Conclusions de l’étude

4.1 Intérêt d’associer ces deux modes de recueils de données

Il existe une réelle complémentarité entre les deux parties de l’étude que ce soit dans les résultats ou dans la forme.

Les résultats de la partie quantitative ont permis de soulever des points spécifiques où le seuil d’alerte était dépassé dans les pratiques individuelles et institutionnelles. Des mesures de sensibilisation et d’amélioration des pratiques doivent être développées rapidement pour y remédier dans le service.

Les résultats de la partie qualitative ont permis de dégager des tendances dans les pratiques, de rendre compte de l’ambiance du service, de l’engagement dans les soins et du souci éthique des professionnels ainsi que de lister des propositions émises par ceux-ci et adaptées à la complexité de leurs pratiques afin de promouvoir la bientraitance.

Concernant la forme, certains soignants nous ont indiqué avoir refusé de répondre au questionnaire et préféré participer à un entretien pour pouvoir parler de leurs pratiques et de la complexité des situations rencontrées car, selon eux, un questionnaire fermé ne leur permettait pas d’exprimer leur ressenti et leur perception de la bientraitance.

Cependant, les questionnaires à choix multiples ont l’avantage de ne pas nécessiter d’intervenant. Le recrutement, le recueil des résultats et l’analyse de ces derniers étaient donc plus faciles que pour la partie entretiens, demandant davantage de moyens humains.

Cette remarque a confirmé notre hypothèse de l’utilité de proposer deux outils différents dans un même service : entretiens et questionnaires pour permettre aux professionnels d’exprimer leur point de vue sur la bientraitance, leurs difficultés et d’élaborer des propositions de sensibilisation à ce thème d’actualité.

4.2 Un outil de sensibilisation

Les résultats des questionnaires ont montré que cette approche était efficace pour amener les professionnels à s’interroger sur leurs pratiques. Par les réponses des personnes interviewées et les retours informels de celles-ci suite aux entretiens, cette approche apparait elle aussi avoir

une bonne efficacité en tant que démarche de sensibilisation des professionnels. Cependant, faute d’avoir intégré une question spécifique à ce sujet, nous n’avons pas plus d’éléments pour évaluer l’efficacité des entretiens pour sensibiliser les professionnels. Une prochaine étude utilisant des entretiens et intégrant une question à ce sujet permettrait d’explorer l’efficacité de cette méthode pour sensibiliser le personnel travaillant dans le domaine de la psychiatrie. 4.3 Une étude inscrite dans la temporalité du service

Toute étude visant l’évaluation de la perception de la bientraitance par les professionnels nécessite de s’inscrire dans le temps pour être efficace et représentative des pratiques professionnelles. Cette démarche doit prendre en compte la temporalité du service et les mouvements psychiques qu’elle suscite. Ainsi, pour permettre au plus grand nombre de participer à cette démarche et atteindre les objectifs fixés, l’organisation de l’étude doit comporter : un temps de préparation dans le service précédant l’étude pour permettre une première sensibilisation au concept de bientraitance, un temps d’étude proprement dit avec une présence régulière et un temps de retour d’expérience. Le soutien de l’encadrement est également une condition nécessaire à l’acceptation et à la participation des professionnels. 4.4 Des objectifs atteints mais des outils encore perfectibles

Il s’agit, à notre connaissance, de la première étude concernant la perception de la bientraitance par les professionnels en secteur psychiatrique. Elle a atteint les objectifs fixés mais a aussi souligné la perfectibilité des outils utilisés dans les deux parties de l’étude. Ceux-ci pourraient être améliorés pour limiter les biais et être mieux adaptés aux spécificités des pratiques professionnelles en psychiatrie.

Ainsi, il serait intéressant de proposer aux équipes des questionnaires à choix multiples plus courts, composés de questions prenant en compte les modalités des soins en psychiatrie et dont les intitulés seraient reformulés pour laisser moins de place à l’interprétation personnelle et plus axées sur le questionnement éthique.

Une autre démarche qui pourrait améliorer la qualité et la validité de la partie qualitative de cette étude serait de proposer des entretiens dirigés par un intervenant neutre pour limiter la part d’affect dans les résultats de celle-ci.

4.5 Idées pour améliorer la validité externe de cette étude

Les résultats de cette étude (questionnaires et entretiens), associés à la revue de la littérature et à la prise en compte des spécificités du service et de l’établissement, nous ont permis d’élaborer des propositions pour sensibiliser et promouvoir la bientraitance dans le service et dans l’établissement. Cette étude nécessiterait, pour avoir une meilleure validité externe, d’être complétée par d’autres études sur ce thème dans d’autres unités d’hospitalisation à temps plein de services sectorisés de psychiatrie générale et de pédopsychiatrie.

De plus, mener des études dans des structures accueillant les usagers sur des temps plus courts, telles que les HDJ, les CMP ou les CATTP, donnerait une image plus complète et peut-être différente de la perception de la bientraitance par les professionnels et des difficultés quotidiennes rencontrées par ces derniers. Enfin, des études évaluant la perception de la bientraitance par les usagers dans toutes les structures psychiatriques permettraient d’élaborer des propositions pour promouvoir et sensibiliser à la bientraitance tenant compte des points de vue de tous les acteurs du soin en psychiatrie.

Par ailleurs, nous espérons que cette prise de conscience des enjeux éthiques dans le soin ayant contribué à la sensibilisation des professionnels à la bientraitance sera à l’origine, dans un futur proche, d’une démarche active, soutenue par le management, de promotion de la bientraitance.

Partie 5 : Propositions pour sensibiliser et promouvoir