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La lutte contre les risques naturels est souvent intitulée mitigation, terme générique anglais (sans équivalent en français) défini comme : « sustained action taken to reduce or eliminate the long-term risk to people and property from hazards and their effects » (FEMA, 1996). Nous avons, au long de ce travail, orienté les différents axes de recherches vers cette définition. En cela, l’approche fondée sur l’analyse spatiale permet de répondre à différentes questions, celle d’une meilleure connaissance de la vulnérabilité, ou celle de la mise en place d’outils de gestion comme les SIRS (au sens plus large que celui de la simple cartographie). Il ne s’agit pas d’une réponse générale, il s’agit d’une partie de la solution pour obtenir une gestion raisonnée des risques naturels en montagne. Ces développements s’intègrent dans une analyse la plus fine possible des risques, en répondant aux questions des recherche (pour une meilleure définition de la vulnérabilité, donc un modèle de compréhension du concept de risque naturel) et aux besoins de l’expertise (pour une mise en place d’outils de gestion). Cela donne aussi une justification au chemin tortueux suivi le long de cette thèse. La question de départ était d’améliorer la prise en compte de la vulnérabilité grâce à une approche géographique, au travers de l’analyse spatiale. Nous avons répondu à cette question tout en la redéfinissant.

La recherche vise à augmenter progressivement le stock de savoir. L’expertise, elle, travaille à la hâte sur la base des connaissances disponibles au moment précis où elle doit intervenir. Elle peut, certes, se conclure par des recommandations pour entreprendre telle ou telle recherche (Roqueplo, 1997). Ce travail fait clairement partie du domaine de la recherche, sans se désintéresser de l’expertise, puisqu’il s’agit d’une demande pressante de la société. Le développement des outils opérationnels peut vraiment se mettre en place, en se fondant sur ces contributions aux connaissances du domaine.

Les différents moyens que nous utilisons pour théoriser le monde nous entraînent dans un processus de découverte ininterrompu, dont nous ne pouvons connaître a priori le résultat. Tout point de vue sur la relation entre les théories et le monde ne devrait pas être de nature à gêner un développement à venir. Par conséquent, il est essentiel qu’il reste une part de vague (Chalmers, 1987).

De ce bilan et de ses perspectives, il apparaît qu’il reste des points à développer. L’endommagement demande à être approfondi. Cela est indispensable, puisque sur l’existant, il est très difficile de raisonner en dissociant vraiment l’aléa de la vulnérabilité. On est vulnérable à quelque chose, à un phénomène en particulier. Ce problème se retrouve dans la mise en place des PPR. Il y a toujours des bâtiments dans des zones considérées à risque fort, autrement dit, en zone rouge ce qui, du point de vu du législateur, est inacceptable L’analyse de l'endommagement permet d’améliorer notre connaissance et peut permettre d’améliorer la structure de ces

bâtiments, mais ne résout pas ce problème. Par contre, un « calcul » de déficit de protection permet de donner des priorités d’intervention. La politique actuelle qui préconise des aléas de référence de plus en plus forts, pour essayer d’éviter de nouvelles catastrophes, entraîne forcément la mise en zone rouge de nombreux lieux utilisé par l’homme. Ce sont des zones où l’on ne peut pas réaffecter les vulnérabilités lorsqu’il s’agit des aléas de montagne, donc généralement rapides, comme cela se fait pour les phénomènes de plaine, où l’on peut plus facilement« déplacer » le risque. De plus, les terrains protégés par des ouvrages de protection existants seront toujours considérés comme restant soumis aux phénomènes étudiés, et donc vulnérables, en particulier pour ce qui est des constructions permanentes (MATE, 1999). On ne peut en effet avoir de garantie absolue sur l’efficacité de ces ouvrages. On ne peut préjuger de leur gestion et de leur tenue à terme. Qui plus est, il peut toujours se produire un aléa plus important que l’aléa pris en compte pour dimensionner ces ouvrages. La réglementation préconise d’appliquer les mêmes prescriptions, qu’il y ait des ouvrages ou pas, l’intérêt de ces derniers devant rester la réduction de la vulnérabilité de l’existant. L’analyse spatiale des risques nous apporte une meilleure connaissances des risques encourus, et permet de définir des priorités. Ce travail nous permet de proposer des méthodes d’analyse spatiale pour mieux appréhender la vulnérabilité tout comme les risques. Ces méthodes restent sujettes à la mise en œuvre des outils techniques liés aux SIRS. Nous l’avons vu, cela reste encore souvent du domaine de la recherche. Techniquement, la majorité des problèmes sont solubles, tout dépend des moyens mis en œuvre, mais ce qui justifie de continuer dans cet axe, ce sont les difficultés de modélisation et de mise en place de SIRS, puisque peu de développements ont été menés à bien à ce jour.

La disponibilité des données est aléatoire, donc nous avons construit une réflexion reposant sur la logique d’un outil à tiroirs, avec une perspective d’une évolution vers plus d’accès aux bases de données spatiales. Cela représente donc en une contribution à l’amélioration de la gestion des risques naturels, en montagne ou non.

L'analyse fréquentielle, couplée avec une analyse économique, est un outil très efficace pour effectuer une allocation optimale des moyens financiers à la protection contre les risques naturels. Un tel outil est utilisé de façon opérationnelle en Suisse depuis cette année. Son adaptation en France paraît souhaitable. Elle permettrait d'établir un ordre de priorité dans les opérations de réduction de vulnérabilité (zonage, expropriation, travaux etc.), étant entendu que la définition précise des mesures adoptées nécessiterait une étude plus précise et surtout que le choix final est d'ordre politique. Cet outil reste ouvert, c’est à dire qu’il est facilement adaptable. Il s’agit ici d’établir une méthodologie servant de base à une discussion, principalement pour choisir les objectifs de protection (question qui soulèvera le plus de conflits).

L’intégration de modèles de simulation dans les SIG dépend des données d’entrée et de sortie des deux outils. Les rendre compatibles pour ensuite réaliser leur intégration est une tâche laborieuse, puisque faisant appel à plusieurs disciplines. Les risques naturels se prêtent tout à fait à ce genre d’approche puisque leur étude se doit d’être interdisciplinaire, pour aborder parallèlement les aléas et la vulnérabilité. L’approche par analyse spatiale permet d’aborder les risques globalement, et dans ce cadre, le couplage des modèles avec les systèmes d’information est indispensable, comme nous l’avons montré.

Ce travail est une première approche dans la définition spatiale des risques en montagne. Il s’agit de l’intégration des modèles et de l’analyse spatiale. Cela implique d’intégrer les modèles de simulation au sein des SIRS du type de SIRVA pour réaliser des traitements et donc produire de la connaissance, plutôt que seulement la rassembler. A partir des outils d’analyse spatiale, et en se servant de notre approche par déficit de protection, cette intégration est possible puisqu’elle est relativement simple à mettre en oeuvre et adaptée aux outils de type SIG. Mais pour mieux définir les risques encourus par la société, il reste encore bien des recherches à mener dans ce domaine, notamment pour évaluer les dommages indirectes, et/ou non marchands.