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CHAPITRE 4 : CONSTRUIRE L'OBJET DE RECHERCHE

1. ARTEFACTS, M É THODES, SITUATIONS ET R É SEAUX TECHNIQUES DE L'OBJET CONCRET É cologie des outils

1.5. Communauté & identité sociale

L'activité orienté-accompagnement vers l'autonomie du jeune bénéficiaire, est structurée par des valeurs et des conceptions de l'identité-métier. Elles sont travaillées au quotidien sous l'influence de méthodes de travail, d'outils, de règles, de situations, de logiques et d'une trajectoire historique de contradictions.

Elles sont liées :

• aux postures d'action envers et avec des autrui multiples : intermédiaire,

coordinateur, facilitateur, d'explication (don maîtrisé, encadré, situé), de négociation (de la relation contractuelle), oblative et phatique (attitude

compréhensive et complice), militante (défense forte de la spécificité du travail en mission locale. Ils avancent leur vocation et leur souci de l’autre comme éléments centraux de leur travail. Ils sont très attachés à la position de référent du jeune et développent des stratégies de bricolage en vue de les adapter aux jeunes. Ils essaient de rompre avec les systèmes éducatif et d’orientation pour développer leur propre approche dans la relation singulière avec le jeune), technicienne (renvoie à des professionnels qui définissent leur professionnalité à partir de leur expertise technique, leur maîtrise des dispositifs, leur capacité à mettre en relation un jeune et un système de réponses et de mesures variées concernant tant la santé, que le logement ou l’emploi), prescripteur et de placeurs (dans des dispositifs à partir des demandes et des projets des jeunes).

• à la nature territoriale (urbanités, péri-urbanités, "quartiers prioritaires", ruralités). • à la qualité institutionnelle du lieux d'activité (permanence, antenne, siège, garantie

• aux logiques d'action (accompagner des individus dans une visée de performance et selon une logique de coaching, accompagner autrui dans ses aléas transitionnels de parcours (orienter, guider, conseiller), accompagner un individu aux multiples revers existentiels (soutenir, aider, réparer, protéger), etc.).

• aux modalités relationnelles (informations collective, atelier, forum, entretien individuel, réunion d'équipe, informalités de couloirs, etc.).

2. CONCLUSION DE CHAPITRE

L'activité de conseil en insertion sociale et professionnelle se propose comme un système cohérent (cf figure n°42, ci-après), du point de vue de son orientation vers une visée générale productive (elle s'apprécie alors comme un investissement pour le jeune bénéficiaire et s'évaluant comme résultat) ou constructive (elle se réalise dans une forme de co-construction d’un projet d'autonomisation de son porteur devenant acteur de celui-ci et s'apprécie comme enrichissement).

Mais également, il se présente également comme cohérent au regard de ses sujets agissants et interagissant (respectivement et conjointement) par l'intermédiaire d'artefacts médiateurs (situés sur les objets physiques et symboliques pré-existants ou créés au cours du processus d'accompagnement et distribués lors de processus d'élaboration collective sur et entre l'ensemble des acteurs et des agents du processus d'accompagnement : artefacts techniques, symboliques, administratifs, etc.), organisés collectivement au sein d'une division horizontale (distribution de rôles entre individus et équipes, binômes, références partenaires, mesures, thématique et zones géographiques, affectations d'actions et de postes) et verticale du travail (distribution de responsabilités respectives et conjointes des rôles des individus et des équipes : informer, orienter dans le bâtiment, diagnostiquer, renseigner et instruire des dossiers, développer des actions multi-partenariales, veiller à la confidentialité et la bienveillance, etc.), des règles communes (de contrôle/autonomes,

écrites/non-écrites, globale/locales, stables/instables, dépendantes/indépendantes) et de leur identité sociale et communauté (valeurs, postures, logiques d'action, nature institutionnelle du lieu d'activité, modalités relationnelles, nature territoriale, etc.).

L’émergence du dispositif européen d’action publique « Garantie Jeunes », expérimenté dès 2015 et généralisé en 2017, a conduit les systèmes d’activité de la Mission Locale, et notamment celui des conseillers, à se dé-re-composer, en suivant les prescriptions définies au sein du cahier des charges et des objectifs, afin de proposer une forme nouvellement cohérente du point de vue de :

• la visée d’activité : construire l’autonomie ;

• des méthodes de travail : processus d’instruction d’un dossier d’entrée, de sélection en commission ; travail en binômes ou trinômes avec un.e chef.fe de projet Garantie Jeune ; articulation d’un accompagnement collectif avec chargé stabilisée et planifiée à l’échelle d’une cohorte (2 mois) et des interventions extérieurs et un accompagnement individualisé avec charge variable ; réaffirmation de l’importance de l’analyse des pratiques d’une cohorte à l’autre et pour l’ensemble des cohortes une fois par an, etc. ;

• des outils : locaux dédiés d’animation collective et d’entretien ; sessions collectives et individualisées ; système de contrôle de la participation à travers une traçabilité des présences conditionnant l’allocation de l’aide financière mensuelle Garantie Jeunes ; • des références d’activité : positionnement des conseillers Garantie Jeunes en tant que

« médiateurs actifs », les jeunes en tant qu’ « acteurs » de leur parcours d’insertion et les tiers (associatifs, industriels et autres intervenants) en tant que « co- constructeurs » de ce parcours. En plus de l’accompagnement individualisé, traditionnel des Missions Locales, l’institutionnalisation de l’accompagnement collectif, propose ainsi une nouvelle figure au conseiller Garantie Jeunes, celle de formateur.

• règles : pilotage à travers des indicateurs de performance, suivant les prescriptions annuelles et pluriannuelles d’objectifs (qualitatifs, quantitatifs et de saisie),

encapsulés informatiquement dans l’outil métier i-milo.

Les activités de conseil en insertion sociale et professionnelle sont ainsi marquées par l'historicité politique locale et globale de leur objet de travail (choix politiques, commande sociale et ajustements systémiques locaux), même si ce dernier ne semble pas avoir changé (construire autonomie du jeune) mais également les attentes et les expériences des sujets agissants, les problèmes et leurs traductions contextuelles (les contradictions) existants en eux et entre eux, et constituant le moteur dynamique de l'activité : une activité transitoire, incertaine et à la trajectoire développementale.

Si la modernité a favorisé l'émergence de l'intervention sociale des Missions Locales, elle a néanmoins produit des conditions organisationnelles où l'exercice professionnel est porteur de multiples tensions et de nœuds de contradictions.

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