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Choix des attributs ou fonctionnements

Chapitre 4 : Théorie des ensembles flous et approche des capabilités : application à la mesure

4.5 Application à la mesure de la pauvreté à Djibouti

4.5.2 Choix des attributs ou fonctionnements

Afin de sélectionner des attributs, notre base d’information sera fondée sur le concept de la pauvreté multidimensionnelle introduit par Sen. Selon Sen (1987), le bien-être capabiliste est capté dans trois dimensions associées à une liste non-exhaustive des fonctionnements. Dans cette sous-section, on s’intéresse qu’aux fonctionnements élémentaires (basic functioning). Des fonctionnements, qui peuvent être plus importants dans le bien-être des individus et dont leur utilisation n’est pas tant pour opérer un classement des niveaux de vie, mais plutôt pour décider

56 Cette étude avait pour objectif de construire un indice de la pauvreté multidimensionnelle à Djibouti 57Un ménage ordinaire désigne l’ensemble des personnes qui partagent la même résidence principale.

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d’un point seuil de pauvreté et de privation ». Ainsi, les quatre premiers fonctionnements sont associés à la dimension des réalisations effectives, les fonctionnements cinq et six s’inscrivent dans la dimension liberté d’opportunité, quant au dernier fonctionnement, il est associé à la dimension liberté procédurale. Pour une meilleure compréhension des variables retenues, nous précisons dans la section suivante, le contenu des indicateurs qui ont été attachés à ces variables.

A. Être bien nourri

Pour ce fonctionnement, il convient de calculer le montant de dépenses alimentaires des ménages noté : (X1). Le choix de cet indicateur est soutenu par deux arguments : d’une part,

par le fait qu’on peut décomposer les dépenses alimentaires par type de produit afin d’aider le gouvernement à subventionner le produit dont les personnes ne sont pas capables de s’acquérir et qui peut être un produit de première nécessité. D’autre part, la disponibilité et la qualité de l'alimentation augmentent de façon générale avec les dépenses alimentaires par tête du ménage, pour un même niveau général des prix. L’indicateur dépense de consommation, nous semble être un bon critère pour estimer l’état de privation dans les pays pauvres car les personnes enquêtées dans ces pays affichent souvent une méfiance à révéler leurs réels revenus. Tandis que l’indicateur revenu apparaît plus pertinent pour évaluer le niveau de pauvreté dans les pays développés.

Pour chaque ménage, la dépense alimentaire est obtenue en additionnant, le montant des dépenses ∑ sur tous les produits de consommation alimentaire ( = 1, … , = ). Ainsi, pour une comparaison des dépenses alimentaires des ménages, on doit tenir compte de la composition des ménages en fonction de la taille du ménage, et en fonction de la structure par âge et par sexe de membres que compte ce ménage. Pour ce faire, on inclut dans le calcul deux paramètres :

 = où 0≤σ≤1, est un coefficient d’équivalence mesurant pour chaque ménage, le degré des économies d’échelle58réalisées selon sa taille. Tout chose égale par ailleurs,

si σ =1, les économies d’échelle sont exclues et si σ = 0 la dépense alimentaire équivalent est simplement égal au dépense alimentaire disponible du ménage, car =1.  = paramètre mesurant le besoin calorique par sexe et par groupe d’âge pour

chaque membre du ménage.

58 Les économies d’échelle signifient dans ce contexte que des personnes vivant ensemble dépensent moins grâce au

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En partant de l’hypothèse que la relation entre les dépenses alimentaires du ménage et sa composition n’est pas proportionnelle, on a ramené la dépense alimentaire à une dépense alimentaire par équivalent-adulte. On a donc l’indicateur (X1) qui exprime la proportion de

dépenses alimentaires équivalentes de chaque individu membre d’un ménage pris dans cette étude :

= / ∗

(4.23)

B. Avoir un logement décent

Plusieurs indicateurs sont pris en considération pour traduire la décence ou non des conditions de logement des ménages. On énumère ainsi six indicateurs :

 La nature du mur extérieur (X2)

 Le revêtement du sol (X3)

 Le type de toilette (X4)

 L’alimentation en eau (X5)

 L’éclairage (X6)

 Le type de combustible de cuisson (X7)

La direction de la statistique à Djibouti a établi dans son enquête, un classement par ordre de confort du logement en fonction de ces indicateurs. Par exemple, sur la nature du mur extérieur (X2), il est détermine sept niveaux de confort selon les matériaux qui constitue

principalement les murs du logement : (1) béton ou brique, (2) tôle uniquement, (3) planche uniquement, (4) tôle et planche, (5) carton/paille, (6) terre, (7) autres. On peut alors calculer pour cet indicateur (X2) avec , … , les différents niveaux de matériaux de construction, une

pondération affectée à chaque niveau de confort : = 1, … , 7 On note cette pondération où :

= /

(4.24) On note aussi le nombre de ménages vivant dans ce type de logement avec un niveau de confort .

146 ( ) =

(4.25) On fait autant pour les autres indicateurs décrivant la décence du logement.

C. Être en bonne santé

La santé est la dimension la plus difficile à mesurer, car il n’existe pas des indicateurs de santé comparables à tous les membres du ménage (Alkire, 2013). On mesure habituellement la santé par le taux de malnutrition des enfants des ménages, malheureusement, cette information est seulement observée pour une petite partie des individus. Par contre, il est opportun de calculer le montant des dépenses alimentaires des ménages. En effet, être en bonne santé actuellement à Djibouti dépend de la capacité en dépenses des individus pour se soigner. Cela s’explique en fait, par le changement structurel de système de santé djiboutien qui est passé depuis quelques années, d’un système de soins gratuit à une « marchéisation » du système de soins59. Donc nous trouvons intéressant dans cette étude, l’évaluation de l’assurance faces à

ces charges (les dépenses de santé par personne que ça soit des dépenses pour des consultations, des médicaments achetés ou même le frais d’un guérisseur traditionnel) sur la qualité de vie des ménages djiboutiens. On dispose dans notre base la variable « assurance maladie » qu’on note ici (X8). Cette variable est décomposée en différentes modalités selon l’entité qui prend en

charge le ménage face aux charges sus-évoquées : (1) employeur, (2) État, (3) compagnie d’assurances, (4) parents, (5) ONG ou (6) autres. Pour mesurer ce fonctionnement, les modalités sont ordonnées en fonction du pourcentage de prise en charge dans le contrat d’assurance. On note le pourcentage de prise en charge affecté à chacun des entités H=5 : on note aussi le nombre de ménages ayant souscrit à un contrat d’assurance.

= ℎ ℎ

(4.26) Puis on calcule l’indicateur d’assurance face aux dépenses de santé :

( ) =

(4.27)

147 D. Avoir une éducation suffisante :

On mesure ce fonctionnement à l’aide de l’indicateur de niveau d’instruction du chef de ménage. Ce choix d’indicateur pourrait se justifier par le fait que la qualité d’éducation est liée au niveau d’éducation. On note les éléments suivants : k1, k2, …, K le niveau d’étude du chef de ménage : (1) jamais scolarisé, (2) primaire, (3) secondaire, (4) supérieur, (5) autres. De la même façon que l’indice précédent, nous calculons l’indicateur de niveau d’éducation comme suit :

( ) =

(4.28) E. Avoir accès aux opportunités offertes par la ville :

L’indicateur qui convient le mieux est le nombre d’établissements se rapportant à la vie courante (consommation de biens et services, santé, éducation, culture et divertissement, et administration et gestion courante) accessibles en moins de 45 minutes du domicile. Une panoplie d’indices est envisageable pour cette mesure :

 Accès à l'école primaire  Accès aux transports publics  Accès au marché des aliments

 Accès au centre de santé communautaire(X9).

La mesure de ce fonctionnement est donnée par l’effectif ou le nombre total des établissements se rapportant à la vie courante accessibles à moins de 30 minutes du domicile. Afin de refléter l’image globale d’une pauvreté structurelle à Djibouti, nous avons sélectionné au total 13 attributs socio-économiques. Dans l'annexe se trouvent les degrés d'appartenance de chaque attribut choisi dans cette étude.

(X1) Dépense alimentaire équivalente

(X2) Nature du mur extérieur

(X3) Revêtement du sol

(X4) Type de toilette

(X5) Alimentation en eau

148 (X7) Combustible de cuisson

(X8) Assurance maladie

(X19) Niveau d’éducation du chef de ménage

(X10) Accès à l'école primaire

(X11) Accès aux transports publics

(X12) Accès au marché des aliments

(X13) Accès au centre de santé communautaire.