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Conscience des SP et participation des femmes

7 Discussion

7.2 Interprétation des résultats

7.2.2 Conscience des SP et participation des femmes

Bien que certaines femmes trouvent le concept des SP intéressant [traduction libre] (van der Zee et al., 2013, p. 343), ces dernières peuvent montrer une réticence à prendre part aux SP pour différentes raisons [traduction libre] (DeJoy, 2013, p. 4 ; Tuomainen et al., 2013 ; van der Zee et al., 2013). A ce propos :

• La plupart des femmes n’ont pas conscience de l'ampleur des enjeux des SP [traduction libre] (Mazza & Chapman, 2010, p. 2 ; Tuomainen et al., 2013, p. 4 ; Williams et al., 2012, p. 1855),

• Les femmes ne se considèrent pas comme faisant partie du public cible car ne se pensent pas à risque [traduction libre] (Elsinga et al., 2008, p. 118 ; Mazza & Chapman, 2010, p. 4 ; van der Zee et al., 2013, p. 343).

• Les femmes multipares estiment avoir assez de connaissances au vu de leur expérience de maternité [traduction libre] (Mazza et al., 2010, p. 4 ; van der Zee et al., 2013, p. 343). De plus, elles ont moins de temps à consacrer à leur propre santé [traduction libre] (Tuomainen et al., 2013, p. 4).

• Beaucoup de femmes pensent que les risques existent davantage durant la grossesse qu’avant celle-ci [traduction libre] (Tuomainen et al., 2013, p. 4) ; aussi, elles ne pensent

aux éventuels changements de comportement qu’une fois enceinte [traduction libre] (Mazza & Chapman, 2010, p. 4).

• La nouveauté du concept des SP peut rendre les femmes hésitantes à participer à cette intervention [traduction libre] (Elsinga et al., 2008, p. 124).

• Les femmes associent fréquemment les SP à l’infertilité [traduction libre] (Mazza et al., 2010, p. 4 ; van der Zee et al., 2013, p. 343).

• Certaines femmes parlent d’une période sensible et secrète autour de la conception [traduction libre] (Tuomainen et al., 2013, pp. 5-6 ; van der Zee et al., 2013, p. 344). • Certaines femmes estiment que la conception est un événement normal, ne requérant pas

d’intervention médicale [traduction libre] (Mazza & Chapman, 2010, p. 4). De même, les femmes affirment que les SP pourraient mettre en danger les aspects romantiques et naturels de la conception et de la grossesse [traduction libre] (van der Zee et al., 2013, p. 345).

En considérant la conception et la grossesse comme des événements humains et naturels, certaines femmes déclarent que le concept des SP engendre une surmédicalisation [traduction libre] (Mazza & Chapman, 2010, p. 4). De plus, d’autres femmes se questionnent sur l’intérêt d’évaluer certains risques de santé de peur de créer une anxiété inutile [traduction libre] (Tuomainen et al., 2013, p. 4). Nous nous interrogeons également sur l’émergence de cette anxiété ainsi que sur une éventuelle culpabilité pouvant être provoquée par les SP. En effet, ces sentiments pourraient apparaître si les femmes n’adaptent pas leurs comportements aux recommandations préconisées par ces soins, pouvant alors être perçus comme intrusifs. Ces éléments devraient inciter la sage-femme à la prudence dans l’objectif de minimiser ces potentiels effets indésirables.

7.2.3 Professionnels de la santé

Seulement quelques femmes rapportent avoir reçu des informations préconceptionnelles de la part d’un professionnel de santé [traduction libre] (Tuomainen et al., 2013, p. 5 ; Williams et al., 2012, p. 1856).

Les femmes ayant établi une relation de confiance avec leur professionnel de santé semblent plus à même de discuter des problèmes de santé reproductive [traduction libre] (Bronstein, Felix, Bursac, Stewart, Fou-shee & Klapow, 2011, cité dans Williams et al., 2012, p. 1858). Cependant, bien que les femmes parlent de continuité dans la relation et expriment une notion de familiarité/respect/confiance lorsque le médecin de famille dispense des SP, certaines d’entre elles craignent que des informations confidentielles soient transmises à d’autres membres de la famille. De plus, certaines femmes préféreraient que ces soins soient dispensés par un professionnel

féminin [traduction libre] (Tuomainen et al., 2013, p. 4). Un suivi préconceptionnel par la sage-femme permettrait d’instaurer une relation de confiance bénéfique pour la grossesse, l’accouchement ainsi que la période du post-partum, à condition qu’il soit centré sur les besoins spécifiques des femmes.

Les études analysées ne semblent pas trouver de consensus concernant les professionnels de santé choisis par les femmes. Effectivement, un certain nombre de femmes ne considèrent pas les médecins généralistes comme étant les prestataires principaux des SP [traduction libre] (Mazza & Chapman, 2010, p. 5). Au contraire, d’autres femmes intéressées à recevoir des SP préféraient les gynécologues-obstétriciens pour promouvoir l’éducation préconceptionnelle [traduction libre] (Frey & Files, 2006, cité dans Williams et al., 2012, p. 1858).

Malgré quelques incompréhensions de la part de professionnels de santé à propos de SP, la plupart ont conscience de l’importance des SP mais ne les considèrent pas pour autant comme faisant partie intégrante de leur rôle professionnel. En effet, ils estiment que cette responsabilité appartient à d’autres. La préconception ne semble pas concerner un domaine de santé particulier et les professions de santé dispensant ces soins demeurent alors confuses [traduction libre] (Stephenson et al., 2014, p. 5). Afin d’assurer des soins de qualité, il est par ailleurs nécessaire que les professionnels se forment et s’engagent dans la promotion de la santé préconceptionnelle [traduction libre] (Stephenson et al., 2014, p. 8 ; Williams et al., 2012, p. 1860).

Finalement, nous pensons que les professionnels de la santé devraient collaborer afin de montrer l’importance et les effets bénéfiques des SP. Il serait également judicieux qu’un consensus de pratiques soit développé et que l’offre de ces soins soit plus large afin de garantir un accès à chacun. La sage-femme nous semble détenir une place fondamentale au sein de cette interdisciplinarité.

7.2.4 Sciences et pratiques de la sage-femme

Dans l’étude de DeJoy (2013), les femmes ont montré un intérêt plus prononcé pour la santé préconceptionnelle ainsi que pour un suivi sage-femme après avoir reçu des SP [traduction libre] (p. 3). Nous pouvons alors nous demander ce qu’il a été dit aux femmes à propos de la profession de la sage-femme, afin d’expliquer l’évolution de cet intérêt. Cet élément nous questionne sur le lien potentiel entre les SP et la promotion de la profession de la sage-femme. Seules deux études analysées ont intégré la sage-femme (Stephenson et al., 2014 ; van Heesch et al., 2006). Serait-ce dû à la représentation qu’ont les auteurs de la sage-femme ? En effet, si ces derniers pensent que le rôle de la sage-femme ne débute qu’une fois la femme enceinte, cela peut expliquer la faible présence de cette professionnelle dans la littérature des SP. Néanmoins, selon la FSSF (n.d.), les

compétences de la sage-femme s’appliquent aussi à la période préconceptionnelle, montrant alors sa place primordiale dans ce domaine.

Dans la recherche de van Heesch et al. (2006), la majorité des sages-femmes disent être disposées à dispenser des SP [traduction libre] (p. 122). Par contre, seulement la moitié d’entres elles estiment que ces soins devraient faire partie de leur domaine professionnel [traduction libre] (p. 122). Comment expliquer ce discours tout en sachant que la définition de l’ICM intègre la santé reproductive au cahier des charges de la sage-femme (2011) ?

Puisque les femmes consultent habituellement durant le premier trimestre, les sages-femmes affirment ne pas être en mesure de dispenser des SP adéquats et optimaux. Selon ces professionnelles, le manque de temps et de connaissances entravent également l’offre de ces soins [traduction libre] (van Heesch et al., 2006, p. 123).

Beaucoup d’éléments se contredisent à propos des définitions officielles, des représentations ainsi que des pratiques des femmes et des sages-femmes quant à la thématique des SP. En effet, le rôle de la sage-femme dans la préconception paraît être intégré dans la définition de l’ICM (2011). Cependant, le moment de consultation des femmes ainsi que le manque de reconnaissance par les sages-femmes concernant leurs compétences préconceptionnelles semblent être des obstacles à l’introduction de ces soins. En regard de cette tension, un champ de recherche et de réflexion se dessine à notre sens.