Hs (m) évolution du fond (cm.mois−1)
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 0 0.6 1.2 1.8 2.4 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 Hs (m) d50 de surface (mm) (b) (a)
Figure 6.8: Comparaison de la hauteur signicative des vagues simulée à la station MO1 (cf. Fig. 6.1) avec : (a) l'évolution du fond et (b) la variation du d50 de la couche de surface, simulées à la station MO2 entre 1980 et 2000.
d50 de surface précédemment observée.
Enn, la réalisation en juillet 2014 de prols sismiques de la Longe nous a permis de confronter
la stratigraphie réelle de la zone SE du banc avec la stratigraphie obtenue numériquement.
Comme décrits dans Chaumillon et al. (2008), des réecteur inclinés et s'enfonçant en direction
du chenal sont observés sur le prol sismique de cette partie du banc (Fig. 6.10), ces réecteurs
étant dus à des variations de l'impédance acoustique pouvant être potentiellement révélatrices
d'une rythmicité de l'accrétion latérale. Il est intéressant de noter que le nombre de réecteurs
observés sur ce prol entre les prols bathymétriques de 2000 et 2014 est proche de 15, ce qui
correspond à une fréquence d'environ un réecteur par an. Le nombre de réecteurs entre les
prols bathymétriques de 1960 et 2000 est moins évident à compter sur cette même gure, mais
une fréquence située entre environ 0.75 et 1.25 réecteur par an est obtenue. Les réecteurs
sismiques observés dans la zone de la Longe ayant déjà été interprétés comme résultant de
variations granulométriques (Billeaud et al., 2005), les nouveaux résultats obtenus ici renforcent
cette hypothèse puisque la variation verticale du d50 obtenue numériquement est caractérisée
par un cycle saisonnier, et donc une fréquence d'un réecteur par an.
6.7 Conclusion
L'application du système de modélisation SELFE-WWM-SED2D au cas du banc de sable
estuarien de la Longe de Boyard a permis d'obtenir de nouveaux résultats venant compléter les
précédentes études à son sujet et ainsi répondre aux questions posées. Tout d'abord, la forte
contribution des vagues dans l'évolution de ce banc a été mise en évidence, bien que sa
morpho-0.1 0.12 0.14 0.16 0.18 0.2 0 50 100 150 200 250 300 350 400 2000 1999 1998 1997 1996 1995 1994 1993 1992 1991 1990 1989 1988 1987 1986 1985 1984 1983 1982 1981 1980 1977 1974 d50 (mm) cm août septembre octobre novembre decembre janvier février mars avril mai juin juillet
Figure 6.9: Carotte numérique réalisée à la station MO2 (cf. Fig. 6.1) à la n de la simulation, montrant la variation verticale du d50 correspondant aux années 1972 à 2000 (l'évolution du fond entre 1960 et 1972 étant quasi-nulle à cette station).
Figure 6.10: Prol sismique réalisé en juillet 2014 dans partie SE du banc (cf. Fig. 6.1 (C)), avec superposition des prols bathymétriques de 1960 et 2000. Les valeurs d'élévation sont indiquées par rapport au niveau moyen, et les valeurs d'intensité du signal acoustique rééchi en unité arbitraire.
logie globale soit caractéristique d'une dominance de l'action de la marée. Cette contribution est
par ailleurs visible à court terme, puisque lorsqu'un climat de vagues énergétiques est ajouté au
forçage tidal l'évolution du fond calculée à l'échelle d'un cycle tidal est relativement consistante
avec l'évolution à long terme observée et simulée dans la partie la plus dynamique de la Longe
(ex-trémité sud). Il a également été montré que la présence de vagues énergétiques, caractéristiques
des périodes hivernales, induisait dans la zone sud du banc une déviation des ux sédimentaires
vers le chenal adjacent ainsi que leur intensication. Cette modication du transport sédimentaire
permet d'expliquer le phénomène d'accrétion latérale observé, où l'accrétion se produit dans une
direction perpendiculaire à la direction des courants dominants. Le fait de considérer un forçage
de vagues réaliste a ensuite permis d'expliquer la rythmicité de cette accrétion, celle-ci étant
potentiellement due à la saisonnalité du climat de vagues. L'impact de cette saisonnalité sur la
composition granulométrique du sédiment a nalement été étudié grâce à la prise en compte
d'une approche multi-classes multi-couches dans notre système de modélisation. Une alternance
de dépôt de sédiments relativement grossiers pendant les périodes de vagues énergétiques et de
sédiments plus ns pendant les périodes plus calmes est obtenue. En se basant sur l'hypothèse
selon laquelle les réecteurs sismiques sont en grande partie dus à une variation granulométrique
du sédiment, la confrontation entre stratigraphie numérique et données sismiques s'est révélée
étonnamment consistante puisque l'apparition d'environ un réecteur par an est observée dans
les deux cas.
Bien que l'approche utilisée dans cette étude ait certaines limitations, ne permettant pas
d'expliquer la dynamique sédimentaire le long du anc ouest de la Longe notamment, les
résul-tats obtenus dans le cas de ce banc estuarien peuvent être considérés dans l'étude de bancs de
sable similaires potentiellement aectés par l'action des vagues.
Chapitre 7
Morphodynamique pluri-décennale
d'une èche sableuse : la Flèche
d'Arçay (Vendée)
7.1 Contexte
Les èches sableuses sont des corps sédimentaires allongés, reliés par une extrémité à la partie
terrestre et dont l'autre extrémité, libre, se prolonge en mer (Evans, 1942). Elles peuvent être
observées dans un environnement caractérisé par un important apport sédimentaire côtier
lon-gitudinal (Kraus, 1999), cet objet sédimentaire pouvant être littoral ou lacustre (Fig. 7.1, 7.2).
L'étude de la morphodynamique des èches sableuses est intéressante car leur présence inuence
la navigation, et leur développement peut fortement obstruer (voire fermer) une embouchure
ad-jacente souvent présente. Les èches sableuses jouent également le rôle de protections naturelles
de certaines parties du littoral, en particulier vis-à-vis de l'impact des vagues. Enn, l'étude de
ces systèmes sédimentaires peut donner une indication du transport sédimentaire longitudinal
mis en jeu, ce qui contribue à une meilleure gestion des plages situées en amont de ce transport
longitudinal (plages pouvant être en situation d'érosion).
Dans le cas le plus courant, le développement des èches sableuses est dû au transport
longi-tudinal induit par le déferlement des vagues suivant une direction oblique par rapport à la côte,
appelé processus de dérive littorale. Bien que les vagues soient le moteur principal du
développe-ment des èches sableuses, d'autres facteurs inuencent leur évolution : le contexte géologique de
la zone (Riggs et al., 1995), la disponibilité en sédiments (Aubrey et Gaines, 1982), la variation
du niveau marin (Ollerhead et Davidson-Arnott, 1995), la marée (McNinch et Luettich, 2000),
le vent (Sherman et al., 1998), et les impacts humains (Simeoni et al., 2007). Une spécicité des
èches sableuses appelées èches composées (compound spit) est la formation épisodique de
struc-tures recourbées du côté abrité des èches, nommées crochons sédimentaires (hook ridges) (Fig.
7.4). Ces crochons ont été interprétés par Schwartz (1982) comme une réponse morphologique
à la progradation épisodique de la èche sableuse. La formation de crochons reste cependant
peu étudiée : est-elle liée à une variation du forçage dominant (i.e. le climat de vagues, comme
proposé par Allard et al. (2008)), ou bien à un processus d'auto-organisation propre au système
sédimentaire (Murray et al., 2014) ?
Figure 7.1: Flèche sableuse littorale (Golden Bay, Nouvelle-Zélande). Source : Google Earth.