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La cohésion dans l'ancien héritage arabe

1.2 De la phrase au texte

1.2.3 La cohésion dans l'ancien héritage arabe

La cohésion n’était pas loin de la pensée linguistique arabe, elle a des racines dans l’antique héritage arabeẖ étant donné que les linguistes, les rhétoriciens et d’autres se sont intéressés à l’interdépendance entre les parties du texte, et leurs efforts indiquent l’importance du concept de cohésionẖ car ils l’ont traité intelligemmentẖ et l’ont exprimé à travers plusieurs concepts.

Parmi les savants qui sont intéressés par la cohésion, on trouve Al- ā iẓ, car on voit que ce dernier a bien senti l’importance de l’interdépendanceẖ en disant à propos de la poésie : « la meilleur poésie est celle que j’ai vue cohérente dans ses parties, facile à prononcer, du coup tu vas sentir qu’elle a été construite de façon fluide comme une seule unité. Ainsi les lettres qui forment les propos ainsi que les parties de la poésie deviennent compatibles comme si chacune de ces parties est un seul mot »188 . Cela montre clairement son point de vue profond sur la cohésion, car on voit qu’il parle de la nécessité de l’interdépendance dans un

187 Text, Discourse, and Process, p.19.

188 AL- I Amr bin Ba r bin Ma b b Ab U m n: Al-bay n wa tabyīn, D r wa Maktaba al-Hil lẖ Beyrouth, 1423H, p.1/67.

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texte poétique, afin que ses parties soient cohérentes, et apparaissent sous forme d’une entité globale unifiée.

On voit aussi chez Ab Hil l Al- Askar des signes montrant qu’il a réalisé l’importance de la liaison entre les parties du texte et son impact sur l’esthétique du texteẖ il dit : « Chaque chose a une beautéẖ et l’ornement du livre est le fait de mettre la disjonction et la conjonction dans le bon endroit »189 , cette déclaration et d’autresẖ prouve sa perception de la nécessité de la liaison et de connaitre son emplacement dans le texte pour rendre ce dernier distinct et acceptable.

Parmi les autres savants qui ont parlé de la cohésion citons Abd al-q hir Al- ur n ,car il parle du texte coranique et de la raison pour laquelle les arabes étaient incapables de produire un texte pareil vu sa cohésion, il dit : «Ils n’ont trouvé dans l’ensemble ni un mot mal placé, ni un mot qu’on peut remplacer par un autre de manière à ce qu’il soit meilleur que le mot de base ou plus créatif, ou plus beau, ils ont trouvé une cohérence merveilleuse qui est irréalisable par les gens, ils ont trouvé un ordre, une fusion, un idéalisme et une solidité »190. Et d’un autre côtéẖ il parle de la cohésion d’une manière identique au concept de cohésion dans l'ère moderne, il dit : « Sachez que parmi les principes dans la révision et l’observation des significations connues est que les propos s’unifient et soient imbriqués et plus interdépendantes entre eux »191 .

Al- ur n a bien noté à travers ces deux citations le noyau de la cohésion, ainsi que les questions les plus importantes qui sont liées à l’analyse du texteẖ à travers sa vision du texte, et il a mentionné les concepts les plus importants qui rentrent dans la linguistique du texte comme ط بتراا \ la liaison, ئتلاا\la fusion, ستاا\ l’interdépendance, et aussi le concept de la référence qu’on ressent quand il parle de la liaison entre la deuxième partie du texte et la première. Ajoutons à cela sa théorie connue sous le nom de (la théorie des systèmes) considérée comme un prélude et une introduction avancée sur la cohésion du texte. Tout cela indique

189 AL- ASKAR AB Hil l: Kit b in atayn kit ba wa ši r, Ta l l: Al Mu ammad

al-Ba w ẖ Mu ammad AB al-Fa l Ibr h mẖ al-Maktaba al- A r yaẖ Beyrouthẖ 1986ẖ p.499. 190 AL- UR N Abd Al-Q hir: Dal il al-I z fī ilm al-ma nī, Ta q q: Y s n Ayy b ẖ

Al-maktabah al-a r yaẖ Beyrouth, 2002, p.39. 191 Idem, p. 137.

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que Al- ur n a touché un grand nombre de facteurs qui produisent la cohésion du texte, et a cité des exemples pratiques expliquant la capacité de ces facteurs à améliorer la relation entre les parties composant le texte au niveau syntaxique, et ouvert la voie à la compréhension et à la clarté sur le plan sémantique. Ce qui nous incite à dire que la cohésion était claire dans son espritẖ il l’exprime en disant : « Et sachez que l’auteur de ces propos est comme la personne qui prend des morceaux d’or ou d’argent et les fait fondre jusqu’à ce qu’ils deviennent un seul morceau »192 . Cela montre que sa vision globale se croise avec celle des linguistes du texte.

Al-Sakk k est considéré comme l’un des anciens qui ont parlé de la cohésion entre les phrases qui composent le texte intégral193 , et cela se reflète dans sa classification des types de relations entre les phrases en trois catégories

194 :

1- Soit il y a une union et interdépendance entre le concept de deux phrases.

2- Soit les phrases sont différentes les unes des autres à cause de l’absence de relation entre les deux.

3- Un type situé entre les deux types précédents, c'est-à-dire qu’il y a quelque part une relation.

L’importance de cette classification réside dans sa concentration sur l’un des facteurs essentiels de la cohésion qui est ( la connectivité ou la liaison ) qui a un lien direct avec la réalisation de la textualité du texte.

Sur la base de ce qui ce précède, nous pouvons dire que les anciens ont compris la cohésion et ont bien réalisé son importance. Et leurs propos dans ce domaine nous assurent que l'idée de la cohésion était présente mais avec des visions individuelles, et des aperçus avancés par un certain nombre de savants dans plusieurs disciplines.

192 Dal il al-I z fī ilm al-ma nī, p.444.

193 AL-NA S Mu af : Na w al-na fī ḍaw al-Ta līl al-lis nī li-l- i bẖ Manš r t t al-Sal silẖ al-ab a al- l ẖ Koweït, 2001, p.19 .

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1.2.4 La linguistique textuelle, sa naissance et les facteurs