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sion des variables économiques américaines

2.3.3 Les Comptes Nationaux des autres pays

La révision des données économiques ne concerne pas uniquement les États-Unis ou la France. Des experts d’autres régions dans le monde décrivent ce phénomène, que nous retrou-vons essentiellement dans des travaux proposés par des professionnels des organismes statis-tiques, car directement concernés par l’estimation des variables clés de l’économie.

Les analyses les plus élaborées proviennent d’organismes comme l’ONS du Royaume-Uni et de Statistics Canada. Nous présenterons les travaux concernant ces deux pays, sans omettre de citer quelques travaux d’autres régions à travers le monde.

Les analyses récentes de la révision des variables économiques au Royaume-Uni

Les analyses des révisions au Royaume-Uni concernent - comme pour les autres pays - es-sentiellement les Comptes Trimestriels. Elles sont initiées par des professionnels comme Adèle J. E. Barklem (2000) et Léonidas Akritidis (2003). Des études abordent la révision qui affecte l’activité économique comme celles de Cook (2004) et Emily George (2004), que nous allons exposer chronologiquement.

L’étude d’Adèle J E Barklem (2000), porte sur une analyse statistique des révisions des Comptes Trimestriels du Royaume-Uni. Une analyse graphique de chaque série est opérée montrant les résultats obtenus. Elle effectue les mêmes tests statistiques utilisés dans les autres pays de l’OCDE, montrant ainsi ce que l’ONS a obtenu comme résultats d’études à ce jour. Les questions en conclusion de son analyse portent sur la dimension analytique des révisions. Du moment où les utilisateurs utilisent les statistiques publiées par l’ONS, quels seraient leurs remarques concernant la prédiction des révisions ?

Leonidas Akritidis (2003), effectue une analyse statistique descriptive des Comptes Na-tionaux Trimestrielsdu Royaume-Uni du premier trimestre de 1993 au quatrième trimestre de 2000. Il calcule différentes statistiques usuelles (moyenne, erreur moyenne absolue, variance..)

de chacun des agrégats. Il constate la présence d’une erreur positive pour les séries analysées, notamment le PIB, en passant des données préliminaires aux données révisées.

Cook (2004), retrace les contraintes ainsi que tous les objectifs de la politique de révision. Il insiste sur la nécessité d’intégrer les révisions comme information supplémentaire pouvant améliorer les mesures de l’économie du Royaume-Uni.

Emily George (2004), retrace l’expérience du Royaume-Uni dans l’analyse et le traitement de la révision des séries économiques ainsi que son évolution avec tous les progrès constatés jusqu’au jour de la publication de son étude. Les publications de séries révisées ont débuté par l’ONS depuis 2002, prenant de plus en plus conscience de l’importance de la fiabilité des données, en dépit d’informations de plus en plus claires concernant l’anticipation de l’évo-lution des révisions. Bien des méthodes éprouvées ont été exploitées pour tenter depuis plus d’une vingtaine d’années d’expliquer le phénomène des révisions, sans pour autant conclure définitivement sur la possibilité de les utiliser comme information supplémentaire, ou alors uti-liser directement les données préliminaires comme bonne base d’interprétation de la croissance économique. La prise de conscience de l’ONS concerne plusieurs points :

– une amélioration des techniques d’estimation des révisions,

– une collaboration plus étroite avec le DTI (Department of Trade and Industry) afin d’amé-liorer les sources de données et d’informations pour le calcul des comptes,

– une sensibilisation des utilisateurs sur le phénomène des révisions, – la publication de plusieurs articles sur les analyses des révisions,

– la clarification de la politique de révision de l’ONS, la rendant plus accessible aux utili-sateurs finals.

Les analyses récentes de la révision des variables économiques au Canada

Nous présenterons ici les études descriptives de la révision des comptes canadiens, effec-tuées par Doris de Zilva (2004) et John R. Baldwin et al. (2007).

Doris de Zilva (2004), faisant partie du département Statistics Canada, publie un article qui présente un outil interne qui permet d’analyser et de comprendre la révision des comptes canadiens. La prise de conscience à travers le monde des différents bureaux de statistiques et l’intégration des révisions comme élément nécessaire étroitement lié à la fiabilité des données, est devenu un élément nécessaire à prendre en considération, qui a incité Statistics Canada de constituer une base des séries historiques des révisions.

Après avoir cité les natures des révisions avec leurs possibles origines ainsi que leurs fré-quences, de Zilva donne un aperçu sur les différents points traités par les études analytiques observées à ce jour, comme l’analyse statistique de l’amplitude, de l’évolution temporelle, de la corrélation des révisions avec le cycle économique, des comparaisons internationales, et les relations des révisions avec leurs différentes sources d’information. Il expose les différents ou-tils utilisés couramment dans l’analyse des révisions, qui découlent essentiellement de toutes les études précédentes. Des statistiques usuelles descriptives, des analyses de la corrélation ainsi que différents tests sont présentés d’une manière détaillée14.

John R. Baldwin et Nataliya Rylska (2007), de la Division de l’analyse microéconomique au Canada effectuent une analyse très explicite des révisions des estimations trimestrielles de la productivité du travail. Les auteurs reprennent la même méthodologie d’analyse descriptive de l’OCDE proposée par Di Fonzo (2005a, 2005b). La période d’analyse porte sur les révisions successives trimestre par trimestre, du premier trimestre 2001 au troisième trimestre 200615.

Les publications successives de la révision des statistiques canadiennes de la productivité du travail sont exposées d’une manière détaillée, avec une présentation de tableaux statistiques montrant une forte corrélation d’un trimestre à un autre des séries. Sur les 15 observations de l’échantillon, les moyennes absolues des révisions passent de 0,19 sur un trimestre pour atteindre 0,43 en taux de croissance, après deux années de publication.

Les révisions présentent les mêmes signes que les séries préliminaires de l’ordre de 60 à 80

14. Les outils descriptifs développés récemment dans l’étude de la révision des données seront présentés dans la cinquième section, consacrée aux développements récents ainsi que la comparaison internationale de la révisions des séries macroéconomiques.

% selon la période de révision considérée. Sur l’échantillon récent analysé, l’idée de présence d’une anticipation du cycle de révisions systématique se confirme. Les auteurs comparent les statistiques calculées à celles des séries américaines. L’ampleur des révisions est similaire en moyenne absolue mais ces révisions sont cycliquement plus proches des estimations prélimi-naires que celles du Canada. De 100 % au premier trimestre atteignant près de 93 % sur une période d’une année de révisions.

Le cycle de révisions présente les mêmes propriétés statistiques. Nous avions d’ailleurs noté pour les autres analyses précédemment citées que pour ces deux pays, le processus de révisions s’est relativement amélioré plus vite, comparé aux autres pays développés. Cette mise à jour de l’état du processus de révision permet de respecter le continuum des analyses descriptives et voir progressivement son ampleur décroitre et sa tendance se rapprochant de plus en plus des publications en temps réel des variables macroéconomiques.

Une sélection d’analyses de la description statistique de la révision des variables écono-miques dans différentes régions dans le monde

En ce qui concerne d’autres régions dans le monde, nous présenterons différentes analyses issues de différents pays. Elles trouvent des résultats ayant plusieurs similitudes que celles trouvées dans les études des autres régions citées auparavant. Pour la Suède, nous analyse-rons l’étude de Lars Erik. Öller (2004), rebeca De la Rocque et al. (2004) pour les comptes brésiliens, ramesh Kolli (2004) pour l’Inde et Brugt Kazemier et al. (2004) Pour les Pays-Bas.

La suède :

Lars-Erik Öller et Karl-Gustav Hansson (2004), analysent les caractéristiques des révi-sions des Comptes Trimestriels suédois. L’analyse porte sur la période 1980-1998. Les auteurs effectuent dans un premier temps, une analyse des propriétés statistiques des révisions (erreur moyenne absolue et dispersion) en calculant leur ampleur ainsi que leur corrélation avec la conjoncture. Ils effectuent ensuite une étude comparative des différents résultats obtenus dans

différentes économies.

Comparées aux révisions des comptes suédois, celles concernant d’autres pays présentaient dans leur globalité un comportement similaire où les études les plus importantes ont été ef-fectuées pour les données américaines. Les auteurs constatent néanmoins que le Canada est le pays qui possède les révisions les plus faibles. En finalité, ils constatent également que les révisions sont corrélées avec la croissance économique et ont progressivement baissé depuis les anciennes estimations, jusqu’à celles observées actuellement.

Le Brésil :

Rebeca de la Rocque Palis, Roberto Luis Olinto Ramos et Patrice Robitaille (2004), constatent que les révisions sont prédictibles dans la majorité des pays de l’OCDE, en reprenant l’étude comparative effectuée par Jon Faust, John H. Rogers et Jonathan H. Wright (2003). Cette étude est une extension des études précédentes, en applications aux révisions affectant les Comptes Nationaux Trimestriels du Brésil.

Les révisions du PIB CVS brésilien (publié par le IBGE : Institute of Geography and Statis-tics) sont importantes. De 0.1 % pour le quatrième trimestre 2001 (publié en 2001 et révisé en 2002) et de 0.4 % en taux de croissance annuel. Le but de l’étude est de montrer l’inefficience des méthodes d’estimations des Comptes Nationaux au Brésil ainsi que les risques sur le choix d’utilisation entre les séries préliminaires et celles révisées. Des statistiques descriptives sont calculées pour analyser la nature des révisions : on parle de notion de "news" versus "noise" proposée par Mankiw et Shapiro(1986). Est-ce que les révisions des séries préliminaires sont des innovations, considérées comme une nouvelle information se rajoutant à celle existante, ou alors un bruit, considéré comme étant une erreur, directement liée à la méthode d’estimation choisie ?

La période d’analyse porte sur un échantillon de 31 points, allant du second trimestre 1994 au quatrième trimestre de 2001. Les auteurs comparent les statistiques usuelles (erreur moyenne, écart-type ...) entre les différentes révisions successives du PIB CVS : Les révisions

survenues une année, ensuite deux années et les révisions finales. Un changement de définition dans le calcul du PIB a été introduit en 2000. Les auteurs explorent les différences induites par ce changement, montrant des différences notoires dans les trimestres estimés. Ils effectuent ensuite le test d’efficience de la prédictibilité des révisions en appliquant le test de Mincer-Zarnowitz (1969) : il s’agit d’effectuer une régression des valeurs préliminaires sur les valeurs révisées et effectuer ensuite un test de nullité des coefficients estimés de la régression16.

Les auteurs constatent que les révisions sont relativement importantes comparativement à celles constatées dans les pays développés. Ils concluent qu’elles sont prédictibles mais pas dans le très court terme. En d’autres termes, les premières estimations ne sont pas de bons indicateurs pour pouvoir prédire les séries finales du PIB. Les auteurs mettent en garde sur l’interprétation de ces résultats, car l’échantillon étudié est assez court et qu’il serait préférable de le traiter moyennant un historique beaucoup plus large.

L’Inde :

Ramesh Kolli (2004), sensible au fait que les pays développées dans leur majorité ont une politique de révisions des Comptes Nationaux et des principaux indicateurs de leurs économies, expose dans son article les différentes périodes d’estimations des Comptes Nationaux indiens, en détaillant pour chaque composante les raisons qui conduisent à leurs révisions. De simples comparaisons des écarts sont présentées : calcul des différences entre deux publications d’un même chiffre. Il mentionne le fait qu’en plus du CSO (Central Statistical Organisation) qui estime et publie les comptes, plusieurs organismes privés en Inde les estiment de leur coté, aboutissant à des résultats différents.

Les Pays-Bas :

Brugt Kazemier, Henk Nijmeijer et Remko Hijman (2004), reprennent l’étude compara-tive des différents pays développés de Öller et Hansson (2004) et la comparent aux données des

Pays-Bas, en concluant que les données préliminaires des comptes sous estimaient les données finales (révisions positives) et que finalement ce problème n’était pas présent uniquement dans les séries de ce pays mais dans tous les pays de l’OCDE. L’analyse descriptive montre dans le détail les disparités existant entre les séries successives estimées des comptes.

2.4 Comparaison internationale des processus de révision :