• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 2 - CONTAMINATION DE TROIS MATRICES APICOLES PAR LES HYDROCARBURES

4. Conclusions

2.3. Données complémentaires

2.3.2. a. Contexte des analyses

Dans les échantillons d’abeilles, les concentrations en 4HAPs sont significativement plus élevées pour les ruchers A, G et IO (rail d’Ouessant) (Lambert et al., 2012b). La proximité des ruchers A et G d’agglomérations et de voies express (2x2 voies), sources d’émissions importantes de HAPs, peut permettre d’expliquer cette tendance, notamment par rapport aux ruchers éloignés de zones urbanisées et d’axes routiers et par conséquent moins contaminées (F et M) (Figure 21). Bien que le rucher insulaire IY soit implanté au sein d’une zone relativement urbanisée (Figure 21), la contamination par les HAPs est faible et vraisemblablement liée à la faible activité anthropique du site (réseau routier lâche et trafic routier exceptionnel, économie liée au tourisme et à la pêche, constructions interdites dans le sud de l’île et population regroupée au nord). La contamination des matrices apicoles par les 4HAPs semble ainsi fortement influencée par le contexte paysager et augmente avec la proximité des sources polluantes (villes, zones industrielles, routes, …).

Afin de corroborer ces résultats et suite à de nouvelles possibilités financières, les échantillons d’abeilles récoltés durant l’année 2008 sur deux ruchers implantés au sein même de la ville de Nantes (K et N) ont été analysés ultérieurement selon la méthodologie générale utilisée pour les échantillons des ruchers A, F, G, M, IO et IY (Lambert et al., 2012b). Le choix des échantillons de ville s’est porté sur l’année 2008 du fait de la disponibilité de prélèvements complets sur cette année.

97 Figure 21. Représentation cartographique des zones d’activités anthropiques (agglomérations, axes routiers) des aires de butinage des ruchers A, F, G, IO, IY et M.

2.3.2.b. Résultats et discussion

Le tableau 5 présente les résultats bruts du dosage des HAPs considérés dans la partie 2.3.1. pour les deux ruchers de ville (K et N) et le tableau 6 récapitule les paramètres statistiques établis pour la somme des 4HAPs pour l’ensemble des ruchers suivis dans cette partie (A, F, G, IO, IY, K, M, N).

98

Tableau 5. Concentrations (µg.kg-1) en HAPs (BaP (Benzo[a]pyrène), BaA

(Benzo[a]anthracène), Ch (Chrysène), BbF (Benzo[b]fluoranthène), 4HAPs (somme de BaP, BaA, Ch et BbF), A (Anthracène), Py (Pyrène), Ph (Phénanthrène) et Fl (Fluoranthène)) déterminées dans les abeilles de 2 ruchers de ville (N et K) prélevées en 2008 (périodes 1 à 4).

Période-rucher BaP BaA Ch BbF 4HAPs A Py Ph Fl

1-K 0,434 0,429 < 0,084 0,832 1,737 < 0,338 3,887 1,918 2,188 2-K 0,169 0,214 0,448 0,397 1,228 < 0,281 1,940 < 1,120 1,024 3-K 2,674 5,167 7,429 4,612 19,882 < 0,291 6,514 < 1,160 6,664 4-K 0,169 0,233 0,610 0,314 1,317 < 0,288 1,324 < 1,150 1,088 1-N 0,392 0,593 0,759 0,793 2,537 < 0,297 1,849 < 1,190 0,887 2-N 0,070 0,059 < 0,074 0,091 0,257 < 0,297 1,123 < 1,190 0,375 3-N 0,168 0,092 0,359 0,279 0,898 < 0,332 1,106 < 1,330 0,632 4-N 0,073 0,063 0,126 0,075 0,336 < 0,266 2,814 < 1,070 0,680

Tableau 6. Paramètres statistiques (minimum, maximum, moyenne, médiane et écart type) établis pour les concentrations en 4HAPs (µg kg-1) dans la matrice abeille par rucher pour l’année 2008 (toutes périodes confondues).

rucher minimum maximum moyenne médiane écart type

A 1,77 12,78 7,76 8,73 5,57 F 0,34 1,87 0,96 0,82 0,69 G 1,04 46,21 22,74 21,85 24,32 IO 0,87 71,89 19,2 2,03 35,13 IY 0,33 0,91 0,59 0,55 0,25 K 1,23 19,88 6,04 1,53 9,23 M 0,40 2,22 1,02 0,45 1,04 N 0,26 2,54 1,01 0,62 1,06

Le test non paramétrique de Krustal-Wallis ne montre pas de différence significative de contamination par les 4HAPs entre les ruchers, même si les ruchers A, G, IO et K semblent être plus contaminés que les ruchers F, IY, M et N (Figure 22).

99 Figure 22. Boxplots des concentrations moyennes pour la somme des 4HAPs (exprimées en log) dans la matrice abeille par rucher pour l’année 2008.

Le rucher N situé en pleine ville de Nantes présente la concentration en 4HAPs la plus faible et une concentration moyenne équivalente à celles de ruchers de pleine zone rurale et éloignés de toute source potentielle d’émissions de HAPs. L’autre rucher situé au cœur de Nantes (K) est caractérisé par une concentration moyenne en 4HAPs intermédiaire entre les ruchers les moins contaminés et les ruchers les plus contaminés. Les 4HAPs regroupent des HAPs lourds et sont considérés comme des marqueurs d’émissions industrielles, d’émissions d’incinérateurs de déchets et de la circulation automobile (Yang et al., 1998 ; Maliszewska-Kordybach et al., 2009). Les ruchers de ville (K et N) devraient à ce titre ressortir comme les plus contaminés (Garban et al., 2002), d’autant que les agglomérations à proximité des ruchers A et G, sont incomparablement plus petites en terme de densité de population, de circulation et d’industrialisation que la métropole de Nantes. De plus, les concentrations en HAPs à 5 et 6 cycles aromatiques considérés comme marqueurs d’une circulation automobile lente (Dong et Lee, 2009) ne sont pas plus élevées pour les ruchers de ville (K et N) que pour les ruchers A et G proches d’axes routiers rapides. Garban et al. (2002) ont montré par ailleurs que la contamination par les HAPs de certains sites, même éloignés de sources d’émission, pouvait dépendre de l’orientation des vents dominants. Ces résultats peuvent en partie expliquer les différences retrouvées lors de notre étude d’autant qu’il s’agit dans ce cas de mesures très ponctuelles (quatre prélèvements dans l’année).

100

Le test non paramétrique de Krustal-Wallis ne montre pas de différence significative de contamination par les 4HAPs entre les différentes périodes pour les échantillons d’abeilles des huit ruchers en 2008 (Figure 23). Le fait que les quatre prélèvements soient regroupés sur six mois de l’année peut expliquer ce résultat d’autant que la bibliographie montre clairement que les principales différences de contamination par les HAPs sur une année sont retrouvées entre les périodes froides d’hiver et d’automne (chauffage domestique, Motelay-Massei et al., 2007) et les périodes plus chaudes du printemps et de l’été (Azimi et al., 2005).

Figure 23. Boxplots des concentrations moyennes pour la somme des 4HAPs (exprimées en log) dans la matrice abeille par période (1, 2, 3 et 4) tous ruchers confondus pour l’année 2008.

La comparaison de la contamination par les HAPs légers entre les ruchers urbains (K et N) et les autres ruchers (A, F, G, IO, IY, M) est difficile dans la mesure où les résultats pour les échantillons de ville concernent l’année 2008 et ceux pour les échantillons des ruchers ruraux concernent l’année 2009. Quoi qu’il en soit, les concentrations moyennes mesurées en anthracène et en phénanthrène dans les ruchers de ville sont intermédiaires entre les ruchers les plus contaminés et les moins contaminés par ces molécules (Tableau 7). Sans infirmer ceux de la partie 2.3.1., ces résultats soulignent une nouvelle fois la difficulté de travailler avec un faible nombre de ruchers de paysages différents et des prélèvements ponctuels et éloignés dans le temps.

101 Tableau 7. Concentrations moyennes (µg.kg-1) en HAPs à 3 cycles aromatiques (Anthracène et Phénanthrène) déterminées dans les abeilles des ruchers A, F, G, IO, IY et M (année 2009) et des ruchers K et N (année 2008). HAPs à 3 cycles rucher A F G IO IY K M N anthracène 0,148 0,124 0,047 0,768 0,050 0,150 0,070 0,149 phénanthrène 0,581 1,241 0,539 4,157 0,638 0,908 0,703 0,598 2.3.2.c. En résumé

Les concentrations en HAPs mesurées dans les échantillons d’abeilles récoltés en 2008 pour deux ruchers de ville, ne mettent pas en évidence de différences significatives de contamination, ni entre les ruchers de paysages ruraux et ceux de paysages urbains, ni entre les périodes de prélèvements. Ces résultats confirment cependant le fait que la contamination par les HAPs est dépendante du contexte environnemental propre au rucher (proximité des activités industrielles et circulations automobiles, exposition aux vents, …).

102

2.4. Conclusion concernant la contamination des matrices apicoles par les