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Charlie Alakarialak Inukpuk

CHAPITRE 2 PRIMITIVISME ET ART INUIT

3.2 Charlie Inukpuk et sa parenté

3.2.1 Charlie Alakarialak Inukpuk

CHARLIE Alakarialak INUKPUK (E9-906)30 est né le 14 juin^i 1941, à Kotak, à

45 miles au Nord du campement de Inukjuak près de la rivière Nowligavik. Il est le premier fils du célèbre sculpteur Johnny Inukpuk sr. (né le l’janvier ou 30 31

30 E9-906 est le numéro d'identification appelé "disc number" qui était donné aux Inuit sous forme d'un numéro imprimé sur une rondelle rouge en fibre compressé de la dimension d'un .25$ et percée de deux trous, qu'ils devaient porter sur eux ou garder en lieu sûr. À l'arrivée des Blancs, les noms de famille n'étaient pas en usage par les Inuit, et pour la bureaucratie blanche, il devenait impossible de différencier ces habitants de l'Arctique canadien, surtout qu'il était coutume chez les Inuit que plusieurs personnes puissent partager le ou les mêmes noms sans égard au sexe, et encore fallait-il passer par dessus la difficulté de prononcer ces noms aux sonorités gutturales bien particulières. Les noms bibliques (Lukasi, Markosi, etc.) donnés aux convertis faisaient aussi problème, car souvent ils étaient partagés par de nombreuses personnes dans la même région. Ainsi, le gouvernement fédéral décida-t-il en 1941 de distribuer ces "disc numbers" dans tout le Grand Nord canadien; ils en distribuèrent 1709. Ce système fut révisé en 1945, afin de pouvoir mieux gérer des programmes de santé et de Bien-être (pour la distribution des allocations personnelles). Le système de 1945 plus précis que celui de 1941, on rappela les anciens disques que l'on remplaça par des disques de même apparence mais portant un numéro de district (composé d'une lettre et d'un chiffre, ex. E9 équivault à Nouveau- Québec) et un numéro individuel allant jusqu'à quatre chiffres.

C’est ce même numéro qui devint pour la majorité des sculpteurs leur signature, puisqu’ils n'avaient qu'à copier les caractères d'après leur disque. Il faut mentionner que les

habitants de Inukjuak furent parmi les premiers à utiliser des noms de famille, ce, vers le début des années 1960. Ces noms étaient habituellement choisis d'après les noms des chefs de famille.

Pour plus de détails, voir: ROBERTS, A., Barry, Eskimo Identification and Disc Number: A Brief History. Ottawa, Department of Indian and Northern Affairs, June 1975

31 En fait, il subsiste une controverse à propos de la date de naissance de Charlie Inukpuk: si l'on se réfère à la liste de numéros de disque, il serait né le 14 juin 1941, alors que certains auteurs affirment qu'il est né en septembre 1941 sans en préciser le jour: voir la biographie de FCNQ et le texte de George Swinton, à la page 30, dans le catalogue de

à l'été 1911, E9-904) et de sa première épouse Alicie32; elle est morte en 1945, après 6 ans de mariage. Johnny qui avait deux garçons en bas âge. Charlie et Adamie (née 1943, E9-907), se remaria vers 1950 avec Mary Okara (E9-877). À la mort de Inukpuk "l'ancien" en 1962, Johnny Inukpuk prendra la charge du camp Inukpuk.

Charlie Inukpuk a passé la majorité de sa vie en dehors du village de Inukjuak. Après vérifications dans des registres du gouvernement fédéral nous sommes en mesure d affirmer qu'à 24 ans, en 1965, Charlie Inukpuk n'est plus dans le camp Inukpuk; il vit avec Elizabee dans le camp de Sarollie (Weetaluktuk) situé sur la côte Ouest du Nouveau-Québec, à environ cinquante kilomètres au Sud d'Inukjuak. Au moment du recensement33 34 de 1965, Charlie et Elizabee vivent avec un enfant du nom de Silas Tuki (E9-3218) qui est né le 1 novembre 1964. Parmi les 13 familles (63 personnes) du camp de Sarollie, il y en a deux qui portent le nom de Tuki. Est-ce un enfant adopté, comme parfois c'est la coutume chez les Inuit? Nous ne croyons pas car l'enregistrement stipule qu'il s'agit d'un fils et non d'un neveu ou d’un autre type de lien de parenté. Lors de la révision des listes de numéros de disque le premier novembre 1967, Charlie et Elizabee sont toujours établis au même camp (qui, entre temps, est devenu le camp de Simeonie (Weetaluktuk), ce dernier ayant succédé à la tutelle du camp, suite au décès de son frère Sarollie) avec deux enfants: une fille, Alicie née le 22 avril 1966 et un garçon, Eliassie Putulik né le 13 juin 1967, mais on ne retrouve plus la trace de Silas Tuki, car ce dernier est mort en 1967 des suites d'une opération abdominale. Sans pouvoir préciser à quel moment ils quittent la vie de camp traditionnelle, nous savons qu'en avril 1970, la famille de Charlie et Elizabee est toujours dans le camp de Simeonie; alors qu'en 1974, Charlie et son épouse accompagnés de leurs six enfants sont enregistrés au village de Inukjuak. Aujourd’hui, à Inukjuak, Charlie vit principalement de la vente de ses sculptures et des produits de sa chasse; " CharJie Joves to hunt mostly big game, like caribou'"M De plus, lorsque c'est possible, durant la saison estivale,

32 Alicie Alakarialak était la fille de Alakarialak qui joua le premier rôle dans Nanook of the North (Film documentaire américain, réalisé en 1921 par R. O'Flaherty). Alicie mourut d'une hémorragie après un accouchement. Il est à noter que l'Institut Culturel AVATAQ recommande que l'on utilise la formulation "Alicie" lorsque l'on parle de Alice Alakarialak.

33 WRIGHT, A.P., McGIRL, J„ Population list Settlement of Inoucdiouac. Québec, Dept. Northern Affairs and National Resources et Indian & Northern Health Service, 30 novembre 1965, p. 13

34 SWINTON, George, Art /Inuit / Art. Collection permanente de sculptures esquimaudes Rothmans. Canada, 1975, p. 30 (non-paginée).

Charlie travaille dans la région: c'est ainsi qu'il assure la subsistance de sa famille.

Son épouse, Elizabee Inukpuk (née le 30 mai 1938, E9-881) s'occupe de leurs six enfants; de plus, elle est très active dans la fabrication de poupées très détaillées:"... Elizabee (... ) is veryinvoivedin making the most exquisite doiis, authenticaHy dressed in inuit styie ciothes. Her doiis were featured in the

'Cratis from Arctic Canada ' exhibition heJd Toronto, 1974 and she personnaiy attended the craft workshops that were staged at the same time. “7>

Charlie a commencé à sculpter durant son adolescence; il est même raisonnable de croire qu'il ait pu faire ses premières tentatives du temps qu'il vivait à Kotak. Puisque Barry A. Roberts affirme dans sa publication à propos des sculpteurs de Inukjuak, que "// was there that he began carving stone, an

activity for which he possesses a natural talents Voyant sculpter son père ainsi que d'autres membres de la communauté, Charlie a bien pu lui aussi s'intéresser (ou du moins s'exercer) à cette activité normale, "toute naturelle ". Cette importance de la sculpture à Kotak, au début des années 1960, est confirmée par Roberts: "A visitor to Inukpuk s camp,... described it as 'No longer a camp, but a village’. He found some men hunting, some carving, some making fishnets and said they were recognized as the best carvers and trappers in Port Harrison. ”35 36 37

De plus, James Houston mentionne que le camp Inukpuk {cf. Illustration 1), dirigé par Inukpuk "l'ancien", le grand-père de Charlie, est en 1940 l'un des trois sites privilégiés par l'abondance d'une pierre de qualité. Vue la disponibilité d'une matière première de qualité, il n'est donc pas étonnant que Johnny et son fils, Charlie, aient commencé à sculpter lorsqu'ils vivaient dans ce camp, alors que la demande pour les sculptures allait en augmentant.

Dans la collection des Affaires indiennes et du Nord Canada, nous avons retrouvé 3 sculptures de Charlie Inukpuk datant de 1958: NA 440, NA 560 et NA 563. Ce qui indique clairement que Charlie Inukpuk était déjà un sculpteur actif à 17 ans du temps où il résidait encore avec son père. À vingt ans, il réalise son oeuvre la plus connue Bear Hunt qui fut diffusée par le biais de cinq publications importantes dont les deux Best Sellers ûe George Swinton:

35 ROBERTS, A. Barry, The Inuit of Inoucdiouac. PO, Montréal, La Fédération des Coopératives du Nouveau-Québec avec le Department of Indian Affairs and Northern Development, 1978, Ulus., p. 48.

36 Ibid., p, 53- 37 Ibid., p. 32.

Eskimo sculoture/sculoture esquimaude

(1965)

et

Sculpture of the Eskimo

(1972)

traduit en français en

1976:

La sculpture des Esquimaux du Canada .

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