2.7 Diérentes techniques pour la modélisation morphodynamique basée sur les pro-
2.7.3 Climat de vagues représentatif
L'intégration des vagues en modélisation morphodynamique entraînant potentiellement la
perte du caractère alternatif des ux sédimentaires, l'utilisation de techniques de réduction du
temps de calcul apparaît en partie compromise par rapport au cas où seul le forçage tidal est
considéré. Cependant, diérentes méthodes visant à garder un temps de calcul raisonnable tout
en prenant en compte les vagues dans les études morphodynamiques à long terme sont apparues
au cours des vingt dernières années. Une approche relativement simple a tout d'abord été
propo-sée par Roelvink et al. (1998), celle-ci se basant uniquement sur le calcul des ux sédimentaires
moyennés sur un cycle tidal correspondant à une certaine conguration initiale du système
sédi-mentaire (e.g. marée seule, marée et vagues perpendiculaires à la côte, marée et vagues obliques).
L'hypothèse principale est que, pour une certaine conguration hydrodynamique (i.e. pour un
marnage et des conditions de vagues donnés), le transport sédimentaire ne va dépendre que de
la hauteur d'eau. Il est alors supposé que l'évolution du système sédimentaire va être assez faible
pour ne pas inuencer l'hydrodynamique et le champ de vagues sur la période totale
considé-rée. Bien que très peu couteuse en temps de calcul, cette méthode nécessite une formulation
0 5 10 15 20 25 30
−2
0
2
m
marée réelle marée représentative
0 5 10 15 20 25 30
−2
−1
0
1
2
m/s
courant réel courant représentatif
0 5 10 15 20 25 30
0
1
2
3
4
5x 10
−3
jours
m
2 /s
transport réel (valeur absolue)
transport représentatif (valeur absolue)
(c)
(a)
(b)
Figure 2.6: (a) Exemple de variation de l'élévation de surface pour un signal de marée réel (16
consti-tuants de marée pris en compte), et marée représentative calculée à partir du seul constituant M2 dont
l'amplitude est augmentée de 20%. (b) Courant, et (c) transport sédimentaire associés. Le transport
sé-dimentaire Qest calculé suivant la formule simple Q=aUb, oùU est le courant,a= 0.001 etb= 3. La
marée représentative est calibrée telle que l'intégrale de la valeur absolue du transport sédimentaire
repré-sentatif sur la période considérée soit quasi-égale à celle correspondant au transport réel (erreur inférieure
à4% ici).
du transport simpliée où le ux sédimentaire est uniquement fonction de la hauteur d'eau et
de la vitesse du uide (intégrant le courant moyen et la vitesse orbitale due aux vagues) à une
certaine puissance, en plus de l'hypothèse très restrictive de variations morphologiques
susam-ment faibles pour ne pas inuencer l'hydrodynamique et le champ de vagues pendant la totalité
de la période considérée.
Une des premières études présentant des résultats de simulations morphodynamiques d'une
embouchure tidale intégrant l'action combinée de la marée et des vagues et atteignant une échelle
de temps décennale au moyen d'un système de modélisation basé sur les processus a été réalisée
par Cayocca (2001). La stratégie employée dans cette étude pour économiser du temps de calcul
se base sur l'utilisation d'une marée représentative ainsi que d'un climat de vagues représentatif
déterminé à partir de l'estimation de la dérive littorale annuelle nette le long des plages
adja-centes à l'embouchure. Le fait de considérer un climat de vagues unique pour l'ensemble de la
simulation permet d'utiliser un pas de temps relativement élevé pour le modèle de vagues, car la
mise à jour des vagues ne devient nécessaire que lorsque le fond a susamment évolué pour
mo-dier les paramètres de vagues locaux. Une stratégie assez proche a été employée par Nahon et al.
(2012) pour simuler la morphodynamique d'une embouchure tidale idéalisée soumise à diérentes
conditions de marnage et de vagues sur une période de 3 ans. Chaque simulation considère le
marnage, la hauteur signicative et la période pic des vagues comme constants (seule la direction
des vagues varie périodiquement). Les pas de temps pour les trois modules (hydrodynamique,
vagues, et évolution du fond) étant bien plus faibles que ceux utilisés dans Cayocca (2001), un
facteur morphologique est pris en compte an de réduire au maximum le temps de calcul. Ces
deux études ont ainsi permis de comparer des résultats de modèles basés sur les processus avec
des modèles conceptuels d'évolution des embouchures tidales (e.g. Bruun, 1978; Hayes, 1979).
Plus récemment, une méthode permettant de déterminer un forçage représentatif de vagues
plus élaboré qu'un unique climat de vagues (calculé à partir d'une moyenne annuelle des
para-mètres de vagues par exemple) a été proposé par Walstra et al. (2013). Cette méthode procède
en quatre étapes : (1) la sélection de la totalité de la série temporelle de vagues correspondant
à la période d'étude morphodynamique, (2) le calcul de plusieurs conditions de vagues
représen-tatives basé sur la moyenne pondérée de la fréquence d'occurrence des diérentes conditions de
vagues observées, (3) le séquençage aléatoire des conditions de vagues déterminées à l'étape (2)
permettant de créer diérentes séries temporelles synthétiques de vagues, et (4) la
détermina-tion de la durée de la série temporelle synthétique de vagues nale. L'aspect innovant de cette
méthode est qu'elle permet l'utilisation d'un facteur morphologique variable au cours de la
si-mulation (celui-ci étant d'autant plus fort que les vagues sont peu énergétiques, et inversement),
tout en réduisant un maximum le nombre de transitions entre diérentes conditions de vagues,
ce qui optimise le temps de calcul. En eet, le passage d'un climat de vagues à un autre au cours
de la simulation nécessite un certain laps de temps d'actualisation de l'hydrodynamique et du
champ de vagues pendant lequel le transport sédimentaire et l'évolution du fond ne doivent pas
être calculés. Appliquée à deux sites réels dans cette étude, cette méthode se révèle relativement
ecace lorsque la chronologie du climat de vagues n'apparaît pas déterminante dans l'évolution
à long terme du système sédimentaire.