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CHAPITRE 1 - PROTOCOLE GÉNÉRAL DE L’ÉTUDE ET DONNÉES PRÉLIMINAIRES

1.1. Choix des ruchers et des colonies prélevées

1.1. Choix des ruchers et des colonies prélevées

Afin d’évaluer la contamination des matrices apicoles par les polluants environnementaux étudiés et d’établir une éventuelle spécificité, d’une part en fonction de la localisation du rucher et plus précisément du paysage, d’autre part en fonction de la période de l’année, des prélèvements ont été effectués régulièrement dans une cohorte de dix-huit ruchers à caractéristiques paysagères différentes.

Des études récentes ont montré que la contamination des matrices apicoles variait en fonction du contexte paysager des aires de butinage des abeilles*, notamment en fonction du degré d’anthropisation (Tuzen et al., 2007 ; Yarsan et al., 2007 ; Codreanu et al., 2009a ; Perugini et al., 2009 ; Bilandžić et al., 2011 ; Perugini et al., 2011 ; van der Steen et al., 2011). A la mise en place de l’étude, l’hypothèse, que des structures paysagères différentes autour des ruchers pouvaient refléter des conditions d’utilisations ou de rejets de contaminants de l’environnement différentes et donc des profils de contamination des matrices apicoles spécifiques, a été retenue. Afin de vérifier cette hypothèse et dans l’objectif de notre travail, le premier enjeu a donc été de sélectionner des ruchers installés dans des zones à caractéristiques paysagères différenciées en région des Pays de la Loire.

Les ruchers partenaires ont été choisis sur la base du volontariat suite à un appel lancé au niveau régional et relayé par les structures apicoles locales (Groupement d’Intérêt Economique, section apicole des Pays de la Loire ; Fédération des Apiculteurs de Bretagne et des Pays de la Loire ; Syndicats des Apiculteurs de Loire Atlantique (44), du Maine et Loire (49), de Mayenne (53), de Sarthe (72) et de Vendée (85) ; Associations Sanitaires Apicoles Départementales ; Groupements de Défense Sanitaire Départementaux). De nombreux apiculteurs soucieux de la situation difficile des abeilles, tant sur le plan national que mondial (Genersch et al., 2010 ; Moritz et al., 2010) et conscients des enjeux liés à la recherche dans ce domaine, ont manifesté leur souhait de participer à cette étude. Les choix définitifs ont été faits en fonction :

- de la localisation géographique des ruchers disponibles. Cette étude étant financée pour partie par les collectivités territoriales locales (Conseil Régional des Pays de la Loire, Conseil Général de Loire Atlantique, Nantes Métropole), des contraintes liées à la répartition géographiques des ruchers ont été prises en compte : la moitié des ruchers dans le département de la Loire Atlantique (dont la moitié d’entre eux située dans l’agglomération

*Dans la suite du texte, sauf mention particulière, le terme abeille(s) se rapportera à l’Abeille domestique Apis mellifera

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nantaise) et l’autre moitié répartie dans les quatre autres départements de la Région des Pays de la Loire ;

- du nombre de colonies allouées à l’étude. Au sein de chaque rucher, les stratégies de butinage des abeilles sont variables et plutôt spécifiques à chaque colonie, les butineuses récoltant le nectar et le pollen sur différentes ressources florales réparties autour du rucher (Bruneau et Colin, 2006 ; Holzschuh et al., 2007 ; Figure 4). Afin d’obtenir une image aussi fidèle que possible de la contamination chimique des ruchers, un nombre conséquent de colonies devait être prélevé, (i) sans pour autant réduire nos chances de trouver des ruchers de taille suffisamment importante, et (ii) tout en restant réaliste dans la charge de travail de terrain. Ainsi pour chaque rucher, huit ruches ont été sélectionnées au hasard pour y prélever les échantillons durant la totalité de l’étude (2008 et 2009). Les apiculteurs se sont engagés à tenir à disposition ce nombre de huit colonies et à les renouveler en cas de pertes (colonie morte, ruche détruite, …). L’objectif de l’étude étant d’utiliser les matrices apicoles comme sentinelles de la contamination de l’environnement proche des ruchers (notamment par comparaison des molécules utilisées sur le terrain et des molécules retrouvées lors des analyses) et donc de pouvoir rapprocher une éventuelle contamination de sa source, seules les colonies sédentaires ont été retenues, les colonies transhumant n’étant pas sentinelles d’un seul site géographique.

Figure 4. Illustration des stratégies de butinage spécifiques des colonies d’un même rucher sur une même période par les pelotes de pollen récoltées (A et A’ : contenu de trappes à pollen de deux colonies du même rucher ; B : bocal contenant une superposition des récoltes différentes de pollen de deux colonies d’un même rucher) ; (photos CVFSE/Oniris, 2009).

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Seize ruchers (identifiés de A à P) ont donc été sélectionnés en mars 2008 selon ces critères. Deux ruchers supplémentaires, situés l’un sur l’île d’Yeu (ruche IY ; Pays de la Loire) et l’autre sur l’île d’Ouessant (rucher IO ; Bretagne), ont participé à l’étude en tant que ruchers de paysages insulaires (Figure 5).

Figure 5. Localisation géographique des 18 ruchers partenaires (point noir) identifiés de A à P pour les ruchers continentaux, et IO et IY, pour les ruchers insulaires.

Les deux ruchers insulaires ont des caractéristiques propres :

- l’aire de butinage des abeilles est limitée à la superficie de l’île (2332 ha et 1558 ha respectivement pour l’île d’Yeu et l’île d’Ouessant), ce qui est inférieur aux aires mesurées pour les colonies continentales, les distances moyennes de prospection alimentaire variant de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres (Beekman and Ratnieks, 2000 ; Steffan-Dewenter et Kuhn, 2003) ;

- la flore de ces îles est spécifique avec une large proportion de plantes sauvages adaptées aux conditions climatiques difficiles en particulier sur l’île d’Ouessant (vents violents, embruns, couche de terre réduite, …). La pression anthropique est le plus souvent faible voire même très limitée pour l’île bretonne.

Ces facteurs font que la contamination chimique de la flore et des matrices apicoles liée aux activités humaines y est supposée comme faible par rapport à celle des ruchers continentaux.

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