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Des collectivités locales qui encouragent et financent le travail de sensibilisation et d’éducation des associations

Aujourd’hui titulaire d’un DESS de droit des collectivités locales, son type d’engagement dans l’action SR sans aucune formation spécifique présente des

3.4 Des collectivités locales qui encouragent et financent le travail de sensibilisation et d’éducation des associations

Les interventions en milieu scolaire (sensibilisation, formation, plus ou moins coordonnées avec l’éducation nationale) figurent au premier rang des efforts financiers consentis par les collectivités locales et territoriales. Sont plus particulièrement retenus, les projets émanant d’associations qui donnent les

meilleures garanties de professionnalité.

Pour le président de cette importante association locale employant 20 salariés, dont 14 formateurs en milieu scolaire, les projets sérieux trouvent sans trop de peine un financement des conseils généraux ou conseils régionaux :

“ Contrairement à ce que l'on peut croire les collectivités sont prêtes à s'investir. Lorsqu'on monte un projet qui est intéressant, elles sont prêtes à s'investir. Même si on dit que les finances se réduisent, c'est vrai, mais elles sont prêtes à s'investir : moi c'est le constat que je peux faire, je le dis souvent d'ailleurs à mes étudiants…., conseil régional, conseil général, les collectivités, les communes, il n'y a pas de problèmes… ça n'a jamais été un problème en fait. ” (responsable associatif).

Si cette association est aujourd’hui une des plus actives de la région, c’est sans doute en raison des compétences et des qualifications de son initiateur ( Bepecaser, Bafcri, Bafm, maîtrise de russe, DESS de psychologie, etc.) et de son expérience réussie de cinq ans d’enseignement de la conduite dans ses propres auto-écoles. C’est d’ailleurs en tant qu’auto-école qu’il a initié quelques succès auprès des collectivités locales en organisant des interventions en milieu scolaire. Mais en tant qu’auto école, ces interventions étaient bénévoles. La création de l’association a été un moyen de drainer des fonds pour financer les interventions de ses salariés.

- Vous interveniez dans les écoles à l'époque? - “ Déjà un petit peu… ça pouvait se faire. Sauf que c'était bénévole : c'était pas obligatoire et c'était bénévole, mais je partais du principe que c'était en même temps "commercial" entre guillemets et en même temps une sorte de… je ne dirai pas de vocation, mais un principe : c'est à dire que je suis dans une commune où je participe à une action pédagogique, ça me paraît normal en même temps de participer dans la commune, à des réunions sur la SR, avec le peu de ce que je pouvais amener en termes de connaissances, et j'allais dans les écoles. Ca me permettait en même temps moi de me former et de participer à la vie active de la commune, au tissu social…[…]…Je travaillais déjà pour la ville de Marseille en SR en milieu scolaire ; mais à petit échelle, c'est à dire qu'à l'époque, je devais faire 4 000 enfants par an. Au départ, plusieurs modules : "attention fragile" qui s'intéressait aux 6èmes ; et le second "auto mi nots" qui s'intéressait aux 4èmes ; on faisait entre les deux 3 000 élèves. Et lorsque l'on a mis en place notre association, on a commencé à travailler en partenariat avec la ville de Marseille, le PDSCM ; et là donc, ce qui s'est passé, c'est qu'on a des volontés communes avec les collectivités de vouloir agir ” (responsable associatif)

Pour perdurer, les associations de ce type puisent à différentes sources budgétaires pour développer leurs projets d’interventions en milieu scolaire :

“ En plus, on rajoute là-dessus le module du conseil général, qui s'appelle PTR “ partage ta route ” et le module du conseil régional qui s'appelle “ conduis ta vie ”. En ce qui concerne le conseil régional, pour vous donner un exemple, le budget qui nous a été alloué pour travailler dans les lycées l'année dernière, je crois que c'est 200 000 ou 250 000 euros, c'est pas un petit budget.. Quand je dis que les collectivités s'investissent… ” (responsable associatif)

délais de latence. L’association dispose d’ailleurs généralement d’une certaine autonomie dans l’organisation de ses actions : “ Non, c'est nous qui organisons la coordination avec les chefs d'établissement, le CR finance et il en récupère le bénéfice. On n'est pas cités, mais on s'en fout, c'est pas notre objectif ”.

Pour cet interlocuteur, les compétences utiles pour l’intervention en milieu scolaire sont assez spécifiques : ne les possèdent selon lui, ni les enseignants de l’EN, ni les enseignants de la conduite. Il dégage deux compétences dites spécifiques.

La première consiste à intéresser les élèves et avoir autorité sur le groupe:

“ Ca a plus été un problème de trouver des formateurs qui soient qualifiés, qui acceptent le milieu scolaire…parce que le milieu scolaire c'est beaucoup plus difficile que le professionnel, parce que là l'attention là, c'est à vous de la….c'est à dire que le BEPCASER, le BAFM, vous donnent un titre quand vous êtes en milieu professionnel et donc ce titre, la fonction vous donne un peu l'autorité entre guillemets…peut-être pas longtemps, mais… alors que là, vous arrivez dans une classe, c'est à vous de faire votre autorité et de faire en sorte que votre cours soit intéressant ; et il y a des problèmes de gestion de discipline, qui dépassent la SR, de gestion, de pédagogie….Ca veut dire que ça demande d'autres compétences aussi…c'est à dire qu'il y a beaucoup de gens qui veulent le faire, mais dès qu'ils se retrouvent après face à un groupe, ils s'imaginent qu'il suffit de dire pour faire, et c'est pas comme ça que ça se passe, ça serait trop facile, quoi ” (responsable associatif) .

La deuxième compétence concerne la compréhension de la règle, au delà de son énoncé. “ A l'époque on faisait ça parce qu'il n'y avait pas d'ASSR…on intervenait déjà en 6ème et 4ème. ; on s'était basés sur l'accidentologie départementale. Après, on a commencé à observer qu'il y avait d'autres enjeux aux CP, notamment sur les traversées de rue ; et progressivement on a monté de projets à chaque fois … là, on fait les 3 cycles de l'école, cycle 1, cycle 2, cycle 3 ; donc 6ème à terminale…. Alors à la différence de l'ASSR qui travaille davantage sur le contenu, sur la règle, nous on travaille davantage sur la compréhension de la règle ; c'est à dire que nous, ça ne nous intéresse p as de savoir leur dire qu'il faut mettre la ceinture. L'ASSR leur pose la question "est-ce qu'à l'arrière il faut mettre la ceinture?" ; nous, on explique à quoi ça sert de mettre la ceinture, soit au niveau physique, physiologique, sociologique (qu'est-ce que c'est qu'une règle ?); on est plus là-dessus, nous, à un autre versant de la démarche cognitive, on est plus à la compréhension que sur l'énoncé de la loi ; parce qu'on sait très bien que déjà à ce niveau là, la règle principale est connue… quand le gamin arrive déjà au CP, il sait déjà qu'au feu rouge il faut s'arrêter, qu'on doit mettre la ceinture…. C'est pas pour ça qu'ils vont le faire, hein….Donc l'EN met en place des actions internes, ASSR, sur les connaissances, c'est normal, c'est ce qu'elle sait faire…. Nous, on travaille sur un autre volet. Du coup, quand l'ASSR est arrivée, ça s'est imbriqué : l'EN travaille sur le contenu, et nous sur la justification, voilà ”(responsable associatif) .

Dans cette association, la satisfaction du besoin en personnels compétents passe obligatoirement par la formation continue après – au moins – le Bepecaser et par la mise en œuvre de critères de recrutement adaptés aux postes :

accident de la route . Alors, de toutes façons avec une formation de trois mois au sein de l'association, qui a été faite aussi bien en interne, par nous que par des gens que je côtoie : j'ai fait intervenir de la fac T.A. en psycho sociale (université de Provence), M.de la fac, A. à la fac, j'ai fait intervenir P. en victimologie, des gens de l'université de . L., etc. Et après, des demandes suivant le cursus ; et donc j'en ai en ce moment deux en licence, en SR justement, en DU ; un qui a fait un DESS en sciences de l'Education sur l'évaluation. C'est à dire qu'on a une politique interne de la formation assez lourde quand même : là en ce moment, si je me compte moi, L. est en formation, A. est en formation, H. , M., O., C. rentre en formation en juillet : ça fait à peu près la moitié des permanents en formation une semaine par mois en moyenne. On essaye de privilégier les théories de l'apprentissage par l'alternance ; je crois davantage à ces formes d'apprentissage qu'aux autres, et en même temp s pour pouvoir faire tourner la structure quand même, à un moment donné il faut bien aussi qu'elle fonctionne. Donc, je prends à la base des gens qui ont le Bepecaser… non, pas forcément avec une expérience. Honnêtement, je repère en fait quand je les ai en formation, les gens qui ont une motivation. Oui, parce que je forme au Bepecaser, à l'admissibilité ”. (responsable associatif) .

Tel n’est cependant pas le seul profil des formateurs et des intervenants dans les écoles, collèges et lycées. Expérimentant pour partie une méthode de travail sur les affects auprès des jeunes publics, l’association a en effet recruté plusieurs salariés sur des critères de handicap :

“ Pourquoi des handicapés? …. Alors honnêtement, il n'y a pas d'étude scientifique qui démo ntre dans la prévention que le travail sur les affects soit positif ou négatif, rien n'est prouvé….On va sur des extrêmes…. Par contre, nous, ce qui nous a semblé par l'expérience, lorsque l'on travaille avec les jeunes, la Protection Judiciaire de la Jeunesse ou en milieu scolaire, que le fait de travailler sur l'affect, ça n'entraînait pas forcément un changement de comportement, mais ça permettait d'avoir une meilleure écoute et d'amener après un message de prévention derrière… Alors on n'est pas sûrs que ça fonctionne comme ça, d'accord? Mais comme ça nous a semblé fonctionner… ” (responsable associatif) .

Il n’est d’ailleurs pas anecdotique de souligner les conditions d’obtention de l’important financement d’actions SR obtenu par l’association auprès du Conseil régional PACA ; dans le budget de cette institution – très tardivement soucieuse de financer directement des actions SR – l’intervention de sensibilisation dans les lycées de la région a été inscrite au titre de l’emploi de handicapés :

“ Si vous voulez, là c’est un habillage que j’avais fait parce que l’action me plaisait : nous l’avions faite passer par l’emploi parce que j’avais considéré que permettre l’accès à l’emploi pour des personnes handicapées c’est tellement rare et tellement précieux. C’est par ce biais là que nous avons pu valoriser ce dossier parce qu’il fallait faire vite puisque Mr X (le président de l’association) était venu me voir après la commission pour voir si l’on ne pouvait pas s’y raccrocher ; et après c’était la fameuse période électorale où tout s’est arrêté jusqu’au mois de juin. Alors, du coup, ce dossier, bien sûr étant entendu avec les gens de la direction de l’emploi, bon, il sont bien vu que c’était pas simplement pour l’emploi, ça concernait l’éducation puisque c’est les lycées, la sécurité puisqu’on a aussi un secteur sécurité, ça pouvait concerner encore d’autres secteurs, bon, pourquoi pas ? Alors on a dit : on fait vite, c’était une enveloppe conséquente et il y avait en plus des budgets encore disponibles. Et je me souviens qu’en

commission, tout le monde a apprécié, bon, en sachant très bien que c’est un engagement important, et qu’à titre expérimental et innovant, ça avait le mérite d’abord d’apporter des emplois à des handicapés, notamment des tétraplégiques, en même temps bien sûr la pertinence de cette action envers les publics. ” (responsable à la direction de la formation Conseil Régional).

3.5 Du “ monde ” de l’action publique locale au “ monde ” des écoles de conduite :