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Les évolutions récentes dans la description statistique des processus de révisions dans les Comptes Nationaux de la France

sion des variables économiques américaines

2.3.2 Les évolutions récentes dans la description statistique des processus de révisions dans les Comptes Nationaux de la France

Après avoir présenté les premières études exposées dans le chapitre 1 qui décrivent la ré-vision des données économiques françaises, nous allons procéder à une présentation de celles publiées plus récemment, pour montrer l’avancée dans la description et la compréhension du problème. Peu d’articles traitent ce sujet en France, qui concernent essentiellement les Comptes Nationaux Trimestriels. Nous analyserons les études de Amen T. Dovoédo (1998) - qui reprend l’étude de M. Pénin (1986) -, de S. Grégoir et al. (1999) qui décrivent d’une manière expli-cite la révision des comptes en citant leur origine ainsi que les mécanismes d’élaboration des variables et l’étude d’Emmanuel Gros et al. (2002) de la division des Comptes Nationaux à l’INSEE. Nous présenterons enfin une tentative de la Banque de France (2006) qui décrit les révisions qui affectent les variables monétaires françaises.

Amen T. Dovoédo (1998)12, utilise trois séries différentes des Comptes Nationaux Trimes-trielsfrançais, une préliminaire et deux autres révisions successives pour chaque compte.

Une première analyse de la distribution des révisions révèle que les corrections sont moins importantes au niveau de la deuxième révision. En effet, les premières révisions sont plus fortes que les deuxièmes. Le biais diminue à mesure que les révisions se succèdent, jusqu’à arriver aux données finales.

Une seconde analyse montre que le nombre de points de retournement mal estimés est très faible et quasi-inexistant pour toutes les séries traitées. Une particularité des révisions fran-çaises, car dans les études américaines, plusieurs points de retournement étaient mal anticipés (Zellner, 1958, Stekler, 1967 et Runkle, 1998).

L’auteur suppose enfin qu’il existerait un certain déterminisme dans les révisions. Il trouve

12. Amen T. Dovoédo cite comme étude de référence l’article de M. Pénin. [1986], "Que peut-on dire de la précision des Comptes Nationaux ?", paru dans le livre Etudes de comptabilité nationale, des auteurs Archambault et Arkipoff à Paris, chez Economica, p. 67-109.

une corrélation entre la révision d’une série et celle qui lui succède par la suite. L’estimation d’un modèle autorégressif à un seul retard donne des coefficients significatifs estimés de l’ordre de 35 %. Une forte proportion de la valeur des estimations est reconduite d’une révision à une autre. Ce qui amène à conclure sur la possibilité de prédire l’évolution des révisions des Comptes Nationaux en France.

Les séries ont été analysées par A. Dovoédo sur la période 1962-1982. Afin de ne pas introduire l’effet des changements de bases dans le processus de révision, une demie-douzaine d’années a été retirée de l’échantillon. Néanmoins, cet échantillon a été totalement exploité afin de calculer les coefficients de corrélation entre les trois versions des Comptes Nationaux (Moindre Carrés Ordinaires sur un processus autorégressifs d’ordre 1).

L’analyse proposée par S. Gregoir et R. Lacroix (1999), aborde plusieurs questions inté-ressantes pour la construction des Comptes Nationaux ainsi que leur révision qui peut résulter de plusieurs origines différentes.

Les premiers points abordés par les auteurs concernent tous les problèmes inhérents à la fiabilité des Comptes Nationaux, qui conduisent à mener une politique de révision. S. Gregoir et R. Lacroix précisent qu’en plus des estimations basées sur des modèles et des hypothèses, une intervention humaine dite "d’expert" est mise en œuvre, afin d’affiner et réguler les erreurs induites par la complexité du processus de révision. En effet, la modification du comporte-ment des agents économiques, oblige les statisticiens à revoir toutes les méthodes et techniques d’estimation. Tout l’historique des données pourra être revu en entier.

Ensuite, l’unité de valeur des séries change. Celle constatée actuellement par exemple, n’est pas la même que celle observée il y a de cela une vingtaine d’années. Ceci amène les statisti-ciens par souci d’actualisation et de cohérence, à changer les bases des séries estimées. Tous les indices ne seront pas semblables. Ainsi le comptable national se basera avec pragmatisme sur l’aspect pratique de l’utilisation de l’indice approprié, se rapprochant au plus de la série à traiter.

des données qui la représentent, comme de nouveaux produits, de nouveaux comportements des agents relatifs aux modifications institutionnelles et juridiques ainsi que les changements dans les métiers. On sera donc toujours amené à modifier les données afin de les réadapter et pouvoir les comparer d’un point de vue intertemporel.

Enfin, le problème de la disponibilité des données. Cet aspect relativement important pourra également rendre difficiles tous les points cités ci-dessus. L’erreur de mesure dans la Compta-bilité Nationale devient difficile voire impossible à calculer avec précision. Il sera donc préfé-rable, compte tenu de l’amélioration de l’information disponible et des techniques de mesure, de pouvoir affiner les estimations et réduire les écarts entre les séries ainsi que leurs révisions.

Les auteurs présentent avec clarté la méthode d’élaboration des Comptes Nationaux fran-çais. L’estimation économétrique basée sur l’exploitation d’indicateurs plus rapidement dispo-nibles (étalonnage) et la confrontation des données par calage sur les Comptes Annuels, seront les raisons principales qui conduisent les comptables nationaux à réviser les comptes.

Les indicateurs sont eux-mêmes révisés et la répercussion sera directe sur la révision des Comptes Nationaux. La correction des variations saisonnières est régulièrement recalculée, une autre raison qui conduit à réviser les comptes. Arrivent enfin les révisions irrégulières qui dé-coulent des changements de méthodologie de calcul, de définitions des séries et des change-ments de base.

S. Gregoir et R. Lacroix calculent des statistiques descriptives des révisions. Ils ont d’abord utilisé la même base 80 pour tous les comptes. Les données correspondent aux publications des premiers résultats du premier trimestre 1987 et les premiers résultats du quatrième trimestre 1998. Les données sont disponibles sur cette période en volume et en valeur. Les variables des Comptes Nationaux Trimestrielsretenues seront le PIB ainsi que ses principales composantes, comme le PIB marchand, les importations, la consommation finale des ménages, la consom-mation finale des administrations, la F.B.C.F et les exportations.

La première approche graphique permet de constater la décroissance des révisions en fonc-tion de leur rang. À mesure que le rang de la révision avance dans le temps, son ampleur aura

tendance à diminuer. Ensuite, les statistiques descriptives seront calculées en niveau et en taux de croissance. La moyenne et la moyenne des valeurs absolues, l’écart-type, le carré de la moyenne quadratique ainsi que la médiane sont calculés pour toutes les données. Ces statis-tiques sont calculées en prix constant et en prix courant, quelles soient exprimées en niveau ou bien en taux de variations.

Le degré d’intégration des séries est également testé afin de déterminer son niveau pour chaque compte. Les auteurs tentent ensuite de tester la présente d’une relation de cointégration entre les premières estimations (préliminaires) et les estimations définitives.

Les auteurs précisent que leur analyse permet de cerner le processus de révision des Comptes Nationaux français et qu’ils n’avaient pas abordé dans leur analyse le problème du changement de trajectoire des données. L’analyse statistique et descriptive assez complète sur l’ampleur des révisions ainsi que leur évolution décroissante, une étude sur laquelle pourra s’appuyer l’analyste ou tout utilisateur des Comptes Nationaux, avec une prise en considéra-tion du phénomène de révisions dans leurs estimaconsidéra-tions.

Emmanuel Gros et Corinne Prost (2002), de la Division des Comptes trimestriels à l’INSEE, estiment que les révisions des Comptes Nationaux Trimestriels français ne sont pas cycliques. Il est difficile de les anticiper car des changements de définitions, de méthodologies de calculs ainsi que des changements de base, notamment celui survenu en 1993, fait que les sé-ries précédentes des révisions ont été complètement affectées par des irrégularités, empêchant l’exploitation d’un historique conséquent : il n’y a pas assez de recul pour analyser une pos-sible cyclicité des révisions. Néanmoins, sur le court terme, il pourrait y avoir une information conjoncturelle insuffisamment intégrée qui expliquerait la cyclicité des révisions.

En ce qui concerne les méthodes d’élaboration des Comptes Trimestriels, les auteurs ex-pliquent que les estimations sont basées sur des indicateurs qui ont l’avantage d’être rapidement disponibles mais qui sont différents des Comptes Annuels pour des raisons de définition et de champ couvert. Ces indicateurs reposent sur des échantillons d’entreprises qui ne couvrent pas la globalité de l’économie, concernant des entreprises créées récemment par exemple. À un

niveau désagrégé, chaque poste des comptes, possède un indicateur conjoncturel estimant que son évolution lui est proche, permettant de l’estimer. Le but final étant d’adapter les indica-teurs en question aux Comptes Annuels, en estimant la relation statistique qui relie sur le passé l’indicateur annualisé au compte correspondant. Le but final est d’arriver à corriger l’erreur statistique entre ces deux informations, pour aboutir à l’élaboration de données cohérentes.

La révision des indicateurs et la correction des variations saisonnières sont des raisons qui amènent à réviser les comptes trimestriels. Il peut arriver où une source d’informations concer-nant un indicateur à disparaître et la méthodologie d’estimation sera complètement changée. Ce qui pourrait amener à revoir toute la série concernée. Les plus fortes révisions découlent du calage des estimations - utilisant les indicateurs - du quatrième trimestre sur les Comptes Annuels définitifs et semi-définitifs. On estime donc chaque trimestre et arrivant en fin d’an-née, les estimations des Comptes Annuels rapportent de l’information supplémentaire qui par calage, permet d’affiner les estimations des Comptes Trimestriels basées sur des indicateurs conjoncturels.

Notons qu’en plus des révisions dues à des comparaisons entre deux informations permet-tant l’intégration d’information nouvelle, les auteurs citent les révisions des indicateurs sur lesquels sont basées les estimations des comptes. La révision d’un indicateur peut entrainer la révision du compte sur lequel est basée son estimation.

Les auteurs remarquent qu’il serait possible d’améliorer les estimations des Comptes Tri-mestrielsen utilisant des modèles basés sur des historiques plus importants. Notons le fait que les auteurs rapportent leurs résultats en considérant une forte variation irrégulière durant les années 2000-2001. Peu d’études sur les indicateurs clé de l’économie française ont concerné le phénomène des révisions d’une manière approfondie. L’intérêt porte sur le fait d’utiliser des historiques beaucoup plus longs, en utilisant des modèles économétriques ou de séries tempo-relles, pour tenter de retrouver les différentes causes de révisions et de les dissocier, de sorte à retrouver la partie cyclique ou systématique pouvant être anticipée.

La Banque de France (2006)13, s’intéresse de près au phénomène des révisions qui af-fectent les variables monétaires. Des erreurs de déclarations peuvent survenir lors de la col-lecte des données provenant de différentes sources. Elles peuvent survenir également lors de la confrontation des statistiques mensuelles non exhaustives aux données comptables trimes-trielles, fournies par les établissements de crédit.

La majorité des établissements de crédit est tenue selon certains délais, de transmettre leurs données comptables, mensuelles ou trimestrielles. Ces délais font que les données soient in-complètes. Lors de la transmission mensuelle, le mois en cours peut amener à réviser le mois précédent. Lors de la transmission trimestrielle, les informations provenant des établissements de crédits non tenus par des délais sont intégrées, entrainant la révision des séries mensuelles. Des révisions annuelles peuvent survenir exceptionnellement, découlant d’informations tirées d’autres sources statistiques disponibles à ce moment-là (informations tirées par l’établisse-ment du tableau des opérations financières par exemple).

L’analyse statistique des révisions a été effectuée sur un échantillon allant de janvier 2002 à décembre 2004. Cet échantillon étant le seul disponible en format numérisé. L’historique des révisions pouvant être remonté à septembre 1999 depuis sa publication mais existe sous format papier. Les statisticiens analystes de la Banque de France n’ont utilisé pour cette analyse que la période numérisée. Sur le très court terme, ils révèlent des informations claires sur la manière dont la collecte des données par contrainte de délais de transmission, entraine un processus de révision. Les statistiques descriptives révèlent l’amplitude et la distribution des révisions. Sur un historique plus long, il aurait été possible de suivre l’évolution tendancielle des révisions au cours du temps et tenter de les modéliser.

La comparaison des moyennes des révisions et des moyennes des révisions en valeur abso-lue, en niveau et en termes relatifs (taux de variation) montre que l’agrégat monétaire M3 est souvent révisé à la baisse plus qu’à la hausse : les estimations préliminaires surestiment M3. En valeur absolue, l’amplitude des révisions à la baisse est supérieure à celle des révisions à la hausse.