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Le conseil sur les questions relatives à la sexualité

Pour la plupart des prestataires de soins de santé, la sexualité sera probablement le domaine le plus difficile et posant le plus de défis pour le conseil au cours de la grossesse et de la période post-partum. Nous sommes tous relativement à l’aise pour parler des IST et des méthodes de planification familiale. Mais discuter et conseiller sur les autres aspects de la sexualité, sur les rapports sexuels en particulier, sont autrement plus difficiles et de ce fait souvent éludés. Pour assurer une prise en charge de qualité aux femmes pendant la grossesse et l’accouchement et diminuer la morbidité et la mortalité durant cette période, il faut répondre à de nombreuses priorités. Les femmes doivent par exemple se préparer pour l’accouchement et apprendre quels signes de danger rechercher. Les questions relatives à la sexualité sont alors facilement mises de côté, une bonne prise en charge passant en priorité par la prévention et le traitement d’autres pathologies.

Pendant la grossesse ou après l’accouchement, les problèmes liés à la sexualité contribuent pourtant à l’anxiété chez de nombreuses femmes. Il est souvent rare d’avoir l’occasion de pouvoir soulager ce type d’anxiété ou même d’avoir l’opportunité d’en parler. Cela s’explique principalement par nos propres limites à aborder sans équivoque et ouvertement les questions de sexualité. Il est vrai que les données manquent aussi dans ce domaine et que, de ce fait, il n’existe pas de ligne de conduite à suivre clairement définie.

Rares sont les femmes qui auront besoin d’un conseil détaillé sur les questions relatives à la sexualité.

Quand cela s’y prête, il est utile que le prestataire de soins de santé donne aux femmes l’occasion d’en parler. Cela peut se faire de façon simple, en leur suggérant avec tact qu’au cours de la grossesse ou après l’accouchement elles peuvent parler avec le conseiller de tous les problèmes ou de toutes les questions de quelque nature que ce soit, y compris de ceux dont elles ne se sentent pas

F a c t e u r s d ’ i n f l u e n c e

Nous avons déjà mentionné la portée du contexte culturel et social dans le cadre du conseil. Il revêt une importance particulière quand il s’agit des questions relatives à la sexualité. La plupart des cultures et des sociétés ont des attitudes bien définies face à la sexualité et des idées bien définies aussi concernant les pratiques sexuelles qui sont acceptables et celles qui ne le sont pas. Nombre de ces attitudes sociales et de ces mœurs sont étroitement liées aux pratiques religieuses de la communauté. De nombreux textes religieux fournissent une ligne de conduite claire sur les questions de sexualité pendant la grossesse. Pour conseiller sur les questions relatives à la sexualité, il vous faudra toujours commencer par vous familiariser avec le contexte culturel et religieux et les informations spécifiques concernant les pratiques autour de la sexualité de chaque communauté. Si vous appartenez à la communauté dans laquelle vous travaillez, bon nombre de ces pratiques locales vous seront sans doute déjà familières. Si vous n’en faites pas partie, vous pourrez recueillir ces informations auprès des autres prestataires de soins de santé, des femmes plus âgées ou d’autres personnes respectées dans la communauté. Dans certaines communautés, la sexualité n’est pas un sujet dont on parle ouvertement ; vous aurez alors besoin de tact et de faire preuve de respect pour obtenir des informations sur les pratiques sexuelles qui y ont cours.

Les termes pour évoquer les rapports sexuels varient souvent en fonction des communautés. Par exemple, l’utilisation de l’expression « relations sexuelles » ou du terme « sexe » peut provoquer une réaction de gêne chez les personnes de certaines communautés, qui préféreront parler de « dormir ensemble ». En employant des termes et des mots qui sont acceptables dans votre communauté, vous ferez preuve de respect, ce qui peut aider à préparer le terrain pour l’ouverture d’une discussion franche. Il sera bienvenu que vous souteniez les pratiques sexuelles locales qui ne présentent pas de danger. Dans de nombreuses communautés, il est par exemple interdit d’avoir des relations sexuelles à certains moments de la grossesse. Rien ne justifie ces interdits en cas de grossesse non compliquée. Cependant, les couples ne risquent rien à suivre ce type de pratique sexuelle en cours dans leur communauté, pratique que vous pouvez donc soutenir. En revanche, il serait malvenu de soutenir activement une pratique sexuelle dangereuse, comme par exemple les mutilations sexuelles féminines.

Beaucoup de questions et de préoccupations des femmes concernant la sexualité au cours de la grossesse sont liées aux changements physiologiques induits par celle-ci. Certaines femmes peuvent par exemple penser que l’augmentation des pertes vaginales qui survient pendant la grossesse (leucorrhée) est un signe d’IST. Il est important d’informer les femmes et de faire un dépistage des IST et les tests nécessaires.

Les femmes sont rarement préparées aux changements de leurs désirs sexuels qui surviennent pendant la grossesse. Ceux-ci varient au fur et à mesure de son avancée : en début de grossesse, les femmes ont souvent mal au cœur et se sentent nauséeuses et leur désir a souvent tendance à diminuer ; en milieu de grossesse, elles se sentent beaucoup mieux et leur désir redevient normal ; en fin de grossesse, l’enfant prend beaucoup de place, ce qui les gêne, elles sont fatiguées et leur intérêt pour le sexe décroît.

Les modifications du corps induites par la grossesse sont à l’origine de tous ces changements qui sont normaux. Il est vrai également que leur importance peut varier fortement d’une femme à l’autre.

Le conseil pendant la grossesse est tenu par des limites de temps. De plus, l’environnement dans lequel il se déroule ne permet pas toujours de parler de sujets sensibles et privés avec une femme. La langue, la culture et l’âge peuvent devenir autant de barrières qui s’érigent entre la femme et vous, en particulier quand il s’agit de parler de questions relatives à la sexualité. Il conviendra peut-être alors d’encourager la

En parlant de questions de sexualité, il se peut qu’une femme vous révèle un problème sexuel que vous pensez ne pas être capable de gérer. Il peut par exemple s’agir d’une femme qui révèle qu’elle est victime de sévices sexuels ou d’inceste, ou d’un couple qui présente des problèmes d’ordre sexuel depuis longtemps. Dans ce cas, il peut être judicieux de vous faire aider par autre conseiller plus expérimenté ou par une personne maîtrisant bien le sujet.

Remarque à l’intention de l’animateur travaillant avec un groupe :

Le plus important est d’essayer d’éviter que les membres du groupe de travail, choqués par certaines propositions contenues dans ce Manuel, rejettent en bloc l’idée qu’ils puissent avoir besoin de travailler sur le conseil portant sur les questions de sexualité. Le rôle de l’animateur est de les encourager à exprimer les préoccupations qu’ils peuvent avoir sur le sujet, de montrer qu’il respecte leurs préoccupations et que le conseil sera fourni en suivant les usages locaux en vigueur. Parallèlement, il devra chercher à s’assurer que les membres du groupe comprennent l’intérêt du conseil concernant les questions de sexualité et qu’il ne faut pas laisser ce sujet de côté. Il doit donc leur expliquer l’importance du conseil et des informations sur les questions relatives à la sexualité ainsi que les avantages potentiels d’aborder ce sujet avec les femmes enceintes, comme cela a été mis en avant dans le Manuel. Il est également utile que l’animateur explique que les usages locaux et les tabous, parfois influencés par la discrimination due à la répartition des rôles entre les deux sexes, peuvent constituer une barrière qui peut empêcher les femmes de recevoir un conseil important.

Qu’ai-je appris ?

Après avoir terminé cette séance, vous devez mieux prendre conscience du contexte plus large dans lequel se déroule le conseil et des facteurs clés qui peuvent influer dessus. Ces facteurs comprennent : le statut socio-économique, la culture, le rôle dévolu aux deux sexes, les pratiques traditionnelles, les circuits de soutien élargi et de prise de décision du partenaire, de la famille et de la communauté. Vous avez également vu comment améliorer vos compétences en conseil de couple et en conseil sur les questions sensibles qui tournent autour de la sexualité.

Évaluation des progrès accomplis :

• Est-ce que je comprends l’influence du genre, du système socio-économique et de la culture sur la santé maternelle et néonatale dans ma communauté ?

• Comment puis-je avoir une discussion autour des pratiques et des croyances qui ne sont pas dangereuses ?

• Comment puis-je avoir une discussion autour des pratiques et des croyances qui sont dangereuses ?

• Quelles sont les différentes façons dont je dispose pour aider le processus de prise de décision avec les couples et les autres membres de la famille ?

• Comment puis-je aborder les préoccupations des femmes concernant la sexualité pendant la grossesse et après l’accouchement ?

CONSIDÉRATIONS PRATIQUES