’attirer des investissements directs étrangers (IDE), à dévaluer la monnaie en vue de favoriser les exportations (Berr et al., 2004 : 3). Les conséquences de cette austérité se traduisaient par une réduction drastique des dépenses sociales (éducation, santé, logement, infrastructures); ce qui a contribué dans le court terme à la dégradation des conditions de vie des populations (Berr et al., 2004 : 14). S’agissant des réformes structurelles, elles se résumaient à des politiques de réduction des effectifs de la fonction publique et à la privatisation des entreprises pour restaurer l’équilibre budgétaire et limiter l’investissement public national; à des politiques de suppression des barrières tarifaires et non tarifaires pour promouvoir l’exportation; à la libéralisation des échanges commerciaux pour attirer les investissements directs étrangers (IDE); à des politiques d’élargissement de l’assiette fiscale par l’intermédiaire d’une généralisation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA); à la réduction de taux d’imposition marginaux pour favoriser l’épargne (de la classe riche) (Berr et al., 2004 : 3 et 14).

Mais, contrairement aux effets attendus, la brutale réduction du nombre de fonctionnaires a créé plutôt de graves problèmes sociaux tels que le chômage. Les privatisations des entreprises publiques ont été faites parfois au profit des familles des responsables politiques et la libéralisation des échanges commerciaux a conduit à des cas de monopoles contraires au modèle de libre concurrence visé (Coussy, 2006 : 32). Les réformes fiscales visant l’épargne de la classe aisée pour financer le développement a plutôt appauvri un peu plus les classes sociales défavorisées et a

permis à la classe aisée de placer leur épargne à l’étranger grâce à la libéralisation des mouvements de capitaux en renforçant ainsi la dépendance financière des États du Sud (Berr et al., 2004 : 14).

Ces réformes structurelles ont fragilisé la capacité interne des pays en voie de développement à financer leurs besoins d’investissement notamment dans les secteurs sociaux et productifs. Elles ont contribué à une implication accrue des bailleurs de fonds dans la définition des politiques de développement des pays du sud et un contournement de leur administration publique au nom du principe de "État minimum" pour orienter l’aide au développement vers des ONG internationales ou locales et des unités autonomes de gestion de projets (Delville, 2013 : 135). Les stratégies de contournement du rôle de l’État mises en place par certains bailleurs de fonds au cours des années 1990 à travers des Unités indépendantes de gestion de projets ont fragilisé l’État par rapport à son rôle de tutelle sur les projets en termes de coordination et mise en cohérence des politiques et des stratégies nationales de développement (Delville, 2013 : 145). Ces stratégies ont favorisé dans les portefeuilles d’investissement public des pays, une multiplicité des projets de développement financés par des ressources extérieures, dont les charges récurrentes ont été mal appréciées au départ et mal couvertes par la partie nationale après la clôture des projets (Jacquemot, 2007 : 162). Elles ont favorisé aussi une multiplicité de bailleurs et agences ayant chacun leurs propres objectifs et procédures de mise en place de leurs aides (prêts et/ou dons) contraires aux procédures nationales de la mise en place des contreparties nationales du financement des projets (Delville, 2013 : 135 ; Jacquemot, 2007 : 163). Voilà autant de situations qui ont conduit à des actions publiques éclatées et parfois contradictoires, et au détournement de l’aide de ses objectifs officiels.

Les coûts sociaux et humains des programmes d’ajustement structurel et l’échec des conditionnalités ont provoqué une crise de légitimité de l’aide publique au développement (Azoulay, 2011 : 59). Les bénéficiaires, à travers des organisations socioprofessionnelles et d’institutions privées ou parapubliques se constituaient en des groupes de lobby pour exiger le contrôle ou l’appropriation de l’APD (Jacquemot,

2007 : 183). La communauté internationale aussi a pris conscience que les différentes conditionnalités et les procédures des donateurs pour la mise en place de l’APD étaient à l’origine de coûts de transactions non productifs pour les pays bénéficiaires. Les conditionnalités des donateurs ont contribué à réduire la capacité de mise en œuvre de l’aide par les pays bénéficiaires et elles n’intégraient pas toujours leurs priorités et leurs cycles de planification, de programmation des programmes et des projets (Co-operation, Development, Committee, et others, 2003 : 10).

Face à ces échecs des programmes d’ajustement structurel et de ses conditionnalités, les institutions internationales ont engagé au début des années 2000 une série de réformes visant à refonder l’architecture de l’APD, à la relégitimer et à la recentrer sur la lutte contre la pauvreté avec des procédures d’intervention normalisées (Delville, 2013 : 136).

1.4 Débat sur l’efficacité de l’aide publique au développement : faible