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Pour étudier les interactions entre un dispositif de gestion environnementale et la dynamique des activités agricoles, il est utile de comprendre comment les logiques de production et d’occupation de l’espace, dans leurs dimensions spatio-temporelles, sont organisées sur le territoire et quelles en sont les conséquences (Steyaert et Papy, 1999).

Par « organisation territoriale » des activités agricoles, on entend donc la prise en compte des différents niveaux d’organisation dans l’espace et dans le temps des systèmes décisionnels. Initialement deux systèmes décisionnels ont été décrits par les agronomes et géographes : le système de l’exploitation agricole et le système agraire.

Agronomes et géographes ont fait évoluer ces objets scientifiques au cours du temps avec l’évolution des problématiques de développement et d’environnement. Nous verrons ici quels concepts et outils permettent de rendre compte de la diversité des logiques agricoles, de leurs inscriptions territoriales et de leurs dynamiques.

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Le système famille-exploitation, un niveau de fonctionnement

Le système famille-exploitation est le principal niveau décisionnel pris en compte par les agronomes pour comprendre le fonctionnement des activités agricoles. C’est à ce niveau que se joue l’articulation entre les nécessités socio-économiques et les contraintes du milieu. Mais ces analyses ne sont pas sans difficultés théoriques et techniques. Les principaux travaux sur le sujet ont été réalisés dans les années soixante-dix mais les évolutions de l’agriculture et des enjeux environnementaux qu’on lui associe, aussi bien dans les pays du Sud que du Nord (voir chapitre 1), nécessitent de faire évoluer les outils théoriques et méthodologiques.

1.1. Deux concepts-clés : les stratégies des agriculteurs et le système famille- exploitation

Jusque dans les années 70, les agronomes abordaient les activités agricoles à l’échelle de la parcelle de culture. A partir d’observations sur l’élaboration des rendements, ils s’attachaient à prescrire de nouvelles techniques visant un « optimum » de production, sans tenir compte des niveaux d’organisation et des contraintes dans lesquels les agriculteurs exercent leurs activités. En partant du constat de l’inadaptation d’innovations techniques à un grand nombre d’exploitations et de la nécessité de comprendre comment les agriculteurs opèrent leurs choix

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un courant de recherche s’est structuré progressivement. Porté par des chercheurs de différentes disciplines (agronomie, zootechnie, économie, sociologie), il s’est construit autour de deux entrées clés : le concept de stratégie des agriculteurs et la démarche systémique.

1.1.1. Stratégie des agriculteurs

A la fois unité de production et unité de consommation, la famille est une institution de première importance en milieu rural. Considérer celle-ci comme un acteur doté d’une rationalité propre, bien que largement conditionnée par un environnement contraignant et une histoire spécifique, est à la base du concept de stratégie familiale (Crosier et Friedberg, 1977). Le concept de « stratégies » appliqué aux comportements des agriculteurs africains est né de l’hypothèse centrale que les comportements relèvent de « choix cohérents et délibérés dont

l’intelligibilité requiert la prise en compte des conditions réelles dans lesquelles s’effectuent les activités agricoles. » (Chauveau, 1997).

Les géographes ont été les premiers à s’intéresser explicitement aux stratégies que les agriculteurs et les sociétés paysannes mettent en œuvre face à un environnement contraignant. Sautter (1993) et Pélissier (1995) montrent que les sociétés agraires africaines traditionnelles possèdent nombre de stratégies collectives influencées par des valeurs telles que l’entraide, la protection des ressources, etc. qui rendent cohérents les comportements individuels. Le concept de stratégie permet à ces mêmes auteurs d’expliquer également la réticence des paysans face au projet « d’intensification » de l’agriculture : l’augmentation du rendement par unité de surface n’est pas une priorité car les techniques extensives permettent de réduire le risque, d’avoir plus de souplesse dans l’allocation de la main d’œuvre ou encore de s’assurer un plus large accès au foncier.

Pour un observateur extérieur, les modes de prise de décision, les objectifs, les projets des agriculteurs ne sont pas faciles à appréhender. Les pratiques directement observables le permettent : « on éclaire les projets par les pratiques, on comprend les projets par les

pratiques » (Deffontaines, 1996). La pratique agricole est tout d’abord définie comme « les manières de faire réalisées dans une optique de production » (Teissier, 1979 cité dans

Landais et Deffontaines, 1988) puis précisée par « la manière dont les techniques sont

concrètement mises en œuvre dans le contexte de l’exploitation, mais aussi dans celui d’une société locale, caractérisée par son histoire, son territoire, son fonctionnement » (Landais et

Deffontaines, 1988, p. 127). Cette définition permet d’une part de distinguer ce qui est de l’ordre de l’action de ce qui est de l’ordre de la connaissance (la technique) dans un contexte où les écarts se creusent entre les nouvelles techniques mises au point en station et les conditions réelles d’application dans les systèmes de production (ibid.). D’autre part elle met l’accent sur l’espace social des pratiques. La compréhension des pratiques nécessite de s’intéresser à un groupe d’agriculteurs ou à la communauté rurale, qui produisent des normes régissant la façon de penser et la rationalité de chaque agriculteur. La production des normes est intimement liée aux logiques sociales ayant lieu sur un territoire donné. Les agronomes cherchent donc à dépasser l’analyse strictement technique pour mieux comprendre les relations entre les pratiques agricoles et la société qui les produit (Gras et al, 1989).

1.1.2. Système famille-exploitation

L’exploitation agricole est le premier niveau décisionnel où sont mises en œuvre les pratiques (Milleville, 1987 ; Landais et Deffontaines, 1988 ; Gras et al., 1989). Elle est abordée comme un « système complexe » (Osty, 1978), c'est-à-dire comme un ensemble organisé et pensé par l’agriculteur.

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L’approche systémique consiste en l’application des concepts de la théorie des systèmes (connaître le fonctionnement d’un système c’est connaître les interactions des composants du système, Routree, 1977) pour construire une représentation opérationnelle de la réalité qui intègre processus biologiques et décisionnels. Un système est identifié par un certain nombre de repères dont les principaux sont la frontière qui le distingue du milieu environnant, les éléments qu’il contient et les réseaux qui lient ces éléments entre eux. Selon De Rosnay : «un

système complexe est constitué par une grande variété de composants ou d’éléments possédant des fonctions spécialisées ; ces éléments sont organisés en niveaux hiérarchiques internes ; les différents niveaux et éléments individuels sont reliés par une grande variété de liaisons. Il en résulte une haute densité d’interconnexions » (De Rosnay, 1975, p.104). En

résumé, un système complexe se caractérise par un ensemble d’éléments liés par des relations spécifiques, qui font émerger un fonctionnement particulier.

Les notions de système de production agricole ou de système d’exploitation, traditionnellement utilisées pour l’analyse micro-économique en milieu rural s’avèrent insuffisantes pour rendre compte de la diversité des activités qui caractérisent les familles rurales africaines. Un modèle, élaboré il ya plus de quatre-vingts ans par un économiste russe (Chayanov, 1925), expliquait le comportement des paysans : il considérait que seul le revenu du travail paysan dans sa globalité avait une pertinence économique et que le fonctionnement de l’exploitation paysanne reposait sur la recherche d’un équilibre entre pénibilité du travail et consommation.

Ainsi un élargissement à la notion de système famille-exploitation est apparu plus adéquat pour prendre en compte la combinaison de l’ensemble des facteurs de production au niveau du groupe domestique, des projets dont ce dernier est porteur et de ses interactions avec son environnement (Osty, 1978 ; Osty et al., 1998).

Les besoins de la famille sont de différentes natures : les besoins essentiels de survie ou de reproduction minimale de la force de travail, puis les besoins socialement définis (logement, scolarisation, mariage, installation des jeunes sur l’exploitation ou en dehors). Le niveau de besoin se définit donc par la taille de la famille en unité de consommation, et par les objectifs de niveau de scolarité qui sont visés pour les enfants. Le niveau de disponibilité de la main d’œuvre dépend de la taille et de la composition du ménage. Il est également en rapport aussi avec les caractéristiques démographiques de la population locale. L’affectation de la main d’œuvre dépend à la fois des caractéristiques de l’exploitation (taille, types de production, etc.) de celles de la famille (âges, sexes, etc.) mais aussi du contexte économique et des rapports entre l’agriculture et les autres secteurs économiques en terme d’opportunité d’emploi et de rémunération de la force de travail.

Ainsi le système de production est en relation avec le groupe familial composé de l’ensemble des personnes qui vivent sur l’exploitation, mais dont les activités peuvent aussi se situer à l’extérieur. Le concept de système d’activités devient plus adapté que celui de système de production dans un contexte de pluriactivité particulièrement développée en zone tropicale (Paul et al., 1994). C’est au niveau du groupe familial que s’élaborent des objectifs assignés à l’activité agricole, que se décide une certaine division des tâches, que se déterminent les besoins de consommation, que s’élaborent les projets.

Des divergences peuvent exister entre ces objectifs du fait de la pluralité des acteurs au sein de l’unité familiale (les femmes, les jeunes, les aînés..) et de la multiplicité des fonctions à remplir (reproduction, production). Un arbitrage est alors nécessaire et l’exploitation agricole peut donc être vue comme un système piloté (Le Moigne, 1977).

Le sous-système de pilotage, la famille, pilote les sous-systèmes opérants i.e. de production et d’activité par le biais d’un complexe mémorisation/décision (Landais et Deffonatines, 1989).

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Cette approche permet de distinguer ce qui relève des processus techniques d’élaboration de la production et des sources de revenus, de ce qui relève de la gestion, de l’organisation et de la mobilisation des moyens de production. Le sous-système de pilotage est à replacé dans un système social, politique et économique plus englobant. Les facteurs démographiques sociaux et culturels interviennent de manière décisive dans l’organisation familiale (affectation de la main d’œuvre, division du travail par genre, mobilité et réseaux migratoires, scolarisation, savoirs et compétences) et de la production au même titre que les facteurs économiques et les compétences techniques.

S’il existe un consensus dans la communauté scientifique pour distinguer une unité correspondant à l’exploitation agricole et parler de système famille-exploitation dans les sociétés rurales africaines complexes, des précautions sont à prendre.

Cette unité est appropriée à condition que pour chaque société rurale soient définis ses structures, son fonctionnement et les limites de ses prérogatives. Elle constitue un ensemble plus ou moins complexe, éventuellement décomposable en sous-ensembles repérables par l’existence de centres de décision secondaires (Gafsi et al, 2007, p. 86). De plus, la définition retenue aujourd’hui n’est pas immuable. Du fait de la pression économique, la taille des exploitations tendent à diminuer et la grande famille africaine tend à se « nucléariser » ce qui oblige à laisser place à des exploitations pour tous les enfants « en ménage ».

Les stratégies des agriculteurs constituent donc un révélateur du fonctionnement et de la dynamique des « système famille-exploitation » à travers ses modalités concrètes de production (agricole et non agricole) et de reproduction. Mais elles ne sont pas directement observables, elles résultent d’une construction de l’observateur à partir de données hétérogènes (observation des pratiques, discours des agriculteurs..) et de points de vue hétérogènes (ceux des acteurs et ceux de l’observateur) (Chauveau, 1997).

Cependant ce concept présente des limites dès lors qu’on ne spécifie à quelles stratégies particulières on s’intéresse. Le terme de stratégie peut être plus ou moins équivalent à celui de « logique » (Olivier de Sardan, 1995) et peut difficilement résumer une vaste gamme de comportement à un objectif ultime. Il faut donc nécessairement préciser (Chauveau, 1997) :

- L’unité familiale, les agriculteurs ou groupes d’agriculteurs concernés

- Les moyens mobilisables et justifiables qu’ils sont en mesure de mettre en œuvre dans des situations toujours particulières

- Les indicateurs empiriques sur lesquels se fonde l’interprétation de l’observateur - Le domaine particulier que l’observateur « problématise » pour les besoins de la

recherche ou de l’action.

1.2. Approches de la dynamique du système famille-exploitation

1.2.1. Trajectoires d’évolution

Les exploitations agricoles sont des systèmes dynamiques qui connaissent des changements, du fait de plusieurs facteurs, en particulier de leur dynamique propre en fonction des objectifs et de l’évolution démographique de la famille et des relations entre ses membres. Des changements de l’environnement écologique et social immédiat voire des évolutions du contexte économique régional, national ou mondial, peuvent aussi avoir des répercussions sur la dynamique des exploitations.

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Pour comprendre le fonctionnement actuel des exploitations agricoles et les projets des chefs d’exploitation, il est important de replacer ce fonctionnement dans la logique d’évolution des exploitations qui est traduite par le concept de « trajectoire d’évolution ».

L’analyse de l’évolution d’un ensemble d’exploitations soulève deux difficultés (Landais, 1996) :

- La première est d’articuler le temps du système famille-exploitation, fait d’une succession de phases qui marquent le cycle de vie et le temps long de l’évolution historique. Le temps long est celui qui fait apparaitre des trajectoires d’évolution porteuses de logiques de construction par opposition au temps « rond » qui rythme l’activité agricole suivant les cyclicité liées aux saisons (Landais, 1987). La trajectoire d’évolution «traduit le résultat observable d’interactions complexes entre des

tendances évolutives (souvent en liaison avec une transformation de l’environnement) et des phénomènes cycliques. » (Lericollais et Milleville, 1997).

- La seconde difficulté est la prise en compte des interactions entre exploitations.

1.2.2. Cycle de vie et succession

Le principal facteur naturel d’évolution des exploitations est la transformation de la famille avec le temps ou « cycle de vie » (Chia, 1987).

La notion de cycle de vie d’une famille se réfère à la période comprise entre le démarrage ou installation (bien souvent, initié par le mariage) et son transfert à la descendance. Elle passe par le développement, la mobilisation et la stagnation des moyens de production. L’existence tout au long de ces phases d’un arbitrage entre les besoins de la famille, ses aspirations, ses moyens et les exigences du système de production structure le système famille-exploitation avec l’évolution de la composition du groupe domestique, de l’âge du chef de famille, des projets individuels et collectifs, des facteurs de production disponibles.

L’évolution du groupe familial crée des changements dans les besoins du groupe et dans ses capacités de mobilisation de force de travail familiale pour l’exploitation et à l’extérieur de celle-ci (Arnalti et al, 1996). On assiste alors à la modification des objectifs du groupe et par là-même de la stratégie mise en œuvre.

Le chef d’exploitation commence par s’installer et à stabiliser petit à petit son exploitation. Puis il consolide ses projets et vieillit ; il prépare alors la succession pour ses enfants. A l’occasion de la succession, l’exploitation peut être divisée en de nouvelles entités.

En prenant en considération le rapport entre les besoins et les apports de la famille en main d’œuvre lors de cette évolution, plusieurs phases peuvent être identifiées (Chia, 1987 ; Génin et Elloumi, 2004, p.138 ; Figure 11) :

- Une phase d’installation : les besoins faibles sauf pour la construction du logement, mais cette décision peut être retardée selon la logique et les choix d’investir dans l’appareil de production ou dans celui du confort et donc du logement. Cette phase se caractérise par la faiblesse de la force de travail familial mobilisable (au mieux 2 UTH, unité de travail/homme). Le plus important dans cette phase est la nature du projet : développement de l’appareil de production ou amélioration du niveau de vie.

- Une phase de croissance (ou de transition) : la scolarisation des enfants peut faire apparaitre de nouveaux besoins incompressibles. La force de travail n’augmente pas sauf

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grâce à des appuis ponctuels des enfants ; les cultures installées sont en général peu demandeuses de main d’œuvre. Il s’agit de stabiliser la construction de l’exploitation. - Une phase de maturité (ou stabilité) : elle est liée à l’entrée en activité des enfants et

dépend donc de la durée de la scolarisation. Cette phase se traduit par une adaptation du système de production avec la disponibilité de la main d’œuvre et sa nature ; l’exploitation a atteint une « vitesse de croisière » et peut réaliser des investissements. - Une phase de succession (ou déclin): préparation de la succession avec modifications

dans la nature du système de production et réalisation d’investissements pour rendre l’exploitation viable et attractive pour la nouvelle génération. Il peut aussi y avoir un blocage en présence de deux générations … en général la succession est tardive, à la mort du père alors que le ménage est déjà dans la phase de croissance ou de maturité. S’il n’y a pas de successeur, c’est une phase de déclin avec non renouvellement de l’appareil de production.

Figure 11 : Cycle de vie d’une exploitation (d’après Chia, 1987)

Comme tous les modèles, celui-ci ne couvre pas l’ensemble des situations individuelles mais constitue un cadre explicatif suffisamment significatif pour être mobilisé dans divers types d’agriculture familiale.

Compte tenu du fait que la main d’œuvre dans les exploitations familiales africaines est essentiellement familiale, et que les niveaux de mécanisation sont faibles, les événements susceptibles d’influer sur la démographie de la famille (maladies, épidémies) jouent un rôle de premier plan dans l’évolution des exploitations.

Les migrations sont aussi à prendre en compte : il peut s’agir de migration de travail saisonnière ou de recherche de nouvelles terres (pâturages ou terres à défricher). Si l’exploitation perd de la main d’œuvre elle peut aussi y gagner des revenus non agricoles susceptibles de renforcer sa trésorerie ou assurer son extension pour nourrir de nouvelles bouches.

Actuellement, il est constaté une tendance à l’éclatement et à la nucléarisation des exploitations agricoles, même dans les régions où traditionnellement une exploitation correspondait à une grande famille (Gafsy et al, 2007).

70 1.2.3. Interactions entre exploitations

Une seconde difficulté posée par l’analyse des changements qui affectent une exploitation agricole est la prise en compte des interactions avec les autres exploitations : concurrence pour l’accès aux ressources (problèmes fonciers) et aux marchés, entraide (échange de travail et d’équipement), circulation des informations, etc.

Les changements s’opèrent toujours au sein d’un groupe ce qui nécessite de replacer les changements observés dans une exploitation au sein de l’unité sociale qui a du sens pour elle (le lignage, la famille élargie, une association, une communauté villageoise, etc.) et de faire des allers-retours entre analyse de cas et études transversales.

Par exemple, dans les populations forestières traditionnelles, le droit foncier coutumier porte à la fois sur les terres de culture et le territoire forestier, et est régi par une unité clanique ou lignagère (Delvingt, 2001) La terre est un bien collectif inaliénable et le droit d’exploitation est imprescriptible. Les lignages exercent un droit de propriété sur le terroir forestier de leur village. Des modifications de ce régime sont observables suite à la moindre mobilité des familles (sous l’influence coloniale), à l’augmentation démographique et surtout à l’adoption de cultures de rente. Plus la pression démographique se fait sentir, plus le mode d’accès à la terre se précise.

Ainsi tout processus de changement concernant le système d’activité ou le mode d’usage des terres au niveau d’une exploitation agricole doit s’appréhender au sein d’une unité sociale. La seule analyse des caractéristiques internes des exploitations n’est pas suffisante.

1.3. Organisation territoriale du système famille-exploitation

On parle de « territoire de l’exploitation » pour souligner l’idée qu’il s’agit d’un espace géré et approprié par le chef d’exploitation et sa famille (Papy, 1999). L’organisation territoriale est alors définie par les structures spatiales et leur organisation, les activités qui s’y inscrivent et le groupe d’individu qui mène ces activités. Le territoire de l’exploitation est organisé pour répondre à la fois aux objectifs de production et de reproduction de la famille et à d’autres fonctions comme la préservation des ressources naturelles. Cette organisation spatiale change donc avec l’évolution du fonctionnement de l’exploitation et du milieu.

1.3.1. Relations entre fonctionnement et organisation territoriale

L’analyse du fonctionnement de l’exploitation consiste en l’analyse de « l’enchainement des

prises de décision de l’agriculteur et de sa famille en vue d’atteindre des objectifs qui régissent des processus de production et que l’on peut caractériser par des flux divers (de