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CONCLUSIONS

Dans le document Je ne suis pas féministe mais (Page 130-137)

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I - Recommandations

Suite à nos études quantitatives et qualitatives, nous sommes convaincues que le féminisme, aussi pluriel soit-il, se popularise au sein de notre cible. Si la population des quinze à vingt-quatre ans étudiée semble être pour l’égalité homme-femme, les jeunes sont loin d’être tous aussi affirmatifs concernant leur appartenance au mouvement féministe. Méconnaissance du mouvement, manque de temps pour le militantisme, désaccord avec les combats actuels…, beaucoup de jeunes ne considèrent pas les enjeux féministes comme étant un enjeu sociétal prioritaire, y compris des jeunes femmes.

En effet, l’un des grands apprentissages que nous avons tiré de notre étude est la nécessité de faire naître un véritable élan de solidarité féminine, de sororité. L’antiféminisme présent chez certaines femmes représente une de nos motivations principales pour la réalisation de ce mémoire. Nous souhaitions comprendre d’où il venait et quelles étaient les réelles motivations de ces femmes qui se battent contre une égalité des droits. Après notre étude, nous avons compris que qu’une des forces de l’antiféminisme réside dans la division des femmes. Une division qui est constamment renforcée par le système patriarcal, qui, lui-même, s’incarne dans les médias, l’éducation, la politique ou autres sphères sociales. Si l’antiféminisme (ordinaire ou non) exercé par les femmes est réel et actuel, il est bien symptomatique d’une oppression des hommes sur les femmes. Le sentiment de sororité nous apparaît donc comme une clé d’émancipation des femmes.

Les clichés que nous avons identifiés sur les féministes (des militantes extrémistes, hystériques, à côté de la plaque, …) ne sont finalement que le reflet du système patriarcal dans lequel nous évoluons, où une “bonne féministe” est une femme qui ne bouscule pas trop l’ordre établi. Si le terme “féminisme” est moins associé à une insulte depuis quelques années, il n’en demeure pas moins associé à un extrémisme déplacé et non adapté. Il apparaît pourtant peu surprenant que des personnes, notamment des hommes, s’opposent aux bouleversements liés aux nouveaux modèles de société proposés par le féminisme, ne voyant pas sous quels prétextes ils devraient perdre leurs privilèges, acquis à la naissance. Le cliché d’un féminisme extrémiste

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témoigne donc uniquement de l’espoir porté par des femmes de construire une société plus juste, égalitaire (en droits et en faits), ce qui est pour le moment loin d’être acquis.

Sur ces questions, nos recommandations se doivent d’évoquer les enjeux éducatifs.

Notre étude nous a fait prendre conscience du poids de l’éducation dans l’identification au féminisme. L’antiféminisme n’est pas inné, bien au contraire, il se construit au fil des années et des messages reçus. Nous ne pouvons que recommander aux institutions publiques de prendre leurs responsabilités pour assurer l’égalité en tous points. Des ateliers de sensibilisation dès le plus jeune âge doivent être déployés sur le territoire, dans tous écoles, collèges et lycées et sur des publics de tous milieux sociaux pour déconstruire rapidement les clichés vus à la télévision, intégrés dans les différentes sphères sociales, etc.

Nous pensons également qu’il est important de continuer, ou de commencer pour les générations plus âgées, la sensibilisation tout au long de la scolarité. Nous estimons notamment que des ateliers interactifs de réflexion et de sensibilisation aux inégalités homme-femme, notamment sur le plan professionnel, auraient tout à fait leur place au sein des cours prodigués à Grenoble École de Management. Cela se caractériserait par exemple par des ateliers ayant pour but d’aider les jeunes étudiantes et futures diplômées à réagir en entreprise face à une situation sexiste. Aussi, il parait encore plus important de sensibiliser les hommes aux inégalités qui existent, leur montrer comment les éviter et leur apprendre également à réagir face à des situations sexistes. Il parait évident que ces ateliers doivent être animées par des femmes, qui sont les premières concernées et victimes de ces situations, et donc les plus à même d’en parler.

En effet, Grenoble École de Management œuvre pour la construction d’une société meilleure et d’un management humain et responsable. Lorsque l’on connaît les situations de sexisme que nombre de femmes peuvent expérimenter en entreprise, il nous semble indispensable de déconstruire ces comportements dès la formation reçue à Grenoble École de Management afin de former des managers plus ouverts, tolérants et respectueux.

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II - Limites de l’étude

Afin d’analyser les limites de notre étude, il nous semble nécessaire de rappeler la manière dont nous l’avons organisée. Notre étude s’est déroulée en deux parties. Nous avons d’abord réalisé des entretiens qualitatifs semi-directifs afin d’explorer et de comprendre les enjeux soulevés par notre sujet. Nous avons interrogé une vingtaine de personnalités féministes engagées, avec différents profils. Dans un deuxième temps, nous avons conduit une étude quantitative auprès de notre cible, les jeunes de quinze à vingt-quatre ans afin de mesurer et de décrire les comportements et caractéristiques de notre cible.

La première partie de notre investigation est composée d'entretiens auprès de personnalités féministes engagées. Nous avons identifié deux limites liées à l’étude qualitative.

Nous sommes parvenues à interroger des femmes venant de toute la France et également du Québec au Canada. Nous avons également réussi à questionner des femmes d’âges très différents et venant également de courants féministes divers. Cependant, nous ne sommes pas parvenues à interroger des femmes racisées se revendiquant de mouvements féministes tels que le “black feminism”. De plus, nous n’avons pas pu échanger avec des femmes d’horizons politiques très différents. Nous avions notamment tenté de contacter une association d’extrême droite qui se revendique féministe mais sans succès. Nous avons également interrogé plusieurs militantes de l’association Osez Le Féminisme. Bien que ces répondantes viennent de régions et d’antennes de l’association différentes, certaines d’entre elles sont susceptibles de tenir des discours similaires du fait de leur formation militante commune auprès de cette association.

Concernant l’étude quantitative, nous avons identifié trois limites. La première limite de notre étude concerne la tranche d’âge observée. Nous avons interrogé notre cible via l’étude quantitative. L’objectif initial était d’interroger des jeunes de quinze à vingt-quatre ans. Nous avons donc administré notre questionnaire sur Facebook, Instagram et Linkedin. Ces réseaux sociaux nous ont permis de toucher un large nombre de répondants (plus de 500) mais nous avons majoritairement obtenu les réponses de personnes âgées de vingt à vingt-quatre ans. En

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effet, ces plateformes nous ont permis de faire circuler le questionnaire auprès de nos réseaux respectifs. Cependant, nos relations sur ces réseaux sont proches de nos profils personnels. Nous avons ainsi eu beaucoup de difficultés à obtenir les réponses de personnes âgées de quinze à dix-neuf ans malgré nos efforts. Nous avons contacté nos anciens lycées afin de faire circuler le questionnaire auprès des élèves de ces établissements et nous l’avons également transmis à toutes les personnes de quinze à dix-neuf ans que nous connaissions dans notre cercle personnel.

Néanmoins, malgré nos tentatives, nous n’avons pas obtenu suffisamment de réponses sur cette tranche d’âge pour pouvoir utiliser les résultats tels quels. L’échantillon final obtenu n’était pas suffisamment représentatif. Nous avons donc décidé d’exclure les réponses obtenues par les jeunes de quinze à dix-neuf ans afin d’obtenir un échantillon représentatif sur la tranche d’âge observée. En effet, nous avions obtenu un nombre suffisant de répondants entre vingt et vingt-quatre ans pour pouvoir exploiter les résultats de notre questionnaire.

Comme indiqué précédemment, le questionnaire a majoritairement circulé auprès de nos réseaux personnels pour des raisons évidentes de logistique. Il a donc également été difficile d’obtenir les réponses de jeunes qui ne suivent pas d’études supérieures, qui ne sont pas en Master comme nous trois. Une large majorité des répondants suivent des études en Master (287 répondants sur 516), ce qui n’est pas représentatif de la population française. Une deuxième limite de notre étude s’est donc manifestée ici concernant le niveau d’études de l’échantillon.

Enfin, une dernière limite de l’étude quantitative concerne le poids du déclaratif. En effet, bien que les réponses au questionnaire soient anonymes, certaines personnes n’ont sûrement pas osé répondre de manière totalement sincère et ont préféré donner une réponse “socialement acceptable” au vu du sujet étudié. Nous pouvons prendre l’exemple de notre question sur la proximité politique des répondants. Sur 516 personnes, seules quatre ont déclaré être proches politiquement de l’extrême droite, ce qui est un résultat faible si on le compare aux derniers sondages publiés qui placent le Rassemblement National comme le parti politique préféré des jeunes. De ce fait, il est difficile d’obtenir des réponses honnêtes lorsqu’on travaille sur un sujet comme le nôtre, et ce malgré un travail approfondi des questions pour limiter les biais.

Enfin, le champ d’étude de notre mémoire nous a amené à nous questionner sur différents sujets, que nous n’avons pas pu aborder dans cette recherche. D’abord, les origines de l’antiféminisme sont nombreuses. En concentrant notre étude sur les clichés, nous n’avons

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pas pu étudier les autres causes de cet antiféminisme telles que la hiérarchisation des luttes, l’idée que l’égalité est déjà atteinte ou encore la minimisation des combats. Au cours de nos recherches, nous avons également découvert qu’il existe de nombreux clivages entre les différents féminismes. Notre étude ne nous a donc pas permis de les étudier mais nous sommes bien conscientes de ces litiges.

Pour terminer, nous savons pertinemment que cette étude ne nous a permis d’identifier qu’une seule cause de l’antiféminisme, celle des clichés. Cependant, il n’y a pas de cause unique mais bien une multiplicité de causes. Les clichés sont donc un élément participant au développement de l’antiféminisme mais ne permettent pas d’expliquer l’ensemble de ce contre-mouvement.

III - Voies de recherches

Nous avons cadré notre étude sur les clichés entretenus sur les féministes et leur impact sur l’antiféminisme. Néanmoins, comme énoncé précédemment, nous avons constaté que les origines de l’antiféminisme aujourd’hui sont multiples, allant de la hiérarchisation des luttes à la minimisation du combat féministe. Dans la continuité de notre étude, il serait alors intéressant de creuser plus en détails les différents facteurs de développement de l’antiféminisme.

Pour obtenir des retours de la cible des quinze à dix-neuf ans, nous pourrions également prévoir des observations lors d’ateliers de sensibilisation au féminisme/inégalités hommes-femmes d’associations dans les établissements scolaires. Par ailleurs, nous pourrions passer par ces associations pour distribuer notre questionnaire.

Pour atteindre une mixité intéressante dans notre échantillon, il serait aussi judicieux de diversifier les établissements scolaires ciblés (REP, REP+, …) pour la tranche des jeunes de

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quinze à dix-neuf ans. Plus globalement, et pour le reste de la cible, il parait essentiel de trouver des canaux de distribution plus larges pour l’administration du questionnaire, comme les comptes féministes et antiféministes sur Instagram ou Facebook.

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