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3.1.3 … mais une économie extractive majoritairement andine

3.2 Boom de l’empreinte spatiale du secteur minier mais concentration territoriale du processus extractif, fin du

3.2.3 Concentration territoriale et spécialisation régionale de l’activité minière

Certes plusieurs facteurs concourent à l’exploitation des ressources minières (cf. le cadre légal, l’évolution des techniques, la demande mondiale). Cependant, la centralité du facteur géologique permet d’une part d’expliquer la place du Pérou parmi les principaux producteurs

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miniers mondiaux au début de la décennie deux-mille-dix et, d’autre part, de saisir la distribution spatiale différenciée de l’activité minière sur le territoire péruvien.

En 2014 le Pérou constitue un des principaux pays miniers à l’échelle latino-américaine. Il se classe premier pour la production de zinc, d’étain, de plomb et d’or, deuxième pour l’extraction de cuivre et de molybdène après le Chili et d’argent après le Mexique (MINEM, 2015 : 31-87).

À l’échelle mondiale, le pays se classe au troisième rang pour la production de zinc, d’étain, de cuivre et d’argent, quatrième pour la production de plomb et de molybdène et septième pour la production d’or (idem).

À l’échelle nationale, l’extraction minière constitue certes un phénomène largement distribué dans l’espace mais elle apparaît dans le même temps comme territorialement concentrée.

En effet, entre 2002 et 2014, le cuivre, l’or, l’argent, le plomb, le zinc et le molybdène202 sont exploités dans dix-sept départements (MINEM, 2012 : 23-45 ; 2015 : 46-72) alors que l’étain et le fer sont eux exploités dans un seul département chacun (MINEM, 2015 : 82-85). Ces dix-sept départements miniers sont Áncash, Apurímac, Arequipa, Ayacucho, Cajamarca, Cuzco, Huancavelica, Huánuco, Ica, Junín, La Libertad, Lima (comprend le territoire de Callao), Madre de Dios, Moquegua, Pasco, Puno et Tacna. Les départements d’exploitation de l’étain et du fer sont respectivement Puno pour le premier et Ica pour le second. L’exploitation minière au début du XXIe siècle au Pérou met ainsi en évidence la centralité géologique et donc économique de l’espace andin dans ce processus extractif, déjà démontrée lors de l’analyse des ruées minières (cf. chapitre n°2)203.

Plus exactement, malgré l’étalement spatial de la production de cuivre, d’or, d’argent, de plomb, de zinc et de molybdène sur le territoire péruvien, il est possible de distinguer une spécialisation productive régionale en fonction de la ressource considérée.

202 Pour le molybdène, la production régionale n’est détaillée que pour l’année 2014 (MINEM, 2015 : 87).

L’analyse de la production minière de molybdène n’est donc valide que pour cette année. Toutefois, en 2012 le ministère de l’énergie et des mines donne une tendance de l’évolution de la production de cette ressource dès 2002 (MINEM, 2012 : 43). Le molybdène étant un sous-produit de la production de cuivre (idem), la cartographie de l’exploitation du cuivre et celle de l’exploitation du molybdène devraient correspondre.

203 La centralité du facteur géologique comme facteur explicatif de l’inégale diffusion spatiale du secteur minier sur le territoire péruvien n’est pas nouvelle. « La côte péruvienne et surtout la Cordillère sont truffées d’occurrences minéralisées […] » (Soler, Grandin, Fornari, 1986 : 35)

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Schématiquement, le nord du Pérou se caractérise par une extraction minière de métaux précieux (or, argent) alors que les espaces situés au centre et au sud du pays sont davantage marqués par une extraction de minerais industriels204.

Entre 2002 et 2014 la production d’argent est spatialement diffuse. Cette ressource est exploitée sur les territoires de seize départements (MINEM, 2012 : 32, 2015 : 62 ; cf. carte n°26). Elle s’étend aussi bien au sud et au centre du pays qu’à une partie du nord du territoire péruvien.

Seuls les départements littoraux du nord et les départements amazoniens ne sont pas touchés par la diffusion spatiale de la production argentifère. Cependant, envisagée en volume, la production argentifère apparaît comme territorialement concentrée dans les Andes. Plus des deux-tiers (68%) de l’argent extrait au Pérou entre 2002 et 2014 proviennent de quatre départements, Pasco (27%), Áncash (15%), Junín (14%) et Lima (12%), tous situés au centre du pays. À lui seul, le département de Pasco produit plus du quart (27% environ) de l’argent extrait dans le pays sur cette période (idem).

204 C’est au XIXe siècle que s’opère un basculement de l’économie minière péruvienne qui passe d’une exploitation principalement basée sur les minerais précieux à l’exploitation majoritaire des minerais industriels (Deustua, 2009). Le nouveau cycle minier qui débute à la fin du XXe siècle rétablit l’or dans son statut de ressource centrale de l’économie minière péruvienne en parallèle avec le cuivre, les deux minerais étant au Pérou souvent géologiquement associés dans les gisements exploités (cf. chapitres n°4 et n°5). Nous ne détaillons dans cette thèse que les dynamiques de l’exploitation légale de l’or. L’exploitation illégale et/ou informelle de l’or, qui se concentre davantage dans les territoires du sud, particulièrement le département amazonien de Madre de Dios et le département sud-andin de Puno, n’est qu’abordée.

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Carte n°26 Diffusion spatiale mais concentration territoriale de la production d’argent dans les Andes du centre entre 2002 et 2014 (en milliers d’onces fines)

Sources : MINEM, Perú 2011. Anuario minero. Reporte estadístico, op.cit., 2012, p. 32 ; Perú 2014. Anuario minero. Reporte estadístico, op.cit., 2015, p. 62. Élaborée par l’auteur.

Contrairement à d’autres minerais, l’exploitation minière aurifère péruvienne relève de deux secteurs : le secteur légal d’une part, et le secteur illégal et/ou informel d’autre part (cf. encadré n°10).

Encadré n°10 Précisions terminologiques : exploitation légale/illégale/informelle L’exploitation minière légale concerne l’ensemble des activités extractives dont les acteurs économiques sont légalement reconnus par l’État péruvien, engagés dans la production des ressources minières dans le respect de la législation, particulièrement des législations sectorielles qui régulent le secteur minier.

L’exploitation illégale englobe l’ensemble des activités minières non déclarées, qui échappent à la régulation étatique du secteur minier, concerne des zones où l’exploitation minière est interdite et/ou nécessite l’utilisation techniques extractives propres à l’activité minière à moyenne et grande échelles mais déployées par des acteurs économiques qui relèvent de catégories différentes (Vargas Vargas, s.d : 1, 6-7). En 2012, sont ainsi considérées comme relevant de l’extraction minière illégale les activités qui

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ne respectent pas les conditions énoncées à l’article 3 du « décret-loi qui régule l’interdiction de l’activité minière illégale dans toute la République et établit les mesures complémentaires » pour le développement d’une activité minière légale205. La catégorie d’exploitation illégale de l’or englobe donc les activités développées sans titres miniers, c’est-à-dire exercée en dehors d’une concession minière territorialement délimitée et légalement obtenue auprès de l’État, ainsi que les activités développées sans les autorisations d’ouverture ou de réouverture d’opération nécessaires, octroyées par l’autorité compétente dans le cadre d’une procédure qui implique entre autres le dépôt d’un rapport technique du projet au ministère de l’énergie et des mines précisant la localisation exacte de l’activité, la faisabilité du projet et l’impact environnemental de celui-ci (art. 3)206.

L’exploitation minière informelle concerne aussi bien les activités exercées sans les autorisations légales nécessaires mais en cours de formalisation que les activités d’exploitation qui n’utilisent pas les techniques correspondant à leur catégorie extractive (soit à petite échelle soit à échelle artisanale) ainsi que l’extraction minière réalisée dans des zones où l’exploitation minière est interdite (Vargas Vargas, s.d: 1, 5).

Deux éléments semblent donc distinguer l’exploitation minière informelle de l’exploitation minière illégale. D’une part, les techniques utilisées car l’activité minière illégale utilise des technologies employées dans le cadre de concessions où l’extraction est réalisée à grande et moyenne échelles et, d’autre part, la volonté des mineurs, de se formaliser dans le cadre de l’extraction informelle ou au contraire de poursuivre dans l’informalité pour échapper aux contraintes (légales, financières, techniques, etc.) de la formalisation, et donc l’illégalité pour l’extraction illégale (idem: 1, 6-7).

L’analyse de la production aurifère sur la période 2002-2014 met également en évidence une large distribution spatiale de l’exploitation de cette ressource sur le territoire péruvien.

Entre 2002 et 2014 environ 2236 tonnes d’or sont extraites dans seize départements (MINEM, 2012 : 28 ; 2015 : 53-54)207. Cependant, près de la totalité (90% environ) de l’or extrait sur cette période provient de dix départements (idem). Plus exactement, la majeure partie de la production est, là encore, territorialement concentrée. Deux départements, Cajamarca (38,4%) et La Libertad (24,5%), situés dans le nord du pays produisent près des deux tiers (63% environ) de l’or extrait au Pérou entre 2002 et 2014 (idem). En considérant un espace plus large, le nord et le centre-nord, les départements de Cajamarca, La Libertad et Áncash produisent près des trois-quarts (70% environ) de l’or extrait au Pérou sur cette période (idem). Pourtant, si la production se concentre majoritairement dans cette zone, l’or est aussi exploité dans le sud du

205 D.L. n°1100 du 18/02/2012.

206 L’article 5 de ce décret détaille les installations interdites dans le cadre du développement d’une activité minière artisanale et à petite échelle. Il s’agit notamment des dragages et des installations liées à la lixiviation au cyanure du minerai. Parallèlement, le ministère de l’énergie et des mines précise en 2012 que l’activité minière illégale est notamment de type alluvionnaire et par dragages (MINEM, 2012 : 29).

207 Le cas de l’extraction aurifère sera analysé en détails plus loin.

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pays où dix départements produisent plus du quart (28% environ) de cette ressource208. Le reste provient de trois départements des Andes du centre (idem ; cf. carte n°27).

Carte n°27 Diffusion spatiale mais concentration territoriale de la production aurifère dans le nord et le sud du Pérou entre 2002 et 2014 (en milliers d’onces fines)209

Sources : MINEM, Perú 2011. Anuario minero. Reporte estadístico, op.cit., 2012, p. 28 ; Perú 2014. Anuario minero. Reporte estadístico, op.cit., 2015, p. 54. Élaborée par l’auteur.

Selon que l’or est extrait de façon légale ou informelle et illégale, les acteurs engagés dans ce processus, les échelles auxquelles est extraite la ressource, les techniques utilisées et les territoires en jeu ne sont pas les mêmes.

L’extraction illégale et informelle de l’or constitue, comme l’exploitation légale, un phénomène à la fois distribué dans l’espace et territorialement concentré.

208 Toutefois, ces dix départements ne contribuent pas de façon égale à la production aurifère. La part de la production aurifère enregistrée dans le département d’Ica entre 2002 et 2014 est d’à peine à 0,01% de la production péruvienne d’or (MINEM, 2012 : 28, 2015 : 54).

209 L’once troy d’or équivaut à 31,1034758 grammes.

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En effet, entre la fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle, au moins douze départements semblent touchés par l’exploitation illégale et/ou informelle de l’or (cf. carte n°28).

Contrairement à l’exploitation aurifère légale, l’exploitation illégale et/ou informelle est plus sensible dans les territoires du sud du Pérou. Si cette activité est principalement développée dans le département amazonien de Madre de Dios (Arriarán, Gómez, 2008: 145, 166 ; Torres, 2007: 66-115) et dans le département de Puno210, elle affecte également les départements d’Ica, notamment la macro-région Ica-Nazca et les départements d’Arequipa, Pasco, Huancavelica, Ayacucho, Moquegua, Cajamarca, La Libertad, Áncash et Piura (Arriarán, Gómez, 2008 : 145, 166 ; Bos, 2015 : 290-291 ; Fresneau, 2014 : 71-78, 124-127 ; Merveille, 2014 : 66 ; MINEM, 2012 : 29 ; Pachas Cuya, 2008 : 232 ; Torres, 2007 : 66-115)211.

210Pour une analyse du durcissement de la position de l’État péruvien face à l’exploitation illégale de l’or dans les départements de Madre de Dios et Puno sous le mandat du président Humala (2011-2016) cf. Bos (2015 : 292-293). L’intensité du phénomène dans ce territoire est régulièrement soulignée par la presse péruvienne, cf. par exemple « ¡Madre de Dios! Reserva de Tambopata agoniza por minería ilegal », Diario16 [En ligne]

http://diario16.pe/noticia/26840-aamadre-de-dios-reserva-de-tambopata-agoniza-por-mineraia-ilegal (Page consultée le 07/05/2013) ainsi que par plusieurs documentaires tels Oro Amazónico de Sarah duPont en 2010 ou Menaces sur la forêt tropicale au Pérou de Jérôme Dolbert en 2014. En 2011 la Banque centrale de réserves du Pérou estime que la baisse de la production des entreprises Minera Yanacocha S.R.L et Minera Barrick Misquichilca S.A, ce qui la préoccupe, imputable notamment à la moindre teneur en minerais des gisements exploités par ces entreprises par rapport aux périodes précédentes et à l’épuisement progressif de ceux-ci (cf.

chapitres n°4 et n°9), est entre autres compensée par la hausse de l’exploitation informelle de cette ressource dans le département de Madre de Dios (BCRP, 2011 : 33) !

211 Plusieurs de ces territoires comme espaces d’extraction aurifère informelle et/ou illégale ont été mentionnés au cours de divers entretiens réalisés avec six cadres des entreprises minières Compañía de Minas Buenaventura S.A.A, Rio Alto Mining S.A, Minera Barrick Misquichilca S.A ainsi qu’avec trois salariés de deux ONGs, CooperAcción et Red Social, mais aussi par deux employés du ministère de l’environnement et deux employés du ministère de l’énergie et des mines (Lima/La Libertad, février-avril 2012) puis par trois avocats spécialistes des questions minières (Arequipa, mai, 2012).

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Carte n°28 Diffusion spatiale mais concentration territoriale de l’exploitation illégale et informelle de l’or au début du XXIe siècle

Sources : Gabriel Arriarán, Cynthia Gómez, « Entre el oro y el azogue. La nueva fiebre del oro y sus impactos en las cuencas de los ríos Tambopata y Malinowski », 2008, p. 145, 166 ; Vincent Bos, « De l’État facilitateur à l’État, médiateur ? Analyse du positionnement de l’État péruvien face aux évolutions du secteur minier depuis les années 1990 », 2015, pp. 290-291 ; Jérôme Fresneau, Transformations territoriales et dynamiques contestataires liées aux activités extractives: le cas de la Vallée de Condebamba – Pérou, 2014, pp.71-78, 124-127 ; MINEM, Perú 2011. Anuario minero. Reporte estadístico, 2012, p. 29 ; Nicolas Merveille, « Apprécier les impacts sociaux des activités minières au Pérou: une étude de cas à l’échelle de la région Ancash », 2014, p. 66; Víctor Hugo Pachas Cuya, « El gran ausente: conflicto en la minería artesanal de oro en Madre de Dios », 2008, p. 232 ; Víctor Torres, Minería artesanal y a gran escala en el Perú: el caso del oro, 2007, pp. 66-115. Élaborée par l’auteur.

Du côté des minerais non précieux, exception faite du cuivre, la production tend à se concentrer dans le centre et le sud du pays.

Entre 2002 et 2014 l’exploitation du cuivre constitue un phénomène spatialement diffus. La production s’étend sur les territoires de quinze départements, aussi bien andins que côtiers, situés au sud, au centre/centre-nord voire au nord du pays (MINEM, 2012 : 24, 2015 : 45 ; cf.

carte n°29). Toutefois, envisagée en volume, l’exploitation cuprifère est relativement concentrée. Plus des trois-quarts (environ 80%) de la production péruvienne de cuivre sont extraits dans quatre départements, d’une part à Arequipa, Tacna et Moquegua, soit des

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territoires situés à l’extrême sud du pays, et d’autre part dans le département d’Áncash, situé au centre-nord, où est extrait près du tiers (32%) de cette ressource (idem).

Carte n°29 Une production cuprifère spatialement diffuse mais territorialement concentrée dans le centre-nord et l’extrême sud du pays, 2002 - 2014 (en milliers tonnes)

Sources : MINEM, Perú 2011. Anuario minero. Reporte estadístico, op.cit., 2012, p. 24 ; Perú 2014. Anuario minero. Reporte estadístico, op.cit., 2015, p. 45. Élaborée par l’auteur.

Entre 2002 et 2014 le plomb est extrait dans treize départements (MINEM, 2012 : 40, 2015 : 78 ; cf. carte n°30). La production de cette ressource minière apparaît de fait comme un peu plus concentrée dans l’espace que les productions évoquées ci-dessus, d’autant plus que trois départements produisent moins de 1% du plomb extrait dans le pays sur cette période.

Envisagée en volume, la production de plomb se concentre dans les Andes du centre. Trois départements, Pasco, Lima et Junín produisent plus des trois quarts (76% environ) de la ressource extraite au Pérou sur cette période (idem). Cette double concentration territoriale de la production du plomb entre 2002 et 2014, à la fois dans un petit nombre de départements et dans le centre du pays, est d’autant plus manifeste qu’un seul département, Pasco, produit près de la moitié (46% environ) de cette ressource (idem).

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Carte n°30 Diffusion spatiale mais concentration territoriale de la production de plomb dans les Andes du centre entre 2002 et 2014 (en tonnes)

Sources : MINEM, Perú 2011. Anuario minero. Reporte estadístico, op.cit., 2012, p. 40 ; Perú 2014. Anuario minero. Reporte estadístico, op.cit., 2015, p. 78. Élaborée par l’auteur.

Sur la même période la production de zinc apparaît encore plus concentrée dans l’espace que la production du plomb. Si le zinc est extrait dans treize départements, quatre départements contribuent à moins de 1% de la production si bien que la quasi-totalité (98% environ) de cette ressource est extraite dans sept départements, tous situés au centre et centre-sud du pays (MINEM, 2012 : 36, 2015 : 70, cf. carte n°31). Parmi ces départements, quatre, Pasco (29%), Áncash (28%), Lima (18%) et Junín (16%), tous situés dans les Andes du centre/centre-nord, contribuent à plus de 90% de la production (idem).

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Carte n°31 Concentration territoriale de la production de zinc dans les Andes du centre entre 2002 et 2014 (en tonnes)

Sources : MINEM, Perú 2011. Anuario minero. Reporte estadístico, op.cit., 2012, p. 36 ; Perú 2014. Anuario minero. Reporte estadístico, op.cit., 2015, p. 70. Élaborée par l’auteur.

En 2014 la production de molybdène apparaît comme le phénomène minier le plus concentré dans l’espace. Cette ressource est extraite dans cinq départements, Tacna, Moquegua et Arequipa, situés à l’extrême sud du pays, puis dans deux départements, Junín et Áncash, situés dans les Andes du centre/centre-nord (MINEM, 2015 : 87, cf. carte n°32). Envisagée en volume, cette double concentration spatiale et productive est encore plus nette : les trois départements situés à l’extrême sud du pays assurent près des neuf dixième (88% environ) de la production (idem).

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Carte n°32 Concentration territoriale de la production de molybdène à l’extrême sud et dans le centre du pays en 2014 (en tonnes)

Source : MINEM, Perú 2014. Anuario minero. Reporte estadístico, op.cit., 2015, p. 87. Élaborée par l’auteur.

L’analyse de l’exploitation minière au Pérou entre 2002 et 2014 montre que l’extraction des minerais constitue un phénomène spatialement diffus. Néanmoins, envisagée en volume et par type de minerais, la production minière apparaît toujours comme un phénomène territorialement concentré. Plus exactement, les années 2000 et 2010 soulignent une double concentration de l’exploitation minière péruvienne. Le secteur minier est marqué d’une part par une concentration dans l’espace des principaux territoires miniers et, d’autre part, par une concentration des principales ressources minières exploitées au Pérou dans ces mêmes territoires. Cette situation de poly-spécialisation productive dans un espace relativement concentré fait ressortir la centralité du facteur géologique, et donc économique, des Andes dans l’exploitation des minerais à l’échelle nationale comme cela a été démontré plus haut.

En effet, entre 2002 et 2014 sept départements, Áncash, Arequipa, Junín, Lima, Moquegua, Pasco et Tacna, peuvent être qualifiés de poly-métallifères dans la mesure où un même

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département se classe au moins dans le « top cinq » national de la production de deux ressources minières (cf. cartes n°26 à n°32 et tableau n°6). Le département andin d’Áncash, situé dans le centre-nord du pays est emblématique de cette double concentration territoriale et productive du phénomène extractif minier. Il constitue le seul département péruvien à figurer dans le « top cinq » national pour la production de six minerais (cuivre, or, argent, zinc, plomb et molybdène). Il est ensuite suivi du département d’Arequipa, situé dans les Andes du sud, où sont extraits du cuivre, de l’or, de l’argent et du molybdène, puis des départements andins centraux de Junín, Lima et Pasco, spécialisés dans la production d’argent, de zinc et de plomb ; les départements côtiers de Moquegua et Tacna, situés à l’extrême sud du Pérou, se distinguant eux par une spécialisation productive dans l’extraction du cuivre et du molybdène ; le molybdène étant extrait comme dérivé du cuivre (MINEM, 2012 : 43).

Tableau n°6 Double concentration minière entre 2002 et 2014 : six minerais principalement extraits dans sept départements

Légende : le numéro indiqué dans les cases du tableau précise le rang auquel se classe le territoire pour la production de la ressource mentionnée. Par exemple, du fait des volumes extraits dans ce territoire, Moquegua se classe en troisième position des départements péruviens pour la production de cuivre et de molybdène.

Sources : MINEM, Perú 2011. Anuario minero. Reporte estadístico, op.cit., 2012, pp. 23-45 ; Perú 2014.

Anuario minero. Reporte estadístico, op.cit., 2015, pp. 46-85.

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