• Aucun résultat trouvé

6.2 Discussion et perspectives d’évolution

6.2.2 Communiquer, sensibiliser et former les parties prenantes à la restauration écologique

Mieux communiquer pour faire valoir les bénéfices qu’une entreprise peut tirer d’une démarche de restauration paraît également capital, et ce, pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, trop de responsables de sites considèrent encore la biodiversité comme une contrainte, et non comme une opportunité. Les dossiers réglementaires (voir section 2.3) sont souvent longs et lourds à mettre en place et finissent par soulever une véritable crainte auprès des exploitants. Entreprendre une communication efficace articulée autour des bénéfices directs que de telles mesures peuvent représenter permettrait donc de démystifier le concept de préservation de la biodiversité. L’intégration territoriale et la valorisation de l’image de l’entreprise sont alors les deux principaux arguments à utiliser. En effet, la totalité des responsables d’ISD questionnés sur le sujet lors d’entretiens réalisés dans le cadre de cet essai, reconnaît, voire revendique, le fait que la mise en œuvre de mesures de génie écologique sur leur site a activement participé à sa bonne intégration paysagère et territoriale. Le besoin se fait d’autant plus ressentir au sein d’ISD pour lesquelles l’image de « monstre industriel » polluant continuellement le sous-sol est encore omniprésente dans l’esprit du public et de nombreux riverains.

Outre la communication auprès des responsables d’ISD, il demeure primordial, une fois des actions de génie écologique ou de restauration écologique mises en place, de valoriser le travail accompli (comme précisé à la sous-section 4.11.2). Plusieurs vecteurs de communication peuvent, pour cela, être utilisés : panneaux d’affichage pédagogiques (à propos de la biodiversité présente sur le site et

86

des mesures mises en place pour la préserver ou la récréer), plaquettes de communication, journées portes ouvertes et visites de groupes scolaires (comportant un volet biodiversité durant lequel les actions de restauration écologique sont valorisées), « chantiers nature » (à mettre en place lors d’éventuels travaux de création ou d’entretien des mesures de restauration écologique), etc.

Dans ce même sens, une ISD fermée et partiellement, voire entièrement restaurée, pourrait constituer un vecteur de communication extrêmement valorisant pour l’entreprise. Dans ce cas encore, réaliser des journées portes ouvertes ou inviter les médias sur de telles installations permettrait de montrer au grand public ce à quoi peut ressembler une ISD une fois les activités d’enfouissement terminées et de mettre en lumière toutes les mesures entreprises afin d’atteindre un état écologique similaire à celui précédant la période d’exploitation.

Enfin, outre les possibilités de communication, il est indispensable de réaliser des séances de formation et d’éducation auprès des parties prenantes aux activités de stockage de déchets, tant au niveau local que régional. Ce type de méthodes reste le procédé le plus efficace pour transmettre des informations et pour impliquer et inciter les parties prenantes à s’investir dans des démarches de restauration écologique. Il serait alors possible d’imaginer l’organisation de séminaires durant lesquels des responsables de projets de restauration écologiques livreraient les clefs et les conseils nécessaires à la réalisation de telles démarches au sein de sites industriels perturbés. Une fois les projets de restauration engagés sur certaines ISD, il serait intéressant d’entreprendre ce même type de réunions en interne, au sein d’une même entreprise, afin de partager les différents retours d’expérience et d’accompagner les responsables d’autres ISD décidés à s’engager sur cette voie.

6.2.3 Intégrer la possibilité d’une démarche de restauration écologique dès la conception d’une ISD

Une notion importante à développer serait d’intégrer les possibilités d’une démarche de restauration écologique dès la conception d’une ISD. En effet, lors des entretiens réalisés auprès de chefs de sites, attachés d’exploitation et ingénieurs environnement dans le cadre de cet essai, un point prédominait souvent : même lorsque la motivation est présente, les investissements nécessaires à l’aménagement d’un site afin d’y entreprendre une démarche de restauration écologique s’avèrent souvent trop importants. Ceci est dû, en grande partie, au besoin de réorganisation du site qu’il est généralement nécessaire d’entreprendre dans ce type de situation. Si la démarche était réfléchie dès les débuts de l’exploitation d’une ISD, de nombreux coûts pourraient être évités (destruction de fossés bétonnés, destruction de routes ou sentiers de ronde, déviation de réseaux de biogaz, etc.). De telles démarches de réflexion, en amont de toute implantation d’ISD pourraient, de plus, servir de vecteurs de communication auprès tant des entités réglementaires (facilitation des démarches de demandes d’autorisation d’exploiter) que des riverains collaborateurs ou de toute autre partie prenante à l’exploitation d’une ISD (acceptation sociale et territoriale du site avant même son implantation).

87

Dans une même optique, il serait possible de considérer davantage la restauration écologique lors des propositions de mesures de compensation aux ISD. En effet, les types de démarches demeurent souvent les mêmes : préservation de zones humides ou de boisés, création d’un réseau de mares sur une parcelle adjacente au site, financement de suivis écologiques de milieux d’intérêt patrimoniaux, etc. Il pourrait être judicieux de diversifier les propositions en considérant à la fois des mesures restauratrices et des mesures conservatrices et de création d’habitats. Cette perspective pourrait, en effet, être considérée pour deux raisons. La première serait que, en parallèle de préserver un milieu naturel déjà existant par l’intermédiaire de mesures de conservation, la restauration permettrait d’engendrer un gain direct en redonnant sa fonctionnalité à un milieu dégradé. Plutôt que de se limiter à la conservation du capital naturel actuel d’un territoire, mettre en place des méthodes de restauration en supplément permettrait de l’augmenter en lui permettant de retrouver des parts qu’il aurait perdues au détriment des activités humaines. Le deuxième argument serait que la restauration écologique d’un site suppose la présence de certaines prédispositions biologiques qui permettraient d’offrir plus de chances de réussite à un projet que lors d’une création pure et simple d’habitats. Selon Barnaud et Coïc (2011) et Minkin et Ladd (2003), la restauration comme mesure de compensation, notamment dans le cas des milieux humides, serait intéressante car :

« a priori, la zone est prédisposée à accueillir ce type de milieu. Il est admis que le taux de réussite est alors plus élevé comparativement à celui de la création ex nihilo par exemple (…). Souvent, des caractéristiques hydrologiques propices à l’installation d’un milieu humide ont perduré, le site étant partiellement connecté ou à proximité d’un réseau hydrographique. Par ces prédispositions environnementales, la restauration est à privilégier par rapport à la création, dans la mesure du possible. »