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3.3 E TUDE DU MECANISME DE FORMATION DU BIRADICAL PAR SPECTROSCOPIE D ‟ ABSORPTION

3.3.2 Cas du composé TMDPI

Le composé TMDPI a été étudié dans l‟ACN par absorption transitoire femtoseconde UV – visible après une excitation à 392 nm. Les données ont été enregistrées sur une fenêtre spectrale allant de 380 et 980 nm pour des délais pompe – sonde compris entre -1 et 145 ps avec une réponse instrumentale de 40 fs (voir Annexe 1). La matrice des données spectrocinétiques corrigées de la dispersion de la GVD, notée D392TMDPI, est représentée Figure 3-23. Comme pour DPI, quatre étapes peuvent être identifiées avec des évolutions spectrales et temporelles analogues :

(1) Dans un premier temps, on observe la formation instantanée dans l‟impulsion d‟une bande d‟absorption étroite à ζ00 nm et d‟une bande d‟absorption large centrée à 700 nm (Figure 3-23A).

(2) Pour des délais pompe – sonde compris entre 0,1 et 0,35 ps, les bandes centrées à ζ00 nm et à 700 nm continuent d‟augmenter en s‟affinant avec une diminution de l‟absorption positive à η00 nm et au-dessus de 750 nm qui se visualise par trois points isobestique à 420 nm, 610 nm et 760 nm (voir Figure 3-23B).

(3) Jusqu‟à 1η ps, les deux bandes continuent d‟augmenter avec pour la première un déplacement hypsochrome d‟environ η nm du maximum d‟absorption et pour la seconde l‟apparition d‟une bande structurée avec deux nouveaux maxima localisés respectivement à 636 et 820 nm (Figure 3-23C).

(4) Finalement, les spectres transitoires obtenus pour des retards supérieurs à 20 ps montrent une diminution de l‟intensité du signal avec un déplacement hypsochrome de la bande à ζ00 nm. La bande à θ3θ et 820 nm continue d‟augmenter sans changement de maximum, et une diminution du signal au-dessus de 898 nm (point isobestique) est observée (Figure 3-23D). Le spectre au-dessus de 145 ps reste constant et est identique à celui mesuré par spectroscopie d‟absorption transitoire nanoseconde.

Figure 3-23 : Evolution des spectres transitoires de TMDPI obtenus après une excitation à 392 nm dans l’ACN pour différents délais pompe – sonde compris entre

(A) -1 et 0,07 ps, (B) 0,1 et 0,35 ps, (C) 0,4 à 15 ps et (D) 20 et 145 ps.

Les observations spectrocinétiques suggèrent pour D392TMDPI un mécanisme de photodissociation similaire à celui trouvé pour DPI. Afin de confirmer l‟existence d‟une relaxation vibrationnelle en fin de processus, le composé TMPDI a été étudié par spectroscopie d‟absorption transitoire infrarouge femtoseconde. Les données ont été mesurées dans l‟acétonitrile deutéré après une excitation à 392 nm avec une résolution instrumentale de 200 fs. La bonne solubilité de TMPDI dans l‟acétonitrile ainsi que la possibilité de concentrer l‟échantillon (contrairement à DPIΨ a permis d‟analyser la dynamique de photodissociation sur une large gamme spectrale entre 1300 et 1600 cm-1. La matrice de données spectrocinétiques est notée IR

D392TMDPI.

Les spectres transitoires obtenus sont représentés Figure 3-24 ainsi que les spectres des formes dimère et biradicalaire stable mesurés par spectroscopie infrarouge stationnaire.

Figure 3-24 : Comparaison des spectres infrarouge stationnaires du dimère et du biradical stable de TMDPI par rapport aux spectres infrarouge transitoires. L‟excitation à 392 nm conduit à l‟apparition quasi-instantanée de bandes d‟absorption positives et négatives qui peuvent être respectivement attribuées à l‟absorption d‟espèces biradicalaires et à la dépopulation du dimère par comparaison des spectres stationnaires d‟absorbance (dimère et biradicalΨ. Ces mesures permettent de déterminer que le rendement quantique de formation du biradical est proche de 100%. En effet, les bandes de dépopulation restent constantes entre 0,1 et 200 ps et on n‟observe aucune repopulation de l‟état fondamental du dimère. Comme pour DPI, on retrouve les bandes positives intenses entre 1300 – 1450 cm-1 caractérisées par un rétrécissement de bande et par un décalage du maximum d‟absorption vers les hautes fréquences.

La Figure 3-25 représente l‟évolution temporelle de la bande à 1337 cm-1 entre 0,1 et 150 ps. Cette cinétique peut être ajustée par une somme de trois fonctions exponentielles caractérisées par deux temps de montée de respectivement 0,22 et 3,5 ps ainsi que par un temps de décroissance de 40 ps. Comme pour DPI, l‟analyse par intégration (1310 – 1370 cm-1) montre seulement deux temps caractéristiques de 0,19 et η ps. L‟absence de la composante longue permet ainsi de justifier que le dernier temps est associé à la relaxation vibrationnelle du biradical après rotation afin de former le biradical stable.

Figure 3-25 : Ajustement numérique de la cinétique à 1337 cm-1 et de la BI (voir texte) sur la gamme 0,1 – 150 ps par une somme d’exponentielles, les paramètres

d’ajustements déterminés sont résumés dans le tableau. 3.3.2.2 Etude de la photodynamique de photodissociation

Afin de pouvoir identifier les espèces transitoires mises en jeu durant la photodissociation de TMDPI, une étude par analyse multivariée MCR-ALS a été effectuée (Figure 3-26). Les résultats obtenus pour une décomposition à 4 espèces en accord avec l‟analyse de rang sont présentés. Pour cette résolution, un LOF de 2,35 % avec des résidus homogènes et de faibles amplitudes ont pu être obtenus.

Figure 3-26 : Profils de concentration et spectres obtenus par MCR-ALS pour D392TMDPI

- les résidus sont représentés en traits pleins grisés.

La description des données spectrocinétiques pour D392TMDPI pour cette résolution peut être considérée satisfaisante. En particulier, les principales évolutions spectrales observées expérimentalement reproduisent les quatre étapes successives que nous avions identifiées. Sur la base de ces résultats, l‟attribution des spectres à des espèces chimiques peut être

1337 cm-1 BI A1 - 0,25 ± 0,03 - 11,2 ± 0,7 1 0,22 ± 0,02 ps 0,19 ± 0,02 ps A2 - 0,63 ± 0,06 - 9,2 ± 0,4 2 3,5 ± 0,2 ps 5,0 ± 0,5 ps A3 0,60 ± 0,07 -3 40,2 ± 2,7 ps -χ² 9,4 10-3 24,9 1x10-3 0 sid u s 1.0 0.5 0.0 Temps (ps) 60x10-3 40 20 u . a

C S

T

envisagée par comparaison avec DPI. On retrouve ainsi : i) le biradical formé juste après la coupure de la liaison C─N (espèce noireΨ, ii) le biradical ouvert-perpendiculaire avec une distance entre les 2 imidazoles plus importantes (espèce bleue), iii) le biradical ouvert après la rotation des groupements imidazoles (espèce verte) et enfin, iv) le biradical stable (espèce rougeΨ. Une analyse fine des spectres permet toutefois d‟observer certaines différences entre les spectres transitoires de DPI et TMPDI. Comme mentionné précédemment, le biradical stable est caractérisé par trois maxima pour DPI alors que seulement deux sont observables pour TMPDI. Ceci s‟explique par la délocalisation de la densité électronique vers les groupements ortho-méthoxy ce qui affaiblit les deux dernières transitions et un seul maximum est observé. On notera également le fort changement spectral au-dessus de 450 nm lors de l‟étape de rotation (passage biradical ouvert-perpendiculaire, en bleu, vers le biradical ouvert, en vert) par opposition à DPI. Finalement, la diminution de la contribution au-dessus de 900 nm, propre à la relaxation vibrationnelle, semble être moins prononcée pour TMDPI.

De la même façon que pour DPI, nous avons essayé de corréler ces observations à des calculs de chimie théorique et des spectres TD-DFT afin de pouvoir attribuer les spectres extraits à des processus photochimiques. Les calculs ont été réalisés dans les mêmes conditions que ceux détaillés au paragraphe 3.3.1.5. Les résultats obtenus sont représentés Figure 3-27 et Figure 3-28, les paramètres structuraux relatifs aux géométries optimisées sont quant à eux disponibles Annexe 4. Les spectres calculés par TD-DFT sont globalement en bon accord avec les données expérimentales et reproduisent les évolutions observées. Les calculs montrent que le changement spectral important entre 500 et 900 nm durant le processus de rotation est attribuable à des transitions de natures différentes. Ainsi, la transition à 583 nm pour le biradical ouvert-perpendiculaire correspond à un transfert de densité électronique d‟un groupement orhto-méthoxy-phényle vers Im2. Pour le biradical ouvert, une transition à 612 nm est observée et correspond à un transfert de densité électronique entre le pont paracyclophane et le groupement imidazole Im2, cette même transition étant absente après rotation du biradical. Finalement, les calculs reproduisent fidèlement la faible variation d‟intensité pour les bandes situées au-dessus de 800 nm.

Figure 3-27 : Structures optimisées des différentes formes du composé TMDPI et spectres UV – visible théoriques obtenus par modélisation DFT et TD-DFT.

Figure 3-28 : Diagramme d’orbitales moléculaires contribuant aux transitions électroniques verticales calculées par TD-DFT pour les formes (A) biradical

ouvert-perpendiculaire et (B) ouvert de TMDPI.

Dimère Biradical ouvert -perpendiculaire Biradical ouvert Biradical stable

(A) (B)

Avant de proposer une description cinétique prenant en compte la présence de signaux de relaxation vibrationnelle, un modèle HS-MCR à contrainte partielle a été construit pour D392TMDPI. Les données ont été analysée pour des délais pompe sonde supérieurs à 0,15 ps. Les résultats sont présentés Figure 3-29 (LOF de 1,25 %).

Figure 3-29 : Profils de concentration et spectres obtenus par un modèle HS-MCR à contrainte partielle pour D392TMDPI - les résidus sont représentés en traits pleins grisés.

Après modélisation, deux constantes cinétiques de 15,95 ps-1 (62 fs) et 0,46 ps-1 (2,18 psΨ ont pu être déterminées. La composante courte peut être assignée à l‟appariation instantanée du biradical juste après coupure ainsi qu‟à l‟augmentation de la distance entre les imidazoles Im1 et Im2. De même, la seconde constante peut être attribuée au processus de rotation qui semble légèrement plus long que pour DPI. Ce résultat s‟explique du fait que l‟ajout des groupements ortho-méthoxy augmente le volume à déplacer pour l‟ensemble des groupements imidazoles-ortho-méthoxy-phényles. Dans le même temps, les spectres transitoires des espèces radicalaires après coupure et après rotation sont semblables à ceux déterminés précédemment (Figure 3-26). En raison de la complexité des données, les résultats obtenus pour la contribution non contrainte sont difficilement interprétables. L‟alternance d‟un signal positif – négatif au-delà de 800 nm correspond au déplacement hypsochrome observé expérimentalement. L‟ajustement du profil de concentration associé permet d‟obtenir un ordre de grandeur pour la relaxation vibrationnelle de l‟ordre de 20,θ ps.

3.3.3 Conclusion sur l‟étude du mécanisme de photodissociation pour les