• Aucun résultat trouvé

2. Les déchets : définition et caractérisations

2.3. Collecte, traitements et caractérisations des déchets

Une fois que les déchets sont produits, la partie la plus difficile est la collecte. Les déchets ont un impact significatif sur la santé et l'environnement et peuvent conduire, s'ils sont gérés de manière incontrôlée, à des conséquences telles que la propagation des maladies, la pollution de l'air/eau/sol [15]. Bien qu'un bon système de gestion des déchets représente des dépenses, les coûts résultant d'une mauvaise gestion des déchets dépassent généralement les coûts initiaux [13]. En outre, l'AIE souligne que plus le PIB d'un pays est élevé, plus le taux de collecte des DSM est élevé (Figure 10). Le taux de collecte des déchets solides municipaux atteint 100% une fois que le PIB national par habitant dépasse 25 000 US Dollar 2012.

39

Figure 10: Taux de collecte des DSM en fonction du PIB par habitant d'un pays [14]

Selon l’article 4, paragraphe 1 de la directive 2008/98/CE de l’Union Européenne [12], le traitement des déchets doit suivre une « Hiérarchie des déchets », définie comme suit :

« La hiérarchie des déchets ci-après s'applique par ordre de priorité dans la législation et la politique en matière de prévention et de gestion des déchets:

a) prévention;

b) préparation en vue du réemploi; c) recyclage;

d) autre valorisation, notamment valorisation énergétique; et e) élimination (stockage par enfouissement). »

On peut retrouver un schéma de cette hiérarchie des déchets en Figure 11. La hiérarchie des déchets donne la priorité à la gestion des déchets du haut vers le bas du triangle.

40 La première étape est le réemploi du produit et/ou la prévention des déchets. A ce stade, la matière n'est pas considérée comme un déchet, c'est par exemple une vieille voiture quand elle peut encore remplir sa fonction. Dans ce cas, le verbe "réemployer" est le terme correct.

La deuxième étape est la réutilisation des déchets, à partir de cette étape, la matière est considérée comme un déchet. C'est par exemple un pneu crevé ou des produits électriques dysfonctionnels. Le déchet pourrait remplir sa fonction d’origine seulement après réparation. Dans ce cas, le verbe "réutiliser" est le terme correct.

Si la deuxième étape n'est pas possible, la troisième étape est le recyclage de la matière dans les déchets. Dans ce cas, les plastiques, le bois, le textile, etc… sont extraits et triés pour être utilisés comme ressource brute.

Cependant, les produits sont souvent fabriqués avec des mélanges de matières différentes qui peuvent être difficiles à recycler, comme les emballages sous vide pour aliments qui peuvent être fabriqués avec un film multicouche comprenant 2 ou 3 types de plastiques [16]. Les matériaux qui ne peuvent pas être recyclés dans les conditions technico-économiques actuelles entrent dans l'étape de récupération d'énergie. Typiquement, les déchets sont brûlés dans des incinérateurs mais tout procédé permettant de récupérer de l'énergie peut être envisagé, comme la gazéification ou la pyrolyse [17].

La dernière étape est l'élimination dans une décharge contrôlée, ou encore dans un centre de stockage ou centre d’enfouissement, ce qui nécessite la sélection d’un site approprié, le contrôle de l’accès et le compactage des déchets. Le principe d’enfouissement des déchets génère des gaz à effet de serre (GES) par dégradation anaérobique des déchets. Ces gaz contiennent notamment du méthane (CH4). Le gaz issu des sites d'enfouissement, ou « gaz de décharge », doit être collecté et brûlé en pratique dans un moteur à combustion interne (ICE) ou directement en torchère.

Avec cette hiérarchie des déchets, la récupération d'énergie est finalement le traitement ultime avant élimination. Il doit être bien compris que l'objectif principal de la hiérarchisation des déchets est la réduction des déchets produits. Les procédés de valorisation énergétique des déchets utilisent des déchets résiduels qui sont passés par le processus «prévention/réemploi → réutilisation → recyclage». Dans tous les cas, ces procédés de valorisation énergétique ne doivent pas être considérés comme une solution miracle au traitement des déchets.

La façon dont sont traités les déchets, ainsi que leurs compositions dépendent fortement du revenu économique d’un pays. Dans son rapport « What a waste: A global review of solid waste management» [13], la Banque Mondiale décompose les pays en 4 catégories selon un point de vue économique en utilisant le Revenu National Brut (RNB) par habitant (le RNB est équivalent au PIB, cf Figure 97 en annexe page 245); les données principales sont rassemblées dans le Table 4.

41

Table 4: Production, collecte, coûts, composition et traitement des déchets en fonction des revenus par habitant pour 4 classes de pays [13]

Pays Revenu faible

Revenu intermédiaire inférieur Revenu intermédiaire supérieur Revenus élevés Revenu (RNB/hab) < US$ 876 US$ 876 - 3465 US$ 3466 - 10725 > US$ 10725

Génération de déchets (tonnes/hab/an) 0,22 0,29 0,42 0,78 Efficacité de collecte (% collecté) 43% 68% 85% 98%

Coûts estimés du traitement des déchets solides

Coût 2010 US$ 1,5 milliards US$ 20,1 milliards US$ 24,5 milliards US$ 159,3 milliards

Composition des déchets (définitions Table 47 en annexe page 246)

Biodégradable - % 64 59 54 28 Papier - % 5 9 14 31 Plastique - % 8 12 11 11 Verre - % 3 3 5 7 Métaux - % 3 2 3 6 Autres - % 17 15 13 17

Type de traitement des déchets (en pourcentage)

Décharge - % 13 496 32 0,01 Enfouissement - % 59 11 59 43 Compostage - % 1,3 2,2 0,96 11 Recyclage - % 0,53 5,2 1,4 22 Incinération - % 1,33 0,22 0,13 21 Autres - % 26 33 6,2 3,6

NB : Certains pays ne fournissent que les quantités de déchets qui vont en décharge ou en enfouissement, le reste est intégré à la catégorie « autres ».

Les déchets des pays à revenus élevés présentent des différences significatives par rapport aux déchets des autres pays:

42

• Une teneur relativement faible en déchets organiques, équilibrée par les déchets de papier

• Une part plus élevée de verre et de métal

• Presque aucun déchet en décharge

• Une proportion élevée de déchets compostés, recyclés et incinérés

La part des déchets enfouis et mis en décharge (reconnus officiellement) représente jusqu'à 43% pour les pays à revenus élevés, 91% pour les pays à revenu intermédiaire supérieur, 60% pour les pays à revenu intermédiaire inférieur et 72% pour les pays à faible revenu. Puisque ces méthodes d'élimination ne récupèrent ni matière ni énergie, un effort considérable doit être fait pour traiter ces déchets selon la hiérarchie des déchets. En outre, le taux de collecte des déchets solides doit être sensiblement amélioré, en particulier pour les pays à revenu faible et moyen inférieur.

43