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Premièrement, nous avons parcouru la lutte contre le VIH/sida au Congo, à travers ses principaux acteurs ainsi qu’à travers les maîtres mots actuels gouvernant la prévention du VIH/sida. La brève mise en perspective diachronique, replacée dans un contexte international, nous a permis de comprendre

96 Trois langues locales sont couramment utilisées : le lingala au Nord et à l’Est, le kituba et le lari au Sud.

97 En effet, étant du terrain, connaissant la plupart des adolescents de la rue, les éducateurs pouvaient fréquemment m’interpeller sur tel ou tel fait, compléter mes informations, etc. En ce sens, leurs propos constituent des témoignages, ces éducateurs se situant à la périphérie des adolescents en question (Moliner, Rateau & Cohen-Scali, 2002 : 49).

98 En effet, il serait intéressant de comparer la représentation sociale que les adolescents vulnérables des quartiers Nord de Brazzaville ont du VIH/sida, par rapport à ceux des quartiers sud, surtout lorsque l’on connaît les différences et tensions qui existent entre le sud et le nord, au niveau du pays comme au niveau de Brazzaville. Cf. annexe 1, p.VII.

l’évolution et le contexte d’apparition du CNLS, principal acteur de la lutte au Congo jusqu’à aujourd’hui. Le rôle d’appui que joue l’UNICEF envers le CNLS a été mis en exergue, n’étant pas reconnu comme acteur de terrain en matière de VIH/sida. L’action communautaire apparaît comme le leitmotiv actuel de la stratégie de lutte contre le VIH/sida et la prévention de l’épidémie reste l’axe stratégique premier de celle-ci, encore et toujours empreinte d’une certaine prépondérance du préservatif.

Dans un second temps, nous avons éclairci les principaux concepts nécessaires pour aborder sereinement la partie centrale de ce mémoire, l’analyse proprement dite de la représentation sociale du VIH/sida chez les adolescents. D’une part, nous avons donc commencé par la notion de représentation sociale, notion caractérisée par sa complexité, sa diversité, son ambivalence. Nous avons vu que la considérer comme étant à la jonction entre la psychologie sociale et l’anthropologie entraine des implications méthodologiques particulières. De plus, porter le regard sur un groupe particulier, dans une optique descriptive, conduit à approfondir certains éléments théoriques, dont découle également une certaine approche méthodologique. Nous n’avons pas manqué, en outre, de relever l’importance du contexte dans la construction d’une RS. D’autre part, nous avons précisé la perception de l’adolescent dans le cadre de l’étude. D’abord, en termes de découpage temporel, le terme « d’adolescent » renvoie aux 10 à 17 ans accomplis. Puis, nous avons vu en quoi la sociologie de l’enfance considère les enfants – au sens large – comme des personnes, des sujets à part entière. Enfin, nous avons ouvert le débat sur les concepts « d’enfant vulnérable » et « d’enfant de la rue », bien que je n’aie pas été à même de trancher radicalement entre ces deux notions. Transversalement, l’application de tous ces concepts dans le contexte brazzavillois, et plus largement congolais, a constamment été interrogée.

Pour terminer, nous avons découvert la méthodologie mise en œuvre pour appréhender la représentation du VIH/sida chez les adolescents. J’ai dû développer celle-ci, assurément qualitative, en fonction de mes propres objectifs ainsi que des contraintes que j’ai rencontrées sur le terrain. Dès lors, la technique de l’entretien semi-directif a été utilisée à titre principal, et l’analyse thématique, analyse de contenu centrée sur le contenu manifeste, a permis de dégager une typologie de la RS du VIH/sida chez les adolescents. J’ai mis un terme à cette première partie en évoquant les principaux biais méthodologiques de cette recherche exploratoire.

D

EUXIEME PARTIE

Une typologie des éléments constitutifs de la représentation

sociale du VIH/sida chez les adolescents rencontrés

Cette recherche exploratoire étant, on l’a dit, à visée descriptive, l’objectif de cette deuxième partie est d’étudier la RS du VIH/sida en tant que telle, dans une optique plus large de renforcement de la prévention du VIH/sida auprès des adolescents vulnérables.99 Leurs discours se caractérisent par une certaine diversité, mais au-delà de celle-ci, nous pouvons identifier les éléments qui constituent le noyau central, et ainsi comprendre les significations que ces adolescents, en tant que groupe social, attribuent au VIH/sida. On peut d’ores et déjà noter que contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’y a pas eu de réel tabou. Les adolescents employaient le terme « sida » et se montraient plutôt curieux concernant ma recherche. Certes, évoquer les « choses du sexe » reste délicat, intime. Néanmoins, « raconter le sida » n’a pas provoqué de grand malaise tel qu’annoncé par Boumpoto (1999 : 363).

L’analyse de contenu des entretiens menés auprès des adolescents a permis de mettre en exergue six grands thèmes principaux. Ceux-ci sont présentés dans un ordre logique, qui suit celui initialement proposé dans le guide d’entretien : en effet, il paraît pertinent de savoir comment les adolescents définissent le VIH/sida avant d’en comprendre les modes de transmission, etc. Néanmoins, cette classification reste idéal-typique, car dans les faits, tous les éléments se croisent et s’entremêlent. Au sein de chacun de ces grands thèmes, les sous-thèmes, à eux seuls, permettent d’avoir une première idée de la structuration de la RS du VIH/sida chez les adolescents rencontrés.

Il va de soi que les thèmes et développements proposés ne sont pas exhaustifs. En effet, le fait de mener sa recherche auprès d’adolescents non affectés personnellement par le VIH/sida et de s’en tenir à une optique préventive exclut, a priori, les questions de traitement du VIH/sida, de prise en charge des malades, de culpabilité du malade et du rapport au proche, de représentations de la mort, de recours à la médecine traditionnelle, etc. L’objectif de cette recherche est bien d’analyser les éléments qui sont prégnants dans la RS qu’ont ces adolescents sur le VIH/sida. Il serait, selon moi, biaisé de se précipiter à établir des interprétations hâtives et de se disperser inlassablement, qui plus est, dans une démarche exploratoire.

Nous avons longuement insisté sur l’importance du contexte dans la construction d’une RS. Dès lors, les éléments représentatifs étudiés seront agrémentés de précisions contextuelles pertinentes, dans le souci de permettre au lecteur d’appréhender la problématique de manière plus globale.

Dans le respect de l’anonymat des adolescents que j’ai rencontrés à Bacongo, aucun nom ne sera divulgué. Un tableau inséré en annexe reprend les caractéristiques principales des adolescent(e)s dont les

entretiens ont été retenus pour l’analyse. Ainsi, les extraits seront référencés par exemple (7, M) ou (3, F) : le chiffre permet de voir à quel adolescent(e) l’extrait se rapporte et la lettre « M » ou « F » précise respectivement s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille. Il va de soi qu’il était impossible et incohérent de présenter à chaque fois tous les extraits se rapportant aux divers éléments représentatifs ; j’ai dès lors choisi d’exposer les plus parlants, les plus significatifs.