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Une fois l’étape 6 réalisée, il est temps d’entamer concrètement le projet en réalisant les premières actions décrites dans les sous-sections suivantes.

4.8.1 Recrutement de la main d’œuvre et préparation du budget

La première chose à entreprendre avant d’aller plus loin dans la démarche est évidemment de recruter les personnes aptes à réaliser les opérations et travaux de restauration.

Du fait de la réelle complexité d’une démarche de restauration, il est tout d’abord nécessaire d’embaucher un praticien de la restauration qui devra, bien sûr, posséder une expertise adaptée à la situation, mais également l’autorité nécessaire pour intervenir avec rapidité lorsqu’un élément menace l’intégrité du projet. Dans le cas de « petits » projets comme ceux pouvant être réalisés au sein d’une ISD, il n’est pas nécessaire de recruter une équipe entière de praticiens de la restauration, ainsi qu’un praticien en chef (qui superviserait l’ensemble des travaux et veillerait à l’atteinte des objectifs). Un seul praticien peut en effet, à de petites échelles, endosser l’ensemble des fonctions du directeur et du gestionnaire de projet jusqu’à celle du technicien et ouvrier de terrain. Cependant, même sur de petits projets, le praticien peut avoir recours à une équipe de travail ou de sous-traitants, ainsi qu’à du personnel technique dont le savoir-faire et l’expertise sont indispensables à la bonne réalisation des travaux. Dans le cas du recours à des entités sous-traitantes, il est important que ces dernières soient

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informées de l’intégralité du projet et, en particulier, des buts et des objectifs de la démarche de restauration. (Clewell et autres, 2010)

Parallèlement au recrutement de la main-d’œuvre, il est évidemment capital de préparer le budget nécessaire à la réalisation de l’ensemble des travaux. Ce budget doit comprendre aussi bien les dépenses liées aux salaires ou indemnisations, qu’au matériel tant technique que fondamental (ressources biotiques). Il doit également permettre d’inclure les fonds nécessaires à la production des rapports d’études ainsi qu’à la planification des opérations.

Par ailleurs, il est important de garder en mémoire que la restauration écologique est une démarche à variables multiples et qu’il est donc impossible de parer à toute éventualité. Le projet peut donc être victime d‘aléas engendrant des coûts proportionnels au temps qu’il faudra pour supprimer, réparer ou compenser les dégradations ou les pertes subies. Clewell et autres (2010) présentent quelques exemples d’aléas potentiellement dommageables à la bonne réalisation du projet :

« les événements météorologiques sévères, les ravages faits par les cerfs et les autres herbivores sur un site de plantations récentes, la colonisation par des espèces invasives, le vandalisme et l’usage imprévu des terres situées dans le paysage ».

Il est donc capital, dès ce moment de la démarche, de budgétiser des fonds pouvant être disponibles dans un très court délai afin de parer à ce type d’imprévus.

4.8.2 Choix et description de l'écosystème de référence

Afin de constituer une base de référence quant à la réalisation et l’évaluation d’une démarche de restauration écologique, un ou plusieurs sites nommés « écosystèmes de références » doivent être définis. Ces derniers peuvent être représentés par de véritables milieux actuellement en évolution dans la nature ou par une description écrite de l’écosystème de référence espéré. La difficulté majeure est d’être le plus représentatif et exhaustif possible dans le choix de modèles de prédiction, afin d’inclure l’ensemble des évènements stochastiques qui peuvent survenir lors de l’évolution du site. En effet, ce dernier peut emprunter n’importe quelle direction selon les pressions environnementales auxquelles il est soumis. Une référence sera donc d’autant plus représentative et réaliste qu’elle considérera une multitude de sites de référence. (SER, 2004)

Selon la SER (2004), plusieurs sources d’informations peuvent être utilisées afin d’établir une description de référence lors d’une démarche de restauration écologique :

- Le premier but est de déterminer l’état biologique historique que le site possédait avant la période de perturbation. Il est, durant cette phase, nécessaire de récolter l’ensemble des descriptions

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écologiques (écosystèmes, habitats, zones remarquables, etc.), des listes d’espèces présentes à l’époque (tant faunistiques que floristiques) ainsi que l’ensemble des cartographies disponibles sur le site avant les débuts de l’exploitation. Des photographies aériennes peuvent également constituer une bonne source de données actuelles et passées permettant d’acquérir une vue d’ensemble du site au fil des ans. Enfin, des informations peuvent être récoltées auprès d’éventuels vestiges restants sur le site, voire à partir de données paléo-écologiques (pollens de fossiles, charbons, historique des cernes d’arbres, fumiers de rongeurs, etc.), comme cela peut se rencontrer lors de restauration de zones humides anciennes, par exemple.

- Les descriptions écologiques, ainsi que les listes d’espèces d’écosystèmes similaires encore intacts, sont également à regrouper afin d’avoir une idée des composantes d’écosystèmes analogues n’ayant pas subi de perturbations.

- Il est également nécessaire de connaître les différentes évolutions que le site a pu avoir. La récolte de l’ensemble des études, rapports et comptes rendus historiques doit donc être entreprise. Des périodes d’entretien avec des interlocuteurs ayant suivi l’évolution du site et connaissant son histoire sont également indispensables.

Une référence aura d’autant plus de valeur et sera d’autant plus représentative que le nombre et la qualité des données récoltées sera important. Plusieurs types de référence ont été identifiés, notamment par les chercheurs White et Walker lors de leur étude en 1997 (voir tableau 4.2 ci-après).

Tableau 4.2 Les différents type de référence (inspiré de : White et Walker, 1997 et de Clewell et Aronson, 2010 p. 123)

Type de référence Description Précisions

MÊME ENDROIT, MÊME MOMENT

L’écosystème à restaurer contient suffisamment d’éléments de son stade antérieur intact pour

servir de référence. Il est appelé

« autoréférence ».

Dans ces deux cas, la référence sert

quasiment de modèle pour le

rétablissement de l’écosystème, tout particulièrement si l’écosystème dégradé ne nécessite que peu d’interventions pour retourner à son stade initial intact.

ENDROIT DIFFÉRENT, MÊME MOMENT

Le site de référence principal est appelé refuge, indiquant qu’une partie de l’écosystème demeure intacte et peut servir de référence pour d’autres parties ayant besoin d’être restaurées.

MÊME ENDROIT, MOMENT DIFFÉRENT

L’information sur la référence qui caractérise l’écosystème avant son déclin existe. Par exemple, il peut y avoir des photos, des rapports ou des documents historiques décrivant l’histoire naturelle locale.

Dans ces deux cas, la référence n’est pas un modèle, mais plutôt une cible à atteindre.

ENDROIT DIFFÉRENT, MOMENT DIFFÉRENT

Aucune information n’est disponible concernant les stades antérieurs de l’écosystème du site à restaurer, mais il en existe pour un ou plusieurs écosystèmes régionaux du même genre, qui occupent une position similaire au sein du paysage et possèdent les mêmes conditions physiques.

ABSENCE TOTALE DE RÉFÉRENCE

Aucune information n’est disponible concernant les stades antérieurs de l’écosystème du site à restaurer et aucune situation écologique similaire ne semble exister au sein des écosystèmes régionaux.

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D’autre part, des projets fictifs, ou « projets pilotes », peuvent être réalisés en amont de la démarche afin de tester la faisabilité d’un projet de restauration. Ces derniers peuvent notamment permettre de révéler les points faibles que le projet présente dans sa conception ou sa réalisation avant une application à plus grande échelle. Ce type de méthode peut, par exemple, être très utile pour restaurer un type d’écosystème particulier pour lequel aucune démarche n’a jamais été entreprise. (Clewell et autres, 2010)

4.8.3 Collaboration avec le public afin de faire connaître le projet

Il peut ensuite être décisif d’intégrer le public à la démarche globale de restauration. En effet, plus que de simples observateurs, les riverains alentours constituent de véritables acteurs. Dans le cas de certaines implantations difficiles d’ISD ralenties par des contextes socio-économiques tendus (riverains contestataires, associations et municipalités réfractaires, etc.), une telle démarche peut constituer un véritable atout stratégique qui permettra d’améliorer considérablement l’image du site à long terme. Il est donc important de communiquer en externe sur le projet, voire même de faire participer le public à sa réalisation. Des groupes scolaires peuvent, par exemple, être sollicités pour entreprendre la plantation d’arbustes ou le semis de graines, des « chantiers nature » peuvent être organisés si une étape de débroussaillement est envisagée, etc. Dans le cas où les contraintes réglementaires ne permettent pas ce type d’actions, des journées portes ouvertes peuvent aussi être entreprises dans le cadre d’une démarche globale de sensibilisation à la sauvegarde de la biodiversité. Par l’intermédiaire de ce type de démarche, les visiteurs réalisent souvent qu’une exploitation peut aussi très bien s’inscrire dans une démarche environnementale responsable.

4.8.4 Construction des infrastructures nécessaires à la réalisation du projet

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, des infrastructures particulières peuvent être aménagées afin de répondre à certaines contraintes ou faciliter les accès et ainsi diminuer significativement la durée des travaux. Par exemple, l’amélioration des infrastructures peut « réduire les temps d’arrêt, augmenter la sécurité, faciliter les visites par le public, réduire le trafic dans les habitats sensibles, empêcher l’érosion créée par le ruissellement sur les terrains exposés », mais également faciliter le stockage ou l’accès, notamment aux services de pompiers (des pistes de défense contre l’incendie devant parfois être maintenues ou construites selon les besoins) (Clewell et autres, 2010). Il est ensuite important, dans la mesure du possible, de veiller à supprimer l’intégralité de ces infrastructures une fois les travaux terminés, voire au fur et à mesure de la réalisation du projet.