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Quel élargissement du champ d’activité des écoles de conduites ?

Aujourd’hui titulaire d’un DESS de droit des collectivités locales, son type d’engagement dans l’action SR sans aucune formation spécifique présente des

5 Les professionnels de l’enseignement de la conduite dans des métiers sous contraintes : vers quelles évolutions ?

5.2 Quel élargissement du champ d’activité des écoles de conduites ?

Si un nouveau champ d’activités en sécurité routière se développe rapidement sous l’impulsion de la législation, avec l’intervention de nouveaux acteurs (les enseignants de l’EN, les associations de formateurs) ou d’institutions élargissant pour l’occasion leur domaine de compétence (municipalités, associations d’insertion), nous avons vu que les écoles de conduite n’étaient ni sollicitées pour y intervenir, ni promptes à s’y engager – surtout lorsque la prestation requise n’est pas placée sur leur marché mais implique plutôt une quête de financements publics.

La grande majorité reste cantonnée à son métier de base : la préparation aux permis de conduire (moto, auto, poids lourds, bateau), que ce soit sous sa forme classique ou sous la forme “ conduite accompagnée ” (AAC). Le BSR, un des nouveaux produits du continuum éducatif, ne constitue pour la plupart d’entre elles qu’un petit élargissement de leur domaine d’activité.

L’école et la sécurité routière

Pour certains enseignants de la conduite, cet élargissement est d’ailleurs problématique. Il est perçu par une partie de la profession à la fois comme une demi-mesure, peu efficace en termes de sécurité routière, et comme la marque d’une certaine forme de dépossession de leurs prérogatives. Cette exploitante d’école de conduite note par exemple que les candidats au BSR – auxquels elle doit fournir 5 heures d’apprentissage à la conduite en conditions réelles de circulation – sont censés avoir appris les règles de circulation ; or ils ne connaissent rien du code de la route “ Non, pas du tout. Pendant l'heure de pause, moi je les garde en code avec moi, c'est pas prévu dans la formation, hein, mais ils ne savent rien du tout peuchère, ils ne savent pas du tout. Quand on les met à la deuxième heure carrément sur la route, ils ne savent pas ce que c'est une priorité à droite, ils ne savent pas ce que c'est de s'arrêter au feu orange, tout ça ils ne le savent pas…[…]…Pas de code, très peu de conduite, et il n’y a même pas

d’examen, alors que pour une motocyclette, il y a l’examen à la clé, 20 heures de pratique obligatoire, donc dispatchées en une partie circuit et une partie circulation… ”

D’ailleurs, comme beaucoup de ses collègues, il lui est difficile d’admettre l’éviction des enseignants de la conduite de l’Education Nationale. Parlant du Bepecaser : “ Donc ce diplôme qu'est-ce que c'est? Alors ça nous donne, enfin ça nous donnerait la possibilité – c'est ce qui est prévu dans les textes – de faire de la formation d'auto-école. Mais si l'éducation nationale voulait de nous, nous aussi on aurait la possibilité d'enseigner la SR en tant que fonctionnaire dans l'éducation nationale… d'après les textes. Mais bon, apparemment, l'EN ne nous veulent toujours pas . Ils ne nous veulent toujours pas, je veux dire, c'est clair quoi…[…]…je ne vois pas d'ailleurs pourquoi c'est l'EN qui fait passer l'ASSR ; alors que l'ASSR, moi j'ai vu le questionnaire de l'ASSR 1er et 2ème niveau, ça n'a rien, hein, c'est de la culture générale, il y a très, très, très peu de questions du code de la route, hein ”.

Des propos que cet enseignant de la conduite, membre du syndicat SNECER-FEN-UNSA ne démentirait pas : “ De toutes façons on dit bien de ce métier “ enseignant de la conduite ”, c’est à dire que c’est un enseignement, donc on aimerait bien être un peu, pour ma part, avec les enseignants normaux de l’éducation nationale. C’est pour ça que l’on aurait toujours voulu mettre un pied dans l’éducation nationale. Enfin moi, du moins, hein, mon idée ça serait de mettre un pied. Pourquoi faire faire le code à des enseignants normaux, enfin des professeurs de gymnastique ou autres, alors que nous, nous avons une formation qui est faite pour ? Alors là, bon, notre syndicat ça a été son moteur initial de rentrer dans l’éducation nationale ; c’était la vocation du syndicat, enfin la première demande du syndicat ; et voilà ce qu’il s’est passé. Quand on a effectivement ouvert à l’EN les portes, mais pas aux enseignants, à l’auto-école, il y a eu des tentatives ; là ce sont les patrons d’auto-école qui sont venus, non pas en tant qu’enseignants, mais en tant que chercheurs de marchés ; et leur unique but, c’était d’inscrire les élèves qu’ils avaient en face d’eux, pour les prendre en cours après. Et ça, sans aucune préparation pédagogique, en ne connaissant pas les normes de l’EN ; et ils ont provoqué un rejet total de notre profession par l’EN. ”

Stages de permis à points et formations en entreprise.

Le travail d’animation de stages liés au rattrapage de points n’est pas dédié aux écoles de conduite en tant que telles. Les enseignants de la conduite titulaires du BAFM peuvent en revanche créer ou adhérer à une association ou à un organisme habilité. Pour certains exploitants, cette activité est considérée à la fois comme moyen d’acquérir un revenu complémentaire et de rompre la monotonie de l’apprentissage routier.

Le développement des plans de prévention en entreprise – et des chartes de sécurité routière, comme par exemple dans le secteur des transports – pourrait être une opportunité pour les écoles de conduite. Mais cette diversification d’activité, outre qu’elle nécessite un investissement souvent considérable en temps de prospection, n’est pas toujours rémunératrice : “ Honnêtement, je fais un stage

permis à points, je gagne 2200 Frs net ; je fais une entreprise, je gagne 3 000 Frs brut par jour, et pour gagner ça, je vais faire travailler 3 ou 4 personnes et moi travailler tous les jours jusqu'au samedi inclus, de 8 heures à 21 heures ”.

Le marché de la formation à la SR en entreprise est cependant relativement limité aujourd’hui pour les écoles de conduite. En milieu rural, par exemple, l’investissement en matériel et en démarches commerciales parfois nécessaires pour ce type d’intervention n’est pas toujours rentable : “ Mais les grosses entreprise, elles ne sont pas vraiment intéressées. Moi je discutais avec un collègue qui bosse à XX avec moi, qui fait du bénévolat à l'automobile club à XX, et puis un autre : ils ont des simulateurs de conduite, etc, ils font le permis à points, tout ça, donc ça, ça marche, mais tout le reste ça n'intéresse personne . Non, c'est pas un marché, je crois. Ou alors il ne faudrait faire que ça : il faudrait prendre sa valise, et puis allez à l'EDF, aller dans les grandes entreprises, chez les transporteurs, il ne faudrait faire que ça, alors. Il faudrait voir, mais à ma connaissance, ceux qui ont essayé se sont cassé les dents. Nous il y a quelques années, on avait acheté un simulateur de perte d'adhérence, vous savez, ce qu'on met sous les roues de la voiture, et on s'est dit “ on va démarcher l'entreprise ” : personne ne nous a répondu, toutes les grandes entreprises du coin, ça n'a intéressé personne ”.

Le marché du conseil en plan de prévention sécurité routière en entreprise (ou PPRR dans les administrations) est largement occupé par quelques grands organismes de formation en entreprise (type AFT/IFTIM) ou associations de formateurs. Pour de la sensibilisation, des associations interviennent souvent avec des bénévoles ( Prévention MAIF, Automobiles clubs, etc.). Lorsqu’elles appartiennent à l’un des grands réseaux ou se trouvent dans des situations lo cales particulières, quelques auto-écoles parviennent à adjoindre cette activité à leur domaine. Mais elles ne sont pas nombreuses.

6 Propositions d’architecture des filières de formation aux métiers de