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CHAPITRE 2. La métamémoire

2.1. Conceptions théoriques de la métamémoire

2.1.1. Théorie de Flavell (1979)

La première théorie importante de la métamémoire (Flavell, 1979) fractionnent celle-

ci en deux sous-composantes. Les connaissances métamnésiques regroupent les informations

sur la mémoire et les expériences métamnésiques correspondent aux expériences personnelles

et conscientes qui accompagnent ou se rapportent à un comportement impliquant la mémoire.

Les connaissances métamnésiques correspondent aux connaissances personnelles des

individus sur les facteurs qui affectent la mémoire. Ces facteurs sont divisés en trois

catégories relatives aux individus, aux tâches et aux stratégies. Tout d’abord, les

connaissances sur les individus regroupent les informations sur soi et sur les autres. Cette

catégorie peut, elle-même être divisée en deux sous-catégories qui sont, d’une part, les

connaissances sur les différences intra-individuelles (e.g., penser que l’on apprend mieux en

écoutant qu’en lisant) et d’autre part, les connaissances sur les différences interindividuelles

(e.g., penser qu’un ami apprend mieux qu’un autre). La deuxième catégorie de connaissances

métamnésiques correspond aux connaissances sur les tâches. Ces connaissances regroupent

les informations sur le matériel à apprendre (e.g., savoir que l’on n’a pas assez d’informations

pour effectuer un jugement fiable) ainsi que sur les objectifs de l’apprentissage (e.g., savoir

qu’il est plus facile de rappeler l’essentiel d’une histoire que la totalité de celle-ci). Enfin, les

connaissances sur les stratégies correspondent à notre savoir sur les différentes manières

d’apprendre et leur efficacité. Ainsi, un individu peut penser que, pour retenir un grand

nombre d’informations, il est plus efficace d’accorder davantage d’attention aux points

principaux et de les reformuler avec ses propres mots. Flavell (1979) indique également que

la plupart des connaissances métamnésiques sont le produit des interactions entre ces facteurs.

Un individu peut ainsi supposer qu’il est plus performant que son voisin dans une tâche de

Les expériences métamnésiques sont les expériences cognitives ou affectives qui

accompagnent une tâche de mémoire comme le sentiment de n’avoir pas compris le sens

d’une expression. Ces expériences peuvent avoir un impact sur la mémoire et la métamémoire

de trois manières. Tout d’abord, elles peuvent conduire à modifier les objectifs

d’apprentissage ou en abandonner certains. Ainsi, des expériences de doute ou d’échec

peuvent conduire à ces modifications ou abandons. De plus, elles peuvent également modifier

les connaissances métamnésiques en y ajoutant ou en modifiant des informations. Enfin, ces

expériences peuvent conduire à activer une stratégie dont l’objectif pourra être mnésique

(améliorer la performance en mémoire) ou métamnésique (améliorer la connaissance sur la

mémoire).

Ainsi, selon cette théorie, les expériences métamnésiques permettent d’alimenter les

connaissances métamnésiques à propos des trois facteurs qui affectent la mémoire et donc ces

connaissances vont, à leur tour, avoir un effet sur la performance en mémoire. Cela supposait

donc un échange entre la mémoire et les connaissances sur la mémoire.

2.1.2. Modèle de Nelson et Narens (1990, 1994)

Nelson et Narens (1990, 1994) ont développé un modèle (Figure 1) dans lequel les

processus cognitifs sont divisés en deux niveaux reliés : le niveau « objet » et le niveau

« méta » entre lesquels circulent les informations. Le niveau « méta » contiendrait une

représentation dynamique du niveau « objet » reflétant la connaissance de notre connaissance.

Deux processus découlent de ce modèle en fonction de la direction du flux d’informations.

Tout d’abord, la relation de monitoring est définie par Nelson et Narens (1990, p. 127)

comme « la notion selon laquelle le niveau méta est informé par le niveau objet, ce qui change

l’état du modèle de la situation inclus dans le niveau méta ». Le monitoring (auto-évaluation)

même matériel en augmentant leurs chances de rappeler les mots (Dunlosky & Connor, 1997 ;

Mazzoni, Cornoldi, & Marchitelli, 1990 ; Nelson, 1996a ; Nelson, Dunlosky, Graf, & Narens,

1994 ; Nelson & Leonesio, 1988). Dans l’expérience de Nelson et al. (1994), les participants

qui devaient apprendre et effectuer des jugements d’apprentissage (JOLs pour Judgments Of

Learning) sur des traductions de mots swahilis en anglais étaient répartis en 4 groupes. Dans

le premier groupe, les paires de mots qui avaient reçu les JOLs les plus faibles étaient de

nouveau présentées pour que les participants les réapprennent. Pour le deuxième groupe, les

mots qui avaient reçu les JOLs les plus élevés étaient représentés. Un troisième groupe avait

la possibilité de réétudier les items considérés comme les plus difficiles selon les normes de

construction de la liste d’items. Enfin, les participants du dernier groupe pouvaient choisir les

items qu’ils désiraient réapprendre. Le principal résultat de cette expérience était que les deux

groupes qui ont rappelé le plus d’items étaient le groupe des participants qui réapprenaient les

items pour lesquels ils avaient effectué les JOLs les plus faibles et celui des participants

choisissant les items à réapprendre. De plus, il n’y avait pas de différence de performance

entre ces deux groupes alors que le groupe dont le réapprentissage était basé sur la norme

rappelait moins de paires de mots. Ce résultat apporta donc la preuve que les participants

étaient capables d’utiliser leurs capacités de monitoring pour choisir les items qu’il était le

plus judicieux de réapprendre afin d’obtenir la meilleure performance mnésique possible.

Cette relation appelée monitoring-affects-control (Nelson & Leonesio, 1988) montra que le

monitoring comme le control pouvait permettre d’améliorer la mémoire en aidant à choisir la

stratégie d’apprentissage la plus efficace.

D’autre part, Koriat et Ma’ayan (2005) ont obtenu des résultats indiquant que le temps

alloué à l’apprentissage d’items avait une influence sur le monitoring. Koriat et al. (2006) ont

pour apprendre pourrait servir de base aux jugements de monitoring en donnant une

indication de l’effort fourni pour apprendre un item donc, de la difficulté de celui-ci.

Le modèle de la métamémoire de Nelson et Narens (1990, 1994) fournit donc un cadre

conceptuel pertinent car les processus de monitoring et de control ont été observés dans de

nombreuses expériences. De plus, les relations entre ces processus suggèrent que l’altération

de l’un peut être compensée par l’autre afin de maintenir un bon niveau de performance.

Ainsi, un individu ayant des difficultés à mettre en place une stratégie d’apprentissage

efficace peut s’appuyer sur l’évaluation de l’état de cet apprentissage pour l’aider à apprendre

plus stratégiquement. À l’inverse, un individu peut se servir de l’effort fourni pour apprendre

comme d’un indice de la difficulté de la tâche.