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4. Résultats

4.2 Thèmes récurrents issus de la collecte de données

4.2.2 Dimensions de la pratique infirmière en PMA

4.2.2.3 Collaboration

Toutes les infirmières ont témoigné de l’esprit de collaboration qui existe dans ce milieu clinique. L’une d’entre elles a souligné que, selon elle, ce n’était pas le cas dans tous les milieux de la santé.

When you work in a French hospital, as a nurse you can’t go to the doctor, you have to go through “L’assistante”, and then l’assistante will decide if it’s pertinent to call the doctor. (…) Here, it’s very much a collaborative workplace. (B002, 14/1-10)

Cette culture collaborative, nous avons pu l’observer lors de notre présence à la clinique de PMA. Nous allons en détailler certains éléments ici en abordant la collaboration intra- professionnelle, interprofessionnelle et l’établissement de partenariat avec les patient.e.s- familles.

4.2.2.3.1 Intra-professionnelle

Même si la question de la collaboration au sein de l’équipe des infirmières comme telle, et avec les infirmières auxiliaires, n’a pas été abordée directement au cours des entretiens, certaines participantes en ont fait mention et l’étudiante-chercheuse en a été témoin lors de l’observation-participante. À titre d’exemple, l’infirmière F006 collaborait avec une infirmière non participante, non seulement dans l’échange d’information, mais également sous forme de consultation pour mieux comprendre le plan de soins et le contexte d’une patiente en particulier.

C’est une collaboration, j’veux dire, avec tout le monde. (A-001, p.16)

(MG : La collaboration, elle se passe comment?) Elle est assez bonne. (…) Et quand ils sont moins stressés par leur clinique et tout ça, il faut que tu choisisses le bon moment, et d’habitude ils sont vraiment ouverts pour nous répondre (…) Tu vas poser la question à tes collègues (MG : Donc la collaboration va commencer au sein de l’équipe?) Là, tu vas poser ta question à tes collègues. (MG : grosso modo, il y a quand même un esprit de collaboration au sein de l’équipe?) Oui. (F006, 16/20-32)

Au cours de l’observation-participante, l’étudiante-chercheuse a pu noter la collaboration et la collégialité qui existaient entre les infirmières, notamment en « salle

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d’opération et de réveil » et en « rappels », ainsi qu’entre les infirmières et les infirmières auxiliaires, surtout en « suivi de FIV ».

4.2.2.3.2 Interprofessionnelle

Quant à la collaboration avec les autres membres de la clinique, les participantes ont souligné la grande collaboration qui règne entre les infirmières et les médecins, les fellows, les embryologues et le personnel du laboratoire d’andrologie.

Collaboration avec les médecins, le médecin sait que l’infirmière c’est un pilier de cette clinique-là. Et je veux dire, il y a un respect incroyable pour le travail des infirmières. (A001, p.16) On va voir le médecin parce qu’on devient tellement bonne dans les traitements (…) On va dire « Écoutez, le… le protocole long, le court… » et on va dire « elle a déjà essayé ça, est-ce qu’on pourrait pas comme… aller vers ça? » Parce que finalement, on a vu la patiente (…) et puis le médecin, il va reréviser. Peut-être qu’il va garder le même traitement mais au moins là, il va reréviser. (A-001,p.17)

I don’t think it was ever an issue. Let’s say, if I had a question for embryology, I think they were very happy to help or answer questions. (MG: And doctors?) As well, I found, yeah, that was my experience, it was overall good collaborative working relationship. (G007, 17/7-11)

Certaines infirmières ont abordé la question de la collaboration avec le personnel administratif, surtout sous l’angle du besoin de clarifier des responsabilités respectives des infirmières et des secrétaires.

C’est sûr que des fois, il y a des tensions récurrentes avec d’autres membres, surtout en administration. Des fois, le rôle est pas clair pour certains, qui fait quoi, un genre de ping- pong entre une infirmière et… Le patient va retourner voir l’infirmière, retourner voir la secrétaire, retourne à l’infirmière…donc, ça, c’est sûr que c’est toujours à améliorer… oui. (D004,11/28-32)

On écope de quelque chose qui a pas été fait, par X, (…) mais quelque chose qui aurait dû être fait qui a pas été fait (…) parce que la personne se dit que ce n’est pas sa job, puis après ça, l’autre se dit que ce n’est pas sa job non plus. Là, tu te dis, le patient a besoin de ça alors on va arrêter de se passer (…) la ‘puck’ et on va faire ce qu’il y a à faire pour le patient. (E005, 16/21-29)

Par ailleurs, l’étudiante-chercheuse a eu l’occasion d’observer, dans son travail de terrain, qu’une plus grande collaboration s’était installée entre les infirmières et le comptable par rapport à l’époque du régime public de PMA. En effet, le comptable est maintenant responsable de prélever les paiements pour les traitements de FIV, de congélation et de transfert

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d’embryons et les infirmières doivent s’assurer que le paiement a été fait avant de préparer les calendrier de soins des patient.e.s-familles.

4.2.2.3.3 Partenariat avec patient.e.s-famille

Quant à la collaboration avec les patient.e.s-famille, plusieurs infirmières affirment qu’elles collaborent en véritable partenariat avec leurs patient.e.s.

On aide la patiente à gérer le temps. Parce quand la patiente travaille, et qu’elle ne peut pas, par exemple, prendre son injection, je ne sais pas moi, à l’heure que c’était prescrit. (A-001,p.11)

I think being a nurse in the XXX, I think that most of the nurses have worked in other places in the XXX, and I think that, even though if you didn’t go to McGill and you don’t have the McGill Model from McGill, I think just having worked in the XXX, it’s a philosophy, the approach…hmmm. I think it is partnership. (B002, 14/15-19)

Tu es devant un couple où l’un est rendu quelque part, l’autre est rendu dans une autre place; je vais dire « Écoutez, peut-être que vous devriez vous en reparler parce que je vois que madame est encline à faire ça, mais monsieur est moins enclin à faire ça, donc faudrait peut-être en parler ». Des choses comme ça…(MG : trouves-tu que c’est une forme de collaboration avec le patient?) Oui, avec le patient(…) Aussi, ça revient à la notion d’empowerment. (E005, 11/3-13)

Dans certains entretiens, les infirmières mentionnent qu’elles aident les patient.e.s- famille à composer (« coping ») avec leur problématique de santé et les traitements proposés.

Bien, moi, je pars souvent à partir du patient puis je leur demande si on décrit des expériences semblables, mais tu sais, formulé comme tu le dis, j’aurais tendance peut-être à dire non parce que je ne le voyais pas comme ça. (C003,24/35-37) Moi je reflète sur comment vous avez fait dans le passé, oui. (…) Mais je pars toujours à partir du patient puis sa base. « Qu’est-ce que vous avez fait la dernière fois quand cela vous est arrivé ? Comment vous avez… ? » (C003,25/4-7)

(MG: Can you include strength-based nursing into your fertility nursing? )“I think that spontaneously, it’s there. As a nurse, we have this, this… strength, and personally…(unclear) with us. We’ve grown with that, that’s a part of our profession, it’s there, like… We cannot hide it we always have and carry that when we are with a patient to give them…”(MG: I mean there was a little bit of that this morning, with the patient that you saw… You gave her time to cope with the news, because at first she was very overwhelmed.(…) And then you gave her time to deal with that, and in the end, it became something positive. )“Yeah! (J009, 12/24-38)

Par contre, certaines participantes estiment que les infirmières pourraient faire appel davantage au partenariat et à l’approche de soins fondés sur les forces des patient.e.s-familles (strength-based nursing), des concepts-clé du modèle McGill en soins infirmiers.

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It’s partnership (but) I think sometimes, we could do more, I think sometimes, we just disregard the strengths of the patient…(B002, 14/15-19) It might be a good teaching to do in the clinic, to remind us of strength-based. (…) I think we could, you know, if instead of walking away with each encounter with a patient with a negative thing, if we could just empower the patient with one of their strengths, like “Wow, look how resilient you are, as a couple!” You know, just to kind of be able to pull that.., I don’t think we do it as much as (…) I think we can do better. (B002, 14/34-35; 15/1-3)

When you’re realizing that you know, it’s not just eggs and sperm and, this is a whole person that you need to, need to pay attention to that person and their concerns and through the process, offer support and offer … you know, support, yeah. And how do you increase their agency? How do you increase their agency to be able to say exactly, you know, what strengths do you have, what have you used in the past, and apply it to this exact same situation…. I think that comes of course with experience but yes, it would have been, I think ideally, nice to have a little more, as far as nursing, a little more support, as far as training. (G007, 15/23-29)

En conclusion, bien que la collaboration interprofessionnelle ait été rapportée par toutes les participantes comme un point fort de ce milieu, il convient que souligner que la collaboration intraprofessionnelle avec les autres infirmières, la collaboration avec le personnel administratif et le partenariat de collaboration avec les patient.e.s-familles pourraient être renforcés, possiblement en s’inspirant de l’approche de soins fondés sur les forces, comme c’est le cas dans le modèle McGill.