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Choix du modèle animal et évolution des symptômes cliniques

Chapitre 5. Discussion

5.3. Choix du modèle animal et évolution des symptômes cliniques

Pour cette étude, le modèle murin BALB/C a été retenu. Ce modèle étant permissif à l’infection, les souris développent des symptômes reliés à l’infection qui peuvent être suivis. Il a été montré que le modèle de souris BALB/C supporte la réplication virale et que celle-ci peut être retrouvée au niveau des poumons. En effet, il s’agit d’un des modèles où la réplication virale est parmi les plus efficaces, surpassant le rat des cotonniers et les hamsters. L’étude plus approfondie du modèle a révélé que la réplication virale pulmonaire est maximale au jour cinq post-infection [65, 117, 171]. La perte de poids, les poils ébouriffés, l’allure générale détériorée ainsi que la diminution de l’activité physique sont tous des symptômes liés à l’infection qui ont été démontrés par des études du modèle [117, 171]. Plusieurs études vaccinales ont été effectuées chez les souris BALB/C. Le modèle permet l’immunisation et développe une réponse immune rapidement suite aux immunisations. La rapidité de la réponse immunitaire ainsi que la susceptibilité à l’infection par le hMPV en font un choix idéal pour les études vaccinales. Toutefois, la souris BALB/C est connue pour stimuler une réponse déviée vers un type Th2. Ce facteur est donc à considérer lors des protocoles animaux. Ce modèle permettra de vérifier si un vaccin sous-unitaire est capable d’alléger ou de supprimer les symptômes de l’infection virale.

Toutes les souris immunisées ont démontré des symptômes cliniques tels que la perte de poids, le poil ébouriffé ainsi qu’une détérioration de l’état général. Malgré des titres viraux

pulmonaires sous le seuil de détection (<102) chez les groupes immunisés avec la protéine F adjuvantée (figure 19), la perte de poids persiste chez les animaux (figure 17a et b).

Chez les animaux immunisés Mock ou ayant reçu un vaccin non-adjuvanté, l’allure générale ainsi que le pelage sont affectés. L’absence d’anticorps neutralisants ainsi qu’une réplication virale pulmonaire importante chez ces animaux explique les symptômes cliniques notés suite à l’infection. Ces résultats sont par ailleurs attendus puisque les vaccins sous-unitaires sont généralement peu immunogènes en absence d’adjuvants [4, 95, 188, 206, 222, 241, 244]. Les groupes adjuvantés présentent de bons titres en anticorps neutralisants capables de limiter la réplication virale et concordent avec ce qui est attendu pour une vaccination sous-unitaire avec adjuvant [4, 19, 123, 179, 283]. Malgré l’allure générale saine des animaux vaccinés avec adjuvant, la perte de poids chez ces derniers a suivi la même courbe que les groupes immunisés sans adjuvants ainsi que les groupes contrôles négatifs (figure 17a et b). Une seule étude rapporte une atténuation du symptôme de perte de poids chez des souris immunisées avec un vaccin sous-unitaire contenant de la protéine F adjuvantée avec la protéine M [4]. Les études précédant celle- ci n’ont pas noté une amélioration du pourcentage de perte de poids chez les animaux immunisés infectés par le virus hMPV [63, 65, 123]. Une hypothèse possible est que la chute de poids soit caractérisée par la persistance de l’inflammation au sein de tous les groupes.

La perte de poids chez la souris est en lien avec un second paramètre de l’étude, soit la mortalité suite à l’infection par le hMPV. La mortalité est définie par un point limite du protocole lorsque l’animal atteint une perte de poids équivalente à 20% de son poids initial. Chez les groupes avec vaccins non-adjuvantés, des taux de survie de 75, 87.5, 100, 50 et 75% ont été observés chez les groupes immunisés avec T160N, A125C/I260C, 454-HQWH-457, F-Tm WT et le Mock, respectivement. L’ajout de l’adjuvant modifie les pourcentages de survie à 87.5, 100, 62.5, 87,5 et 75 % pour les groupes dans le même ordre que précédemment. En l’absence d’adjuvant, seul le groupe immunisé avec la protéine sauvage présente un taux de survie significativement moindre que le groupe contrôle. Lors des essais avec ajout d’adjuvant, le mutant A125C/I260C démontre une augmentation significative du taux de survie par rapport au contrôle négatif. Le groupe contrôle négatif est l’unique groupe dont la survie n’a pas été modifiée. Pour les protéines T160N, A125C/I260C ainsi que la protéine sauvage, l’alum augmente le pourcentage de

survie alors que celui-ci chute de 25% chez le groupe immunisé avec le mutant 454- HQWH-457 adjuvanté contrairement à ce qui était attendu. Une des hypothèses pour expliquer ces résultats contradictoires est que la perte de poids menant au décès des animaux est attribuée principalement à l’inflammation et moins à la réplication virale. Chez les souris immunisées sans adjuvant, il n’y a pas de développement d’anticorps neutralisants et la réplication virale n’est pas diminuée (figures 16b et 19), ce qui implique une perte de poids liée à la réplication virale et à l’inflammation. Dans le cas des vaccins adjuvantés, le développement d’anticorps neutralisants et l’arrêt de la réplication virale se traduisent par une perte de poids stimulée par une inflammation des voies respiratoires seulement. Dans ce cas, lorsque l’inflammation est à des taux équivalents, comme c’est le cas pour les groupes immunisés avec les protéines T160N, A125C/I260C et F-Tm WT, l’absence de réplication virale chez les groupes adjuvantés explique le taux de survie plus élevé. Le mutant 454-HQWH-457 semble moduler la réponse inflammatoire à la baisse lorsqu’administré seul, ce qui explique l’amélioration du taux de survie des animaux malgré l’absence d’anticorps neutralisants qui modulent la réplication virale. L’ajout de l’adjuvant alum au mutant 454-HQWH-457, connu pour stimuler l’inflammation, remonte celle-ci à des valeurs avoisinant le maximum de l’échelle utilisée pour caractériser l’inflammation et se traduit par une baisse du taux de survie. [144, 145]. Cette hypothèse semble corréler avec ce qui est observé au niveau de l’histopathologie pulmonaire où on retrouve une inflammation plus forte au sein du groupe 454-HQWH-457 adjuvanté comparé au non-adjuvanté alors que chez les autres groupes immunisés, l’inflammation demeure au même niveau, soit presque maximale avec les deux formulations vaccinales.

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