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Les cités ouvrières de Mulhouse; le modè:le

Dans le document Le logement ouvrier à Genève (1860-1910) (Page 151-195)

LA MAISON FAMILIALE

1. Les cités ouvrières de Mulhouse; le modè:le

Les maisons ouvrières de Mulhouse sont incontestablement les réalisations qui ont eu, vers le milieu du XIx ème siècle, le plus grand écho international. A G e.tlève, dans le milieu des réfonnateurs du loge.r.nent, on y fait souvent réfé.renc.e. comme à une solution idéale. et à un modèle.

Mulhouse connmî: dans les années 1815-1825, un grand dé.veloppe.tnent économique, qui entraîne l'arrivée d\me nombreuse main d'oeuvre. La pénurie de loge.tnents qui s'ensuit, préoccupe. les industriels, qui craignent les désordres de la révolution de 1848. Le 10 juin 1853, sur l'initiative de Jean Dolfus, grand patron d'industrie, est

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creee aooe.te. IXLlOUsle.nne.es crte.s ouyaere.s. assooanon ont e but, selon le comité. d'administration, est de:

.. P.cocurer à l'ouvrier une habitation où l'air et l'espace ne lui fassent pas défaut;

lui procurer la facilité de devenir propriétaixeJ afin de sortir de cette condition de prolétaire qui rend l'ouvriez nomade. indifférentJ peu économe O\\ imprévoyant;

'l'attacher au sol où il gagne. son pain, et provoquer enfin chez lui et dans sa famille. l'esprit d'ordre, d'économie et de persévérance au travail qtti seul est la réelle base. de tout bien-être. u1

Le capital primitif de 300'000 francs apporté. par 12 actionnaires, est augmenté. de 150'000 francs par le gouvernement. Les actions ne donnent droit qu'à un intérêt réduit de 4 % et au remboursement du capital souscrit. '

La même année la première cité. est construite. Elle comprend des maisons d'un étage, simples, doubles ou groupées par 4, ayant chacune.

un jardin. Le terrain occupé. par chaque maison est d'environ 40 mê.tres carrés, et les jardins ont environ 120 mètres carrés de superficie.

Certaines maisons, qui n'ont pas d'étage, ont une surface un peu plus grande.

1Notice du comité d'administration d•avril1861, in: E. Véron, Les institutions otwriè.res de Mulhouse et des environs, Paris, 1866, p.239.

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La Socié.té des cités ouvrières de Mulhouse réalisera en 10 ans 692 maisons, avec les établissements publics nécessaires : bains, lavoirs, restaurant1 boulangerie, magasin, salle d'asile, crèche, bibliothèque.

T o d }' ., 1 , • '

~Illllllipe.e ac.ce.ss10n aa prop.Df.!t

Le principe révolutionnaire qui fuit le succès de l'entreprise, est le système d'accession à la propriété. par les ouvriers. Celui qui veut acheter une maison verse une première somme, relative à la valeur de c.elle.-ci1 mais qui n'e."{cè.de. pas ce que peut é.pargner \Ul ou~Trier. Il s'engage à acquitter ensuite des mensualités légèrement supérieures à

\Ul simple loyer pendant quatorze ou quinze ans, e.t devient ainsi résoudre les problèmes de l'alcoolisme et fortifier la vie de famille:

"Aux entramements factices de la rcùsère et du vice, c'est peu· que d' opposex les prédications les plus pathétiques, les consej}s les plus sages, les mesures les plus habilernent préventives et moralisantes. A ce découragerne.rtt latent qui rnine ces malheureux, à ce désespoir chronique qui les abat par l'impossibilité apparente de trouve.r une issue à leur triste situation, et qui les jette en victirne à tous les dissolvants moraux, aux conseils fm1estes de l' e.r!Ilui, de la désespérence et de l'imprévoyance, il faut opposer dans le coeur même de l'homme un allié, un stimulant qui combatte par une excitation moralisante et continue les inspirations secrètes et incessantes du découragement; il fa.ut erdm éveiller chez hu le sentiment d\Ul intérêt, non pas lointairt, nor1 pas seulement possible, mais certain, présent, immédiat, dont l'influence. per.maner1te brise les efforts des habitudes mauvaises. Ce miracle, c'est l'instintt de la propriété qui ra produit ( ... )"2

La société., en vendant ses maisons, entend immobiliser les cités dans l'é.tat d'origine et pratiquer sur les ouvriers un patronage moral révélé dans les contrats. Ceux-ci stipulent: que l'immeuble sera laissé dans son état extérieur; que le jardin sera cultivé. et conservé tel qu'il est;

2rbid., p.216-217.

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que. les palissades seront entretenues, e.t que les tilletùs qui bordent le.s rues, quoique. planté.s en dedans de ces palissades, seront c.onservé.s.

Enfin, pour éviter toute spéculation, l'acquéreur ne pourra vendre l'immeuble avant dix ans (date du contrat) ni sous-louer à une seconde famille, sans autorisation de la société ..

Dans le même esprit, un concours récompensant l'ordre, la propreté et la bonne tenue des habitations est om1e.rt. Son but est d'éduquer les ouvriers à l'hygiène et de réfonner leurs habitudes, comme l'explique.

A. Penot, rapporteur du comité. de. la Société. industrielle de Mtùhouse:

"Afin de faire naître. une utile émulation entee les fal1tille.s résidant au.x cités, le.

conseil d, administtati.on a ouvert un con coUts entee elles, et distribue chaq1.\e armée des primes en argent et des mentions honorable.a à celles q\u se cont distinguées par la bonne culture du petit jardin qui en dépend. Ces récompenses, q,.ù Sf)'ot envisl;\gées avec r~isCin comme un honneur, deviennent un vif stimulant et arnène:nt de bons réstùtats. L'examen S\11 lequel la commis sion as sied ses jugements embrasse l' a:-:pect extérieur et intérieUt de l'habitation et du jardin,

r

état du mobilie.r, l'ordre et 1, éconorrcie dans le ménage, la tenue des e~1fants et l'effet de leur fréquentation aux écoles. Les concurrents sont assez nombreux, comme le sont aussi ceux qui sollicitent la faveUI d'avoir la visite des étrangers qui viennent voir la cité. C'est \U\e petite vanité qu'il faut savoir1eur pardonner, parce qu'elle a un motif avouable, et qu'elle est Uil aiguillon qui pousse à bien fall'e."3

Le choix architectural de la maison familiale a été d.ic~é par le. postulat de la vente., ainsi que par Wle doctrine morale basée sur la vie de famille. La maison est conçue comme un espace où la famille réunie pourra évoluer, où le chef de famille instaJlera un petit atelier et occupera ses loisirs pour les siens, au lieu d'aJler au cabaret. Le jardin joue un très

.

grand rôle également, puisqu'il constitue. non seulement une source de revenus appréciable, mais aussi une occupation saine pour

r

ouvrier.

La fécondité. de ces idées n'échappera pas aux philanthropes genevois.

On le.s retrouvera interprété.es selon les besoins e.t le.s habitudes de

; '

notre re.g1on.

3Achille Pe.not, Lts cités m,wriè:ces du Haut-Rhiu, Mulhouse, 1865, cité ir1:

Eugène Véron, Les institutiCins ouvrière:~ de lvhùhonae et dea environs, Paris, 1866, p.237, note 1.

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2. Les avantages de la maisonnette avec jardin

La raison prépondérante qui fait préférer la maison familiale au plus gJand nombre de réfonnateurs du logement ouvrier est natureJlement fondée sur les nouvelles co1maissanc.es d'hygiène. Le.s villes1 à cette époque, sont considerées comme des foyers de maladies et de vices:

"Or, nous connaissons tous les conditions déplorables et lamentables dela vie.

darts les vastes agglomérations urbaines rnodemes; nous savons qu'entassés darts ces roilienx artificiels qu'on appelle les villes, les cités, les individus végètent, dans un jour de reflet, une lumière morte condamnés à respirer un air vicié et sali par les é:rnanaticms, les poussières et les fumées, un aix Mmbiné qui les vouent presque inémédiable:rnent à l'étiolement, à l'alcoolisme et à la tuberculose. u4

Nombreux sont les hygiénistes qui conseillent aux ouvriers de s'établir en périphérie où la vie est plus saine. L'établissement de cités ouvrières, traversées par des allées arborisées et constituées de petites maisons basses pennettant une bonne circulation de l'air et de la lumière, s'impose comme la s~luti.on idéale.

De plus, le prix relativement peu élevé des terntins éloignés du c~tre

ville, pennet de donner davantage d'espace aux logements. Cette

· évolution dépend bien entendu, du développement des transports publics, la distance pouvant en effet devenir un obstacle trop important.

Autour des années 1890, l'installation du tramway électrique dans toute la région genevoise permettra l'établissement de nombreuses petites agglomérations de villas à quelque distance de la ville.

Influencées par l'entreprise de Mulhouse, les sociétés philanthropiques genevoises en adoptent les principes. Les circonstances locales n'étant pas les mêmes, les constructeurs de maisons familiales ne sont pas les grands patrons d'industrie et la question financière s'est résolue diffé.rement. Les cités construites ont \Ule échelle beaucoup plus restreinte. e.t ne comportent pas d.' établissements publics.

Si les moyens employés diffèrent parfois, les intentions moralisatrices sont constantes, e.t certaines idées, telles que les rê.glementations et les

4H. Baudin .. "Le role sociitl de l'hygiène", in BS.AL.. IV, 16, 1905, p.14.

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concours, sont reprises.

3. Ses caractêristiques arclritecturale La maison

Les types de. constructions sont variés: maisons à un étage ou ne comportant qu'un rez-de chaussée, isolées ou groupées par deux, trois ou quatre, ou encore aligné.es le long d'une rue. Ce dernier type est le repas peut être séparé par un rideau. Autour de cette pièce commune sont groupées, selon les besoins et les ressolrrces de l'acquéreur, une ou deux chambres à coucher. A l'étage (s'il y en a un), ou dans les combles parfois aménageables, on trouve d'autres chambres qui pennettent de loger séparément garçons, fille.s et parents.

En plus de la cuisine et des chambres, on trouve parfois un atelier, mais il n'est jamais question de salon. Les pièces de réception sont considérées comme w1luxe réservé aux maisons bourgeoises.

Afin de diminuer le prix de revient sans réduire excessivement les dimensions Q.es pièces, les architectes ont pris le parti d'abaisser la hauteur des plafonds. L'air et la lumière circulant abondamment dans une. maison basse entourée d'un jardin, cela ne présente pas d'inconvénients pour la salubrité du logement.

En 1900, la municipalité. de Lausanne indique, dans le programme. d'un concours pour des plans d'habitations à bon marché., les dimensions approximatives requises:

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"ART.19.- Cuisirte ............. entre par la ctùsine et les chambres sont en enfilade.

Les dépendances ne sont jamais oubliées: caye ou cellier1 bûcher1

W.-C.1 galetas et chambre à resserrer parfois. La chambre. de. bain ne.

trouvera sa place dans la maison. à bon marché. qu'après la première guerre. mondiale..6

La disposition des maisons

Le.s maisons sont disposées suivant différentes données. On cherche à orienter les façades de. façon à recevoir le maximum d'ensoleillement (difficulté. majeure pour les maisons adossées). On évite aussi une trop grande proximité. entre voisin~~ tout en conservant une surface de jardin aisément cultivable.

L.e..plan d'ensemble

"Une question délicate au point de vue esthétique est celle du morcellement et de la disposition des gcoupes de maisons; cette question qui demande du tact, el\

même temps qu'tme étude des exigences hygiéniques et économiques se résoud chez ILOUS1 à l'aide d'un té et d'une équene, comme le prouvent les plans de morcellement du "Foyer" à Sécheron ou du Petit-Lancy."7

Si le discours de l'arclùtecte H. Baudin concerne la majorité. des réalisations genevoises) cenains1 comme l' A.C.I1 rompent avec 1\mifurmité du plan en damier pour respecter davantage l'hannonie du paysage.

5"Habitations à bon marché à Bellevaux, Lausanne.", in~ III, 1'1, 1901, p.39.

6c.f.les maisons de l'Association Coopérative Immobilière à Bois-Genrit 19'19.

7H. Baudin .. "La maisort familiale à bon marché'\ in BSAL, III .. 19041 p. 359-360.

Dans le mê.me. article, s'inspirant d'e.xemples étrangers, il suggère différentes idées dans le but de varier les plans d'ensemble des cités:

placement des bâtiments en quinconces, disposition des fuç.ades selon une ligne. concave, tilleuls plantés en bordures des n1es.

Aspect extérieur des maisons

La maison familiale. de.st:inêe à l'ouvrier respecte. d'abord le. principe de.

l' é.conomie. et ne peut donc se pennettre ni les matériaux de luxe, ni les dé.c.orat:ions c.oûte.use.s. Ce qui la caractmse avant tout, c.' est la simplicité architecturale.. Elle ne pe.ut se distinguer que par ses proportions et la répartition des pleins et des vides. L'architecte choisit les matériaux pour leur qualité. de solidité. et de bon marché.. En règle.

générale, à Genève., on privilé.gie la pierre. Certains architectes suggérent l'utilisation du bois, inspirêe dela tradition du" chalet suisse", qui offre l'avantage du bon. marché. et d.e. la fiabilité.. Ils ne sont pas sui-v1s, peut-ê.tre à cause de l'entretien nécessité. par ce matériau.

Le point de vue esthétique est abordé par l'architecte H. Baudin, qui l'utilisation d'éléments simples comme le crépissage, le bois, la tuile, les variations de toiture, les souches de cheminée. t•unifonnité due à la répêtition d:tm même modèle architecrural est parfois rompue. par l'alternance de. diYers types simples de maisons, par la variation dans les couleurs employé.es soit pour les toitures, soit pour les façades, c.onune nous le montrent certains exemples é.trangers souvent citês (Boumville, en Angleterre, Glostrup1 au Danemark).

Le. jardin est \U1 êlément fondamental de la doctrine familiale prêché.e par les philantropes. Ilpenne.t aux enfants de. jouer à l'air libre. sans être.

livds à la rue1 à l'ouvrier d.' o cc.up er ses loisirs sainement p (l.r la clùture.

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d'un potager qui amènera un c.e.rtain revenu :

"La question du jardir1 joue Ull :côle considé.:cable dans le problème de l'habitation ouvrière, et l'on a vu cette C'hose, pué.rile d'apparer1ce et admirable en réalité:

des savants, :membres de l'Institut, inspecteurs gé.né.:caux, Conseille:ts d'Etat, calCl..ùant le nombre de mètres de tene qu'il fallait à un travailleur pour lui donner la disttaction, sinon le profit, d'élever dans un potager à soi, cent radis, trente pieds de choux, quelques oignons, quelques brins de réséda pour le parfum et tm pot d.e basilic pou:c la tradition."8

8sulle.tin de la Société ft::~nçaise des Habitations à bnn marr.hé. No 2, 1903.

Discours de P.ené Bazin à l'assemblée générale du 15 mai 1903, cité in H.

Baudin,."La maison familiale à bon :cnarché", p.366-367.

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Maison cnmière,

ltJle

rural suisse

Projet de M. Edmond Fatio, artbit:e.cte, Genève.

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MAISON OUVRIÈRE, STYLE RURAL SUISSE PrtJjd dt: JI. Edmond Fatio, archittclt', Gtnt.'z·,·.

Cette construction en pierre contient deux logements de 4 pièces chacun avec dépendances.·

Maçonnerie, platri~~ag{.~, parpaings, etc.

Charpente.

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Maison~ style chalet suisse Projet de M. Edmond Fatio1 arcbitedr, Genève.

101

102 MAISON OUVRIÈRE, STYLE CHALE! SUISSE

:\laçonncric pour fondations, béton, ci-ment; canaux, carrelages .

Charpente.

( iypscrie, tgalandagcs, plafonds, etc.l

1\l<.·nuiserie

Maison ouvrière, genre amêricain

Projet de M. Auguste Pianc.a, ~.Genève.

103

---~

105 MAISON OUVRIÈRE, GENRE AMÉRICAIN.

Projt'lt_lc 111. Anguslf Pinncn, t'lllrtprounr, (;ort'r·c.

. .

Construction en pans de bois, double parroi en planche à l'ex-térieur, plfltrissagc il l'intérieur.

Contenant un logement de 5 pièces.

CoO.t : fr. 6.069. 05 ·

Devis approximatif:

Terrassements, fouilles . Fr.

1\la.çonneric pr fondation~, béton, canaux ,.

Charpente. ,.

C iypscric • »

l\lenuiseric ,.

Ferblanterie ,.

Peinture »

131. (jo ..

442. 55 3.087. 65 583. 45

I.IGg. 10·

200.-4S4· ïO·

Fr. G.oGg.

os ·.

Prix du mN re cube: 1 S fr. 50.

4. Les réalisations

- Association coopérative immobilière a. quartier de la Cluse (démoli) b. quartier des Channilles (démoli) c. quartier de la Servette (démoli) d. avenue d' A'ire 17-39 et Gallatin s.n

e. quartier de la Terrassière, clos Malet Dupan 8-18 f. avenue Soret 24-36

g. avenue Favre (démoli) h. quartier de Saint-Georges i. chemin du Bois-Gentil

-Société. genevoise des habitations é.conomiques "Le Foyer"

j. quartier de Sécheron (démoli) - Caisse d'Epargne

k. chemin de la Station, Petit- Lancy

S6

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::::::=,.,.

c

o•barcad·~

Genève. Le sectr.ur des Eaux-Vives. Extrait du plan officicl de 1970.

\.V--- - .-·.,..

(b

Genève. Le secœur du Petit-Sacarmrx Extrait du plan officiel de 1.970.

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Genève. Partie de la commune de Lancy et clomainefr.rrovi.aire de la

PraiDe. Extrait du plan offidel de 1970.

rA ssoc.tanon c· · .oop eranve .. · · unmo bill~ ere. t6.r•r) ~.

L'AGI est fondée le 5 avril1867 à l'initiative de J. Moshell, ingé.n.ie.\rr, H.

Dame.th, professe\rr d'économie politique, G. Matthey, arclutec.te, etE.

Risler, propriétaire, sous le. patronnage moral de la Société. genevoise d'Utilité. publique.

"( ... ) les ac:tionnaices eux-rnê:mes y trouvent leur compte, puisque par suite des garanties stipulées avec les acquéreuzs, leur argent ne court al.\c:un risque et , préser1te autant de sécurité que les meilleurs plae:ernents hypothécaires ... !

Dans le but d'attirer égale1nent les personnes à reve1m modeste, ces actions pe.uve11t être acquises par versements. L'appui des souscripte\rrs fera po\lftant souvent défaut, e.t la Socié.té. devra y suppléer au moyen d'emprunts hypothécaires gagés par ses irruneubles.

L'intention de l'Association est d'offrir des maisons aux plus bas prix possibles, à des ouvriers qui ne possèdent aucun capital et dont· les resso\rrces sont les plus faibles. Constatant l'éd1ec de cette démarche., les maisons les plus modestes ne. trouvant pas d' acquéreur1 elle dé.dd.e d'augmenter les surfaces de l'habitation et du jardin, de soigner daT{antage. les finitions. Elle élève ainsi le prix de reviellt des immeubles, mais répond mieux au désir des fut\rrs propriétaires soucieux de faire

1o. lv1oynier, "P.appo'Ct sur les tra11aux de la Société en 1869", in: BSGUP, V, 18, p.100.

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un place1nent sûr de leurs économies autant que d'avoir une. de1neure confortable., même au prix de quelques sacrifices.

L'activité. de. la Société., par ce change1ne11t d'orientation, touche dé.sonnais \Ule classe ouvrière plus aisée, qui possède déjà quelques économies, mais qui sans l'existence de l' A.C.I. ne pourrait accéder à la propriété ..

"Sans doute dar1s l'avertir, nous attirerons encore davantage la classe qui n'a pas

E:l'ICO:ce d'épargnes, et en vue de laquelle nous tenons à créer chaqt\e anr1ée quelq'l.tes immeubles d'Ull prix aussi minime q'l.te fall'e se pouna, mais il nous parait sage d'entrer très gradttellement dans cette voie."2

L'amélioration du logment pour tous reste la préoccupation majeure de

r

Association. Aux détracteurs qui lui reprochent de ne pas s'adresser aux plus d.émmus, elle. répond ainsi:

"Nous ne préter1dons point qt\e les immeubles qtte nous consmtirions puissent converri:r à tous ( ... ) mais les futurs acqué:teurs de nos maisons cè.de.raient à d'autres, moins favorisés jusque peut-être .. la place qu'ils occupent, et la rotation se faisant insensiblement, le but se trouverait être atteint. "3

De. sa création en 1867 jusqu'en 1938, année de sa liquidation, l' A.C.I.

· aura construit 97 maisons de différents types et prix, dans plusieurs quartiers de la ville. Leurs propriétaires sont de professions diverses:

horlogers, monteurs de boîtes, sertisseurs, graveurs, mécaniciens, e1nployés postaux, représentants de commerce, petits rentiers, etc.

Outre l'estime des sociétés philantropiques genevoises, l'Association gagne la re.c.01maissanc.e internationale. En effet, elle. obtient \me mé.daille. de bronze à l'Exposition Universelle d'Economie domestique. à Paris en 1872, une médaille de mérite à celle de Vienne en 1873, et \me médaille. de bronze à l'Exposition Nationale. de Genève, en 1896.

Les terrains sont choisis aux abords de la ville où les pri""< sont plus abordables. Ils sont morcellés en dimensions e.t tonnes répondant aux

2Associe.tion coopérative immobilière, Genève, 8!\ppoxts du coitseil

d' adrninistrfttic~n, 18691 p. 7.

3:rbid., 1874, p. 9.

es

diffé.rents besoins des acquéreurs) tout en variant la disposition des groupes d'ùnmeubles. En effetJ l'attention de l'Association se porte non seulement sur la qualité. des constructions) mais é.gale1nent sur l'aspect du quartier: elle a le souci de n.e pas trop rapprocher les habitations les unes des autres) et de procéder à certains aménagements destinés à améliorer les conditions de salubrité. et de bonne apparence (élévation du terraitlJ canalisations) etc.).

Les lotissements) dont les dimensions n'ont rien de comparable. avec celles des cités ouvrières manufacturières) traduisent la volonté de l' A.C.I. d'éviter de réunir et d'isoler la population ouvrière. Ils comportent de S à 29 maisons groupées le plus souvent par 2J plus rare1nent par 3 ou 4J ou exc.eptionnelleme11t isolées.

La Société. construit des immeubles de types différents peur ré.pondre.

aux besoins variés de la population ouvrière gene•1oise. Dans la diversité. dela production del' ACIJ s'en distinguent3 principaux:

1) Les immeubles de ~e é.conomique

L'association construit ses pre1niêres maisons avec la préoccupation . d'arriver au prix le. plus bas possible. tout en respectant les rè.gles de.

L'association construit ses pre1niêres maisons avec la préoccupation . d'arriver au prix le. plus bas possible. tout en respectant les rè.gles de.

Dans le document Le logement ouvrier à Genève (1860-1910) (Page 151-195)

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