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Codification et catégorisation des données

3.5 Traitement et analyse des données

3.5.5 Codification et catégorisation des données

La procédure d ’analyse des données a été réalisée à partir de la transcription intégrale des entretiens préalablement enregistrés sur bande magnétique. Dans cette optique, le verbatim des entrevues a été transcrit intégralement par une seule personne transcriptrice, et ce, au fur et à mesure de leur réalisation. Il importe de préciser que cette dernière en était à sa première expérience en tant que transcriptrice dans un projet de recherche, mais avait une grande expérience dans le domaine clérical. De plus, cette personne, consciente de la nature du projet, s’engageait à respecter la confidentialité des renseignements provenant de l’ensemble des entretiens. Afin d’éviter les erreurs de transcription susceptibles de modifier le sens des propos des participants, comme le suggèrent Easton, McComish et Greenberg (2000), l’étudiante a révisé les premières transcriptions en écoutant les enregistrements audionumériques des entretiens avant de procéder à leur analyse. Il convient de souligner qu’une triple vérification du codage issue des transcriptions intégrales des entretiens des mères a été faite en collaboration avec les directrices de thèse, et ce, pour 60 % des cas. Quant aux autres codages des mères, une double vérification a été faite. Pour le codage des pères, 30 % de l’analyse a reçu un double codage avec l’aide d’une des directrices de recherche. Cette ligne de conduite a été adoptée puisque la codification et les catégories pour les mères étaient bien étayées et que l’étudiante était familière avec le processus. De plus, tous les désaccords ont été résolus par consensus. Certaines bandes vidéo ont été vues en compagnie des directrices de thèses afin de s’assurer de la captation des différents éléments qui caractérisaient les interactions parent-enfant prématuré. Cependant, force est de constater que très peu d’interactions parents-enfant prématuré étaient mises en évidence dans ces enregistrements. Sauf quelques rares exceptions, les enfants prématurés étaient soient endormis profondément, en sommeil léger, occupés à l’allaitement ou dans un état instable qui ne permettait pas les interactions. À la lumière de ces constats, les entretiens ont été transformés en version audio afin de faciliter leur transcription. Enfin, des analyses descriptives ont été faites en regard des données issues des questionnaires sociodémographiques et personnelles de même que des données du dossier médical de l’enfant.

Précisément, le codage des entretiens a été fait à partir d’une méthode d’analyse reliée à la théorisation ancrée. En effet, outre le fait que la théorisation ancrée soit un devis de recherche qualitative, celle-ci fait également référence à une méthode d’analyse des données (Paillé, 1994). Tout comme le devis, l’analyse des données fondées sur la théorisation ancrée comprend deux grandes méthodes, et ce, sans compter les nombreuses adaptations. Pour des raisons justifiées antérieurement, l’analyse des données a été faite en fonction de l’approche de Strauss et Corbin (1990, 1998, 2004). Précisément, l’analyse des données respecte les trois niveaux d ’analyse proposée par Strauss et Corbin (2004) soit, la codification ouverte, qui vise à faire émerger des données le plus grand nombre de concepts et de catégories possibles; la codification axiale, où l’objectif est d’établir des liens entre les catégories dégagées; et la codification sélective, qui vise l’intégration finale de la théorie par rapport à une catégorie centrale qui va au cœur du phénomène à l’étude. Cette approche analytique est décrite de façon exhaustive dans les ouvrages de Strauss et Corbin (1990,

1998, 2004) et ne fera pas l’objet d’une description détaillée ici.

Codification ouverte

La première étape d’analyse permet de saisir ce qui se passe parmi les données. Ainsi, cette étape vise à faire émerger des données le plus grand nombre de concepts et de catégories possibles (Poupart et al., 1997). Tout d’abord, les données brutes sont analysées initialement ligne par ligne afin de décomposer, diviser (break down) les données (Charmaz, 2000). Selon Paillé (2004), ces termes peuvent provenir du chercheur, mais également des participants (on parle alors de codes in vivo). Selon cet auteur, l’ancrage, l’enracinement de la théorisation se situe essentiellement ici, et cette étape de la codification est extrêmement importante pour la fiabilité de l’analyse (Paillé, 1994). Selon Loiselle et Profetto-McGrath (2007), il s’agit de décomposer les données et de les comparer pour en isoler les points communs et les différences. Lors de ce processus analytique, les données sont examinées et comparées en fonction de leurs similitudes et leurs différences (analyse comparative); un processus jugé propice à une discrimination fine et à une différenciation entre les catégories (Poupart, et al., 1997). Par codage et catégorisation, l’analyse se développe au travers des opérations de regroupement, de classification et de

Codification axiale

Strauss et Corbin (1990, 1998) ont introduit la technique de codification axiale, aussi connue comme étant théorique ou de niveau II de codification. Après avoir terminé les catégories conceptuelles, le chercheur s’attache à en cerner les attributs, désignés sous le nom de propriétés, qui détaillent en quelque sorte le contenu des catégories (Poupart, et al., 1997). Selon Stauss et Corbin (1998), ce processus est qualifié d’axial parce que l’encodage a lieu autour de l’axe de la catégorie, reliant ainsi les catégories au niveau des propriétés et des dimensions. Selon Loiselle et Profetto-McGrath (2007), à cette étape, le chercheur met systématiquement au point des catégories et les lie à des sous-catégories (propriétés et dimensions de celles-ci). Ainsi, les dimensions sont l’étendue des variations des propriétés d’une catégorie, donnant ainsi une spécificité à une catégorie et une variation à la conceptualisation (Glaser & Strauss, 1967). Le tableau 19 présente un exemple de codification axiale de la composante de l’engagement dans la relation mère-enfant prématuré.

Tableau 19. Codification axiale de l’engagement dans la relation mère-enfant prématuré

Catégories Propriétés Dimensions

Engagement Donner soins à Bb o Implication

o Intention de donner soins

Sentiment de responsabilité o Reliés à la compréhension de l’enfant o Reliés à la mère o Reliés à la présence o Reliés à l’allaitement

Se sentir mère o Ici et maintenant (temps

présent)

Codification sélective

La codification sélective, quant à elle, est un processus qui assure l’intégration et l’amélioration des conclusions (Loiselle & Profetto-McGrath, 2007). Selon Laperrière (1997), cette étape vise l’intégration finale de la théorie, par rapport à une catégorie centrale, à une ligne narrative qui va au cœur du phénomène et qui le synthétise en quelques phrases. Le choix de cette catégorie centrale repose sur sa capacité d’intégrer la plupart des données se rattachant au phénomène étudié.

En lien avec la présente étude, chaque composante de la relation a été décrite en quelques lignes narratives qui résumaient les propriétés et les composantes de chacune de celles-ci. Cette étape a été faite en collaboration constante avec l’une des directrices de thèse et a été validée auprès de la deuxième par la suite. Le tableau 20 expose un exemple de codification sélective de la composante de l’engagement dans la relation mère-enfant prématuré.

Tableau 20. Codification sélective de l’engagement dans la relation mère-enfant prématuré

Catégories Propriétés

Engagement 1) Assumer partiellement et anticiper son rôle de mère

2) Se sentir responsable d’assurer une présence auprès de l’enfant

Enfin, la dernière étape a consisté à choisir une catégorie centrale parmi les cinq composantes. Selon Glaser (1978), il existe neuf critères destinés à aider les chercheurs à choisir une catégorie centrale. Par exemple, cette catégorie principale doit être liée à plusieurs catégories, elle doit se présenter souvent dans les données, elle a un rapport significatif et direct avec les autres catégories et elle a une portée considérable. Selon Couture (2003), la catégorie centrale permet d’expliquer un maximum de variations du phénomène. En lien avec la présente étude, une catégorie centrale s’est dégagée des résultats au fil de l’analyse des données, et ce, tant pour les mères que pour les pères. En

effet, celles-ci ont été facilement identifiées puisqu’elles émanaient du discours en plus d ’être reliées à chacune des autres catégories. Par exemple, pour les mères, la proximité physique était un point focal afin d’établir la relation. Cette composante était, très souvent, à l’origine du déploiement des autres composantes. Qui plus est, la découverte et la communication se faisaient exclusivement dans la proximité physique tandis que l’engagement et le contact affectif y étaient majoritairement reliés. Ainsi, la proximité physique revêtait une grande importance pour les mères afin d’établir une relation avec leur enfant prématuré.