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Conséquences de l‟évolution des pratiques guerrières sur la formation

Chapitre 1 : L‟utilité de l‟art militaire dans l‟Italie du XVI ème siècle

B. Conséquences de l‟évolution des pratiques guerrières sur la formation

La taille des armées était en augmentation constante depuis le début de la

Renaissance, ce qui impliquait la complication de leur gestion logistique et tactique

70

.

L‟infanterie constituait le corps le plus important et l‟accroissement du nombre des soldats

concernait dans une large mesure les fantassins. Au moment de la descente de Charles

VIII, l‟infanterie avait retrouvé Ŕ depuis quelques décennies déjà et indépendamment des

progrès de l‟artillerie Ŕ un rôle de premier plan dans l‟organisation tactique des armées

grâce, notamment, à la résistance efficace qu‟elle opposait aux charges de cavalerie. À

cette croissance numérique, s‟ajoute un autre facteur décisif : la diversification des troupes.

Les combattants à pied, qui constituaient le corps le plus important en termes quantitatifs,

étaient en effet armés de différentes façons, ce qui impliquait une organisation et une

gestion spécifique des déplacements et des actions militaires. Surtout, la diversité des

soldats connutune augmentation spectaculaire et continue depuis l‟apparition de la poudre

à canon : elle engendra la création d‟armes nouvelles au maniement souvent délicat et

rendit encore plus ardue la mise en place stratégique et tactique des armées

71

. Il ne fait

aucun doute, donc, que de même que les chefs de guerre devaient approfondir leurs

connaissances et aiguiser leur intelligence technique et tactique, les simples soldats

devaient se montrer capables de comprendre des ordres et des missions que l‟évolution des

pratiques guerrières rendait toujours plus complexes. Ainsi, par exemple, Giovanni

Antonio Campano met en lumière dans sa Vita di Braccio Ŕ aux alentours de 1458 Ŕ

l‟insistance avec laquelle le célèbre homme de guerre pérousin affirmait la nécessité de

disposer de soldats bien préparés et entraînés

72

.

70 À ce sujet, Alfred Rupert Hall affirme que les forces armées furent, au cours du XVIème siècle, « di molto

migliorate dal punto di vista organizzativo e notevolmente accresciute di numero » (Hall, Alfred Rupert, « Tecnologia militare. Fortificazione », p. 354, nous soulignons).

71

Pietro Maravigna considère les Guerres d‟Italie comme un moment déterminant de l‟évolution de la tactique vers un degré de complexité supérieure. Après cette époque et tout au long de la seconde moitié du siècle, en effet, « la fanteria abbandona le artiglierie, adoperando soltanto come armi da gitto gli archibugi e poi i moschetti : l‟artiglieria diventa un‟arma speciale. Da siffatta differenziazione sorge la necessità della cooperazione, ciò che presume la manovra : la fanteria, adunque e l‟artiglieria sono obbligate armonicamente a coordinare i rispettivi sforzi » (Maravigna, Pietro, Storia dell’arte militare moderna, vol. 1, p. 101). 72 Campano soutient que Braccio da Montone parvenait à dominer la fortune grâce à ses qualités de chef de guerre, lesquelles, selon l‟analyse que nous en fournit Francesco Tateo, se matérialisaient dans une stratégie « che si affida innanzitutto alla prontezza e alla capacità bellica dei combattenti, i quali vanno scelti con cura e addestrati, e tenuti continuamente allenati : sul criterio del reclutamento e sull‟esercizio continuo, cui Braccio sottoponeva i suoi soldati, insiste ripetutamente lo storico, che addita nell‟ignavia, nell‟impreparazione, nella incertezza e paura dei nemici la ragione delle loro sconfitte » (Tateo, Francesco, I miti della storiografia umanistica, p. 115-116).

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À cela s‟ajoute le problème capital de la nature des troupes. Les dernières années

du siècle marquèrent, dans la Péninsule, la prise de conscience toujours plus vive des tares

des armées des mercenaires. L‟idée qu‟il faille tenter de les remplacer, au moins en partie,

par des milices citoyennes commence alors à se faire jour, notamment dans les cités

toscanes telles que Florence surtout. Au cours du Quattrocento, en effet, les armées des

États de la Péninsule étaient essentiellement constituées de compagnies de mercenaires

imprévisibles, souvent difficiles à contrôler et parfois même plus dangereuses pour leurs

propres employeurs que pour leurs ennemis désignés

73

. On pouvait s‟attendre à tout Ŕ du

simple pillage à la haute trahison Ŕ de la part des mercenaires, ce qui leur valut d‟ailleurs

leur réputation si peu glorieuse

74

. Si les milices citoyennes offraient certainement

davantage de garanties de ce point de vue, elles manquaient néanmoins, le plus souvent, de

l‟expérience et des compétences nécessaires à la conduite des opérations militaires

75

. Les

mercenaires offraient en effet l‟avantage non négligeable de l‟expérience du terrain qui

rendait les troupes qu‟ils formaient beaucoup plus redoutables que celles que l‟on tentait de

mettre en place, pourrait-on dire, en fournissant des armes aux paysans. La plupart du

temps, ces soldats nouveaux n‟avaient aucune expérience de la guerre et de la discipline

nécessaire pour la marche ou l‟affrontement armé. Or, le passage des mercenaires aux

milices citoyennes Ŕ que la plupart, dans les milieux humanistes, jugeaient

indispensable

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Ŕ ne devait en aucun cas impliquer une perte d‟efficacité militaire, bien au

73

Memmo, Giovanni Maria, Dialogo del Magn. Cavaliere M.Gio. Maria Memmo, nel quale dopo alcune filosofiche dispute, si forma un perfetto prencipe e una perfetta republica, e parimente un senatore, un cittadino, un soldato e un mercante, Venezia, Appresso Gabriel Giolito de‟ Ferrari, 1564, p. 133.

74 Matteo Palmieri, qui reconnaît que les milices citoyennes et celles composées de mercenaires présentent chacune des avantages et des inconvénients, décrit ainsi ces dernières : « I soldati condotti, contro l‟honore proprio antepongono et sopra ogni cosa il pre/zo [sic] amano et vogliono : i terreni amici poco meglio stimano che de‟ nimici ; fuggono i pericoli proprii, non curando della salute di chi li paga ; spesso abandonano quando truovono soldo migliore; se perdono l‟antico amico cercano d‟un altro; et finalmente, perché di guerra guadagnono et fannosi riputati et degni, sempre appetiscono et cercono guerra » (Palmieri, Matteo, Vita civile, IV, f. 92r-92v). La mauvaise réputation des mercenaires a pu être, semble-t-il, volontairement exagérée afin de rendre encore plus manifeste la nécessité de réforme des institutions militaires, surtout par ceux qui promouvaient l‟instauration des milices citoyennes. C‟est ce qu‟aurait fait, aux dires de Sergio Bertelli qui parle même à cet égard de « distorsione storica », le plus illustre défenseur de ces dernières au XVIème siècle, Machiavel. Dans ses Istorie fiorentine notamment, « il quadro che egli avrebbe tracciato del modo di combattere dei capitani di ventura sarebbe stato coscientemente falsato, nel bisogno della prova che convincesse dell‟urgenza della riforma militare, quale egli aveva chiesto nell‟Arte della guerra » (Machiavelli, Niccolò, Arte della guerra, nota introduttiva, p. 314).

75 Il n‟est alors pas étonnant que le cardinal Francesco Soderini, dans une lettre datée du 4 mars 1507 et traitant précisément du projet en cours de l‟Ordinanza militare, fasse à Niccolò Machiavelli l‟observation suivante : « Né si vole credere che le altre natione ad questi tempi siano superiore al nostro peditato [c‟est-à- dire l‟infanterie], se non perché loro retengono la disciplina, quale già gran tempo è sbandita de Italia » (Machiavelli, Niccolò, Lettere, éd. Gaeta, Franco, Milano, Feltrinelli, 1961, Lettre n. 87, p. 177).

76 Dans la Florence du Quattrocento en effet, cette nécessité était clairement ressentie et revendiquée par certains citoyens importants. Matteo Palmieri par exemple, auteur d‟un dialogue sur l‟éducation intitulé Della Vita Civile, aborde la « vulgare questione » du choix entre troupes mercenaires et milices de citoyens et

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contraire. Il fallait donc fournir un effort immense pour faire des citoyens de véritables

soldats

77

. C‟est pourquoi les Italiens firent différents essais en vue de la formation de

milices de citoyens et ce, dès le début du XVI

ème

siècle. À propos de la célèbre tentative en

ce sens réalisée par Machiavelli

78

et des questions cruciales qu‟elle souleva, Frédérique

Verrier écrit justement :

affirme la nécessité de recourir à ces dernières, se justifiant ainsi : « in tutti i passati secoli non si truova alcuna città essere divenuta degnissima se non con la sua virtù e colle proprie armi de‟ suoi cittadini » (Palmieri, Matteo, Vita civile, IV, 92r). À ce propos, W. H. Woodward écrit que « Palmieri demands universal training in military exercises. The argument for these is specially enforced by urgent patriotic duty, and rightly, for the Florentine trader lacked military spirit and left defence to a hired foreign soldiery with disastrous effect » (Woodward, William Harrison, Studies in Education during the Age of the Renaissance, 1400-1600, Cambridge, University Press, 1924, p. 71). Au cours de la seconde république florentine, l‟érudit Donato Giannotti se fit le porte-parole de la nécessité de former des soldats afin de constituer des milices citoyennes aptes à défendre la ville. On peut lire en effet dans son texte, inédit jusqu‟à la fin du XIXème siècle et intitulé Discorso di armare la città di Firenze fatto dinanzi alli Magnifici Signori e Gonfaloniere di giustizia, qu‟ « introdurre la milizia [...] vuol dire regolare gli uomini, e rendergli atti al potere difendere la patria da gli assalti esterni e dalle altercazioni intrinseche » (la citation provient de Cavazzuti, Giuseppe, Studi sulla letteratura politico-militare, p. 9 ; voir Archivio Storico italiano, serie V, t. VIII, 1891, p. 17). Il est clair, aux yeux de Giannotti comme pour nombre de ses contemporains, que le recours aux milices citoyennes plutôt qu‟aux troupes de mercenaires aguerris impliquait un effort immense dans la formation des soldats. Giannotti l‟affirme de façon on ne peut plus explicite : « Armati e capitanati che sono gli uomini bisogna esercitarli » (Cavazzuti, Giuseppe, Studi sulla letteratura politico-militare, p. 12 ). Le Florentin ne se limite pas à ces indications génériques, qui relèvent plus, par ailleurs, de la discipline que de l‟organisation militaire à proprement parler, mais fournit des informations plus détaillées quelques pages plus loin : « Arrolati gli uomini, è necessario armarli : sarebbe ottima cosa se sapessero trattar tanto la picca, quanto la spada e l‟archibugio » (Ibid., p. 10). Giovanni Maria Memmo émet des considérations analogues, bien que moins précises, dans un dialogue situé en 1556 et publié quelques années plus tard, où sont abordées, dans le cadre d‟une réflexion beaucoup plus générale, certaines thématiques militaires. Après avoir affirmé la nécessité de recourir aux milices citoyennes plutôt qu‟aux dangereuses « armi forestiere » (Memmo, Giovanni Maria, Dialogo p. 133), il fait dire à l‟un de ses interlocuteurs Ŕ le Cavaliere Cornaroen l‟occurrence Ŕ : « Io non trovo esercitio più nobile, più degno, né più utile alla città e alla republica, che esercitar la sua gioventù nell‟arte e disciplina militare » (Ibid., p. 134). Il semble, cependant, que les affirmations de Memmo appartiennent plus à la réélaboration d‟éléments topiques traditionnels sans prétentions pratiques véritables. On peut y voir toutefois la diffusion de l‟idée de la nécessité de la préparation militaire dans les milieux érudits comme chez les techniciens. Les Discorsi di Guerra d‟Ascanio Centorio offrent un exemple supplémentaire. On peut y lire que « l‟ordine è molto importante ne‟ casi della guerra » et que les soldats « non meno deono essere bene ordinati nel caminare e nell‟alloggiare che nel combattere » (Degli Hortensi, Centorio, Discorsi di guerra del signor Ascanio Centorio divisi in cinque libri, Venezia, appresso Gabriel Giolito de‟ Ferrari, 1567, p. 10).

77 Il convient toutefois de préciser que la tendance toujours plus marquée au cours du XVIème de recourir aux milices citoyennes plutôt que de lever des troupes de mercenaires ne semble pas constituer pas un facteur absolument vital pour expliquer les évolutions tactiques de cette époque. En revanche, s‟il est fort probable qu‟elle n‟ait pas contribué directement à la naissance du phénomène en lui-même, elle en a sans doute accéléré le développement. Dès avant l‟abandon progressif des compagnies mercenaires en effet, et au sein même de celles-ci, les prémisses des changements à venir dans l‟organisation des troupes se firent sentir : « Dalle compagnie cominciava a nascere la nuova tattica che andava sostituendo quella semplice e schematica dei secoli precedenti. Essa era diventata oggetto di primi studi nei testi di Benedetto Zaccaria e di Martin Sanudo il Vecchio » (Argiolas, Tommaso, Armi ed eserciti del Rinascimento italiano, Roma, Newton Compton Editori, 1991, p. 27).

78 L‟importance capitale accordée par Machiavel au problème de la discipline militaire est mise en lumière par Félix Gilbert qui n‟hésite pas à écrire : « Si potrebbe dire che, insieme con la battaglia, questo [il problema della disciplina militare] sia il tema principale dell‟Arte della guerra » (Gilbert, Félix, Niccolò Machiavelli e la vita culturale del suo tempo, p. 216).

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Le corps et l‟esprit du jeune soldat est un potentiel que l‟État doit former s‟il veut l‟exploiter. Or, le recours aux mercenaires est un expédient pour éluder cette formation. Les États louent des soldats aguerris qu‟ils payent au lieu de les instruire. La question de la formation du soldat est au cœur du débat sur la crise militaire et de tout projet de réforme79.

L‟un des aspects de la préparation militaire auquel on accordait le plus d‟attention

était sans l‟ombre d‟un doute celui de la discipline. Le rôle que l‟on lui attribuait explique

en partie, selon Thomas F. Arnold, le recours à des préceptes militaires hérités de la Rome

antique Ŕ symbole de l‟efficacité guerrière et de l‟infanterie en particulier Ŕ et

essentiellement véhiculés par les ouvrages de Frontin (Ier siècle ap. J.-C.)

80

et, surtout, de

Végèce (fin du IV

ème

siècle ap. J.-C.)

81

, ce qui n‟a rien de surprenant lorsque l‟on sait

l‟influence de ses préceptes militaires dans l‟Italie de la Renaissance

82

. Arnold affirme à

cet égard :

Il est important de rappeler que les réformateurs militaires cherchaient dans l‟exemple antique un moyen d‟améliorer globalement la discipline et la cohésion plutôt que de simples astuces tactiques83.

Ainsi, parallèlement à l‟enseignement des techniques de guerre en elles-mêmes, il

était vital d‟inculquer aux nouveaux combattants le respect des ordres et des consignes

tactiques. Bartolomeo Cavalcanti en était parfaitement conscient, ainsi que l‟atteste son

79 Verrier, Frédérique, Les armes de Minerve, p. 152. La chercheuse souligne le lien entre la volonté d‟instaurer les milices citoyennes et la conviction de la possibilité d‟enseigner l‟art militaire : « Aussi décevantes que se soient révélées les tentatives faites par les États pour instruire leurs soldats, le fait que ce soit en Italie deux Républiques Ŕ celles de Venise et de Florence Ŕ qui ont poussé le plus tôt et le plus loin ces expérimentations n‟est certainement pas fortuit. Elles présument d‟une part une confiance minimale dans le peuple des paysans et artisans qui doivent former les rangs des milizie ou cerne. Elles se fondent d‟autre part sur la conviction que la guerre s‟apprend. On voit comment le rôle de l‟exercice dans le traité de Végèce a pu servir au XVIème siècle les thèses de ceux qui croient qu‟en tout homme il y a virtuellement un soldat, que la démilitarisation des Italiens n‟est pas une fatalité, qu‟elle est réversible précisément parce qu‟elle est le fruit d‟une erreur politique » (Ibid., p. 161).

80 Pierre Laederich précise que le nom de Frontin Ŕ Sextus Julius Frontinus Ŕ apparaît pour la première fois en 70 ap. J.-C. « grâce à un bref passage des Histoires de Tacite (IV, 39, 1-2) » (Frontin, Les stratagèmes, éd. Laederich, Pierre, Paris, Ed. Economica, 1999, p. 5).

81 Selon Gastone Breccia, outre Végèce « la memoria della tradizione antica si limitava occasionalmente agli

Stratagemata di Frontino ; per il resto, l‟arte militare era tutta racchiusa nelle abilità acquisite con l‟emulazione e l‟addestramento, e soprattutto nel tesoro di esperienza ricavata sul campo, generazione dopo generazione » (Breccia, Gastone (éd.), L’arte della guerra da Sun Tzu a Clausewitz, Torino, Giulio Einaudi Editore, 2009, p. LXXV).

82 Dans la préface de l‟édition de l‟Arte della guerra romana réalisée par Marco Formisano, Corrado Petrocelli signale le succès du traité de Végèce : « è ben noto quanto Vegezio sia stato letto, tradotto, imitato e diffuso già per tutta l‟età medievale e il rinascimento e sino anche al XVIII secolo, costituendo talora un punto di riferimento nell‟ambito della pratica bellica come nella tradizione culturale » (Vegezio, L’arte della guerra romana, p. I-II).

83

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Orazione adressée aux soldats-citoyens florentins en 1530. L‟aristocrate florentin rappelle

à plusieurs reprises et de manière emphatique l‟importance capitale de l‟obéissance et du

respect des hiérarchies au sein de l‟armée

84

. Il exploite l‟opposition traditionnelle avec les

mercenaires et s‟adresse à ses concitoyens en ces termes :

Ma quanto nella nostra propria e bene ordinata milizia si ha da stimare l‟obedienza, non ce lo dimostra ancora la mercenaria e male disciplinata ? Nella quale è pure da‟ savi capitani e da quelli che più virtuosamente l‟esercitano reputata del soldato la propria e principale virtù, osservare fedelmente i comandamenti de‟ loro superiori, come ancora nella città è reputata del cittadino ubbidir reverentemente a‟ magistrati; per ciò che il disubidiente soldato partorisce nella guerra danni incredibili, sì come l‟obediente produce frutti maravigliosi, et il contumace cittadino nella republica è perniziosissimo, l‟obediente a quella è utilissimo85.

84 « E quanto sia necessaria in questa militare compagnia l‟obedienza, chi è quello che benissimo non intenda ? [...] E debbe veramente ciascuno di noi considerare che, se ogni uomo volesse comandare, mancherebbe chi obedisse, e mancando l‟obedienza, si dissolverebbe questa militare compagnia, la qual di chi comandi e di chi obedisca convien che sia composta » (Cavalcanti, Bartolomeo, Orazione, 51-53, in Lisio, Giuseppe, Orazioni scelte del secolo XVI, Firenze, Sansoni Editore, 1897, p. 26-27).

85 Cavalcanti, Bartolomeo, Orazione, 54, in Lisio, Giuseppe, Orazioni scelte, p. 27. Giuseppe Cavazzuti affirme en outre que le juriste Pietrino Belli (1502-1575), auteur d‟un traité De re militari et bello, « ha conosciuto quanto possa la disciplina in un esercito, sì che senza di essa non s‟ottiene vittoria ». En citant Tite Live, Belli insiste en effet sur le fait que l‟absence de discipline conduit à la remise en cause de la stabilité même de la hiérarchie : « Et post paulo addit, cum poluta semel disciplina, non miles Centuriones, non Centurio Tribuni, non Tribununs legati, non legatus consulis, non Magister equitum Dictatoris pareat imperio, sine commeatu vagi milites in pacato, in hostico errent, in frequenta signa deferant latrocinij, modo, cęca fortuna pro sacrata sit militia : haec Livius » (Belli Albensis, Petrini, De re militari et bello tractatus, Venetijs, excudebat Franciscus de Portonarijs, 1563, Pars Octava, 54, f. 105r). De son côté, Battista Valle di Venafro affirme, au second chapitre du Livre I de son traité militaire, que la discipline est vitale au sein de l‟armée. Il consacre le troisième aux punitions à infliger aux traîtres et aux soldats désobéissants. Il semble que l‟on puisse déduire du texte que les châtiments évoqués reflètent la coutume Ŕ violente Ŕ des armées de l‟époque. Si l‟importance que l‟on accordait à la discipline était proportionnelle à la sévérité des punitions prévues en cas de manquement, elle devait être alors à proprement parler capitale : « Anchora dico conclusivamente che quando al capitano se gli mancasse de obedientia, o vero nelle guardie e scolte, e al dare de‟ nomi, alcuni preteriscono del suo ordine, dico non solo si conviene svalisarli le arme e cavalli, danari e robbe, e ne ancho resolverlo di alcuno supplicio e castigo, ma pena arbitraria de condannarlo a morte e, come per usanza se costuma, da passarlo per le picche, e de questo modo, facendo un battaglione, lassandoce in mezzo una strata larga per due picche, e metterlo gli in mezzo, e prima che se incomenza a calar le picche per ciascun lato, conviene che quello tale ingenocchiandosi domandi perdono al suo capitano tre volte, e alla terza il capitano debbe pigliare la bandera del suo banderale e pigliare il ferro in mano, e non spiegata, ma raccolta, e col troncone darli in testa notificando che la insegna è lesa per soe male opere e che lo condanna al morire ; e così tirando se indietro fuor di piazza ognun debbe calare le picche contra di quello che havesse abbandonato la sua fattione de fare la guardia o scolta, o vero che havesse alcuno intendimento con gli inimici come con fuoco, fumo, littre, spie, o altri modi nocivi all‟honor commune, e così farli fare la fine sua de passarlo per le picche » (Valle, Giovanni Battista, Il Vallo libro continente appertinente a’ Capitani, retenere e fortificare una Città con bastioni, con novi artifici de fuoco aggionti, Venezia, Vettor q. Piero Ravano della Serena et Compagni, 1539, f. 3v-4r). Leone Andrea Maggiorotti évoque une édition précédente datée de 1521 du traité de Giovanni Battista Valle qu‟il décrit comme un « buon ingegnere e fonditore di