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Comment est établit une ordonnance d'homéopathie ?

II. La prescription d'homéopathie en France

II.3 Comment est établit une ordonnance d'homéopathie ?

L'homéopathie, par l'expérience clinique a démontré qu'elle possédait une activité remarquable dans de nombreux domaines ; et de plus elle peut être utilisée chez tout type de patients allant du nourrisson à la personne âgée en passant par la femme enceinte ou allaitante, pour qui l'usage des médicaments allopathiques est très restreint. (94)

L'homéopathie ne pourra en revanche, pas être utilisée comme traitement seul ou en remplacement d'un traitement allopathique dans les maladies graves où le pronostic vital est engagé. Mais l'homéopathie peut être utilisée en complément ou pour alléger les effets indésirables de l'allopathie. Nous allons voir cela dans le cadre de l'oncologie comme soins de support.

L'homéopathie se révèle être très efficace dans les maladies dites « fonctionnelles », c'est à dire qu'il y a une souffrance alors que les examens cliniques ou complémentaires se révèlent être normaux. Elle sera utilisée donc pour les lésions réversibles ou syndrome fonctionnel avec une possibilité de réaction de l'organisme.

Les homéopathes doivent avoir une excellente connaissance de la Matière Médicale Homéopathique qui va regrouper les différentes pathogénésies.

II.3.1 Consultation médicale

La consultation médicale aboutit au diagnostic et à la prescription ou à l'abstention thérapeutique, comme dans une consultation allopathique. Il y a un interrogatoire du patient suivi d'un examen clinique.

Le médecin homéopathe emploie en priorité sa thérapeutique, mais s'il juge utile d'utiliser de l'allopathie il peut en prescrire aussi. Lors de la consultation, le médecin homéopathe va reconnaître les signes homéopathiques et les intégrer dans des modes réactionnels.

II.3.1.1 Dialogue

Le dialogue est essentiel afin de connaître le plus rapidement possible le diagnostic. Il sera essentiellement constitué de questions ouvertes pour laisser s'exprimer le patient. (96)

Le médecin doit donc créer un climat de confiance, être attentif et écouter le malade pour que celui-ci se sente à l'aise et puisse se confier sur ses signes fonctionnels.

L'homéopathie est avant tout une médecine qui se base sur l'observation. Avec le dialogue, le médecin homéopathe cherche : (94)

 l'histoire de la maladie avec les circonstances d'apparitions, l'évolution ainsi que la typologie des symptômes.

L'homéopathe va donc rechercher les symptômes homéopathiques qui englobent les symptômes de la maladie, le malade et le médicament. La recherche de ces symptômes homéopathiques se fait selon le modèle du schéma de Hering qui regroupe 5 sections : l'étiologie, la sensation, la localisation, les modalités ainsi que les symptômes concomitants.

Les détails des différentes sections de la croix de Hering sont expliqués dans le Tableau 30. Tableau 30 : Différentes sections croix de Hering (96) (110)

SECTION DE LA CROIX DE

HERING

BUTS QUESTIONS A POSEESAU PATIENT

ÉTIOLOGIE Connaître l'origine des troubles

- À la suite de quoi, depuis quand, ou comment avez- vous attrapé cela ?

LOCALISATION Connaître le site d'action et la localisation de celui-ci.

- Où cela a commencé ? - Montrez moi où vous avez mal

- La douleur se propage t- elle ?

SENSATION Savoir comment le trouble est ressenti

- Décrivez moi ce que vous ressentez

MODALITÉS Affiner le symptôme en recherchant ce qui va l'améliorer ou au contraire l'aggraver.

Ces modalités peuvent soit caractériser un symptôme local : modalité locale, soit caractériser un symptôme général ou psychique : modalité générale.

- Qu'est ce qui améliore ou aggrave ?

les modalités locales.

SYMPTÔMES CONCOMITANTS

Témoigner de l'atteinte de l'organisme dans son ensemble. Cela peut être des signes locaux ou des signes généraux.

- Avez vous remarqué des changements dans votre organisme depuis que vous souffrez de … ?

- Ressentez vous d'autres symptômes ?

A la fin, même si tous les signes homéopathiques ont bien été individualisés, ils n'ont pas tous la même valeur et ils doivent donc être classifier afin d'en faire une hiérarchie. (Tableau 31)

Tableau 31: Importance des signes homéopathique par ordre décroissant (94)

PATHOLOGIES AIGUËS PATHOLOGIES CHRONIQUES

- Circonstances déclenchantes

- Signes psychiques apparus pendant la maladie

- Signes généraux

- Signes locaux et leur modalités

- Signes étiologiques

- Signes psychiques apparus pendant la maladie

- Signes généraux - Modalités - Signes locaux

Exemple : Lésions inflammatoires péri-articulaire

 Localisation : douleurs articulaires à prédominance ligamentaire ou tendineuse.  Sensation : douleurs, courbatures, raideurs et engourdissements.

 Symptômes concomitants : herpès.

 Modalités : aggravation par l'humidité et amélioration par le mouvement. → Ici pourra être conseillé ou prescrit Rhus toxicondendron.

II.3.1.2 Examen clinique

Il permettra de confirmer ou d'infirmer les premières données vues lors du dialogue et de poser avec certitude le diagnostic.

Le médecin va rechercher les signes pathologiques, pathognomoniques et étudier les signes homéopathiques objectifs, dans le but de confirmer le choix du médicament.

Cet examen va comporter entre autre :

 Une inspection et analyse de la peau. Par exemple, un caractère malsain de peau dirigera vers Psorinum ou Sulfur. Un caractère gras et malodorant au niveau de la peau va plutôt orienter vers Thuya occidentalis.

 Une inspection des ongles et cheveux,

 Un examen de la langue, des lèvres, des oreilles et des yeux,  Une auscultation cardiaque,

 Une palpation de l'abdomen.

→ Muni de toutes ces informations, le médecin homéopathe pourra donc décider de l'orientation thérapeutique.

II.3.2 Notion de terrain

Il s'agit de l'état d'un organisme, face à sa résistance aux agents pathogènes ou à sa prédisposition à diverses affections. Autrement dit, ce sont les facultés de défense de l'organisme à des agressions variées.

Chaque personne possède ses propres dispositions (générales, héréditaires, acquises) qui permettent d'assurer la défense de l'organisme. Ces différentes dispositions vont s'exprimer par un mode réactionnel général.

Le terrain va aussi évoluer avec l'âge ou peut régresser si l'homéopathe a réussi à bien le soigner. Ces dispositions sont aussi appelées diathèses. Ces différents terrains sont des cadres pathologiques dans lesquels les patients auront le plus de risque d'évoluer. Le plus souvent, une personne ne rentre pas dans un seul terrain.

Il existe 4 diathèses : (94) (111)

- le Psorique : il s'agit vraiment du terrain allergique par excellence : allergie, maladies de peau et infections respiratoires. Les personnes ont une vie sédentaire et une alimentation sucrée. Il existe un mode réactionnel d'élimination par la peau (émonctoire). Généralement les pathologies surviennent de façon périodique. L'environnement pollué peut être un facteur déclenchant de la psore.

Les deux principaux médicaments de la psore sont : Sulfur et Psorinum

- le Tuberculinique : ce sont souvent des enfants ou des jeunes adultes qui vont présenter une fragilité des voies respiratoires (infections ORL à répétition chez l'enfant) et infections génitales chez l'adolescente. Les individus sont longilignes, grands, maigres, nerveux et hyper-fatigables.

Les deux principaux médicaments sont : Tuberculinum et Phosphorus.

- le Luétique : ce sont souvent des personnes qui vont présenter des imperfections (un peu comme si tout « était de travers ») : au niveau dentaire, des scolioses, des pieds plats, phénomènes artéroscléreux. L'évolution des pathologies est souvent imprévisible et inhabituelle. Ce sont des personnes qui dorment très mal la nuit.

Les deux principaux médicaments sont Luésinum et Mercurius solubilis.

- le Sycotique : ce sont des individus qui vont produire des tumeurs cutanées et qui vont avoir tendance aux écoulements des muqueuses. C'est un sujet qui a tendance à prendre du poids sans pour autant changer son alimentation du à une rétention hydrique, qui à tendance à avoir une transpiration excessive et une atteinte des phanères. Ces personnes ont souvent des rhumatismes qui sont aggravés par l'humidité.

II.3.3 Posologie, choix de dilution et prise

Une fois le médicament choisi, il va falloir trouver la dilution et le nombre de prises.

A l'inverse de l'allopathie, l'homéopathie n'a pas d'action moléculaire mais une action énergétique sûrement liée à un transfert d'informations. Il n'y a pas de « doses », la posologie sera identique quelque que soit l'âge du patient. (94) (96)

Pour le choix de dilution la règle de base est que : plus un médicament correspond aux symptômes du patient et plus celui-ci devra être utilisé en haute dilution. (104)

Les très basses dilutions (TM, D1 ou D3) vont être utilisées pour soutenir une fonction défaillante au niveau de l'organisme. Par exemple, Hypericum perforatum en TM peut être utilisée pour son action anti-dépressive.

Les très basses dilutions sont proches de la phytothérapie et peuvent donc présenter des contre-indications ou interactions médicamenteuses.

Les basses dilutions sont plutôt utilisées pour des affections aiguës ou des symptômes locaux ainsi que lors de drainage. Les prises seront répétées dans la journée, en effet ces dilutions ont une action plus courte et superficielle. Dans les pathologies aiguës, dès qu'il y a une amélioration il faut espacer les prises. Ce qu'il faut retenir c'est que les bases dilutions vont « stimuler » les fonctions physiologiques, par exemple stimuler une sécrétion.

Les moyennes dilutions seront plutôt utilisées pour des signes généraux et permettent de régulariser les fonctions physiologiques. Elles sont administrées plusieurs fois par jour.

Les hautes dilutions seront utilisées pour des signes nerveux ou psychiques. La 15 CH pourra aussi être utilisée pour des signes généraux. Elles sont aussi données dans les traitements de fond des maladies chroniques, généralement à raison d'une dose par semaine. Elles ont une action plus profonde et durable. Les hautes dilutions vont « freiner » les fonctions physiologiques.

Le choix des dilutions reste donc primordial : par exemple Ricinus communis utilisé dans le cadre de la lactation : en basse dilution (4 CH, 5 CH) cela va stimuler la lactation et au contraire en haute dilution (15 CH, 30 CH) cela va freiner la montée de lait.

II.4 Vrai ou faux / les idées reçues en homéopathie