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Compatibilite des déformations

Dans le document Mécanique des milieux continus (Page 45-50)

Étude des déformations

3.3 Compatibilite des déformations

Connaissant le champ des déplacements ui(x), on en déduit par (3.29), le champ des déformations εij(x). Réciproquement, si on connaît le champ des déformations εij(x), peut-on calculer le champ des déplacements ui(x) ? Et si oui, comment ?

Le premier problème est celui de la compatibilité des déformations, le second celui de l’intégration d’un champ de déplacements. Ce problème est extrêmement important en mécanique des solides, car nous verrons que la solution s’obtient souvent sous forme d’un champ de déformation ; il faut alors remonter aux déplacements. Remarquons que, en vertu de l’analogie discutée au paragraphe3.2.3, on pourra transposer tous nos résultats en termes de vitesse et de taux de déformation, le problème étant alors de calculer le champ des vitesses à partir de la valeur en tout point du tenseur taux de déformation.

3.3.1 Calcul de la rotation

Pour calculer le déplacement ui, il faut intégrer les formes différentielles

dui = ui,jdxj = (εij + ωij) dxj (3.50)

Or, on connaît εij(x) mais on ne connaît pas ωij. La première étape consiste donc à calculer la rotation ωij.

Lemme 3.1

Les dérivées de la rotation sont liées à celles de la déformation par la relation

ωij,l= εil,j− εjl,i (3.51)

Démonstration. On part de la définition ωij = 1

2(ui,j− uj,i) = 1

2(ui,jl− uj,il) = 1

2(ui,jl+ ul,ij− ul,ij− uj,il) = 1

2(ui,l+ ul,i),j12(ul,j+ uj,l),i = εil,j− εjl,i

en utilisant le fait que les dérivées partielles commutent : ui,jl= ui,lj, etc. On peut alors calculer la rotation ωij par intégration du système

ij = (εil,j− εjl,i) dxl (3.52)

Lemme 3.2

Une condition nécessaire et suffisante pour que le système

df = aldxl (3.53)

soit intégrable, c’est-à-dire pour que l’on puisse calculer f à partir des al= f,l est que

3.3. Compatibilite des déformations 39

Démonstration. La condition nécessaire est évidente (elle exprime simplement que f,lm= f,ml). On démontre en mathématiques que cette condition est également suffisante.

En appliquant ce lemme au système différentiel (3.52), on obtient la condition suivante il,j− εjl,i),k = (εik,j− εjk,i),l εil,jk+ εjk,il− εjl,ik− εik,jl= 0 (3.55) Cette condition est une condition nécessaire et suffisante pour que l’on puisse calculer ωij

à partir de εij. C’est donc une condition nécessaire pour que le champ de déformation εij soit intégrable, c’est-à-dire pour que l’on puisse calculer le déplacement ui.

On tire également du Lemme3.1 le résultat suivant

Théorème 3.2

Si le champ de déformation est identiquement nul, alors le déplacement est un déplace-ment de solide rigide

u = #»c + #»ω ∧ #»x (3.56)

Il est en effet clair que si le déplacement est un déplacement de solide rigide, infi-nitésimal, bien entendu, alors le tenseur des déformations associé est nul, puisque ui,j est antisymétrique. Le théorème3.2 constitue une réciproque. Compte-tenu de l’analogie présentée au paragraphe3.2.3, ce théorème est identique au Lemme1.4paragraphe1.2.1. Démonstration. Puisque εij est nul, le Lemme 3.1 montre que ωij,l est nul, et donc que ωij est constant

ui,j =6 εij+ ωij = ω0

ij

Le système (3.50) s’intègre alors directement pour donner ui= ω0

ijxj+ c0

j

que l’on peut écrire sous la forme (3.56) en introduisant le vecteur #»ω adjoint du tenseur antisymétrique ω0

ij (le calcul est le même que celui qui a conduit à (3.35).

3.3.2 Calcul du déplacement

Sous réserve que la condition (3.55) soit vérifiée, l’intégration du système (3.52) donne ωij à une constante près ω0

ij. Le déplacement ui s’obtiendra alors en intégrant le système (3.50)

dui = ui,jdxj = (εij + ωij) dxj

Pour que cela soit possible, il faut et il suffit, d’après le Lemme3.2, que εij,l+ ωij,l= εil,j+ ωil,j

Cependant, les dérivées ωij,l ont été calculées par (3.51), et cette condition devient εij,l+ εil,j− εjl,i= εil,j+ εij,l− εjl,i

condition qui se trouve identiquement vérifiée, et le système (3.50) peut toujours s’intégrer à un déplacement de la forme

ω0ijxj+ c0

i

près, c’est-à-dire à un déplacement de solide rigide près. Nous avons donc démontré le résultat suivant

Théorème 3.3

Pour que le champ de déformation εij(x) soit intégrable, il faut et il suffit que les équa-tions de compatibilité (3.55)

εil,jk+ εjk,il− εjl,ik− εik,jl= 0

soient vérifiées. On peut alors calculer le déplacernent à un déplacement de solide près.

Pratiquement, pour intégrer un champ de déformation εij, c’est-à-dire pour calculer ui par résolution du système d’équations aux dérivées partielles

∂ui

∂xj +∂uj

∂xi = εij(x) (3.57)

il faut vérifier les équations de compatibilité (3.55) ; si elles ne sont pas vérifiées, le problème n’admet pas de solution. Si elles le sont, alors on peut calculer le déplacement ui; pour cela, on peut utiliser deux méthodes :

1. méthode systématique : on intègre (3.52), puis (3.50) ;

2. méthode directe : on calcule par résolution directe de (3.57) une solution particu-lière, et on remarque que la solution générale de (3.57) est la somme d’une solution particulière et de la solution générale de l’équation sans second membre, εij = 0, qui, d’après le Théorème3.2, est un déplacement de solide rigide. Nous verrons dans la suite des exemples de cette démarche.

Les équations de compatibilité (3.55) font intervenir quatre indices i, j, k et l, variant de 1 à 3, soit a priori 81 équations. Néanmoins, on constate que la quantité (3.55) est antisymétrique en i et j, antisymétrique en k et l, et symétrique par rapport aux couples (i, j) et (k, l). Il reste donc finalement six équations indépendantes obtenues pour ijkl = (1212), (1213), et permutation circulaire. On obtient

ε11,22+ ε22,11− 2ε12,12= 0 et ε11,23+ (ε23,1− ε31,2− ε12,3),1= 0 (3.58)

et les qutre équations qui s’en déduisent par permutation circulaire. On peut également obtenir un système de six équations équivalentes, en faisant k = j

εil,kk+ εkk,il− (εkl,ik+ εik,kl) = 0

∆εij+ εkk,ij− (εjk,ik+ εik,jk) = 0 (3.59) forme symétrique en i, j, qui donne donc 6 équations équivalentes à (3.58).

Terminons par deux cas particuliers importants. 1. Déformation homogène εij = ε0 ij = Cte (3.60) En intégrant (3.52), il vient ωij = ω0 ij = Cte et (3.50) donne #» u = ε0x + #»ω ∧ #»x + #»c (3.61) 2. Déformation linéaire εij = Aijkxk (3.62)

3.3. Compatibilite des déformations 41

forme qui fait intervenir 18 coefficients Aijk = Ajik. Les équations de compatibilité (3.58), ne faisant intervenir que des derivées secondes de εij sont automatiquement vérifiées. Par intégration de (3.52) et (3.50), on trouve

ij = (Aikj− Ajki) dxk ωij = (Aikj− Ajki) xk+ ω0

ij

(3.63) et :

dui= (Aijk+ Aikj − Ajki) xkdxj+ ω0

ijdxj ui= 1

2(Aijk+ Aikj− Ajki) xjxk+ ωij0xj+ c0

i

Chapitre 4

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