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Les transistors à grand gap possèdent des caractéristiques en commutation remarquables.

Dans une première partie, leur impact sur la cellule de commutation a été développé. Afin de

tirer pleinement profit des composants à grand gap, leur packaging doit être particulièrement

soigné. Des règles de conception peuvent être dégagées suite à cette analyse.

Règle de conception Remarques

1 Minimisation de l’inductance

de la maille de commutation

Une valeur d’inductance inférieure à 1nH est un objectif

atteignable

2 Réduction des interactions

puissance-commande

L’inductance commune de source doit être éliminée en

utilisant une connexion « Kelvin Source ». Le couplage

entre le circuit de puissance et de commande

rapprochée par mutuelle inductance doit être

négligeable. Le packaging ne doit pas ajouter de

capacité entre grille et drain (effet Miller).

3 Minimisation de l’inductance du circuit de commande

rapprochée

L’inductance du circuit de grille devra être réduite au

maximum, même si le circuit de commande rapprochée

n’est pas disposé au plus proche des puces de

puissance.

4 Suppression des fils de

bonding

Les fils de bonding sont responsables d’une part

importante des défaillances des modules de puissance.

Le module devra donc s’en affranchir afin d’augmenter

sa fiabilité.

5 Réduction de l’impact CEM

La symétrisation des éléments parasites est nécessaire

pour diminuer les couplages entre mode commun et

mode différentiel. La capacité parasite de mode commun

du point flottant doit être réduite au maximum.

6 Comportement thermique

non dégradé

L’optimisation électromagnétique du module ne doit pas

se faire au détriment du comportement thermique du

module.

Tableau 6: Règles de conception du module de puissance

Pour suivre ces règles de conception, le packaging 3D nous offre une flexibilité très

intéressante. L’assemblage de type sandwich entre deux DBC a largement été traité dans la

littérature. Des modules avec de bonnes caractéristiques électromagnétiques et thermiques

peuvent être réalisés. Cependant, le procédé d’assemblage demande de nombreuses

étapes complexes et coûteuses. Dans le cadre de cette thèse CIFRE en partenariat avec

Mitsubishi Electric R&D Centre Europe (MERCE), les aspects d’industrialisation et de

maitrise des coûts sont importants. Les composants à grand gap sont aujourd’hui beaucoup

plus chers que leurs homologues en silicium et il ne faudrait pas qu’un packaging 3D

augmente d’avantage le coût global d’un module. Afin de répondre à cette problématique, le

procédé de fabrication de circuit imprimé est une alternative très intéressante. Cette

technologie sera donc développée dans ce projet pour la réalisation d’un module de

puissance. De plus, une architecture originale de cellule de commutation développée au

Laboratoire de Génie Electrique de Grenoble (G2Elab) sera mise en place, permettant de

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Chapitre II

Conception du module de puissance 3D

Chapitre II : Conception du module de puissance 3D 58

Résumé

La conception d’un nouveau module de puissance basé sur une architecture 3D est

développée dans ce chapitre. Le projet de thèse s’inscrit dans un contexte industriel avec

comme objectif la réalisation d’un onduleur triphasé de quelques dizaines de kilowatts à forte

densité de puissance en utilisant des semi-conducteurs à grand gap. Les MOSFET SiC ont

été sélectionnés dans ce projet. D’après l’étude bibliographique menée précédemment, le

packaging de ces nouveaux composants doit être amélioré pour parvenir à un

fonctionnement optimal.

Le concept « Power Chip On Chip » développé au G2Elab consiste en une intégration de la

cellule de commutation dans le busbar. Cette architecture possède de nombreux avantages

pour réduire l’inductance de la maille de commutation et diminuer les perturbations

électromagnétiques. Elle est alors mise en œuvre grâce à un procédé de fabrication de

circuit imprimé. Ce procédé industriel permet une grande flexibilité de conception en trois

dimensions et une maîtrise des coûts de fabrication. Un module de puissance est développé

pour un bras d’onduleur avec quatre transistors en parallèle pour chaque interrupteur.

A partir des données géométriques du module, des simulations électriques et thermiques

sont menées. Les résultats de l’analyse électromagnétique ont montré une inductance de

maille de commutation inférieure à 1nH et un équilibrage en haute fréquence des

impédances des quatre cellules de commutation. Le circuit de commande de grille est conçu

avec beaucoup de précautions pour limiter l’inductance propre. Les couplages

électromagnétiques entre puissance et commande sont quantifiés en simulation et sont

jugés négligeables.

La structure en couche du module impose nécessairement d’accroître les capacités

parasites du MOSFET SiC. Un modèle de condensateur plan est utilisé et s’adapte bien à la

structure du module. Les résultats montrent une augmentation de la capacité Cds de 51% et

la capacité Cgs de 5%. Le routage du circuit de grille permet d’éviter d’augmenter la capacité

Cgd qui est la plus critique pour les perturbations causés par les forts dV/dt.

Des simulations SPICE sont réalisées en prenant en compte les éléments parasites du

nouveau packaging. Les formes d’onde en tension et courant prouvent le bon

fonctionnement électrique du module mais également mettent en avant le phénomène de

recouvrement inverse important causé par le fort di/dt. Ce phénomène constitue la grande

majorité des pertes en commutation du module. Malgré tout, le rendement global de

l’onduleur triphasé estimé en simulation reste supérieur à l’objectif visé (>97%) pour une

large gamme de fréquence de commutation (25kHz à 100kHz).

L’analyse thermique du module reprend tous les éléments critiques du refroidissement d’un

module de puissance : système de refroidissement, influence thermique de l’isolation

électrique, analyse thermique de l’accroche de la puce par micro via et enfin simulation 3D

du module.

Un système de refroidissement adapté à la faible surface du module (30mm x 30mm) a été

réalisé avec un coefficient d’échange de près de 10kW/m².K.

Un modèle thermique analytique est développé afin de comparer plusieurs solutions

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avec le procédé PCB peuvent être utilisés avec des performances proches de l’alumine,

utilisée dans les substrats DBC.

Un modèle thermique équivalent de la couche d’attache par micro-via est présenté. D’après

la géométrie du module, une conductivité thermique équivalente de 78W/m.K est atteinte. La

résistance thermique de cette couche est moins bonne que les attaches classiques mais

reste du même ordre de grandeur.

Enfin, des simulations thermiques 3D du module sont réalisées. La question de la

modélisation thermique d’une puce soumise à un refroidissement par ses deux faces est

soulevée. Deux cas limites sont ensuite pris en compte pour les simulations. Un premier

résultat intéressant est l’action bénéfique de la couche centrale de cuivre qui permet

d’épanouir la chaleur au milieu du module et crée ainsi un chemin alternatif pour l’évacuation

de la chaleur. Les deux paramètres les plus influents pour améliorer le comportement

thermique du module sont la conductivité thermique de la couche de prepreg où sont

encapsulées les puces et les couches de cuivre épaisses. Cependant, les améliorations sont

limitées par le procédé de fabrication des circuits imprimés.

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