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4.7.5

Le choix des matériaux pris individuellement doit être dicté par leur capacité à passer l’épreuve du temps que ce soit par leur longévité prouvée dans le contexte climatique local ou par leur noblesse et leur capacité à survivre aux modes passagères. L’utilisation de matériaux nouvellement introduits sur le marché demande, comme mentionné plus haut, une connaissance pointue de leurs propriétés et de leur comportement prévu à long terme. L’utilisation de matériaux d’origine naturels ou de source renouvelable permet de grandement diminuer l’impact environnemental de leur utilisation. Au Québec particulièrement, la ressource en bois est spécialement à exploiter. Il s’agit en effet d’une ressource locale abondante, renouvelable et d’origine naturelle, recyclable et contribuant de plus, à la séquestration de carbone dans la construction. L’utilisation de matériaux de construction extraits, produits ou recyclés localement comporte de nombreux avantages. En premier lieu, le transport sur des distances plus courtes en diminue l’impact environnemental. Ensuite, la production ou la transformation des produits dans le pays d’utilisation apporte l’assurance du respect des normes sanitaires et environnementales en vigueur et souvent plus strictes que, par exemple, dans certains pays en voie de développement. L’impact des procédés de transformation sur les milieux naturels est également assuré selon la règlementation en vigueur. Lorsque désuets, les matériaux ou composantes nécessaires seront retrouvés plus facilement s’il s’agit d’un approvisionnement local. Finalement, point d’importance majeure, l’utilisation de matériaux locaux favorise l’essor de cette économie ainsi que le développement des connaissances (Pronovost, 2012). Les matériaux à faibles émissions sont également à privilégier, spécialement pour accommoder les personnes hypersensibles puisqu’une relation claire a été établie entre le taux de pollution de l’air intérieur par les composés organiques volatils (COVs) et la

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santé humaine. Ces COVs sont utilisés dans le processus de fabrication d’innombrables matériaux, mais également de plusieurs autres produits d’utilisation courante retrouvés dans les espaces intérieurs d’une résidence (Hemsath et autres, 2012). Finalement, l’utilisation de matériaux récupérés minimise de façon maximale l’impact de ces derniers en allongeant leur durée de vie utile. À défaut de ceux-ci, les matériaux contenant un fort pourcentage de matières recyclées évitent l’extraction de nouvelles ressources et diminue l’utilisation d’énergie liée au processus de transformation, ce qui en diminue fortement l’impact environnemental (Simard, 2009/Jolliet et autres, 2005).

L’analyse du choix des matériaux a fait l’objet d’un essai de la maîtrise en environnement par Élisabeth Simard en 2009. Ce dernier est intitulé : Les matériaux de construction résidentielle dans

une perspective de développement durable : analyse comparative est disponible sur le site internet

du programme de Maîtrise en environnement de l’Université de Sherbrooke (Simard, 2009).

Utilisation de matériaux de seconde vie

4.7.6

Un des aspects fondamental du design durable est de maximiser l’utilisation des ressources investies. Les déchets de construction et de démolition de l’ensemble du secteur de la construction comptant pour 35 % du flot de rebuts total au Canada, l’étape de la fin de vie utile pose de multiples défis (Gorgolewski, 2009). La réutilisation permet de donner une seconde vie aux matériaux et ainsi de conserver l’énergie intrinsèque préalablement investie lors de la transformation/assemblage de la composante. À priori, elle semble une voie tout indiquée dans l’objectif de réduire les coûts monétaires et environnementaux de la construction d’une résidence (Gorgolewski, 2009). Elle apporte cependant plusieurs défis au projet, ce qui peut en partie expliquer son recours marginal. Selon le docteur Gorgolewski, de plus en plus d’architectes tentent tout de même d’intégrer des composantes de seconde vie (poutres, colonnes, parement, briques, etc.) à leurs projets (Gorgolewski, 2009).

Par leur faible disponibilité, l’intégration de composantes usagées augmente la complexité du processus de design. Afin d’éviter les modifications de dernière minute, celui-ci doit alors s’amorcer par un inventaire des matériaux et composantes réutilisables disponibles afin de s’assurer de la coordination entre l’offre et la demande. De cette manière, la conception s’effectue avec comme contrainte, les dimensions et quantités disponibles. Bien que le coût des éléments de seconde vie soit attrayant, le temps accordé à leur recherche, à l’estimation de leurs spécifications techniques et à leur installation doit être pris en compte. Ces difficultés peuvent décourager clients et concepteurs (Gorgolewski, 2009). Une fois de plus, la loi de l’offre et de la demande est à considérer. Dans l’éventualité où un véritable marché de matériaux de seconde vie serait créé, davantage d’éléments pourraient être offerts à un prix inférieur aux matériaux neufs (Fleury, 2012).

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Le problème lié aux spécifications techniques des composantes demeure cependant entier. Comment s’assurer de la performance de composantes majeures telles que des fenêtres ou des éléments structuraux? Une utilisation ingénieuse ou alternative de ces composantes peut alors être la meilleure solution. Afin d’éviter que les pertes énergétiques soient plus importantes que le coût de l’investissement dans un élément neuf, les fenêtres de seconde vie peuvent être installées dans une pièce annexe. Quant à eux, les éléments structuraux dont la portance n’a pas été validée par un ingénieur devront eux aussi être mutés en un autre usage. Autre défi, où la démontabilité joue un rôle clé, la durée de vie résiduelle d’une composante usagée peut-être plus courte que celle de l’assemblage dont elle est partie intégrante. Il est donc important d’en tenir compte et d’en faciliter le remplacement ultérieur. Employée comme principe sous-jacent à la conception de la structure, la démontabilité permet la réutilisation directe de composantes, sans transformation préalable. Les assemblages doivent alors êtres boulonnés plutôt que cloués ou soudés et les adhésifs doivent être proscrits. Toutefois, puisque ces principes sont plus aisément applicables aux structures en bois d’ingénierie ou en acier qui occasionnent des coûts supplémentaires par rapport à une construction à ossature de bois conventionnelle, ils ne visent que rarement les constructions unifamiliales (Fleury, 2012/Gagné, 2010).