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Chapitre 7: L’influence de la langue maternelle au niveau grammatical

Selon Cuq (2003: 119) : « La notion de grammatical renvoie à la conformité d’un

énoncé à la composante morphologique ou syntaxique d’une langue. Elle permet donc de distinguer ce qui est possible ou grammatical, de ce qui est impossible ou agrammatical. Tout sujet parlant est à même d’émettre des jugements de grammaticalité sur les énoncés produits dans sa langue maternelle, mais certaines théories formalistes ont amené à des jugement très restrictifs ».

Pour apprendre une langue étrangère, l’apprenant se réfère à sa langue maternelle pour apprendre les règles grammaticales de la langue étrangère. Mais évidemment, les règles de la langue maternelle sont rarement transposables dans la langue étrangère.

Weinreich (1968) déclare que : « l’interférence grammaticale se produit si un

apprenant identifie des morphèmes, la classe des morphèmes ou des rapports grammaticaux du système de la langue maternelle et ensuite les utilise dans le discours en langue étrangère ».

VII.1. Au niveau morphologique

Le système verbal de l’arabe diffère profondément du système français. On distingue

essentiellement deux « temps » ou plus exactement deux aspects :

- L’inaccompli que l’on traduit généralement par notre présent ou notre futur ; - L’accompli, que l’on traduit généralement par un temps du passé.

L’arabe n’a pas de « conditionnel ». En revanche, il existe trois conjonctions hypothétiques en arabe standard, et c’est le choix de l’une d’elles par le locuteur qui détermine le sens « présent-futur » ou « passé » de l’hypothèse. Contrairement au français, ce n’est donc pas le « temps » qui commande le sens, c’est la conjonction.28

Au niveau morphologique, on constate :

1. La confusion entre le temps ou les aspects verbaux. Il est difficile à l’écoute de distinguer les formes du conditionnel passé (n’existant pas en arabe) : j’aurais fait et de celles du futur antérieur : j’aurai fait. Comme la distinction entre le conditionnel présent et le futur.

28 Voir Cuq (1996 :52)

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2. Les nuances de sens des auxiliaires ne sont pas reconnues :

Nous sommes parties rapidement ; elles ont été surprises par l’orage ; ils se sont lavés. En arabe, le verbe auxiliaire est rarement exprimé.

3. Le genre et le nombre sont marqués autrement qu’en arabe, où c’est la terminaison qui est un marqueur du genre, du nombre et du cas alors qu’en français ce sont les déterminants : le, la, les pauvre (s) : en arabe : fakir, fakirah, foukara

VII.2. Au niveau morpho-syntaxique

Les paronymes dans la langue orale peuvent parfois apporter une incompréhension au niveau morphologique et morpho-syntaxique. Ainsi, des formes morphologiques différentes, voire des classes morphologiques différentes, se prononcent de la même façon :

- thé

- tes

- taie

On prononce de la même façon et on écrit différemment les mots comme beaux/beau, courent/court/cours, etc. Cette différence entre l’écrit et l’oral en matière grammaticale est utile puisque l’information écrite est alors porteuse d’informations supplémentaire de nature sémantique. Ce sont des homonymes.

Concernant l’influence de la langue maternelle des étudiants saoudiens, sur la compréhension du français, on constate également au niveau morpho-syntaxique :

1. La confusion entre un participe présent et un adjectif : Homme galant- homme lisant 2. La construction différente des formes morphologiques : gérondifs, adjectif, participes. 3. L’absence, en langue arabe, de certains articles qui sont essentiels dans la structure

grammaticale de la langue française : article indéfini, article partitif.

VII.3. Au niveau syntaxique

Dans la phrase française, l’ordre des mots joue un rôle dans la compréhension. C’est essentiellement le noyau de la phrase qui concentre le sens, c'est-à-dire le couple sujet/verbe ou de la triade sujet/ verbe/ complément dans la phrase active. Cet ordre des mots dans le noyau constitue une information très importante, et le noyau de la phrase doit absolument être reconnu et traité.

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En langue arabe, l’ordre des mots est sans importance pour la compréhension. C’est la déclinaison qui fournit l’information nécessaire, qui permet de comprendre « qui a fait quoi ». Contrairement au français et à l’anglais, l’arabe possède seulement deux types de phrases : la phrase nominale et la phrase verbale. Or le français tout comme l’anglais ne connaît que la phrase verbale. La phrase verbale en arabe suit l'ordre Verbe-Sujet-Objet (VSO), telle que « écrit l'élève son devoir ». Ce qui équivaut en français à : « l'élève écrit son devoir. »

Au niveau syntaxique, on constate que les problèmes rencontrés sont :

1. La difficulté à faire le décodage syntaxique des phrases ou expressions.

2. La présence en français des propositions participes, tours infinitifs, constructions causatives (absentes en arabe).

Pour mieux facilité l’apprentissage des « primo-apprenants » surtout au niveau syntaxe , il serait plus judicieux et efficace d’utiliser des phrases courtes et simples en évitant le plus possible des phrases longues, complexes et les subordonnées relatives.

Selon Brown(1995)29, il est plus facile de comprendre n’importe quel type de texte s’il présente les caractéristiques suivantes : «

a) Un nombre limité de personnes ou d’objets ;

b) Des personnes ou des objets clairement distincts ;

c) Des relations spatiales simples (par exemple, une rue, une ville, au lieu d’utiliser des

localisations plus vagues, comme « un peu plus loin, etc ».) ;

d) Le respect de l’ordre chronologique des évènements ;

e) Un lien entre les différents énoncés (par exemple, des relations de cause à effet) ;

f) La possibilité de relier facilement la nouvelle information aux connaissances

antérieures. »

Selon M. Lebre-Peytard (2003 :142), il existe d’autres phénomènes syntaxiques peuvent poser également des problèmes : les ruptures de constructions, les constructions grammaticales, les constructions inachevées, ainsi que les énoncés juxtaposés, et les constructions segmentées

29 Voir Cornaire (1998 :127)

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