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L’objectif de notre projet est de découvrir de nouveaux composés insecticides et/ou antimicrobiens à partir de micro-organismes associés aux insectes. Nous avons donc choisi plusieurs cibles biologiques pour mener à bien le criblage des extraits. Ainsi, pour la recherche d’insecticides, nous avons orienté nos recherches dans un objectif de valorisation en santé publique et réalisé les essais sur les larves du moustique Aedes aegypti, insecte vecteur de nombreuses maladies. Quant aux essais antimicrobiens, ils ont été réalisés sur différents micro-organismes pathogènes pour l’Homme : Staphylococcus aureus, et la souche résistante à la méthicilline (SARM), Candida albicans, et Trichophyton rubrum.

2.1.1 Aedes aegypti : un moustique vecteur d’arboviroses

2.1.1.1 Vecteurs de maladies

Les moustiques du genre Aedes sont les principaux vecteurs de plusieurs arboviroses, incluant le virus de la dengue, du Chikungunya, de la fièvre jaune et plus récemment le virusZika.

Le virus se transmet à l’homme par la piqûre de femelles infectées, lesquelles acquièrent principalement le virus en se nourrissant du sang d’une personne infectée. Dans l’organisme du moustique, le virus infecte d’abord l’intestin moyen et se propage ensuite aux glandes salivaires en 8 à 12 jours. Après cette période d’incubation, il peut être transmis à l’homme lors de piqûres exploratoires ou de repas de sang.200

La dengue et le Chikungunya sont devenus des problèmes de santé publique croissants au cours des cinquante dernières années. Aujourd'hui, le risque d’infection par la dengue touche la moitié de la population mondiale. Selon de récentes estimations, on compterait 390 millions de cas par an dont 96 millions présentent des manifestations cliniques.201

Non seulement le nombre de cas augmente à mesure que la maladie se propage à de nouvelles zones mais l’on assiste également à des crises épidémiques : en 2012, dans l’archipel de Madère (Portugal), en 2013 en Floride (Etats-Unis) et à Yannan (Chine), en

200

OM S. Lutte contre la dengue. http://www.who.int/denguecontrol/mosquito/fr/ (Accessed August 2017).

2015 à New Delhi (Inde). Parallèlement, la dengue a continué de sévir dans de nombreux pays et îles du Pacifique. L’impact de la maladie sur la santé humaine et sur l’économie mondiale est très inquiétant.202 Les épidémies de Chikungunya, qui étaient précédemment limitées à l'Afrique et à l'Asie, ont récemment été signalées dans les Caraïbes, en Amérique du Sud et en Europe.203

2.1.1.2 Distribution du moustique

Aedes aegypti serait originaire d’Afrique. Il aurait été introduit en Amérique via des barils d’eau transportés sur les navires durant les premières explorations européennes et la colonisation. Il se serait alors propagé dans les régions tropicales et subtropicales. On le retrouve sur le globe à des latitudes comprises entre 35° nord et 35° sud. Il est toutefois retrouvé à certaine latitude plus élevée, notamment en saison chaude car il ne survit pas à l’hiver (Figure 38).204

Les déplacements de population couplés aux phénomènes de réchauffement climatique ont largement contribué à la distribution de ce moustique à travers les continents.

Figure 38: Modèle de distribution mondial d'Aedes aegypti. La carte représente la probabilité

d'occurrence du moustique (de 0 en bleu à 1 en rouge)203

202 OM S. Dengue et dengue sévère. http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs117/fr/ (Accessed August 2017).

203 Kraemer M U, Sinka M E, et al. The global distribution of the arbovirus vectors Aedes aegypti and Ae. Albopictus. Elife. 2015; 30: e08347.

2.1.1.3 Traitement et prévention

Un certain nombre de facteurs contribuent à l'incapacité actuelle de prévenir ou de contrôler les maladies transmises par les moustiques. Bien qu'un vaccin efficace existe contre la fièvre jaune, sa distribution est problématique dans les régions ou surviennent les épidémies.205 De plus, aucun traitement curatif n’existe à ce jour pour traiter le Chikungunya et la dengue. Début 2016 le laboratoire Sanofi Pasteur a mis au point un vaccin tétravalent contre la dengue (Dengvaxia®), toutefois les épidémies de dengue continuent de se répandre.

La prise en charge thérapeutique de ces pathologies repose sur des mesures visant à limiter les symptômes. Actuellement un des seuls moyens pour combattre la transmission des virus consiste à lutter contre les vecteurs de ces maladies par divers moyens tels que la destruction des gites larvaires, l’épandage et la pulvérisation d’insecticide, ou encore l’introduction d’espèces prédatrices et l’utilisation d’équipements imprégnés d’insecticide par les populations (moustiquaires). Une autre stratégie consiste à relâcher des moustiques transgéniques dont la progéniture n’atteint pas l’âge adulte afin de faire diminuer les populations.206

2.1.2 Micro-organismes pathogènes

2.1.2.1 Staphylococcus aureus

Staphylococcus aureus est une bactérie coque (Gram positif), commensale de la flore cutanée qui colonise particulièrement les muqueuses externes (30 à 50 % de la population est porteur sain de staphylocoque). Elle tient son nom du fait de la couleur or des colonies. La souche a été décrite pour la première fois par Louis Pasteur en 1880. La bactérie est impliquée dans des pathologies variées (infections cutanées, alimentaires, plus rarement septicémie) présentant des degrés de gravité divers. Il s’agit du premier agent responsable d’infections nosocomiales et de nombreuses souches sont devenues résistantes aux antibiotiques (méthicilline et vancomycine).

2.1.2.2 Candida albicans 205

Clemons A, Haugen M , et al. Aedes aegypti: an Emerging M odel for Vector M osquito Development. Cold Spring Harb

Protoc. 2010.

206

M edlock J, Luz PM , et al. The impact of transgenic mosquitoes on dengue virulence to humans and mosquitoes. Am Nat. 2009; 174:565–577.

Candida albicans est une levure microscopique, habituellement inoffensive que l’on retrouve fréquemment au niveau des voies génitales, du tube digestif, de la peau, et de la bouche sans effet pathologique. Les infections (candidoses) provoquées par ce champignon surviennent souvent chez les patients immunodéprimés. Les lésions surviennent généralement au niveau des muqueuses.

2.1.2.3 Trichophyton rubrum

Trichophyton rubrum est un champignon filamenteux dermatophyte. Il est le principal responsable de dermatophytose des pieds (pieds d’athlète – tinea pedis) et des ongles (onychomycose – Tinea unguium).

La souche utilisée au cours de notre projet est un isolat clinique, dont l’espèce a été confirmée par séquençage.