Cette th`ese a ´et´e consacr´ee `a l’analyse de la morphogen`ese. Dans le premier chapitre, j’ai
commenc´e par une introduction du concept de morphogen`ese des organes et de la feuille chez la
plante. Ensuite, j’ai pr´esent´e diff´erentes m´ethodes de quantification et analyse de la forme des
feuilles. Dans le chapitre 2, j’ai pr´esent´e les m´ethodes que j’ai propos´e pour analyser la
sance de feuilles. Ces m´ethodes d’analyse ce basent sur l’utilisation de trajectoires de
crois-sance, qui ont ´et´e pr´ealablement introduites par Biot et al.(2016), et qui sont constitu´ees de
l’ensemble des formes moyennes que prennent les feuilles pendant leur croissance, de leur
ini-tiation `a leur forme mature.
J’ai pr´esent´e dans le second chapitre des m´ethodes qui permettent de dater les organes et
les dents qui se d´eveloppent `a la marge des feuilles. Grˆace `a cela, il est possible de
quan-tifier pr´ecis´ement le d´eveloppement d’un organe, et surtout de comparer les d´eveloppements
d’organes diff´erents en permettant de les recaler dans le temps. La principale originalit´e de
ce travail, en ce qui concerne la quantification des formes pendant la croissance, a ´et´e
l’ana-lyse du d´eveloppement des dents, et en particulier l’´evolution de leurs formes. En comparant
l’´evolution des dents diff´erentes, qui poussent soit sur une mˆeme feuille, soit sur des feuilles
diff´erentes, j’ai pu montrer qu’il y a de grandes similitudes dans le d´eveloppement des dents,
mˆeme si elles apparaissent `a des moments et `a des endroits diff´erents, et sur des organes dont
les formes et tailles globales peuvent ˆetre tr`es dissemblables. Ces r´esultats sugg`erent que les
mˆemes m´ecanismes sont probablement `a l’oeuvre dans le d´eveloppement pr´ecoce de toutes les
dents, et qu’ils sont probablement d´ecoupl´es de ceux qui dirigent la croissance globale de la
feuille. Les dentelures pr´esentent une grande vari´et´e de morphologies (Malinowski,2013;Vlad
et al., 2014). Leur forme est l’un des principaux crit`eres morphologiques qui sont utilis´es dans
la caract´erisation de la forme de la feuille (Cope et al.,2012). Or, c’est pour la premi`ere fois, `a
notre connaissance, que le d´eveloppement des dentelures a ´et´e aussi pr´ecis´ement ´etudi´e. Leur
fonction est encore mal comprise, mˆeme si par exemple elles ont une influence sur la capacit´e
de photosynth`ese pr´ecoce de la feuille (Baker-Brosh and Peet, 1997). S’ils ne permettent pas
vraiment de questionner la fonction des dents, nos travaux visent en revanche `a comprendre
comment elles se d´eveloppent. En conclusion sur ce chapitre, nous avons montr´e que la
quan-tification pr´ecise des morphologies des feuilles et des dentelures permet de mieux comprendre
leurs d´eveloppements respectifs.
La quantification pr´ecise et la comparaison de la croissance des feuilles permet de mieux
comprendre comment elle se d´eroule dans le temps. Cependant, la morphogen`ese est le r´esultat
de plusieurs m´ecanismes, qui se manifestent dans l’espace et dans le temps (Bilsborough et al.,
2011;Biot et al.,2016), et qui ont int´egr´es pendant le d´eveloppement pour diriger la croissance
de la feuille afin d’arriver au stade mature de l’organe. Afin de mieux comprendre ce
proces-sus complexe, j’ai introduit une strat´egie de mod´elisation dans le troisi`eme chapitre de cette
th`ese. J’ai d’abord identifi´e les principaux m´ecanismes biologiques dont les effets pouvaient
ˆetre impliqu´es dans la morphogen`ese de la feuille. J’ai ensuite impl´ement´e les effets simplifi´es
de ces m´ecanismes dans un mod`ele num´erique, afin de v´erifier s’ils peuvent ˆetre `a l’origine
de l’´evolution de la feuille observ´ee dans la nature. J’ai appliqu´e cette strat´egie `a l’analyse
des feuilles de la plante mod`eleArabidopsis thaliana. Les r´esultats obtenus ont montr´e que les
principales caract´eristiques globales des feuilles peuvent ˆetre reproduites par le mod`ele de
crois-sance de la feuille, ainsi que l’apparition des dents `a la base de la feuille. Pour am´eliorer encore
le mod`ele, et notamment pour produire des dentelures avec des formes plus proches de celles
observ´ees sur des feuilles r´eelles, plusieurs approches ont ´et´e propos´ees. Concernant le mod`ele
lui-mˆeme, il a ´et´e propos´e de le modifier afin de fusionner deux de ses facteurs, afin de v´erifier
s’ils ne sont pas tous deux li´es dans le d´eveloppement. La structure du mod`ele global (mod`ele
de croissance et de positionnement, ainsi que les diff´erents modules, tels que celui de simulation
des trajectoires), telle qu’elle a ´et´e impl´ement´ee (voir plus bas), est modulaire. Il est donc
rela-tivement facile de la modifier, en supprimant, ajoutant ou fusionnant des facteurs par exemple,
ou en impl´ementant de nouveaux modules (par exemple, une nouvelle m´ethode d’optimisation
des param`etres). Au final, la m´ethode de mod´elisation propos´ee peut donc facilement ´evoluer
`a l’avenir. En conclusion, notre strat´egie g´en´erale, bas´ee sur l’exploitation de donn´ees r´eelles
pour param´etrer, tester et valider le mod`ele, est donc un premier pas concluant pour utiliser une
approche de mod´elisation, afin de mieux comprendre la complexit´e de la morphogen`ese.
Pour nos mod`eles, nous avons d´ecid´e de repr´esenter la feuille par son contour, et d’´etudier
ses d´eformations dans le temps (Biot et al., 2016). Nous avons donc opt´e pour une approche
`a l’´echelle de l’organe, o`u la feuille est extrˆemement simplifi´ee. L’avantage principal est la
simplicit´e de l’approche. Dans la litt´erature, de nombreuses m´ethodes ont adopt´e l’´echelle de la
cellule (Honda et al., 2004;Dupuy et al.,2008) ou de structures multicellulaires (Merks et al.,
2011) pour mod´eliser le d´eveloppement (Kuylen et al.,2017). Nous n’avons pas fait ce choix car
notre objectif ´etait de mod´eliser la croissance tout au long du d´eveloppement, de l’initiation de
la feuille jusqu’`a sa forme finale. Cela implique un grand nombre de cellules, jusqu’`a plusieurs
millions en fin de croissance. De plus, notre approche vise plutˆot `a envisager la croissance
de fac¸on globale, en envisageant des effets tr`es globaux `a l’´echelle du tissu. Cependant, il est
th´eoriquement possible d’utiliser le contexte global de notre approche avec d’autres types de
mod`eles, qui ont leurs propres param`etres, pour les param´etrer automatiquement en utilisant les
trajectoires de croissance et des fonctions de coˆut adapt´es. De plus, nous avons montr´e qu’il est
possible de projeter des cartographies d’expression de g`ene sur les contours de trajectoires de
croissance. Dans l’´equipe, d’autres travaux visent `a caract´eriser les morphologies des cellules
sur la feuille en d´eveloppement (voir le Chapitre2) (Selka et al.,2018). Il est donc possible de
projeter ´egalement des cartographies de param`etres cellulaires sur les trajectoires de croissance.
En analysant les ´evolutions de ces mesures, soit d’expression de g`ene soit de morphologie
cellulaire, nous pourront `a l’avenir analyser de fac¸on pr´ecise et int´egrative le d´eveloppement
des feuilles, et int´egrer des informations au travers de diff´erentes ´echelles pour mod´eliser la
morphogen`ese foliaire.
Nos approches de quantification et de mod´elisation pourraient `a l’avenir ˆetre appliqu´ees `a
l’analyse du d´eveloppement des feuilles d’autres esp`eces qu’Arabidopsis thaliana. Le principal
pr´e-requis est de pouvoir calculer des trajectoires de croissance qui couvrent le d´eveloppement,
en particulier des stades pr´ecoces. En effet, chez les plantes, la morphogen`ese est principalement
contrˆol´ee par de la croissance diff´erentielle des tissus, et notre mod`ele est facilement modulable.
Annexe A
Atlas dynamique des domaines d’expression g´en´etique `a partir
Dans le document
Quantification et modélisation de la morphogenèse foliaire
(Page 152-156)