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En effet, dans notre commentaire des textes de Jacques Lacan, nous avons extrait depuis le séminaire D’un discours qui ne serait pas du semblant 486 , une méthode

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d’interprétation des significations de l’écriture. A ce sujet, nous soulignions que les significations de l’écriture diffèrent, selon que l’écriture est à situer dans une position tierce par rapport au sens d’un texte, ou bien incluse dans un système qui capturerait son auteur. Plus concrètement, ces deux approches de l’écriture opposent l’écriture du type de

« feuilles de papiers couvertes avec de l’écriture » et l’écriture organisée par un système.

Concernant le travail de JF et de L, nous avons vu que l’écriture biographique s’apparentait à ces « feuilles de papiers couvertes avec de l’écriture ». L’écriture biographique serait ainsi du registre de cette écriture incluse dans un système et capturant son auteur, autrement dit sans investissement de libido tournée vers le monde extérieur. Par contre, l’écriture supportant un réinvestissement de libido, elle, est bien à articuler avec ce qui se situe dans une position tierce par rapport au sens du texte. En effet, sans élément

486 - LACAN, J., Le séminaire livre XVIII : D’un discours qui ne serait pas du semblant, (Paris: Association freudienne internationale, 1996) 195.

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tiers ou extérieur, en aucun cas le travail de JF et de L n’aurait pu autoriser un réinvestissement de libido tourné vers le monde extérieur. Mais l’écriture de JF et de L, même si elles s’appuient sur un élément en position tierce, ne se construisent pas de la même façon. Du côté de JF, nous avons vu que l’écriture est venue supporter l’affect mis en jeu dans le « consensus social » constitué par le dispositif. Du côté de L nous avons vu que ce fut d’abord autour de la représentation que s’est construit son travail avec le dessin puis le second récit. Aussi, autant Jacques Lacan proposait une méthode d’interprétation de l’écriture (selon que l’écriture est à situer dans une position tierce par rapport au sens du texte, ou bien incluse dans un système qui capturerait son auteur), autant notre travail nous permet de préciser que lorsque l’écriture est en position tierce par rapport au sens d’un texte, celle-ci localise ou bien un affect ou bien une représentation, l’un ou l’autre initialement laissés libres, voire rejetés du fait de la problématique psychotique

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. Tel est en tous les cas l’élément sur lequel nous concluons l’apport constitué par le travail clinique mené auprès de ces deux sujets, JF et L.

487 - L’opposition que nous faisons ici : ou bien l’affect, ou bien la représentation, s’appuie sur l’étude de ces deux cas cliniques. Toutefois, il semblerait logique que puisse être envisagé le fait que l’écriture localise affect et représentation. Sans en faire pour autant la démonstration, une telle configuration semblerait être l’enjeu du travail avec des sujets structurés sur le versant d’une psychose de type mélancolie.

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Conclusion

Des travaux de Sigmund Freud à propos de l’écriture, nous avions retenues trois hypothèses. D’une part il semble que dans les psychoses peut exister une pratique d’écriture qui permette d’éviter l’effondrement psychotique, tout en assurant au créateur une existence qui soit socialement viable et dans laquelle peuvent être éprouvées des satisfactions qui autrement demeureraient refusées ("Le créateur littéraire et la fantaisie").

D’autre part, l’écriture serait un moyen de traiter l’inconciliable de la rencontre de l’autre (Totem et tabou). Enfin, l’existence même de l’écriture chez un sujet supposerait que ce qui se traite par l’écriture correspond à des résidus n’ayant pas succombé au refoulement ou faisant retour sous la forme de l’écrit, ou permettant le refoulement à l’origine d’une culture (L’homme Moïse et la religion monothéiste). Par ailleurs, nous notions que le travail de Sigmund Freud, même s’il a posé les bases de l’approche psychanalytique des mécanismes liés aux pratiques de l’écriture, ne se présentait pas comme le plus approprié pour aborder les problèmes posés par la clinique des psychoses. C’est ce qui dans notre recherche nous a poussé à travailler les textes de Jacques Lacan.

Des travaux de Jacques Lacan, nous avons alors extrait trois grandes hypothèses articulant plus précisément pratiques de l’écriture et problème de la psychose. D’abord, l’écriture fut présentée comme une pratique pouvant permettre l’arrêt du délire et le contrôle du déroulement du symptôme (De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité, Le Séminaire livre III : Les psychoses). Mais toujours ceci a tourné autour de la formation des symptômes psychotiques, où l’écriture apparaît comme étant seconde par rapport au symptôme. Par la suite, Jacques Lacan s’est en partie éloigné de cette articulation, pour considérer l’écriture comme un retour du refoulé (L’éthique de la psychanalyse, L’identification, La logique du fantasme et D’un discours qui ne serait pas

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du semblant). C’est à ce niveau que nous avons repéré les jalons d’une méthode d’interprétation des significations de l’écriture, et que nous avons vu que, pour les cas de psychose, dans le texte et/ou la façon dont le sujet s’approprie l’écriture, les effets de la forclusion sont toujours à trouver, selon que l’écriture s’articule comme retour du refoulé, ou selon que l’écriture connote le déroulement du symptôme. Enfin, Jacques Lacan a distingué dans son élaboration l’écrit et l’écriture pour définir l’écrit comme ce qui se lit de l’inconscient, et l’écriture comme une trace où se lit un effet de langage (Encore), base sur laquelle il a reformulé son hypothèse de la suppléance pour expliquer avec le cas de James Joyce comment l’enjeu de l’écriture pour un sujet pouvait consister de façon générale à produire une signification suffisante pour distribuer la jouissance en jeu dans son rapport à l’Autre (Le séminaire livre XXIII : Le sinthome).

Arrivés à la fin de cette étude nous avons souligné qu’il semblait bien que les

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