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Certains dépôts côtiers isolés sont à la fois lieu d’importation et lieu d’un marché secondaire sous forme de cessions en bac

physiques raffinés en Europe 

11   Certains dépôts côtiers isolés sont à la fois lieu d’importation et lieu d’un marché secondaire sous forme de cessions en bac

 le  prix  de  vente  d’un  produit  raffiné  ne  s’obtient  pas  en  ajoutant  des  coûts  de  fabrication et une marge commerciale au prix d’achat du pétrole brut nécessaire 

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pour le fabri uer : il peut aussi être inférieur au prix du pétrole brut (cas du fioul  lourd) ; 

 les  prix  des  produits  évoluent  par  « famille » :  ici,  par  exemple,  on  observe  une  évolution  relativement  parallèle  de  deux  produits  de  la  famille  des  distillats  moyens,  le  fioul  domestique  et  le  carburéacteur  /  jet  fuel,  ou  de  la  famille  des 

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fiouls  lourds  utilisés  pour  produire  de  la  thermie  (basse  te eur  en  soufre),  ou  comme soutes pour les navires (haute teneur en soufre) ; 

 chaque  famille  de  produits  voit  ses  prix  évoluer  de  façon  relativement  indépendante  de  ceux  des  autres  familles,  comme  l’illustre  par  exemple  la  saisonnalité particulière des essences européennes – tirée par les anticipations de  « driving  season »  ou  des  conséquences  d’ouragan  américains  –  ou  encore  le  renchérissement très significatif des fiouls lourds par rapport au Brent en 2009,  alors  que  l’ensemble  des  produits  plus  légers  venaient,  eux,  à  se  déprécier  en  valeurs relatives. 

On notera enfin avec intérêt, que quoiqu’ayant joué certainement un rôle d’amortisseur  de  l’amplitude  des  prix  perçue  par  le  consommateur,  le  fait  que  les  produits  soient  commercialisés « duty paid », et surtout en euros, ne suffit pas à effacer la contribution12 

propre des marchés de produits à la « volatilité excessive » des prix pétroliers :  Graphique 2 : Écarts de prix hors taxes en €/T entre les barges de produits 

et le Brent ICE (1er mois) 

Gasoil (f uel domestique) Fuel Oil 3.5 % S (soutes) Essence 10 PPM Fuel Oil 1.0 % S (thermies)

Jet Fuel 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 EU R/ M T -500 -400 -300 -200 -100 0 100 200 300 400   Source : TOTSA.          12 On peut même avancer que certains mécanismes structurels conduisent naturellement à exacerber sur  les marchés internationaux de produits raffinés les hausses de prix observées sur le marché des bruts : par  ex. brûler 5% du pétrole brut acheté pour fabriquer des produits a une incidence économique différente sur  le coût des produits fabriqués avec un brut acheté à 500 $/T ou à 1000 $/T ; ou encore, un objectif de ROCE  de 15% sur des immobilisations de 90 jours de stocks induit nécessairement une pression à la hausse des  marges unitaires en cas de tendance haussière durable des prix. 

2.3. Sur quoi faire porter en priorité un effort de régulation des marchés 

de produits pétroliers en Europe ? 

Ce qui précède ainsi que le fait que les mécanismes utilisés pour la formation des prix  TTC  au  départ  d’un  dépôt  pétrolier  de  l’Union  européenne  prennent  en  compte  pour  l’essentiel :  

 des  cotations  publiées  par  Platt’s  ou  Petroleum  Argus  soit  pour  les  marchés  internationaux de cargaisons de produits répondant aux spécifications techniques  européennes  dans  le  nord‐ouest  de  l’Europe  ou  en  zone  méditerranéenne,  soit  pour les barges de mêmes produits négociées en zone ARA, 

 quand ce n’est pas directement une échéance du contrat à terme de gasoil (qualité  fioul  domestique  –  pour  cession  en  bac  en  zone  ARA  –  en  $/T)  négocié  sur  ICE  Europe, 

conduit à effectuer pour chaque famille de produits raffinés négociables sur le marché  sous douane européen, le même type d’analyse détaillée que celle présentée plus haut  pour le marché plus global des pétroles bruts. 

Nous ne présenterons ici que le résultat de ces a alyses : n

 les  cargaisons  physiques  de  produit  vendues  au  départ  des  raffineries  exportatrices  européennes  ne  sont  pas  des  « produits »  physiquement  fongibles  sur un marché, pour plusieurs raisons. D’une part, chaque raffinerie donne à ses  fabrications  disponibles  pour  chargement  par  bateau,  des  caractéristiques  physico‐chimiques qui lui sont typiques, compte tenu des unités industrielles qui  la constituent, des qualités de bruts qui y sont traitées et des contraintes de ses  infrastructures  logistiques  « export ».  D’autre  part,  quand  elles  sont  destinées  à  une  destination  autre  que  le  marché  intra‐européen,  il  est  probable  qu’elles  respectent des spécifications différentes de celles exigées dans l’Union ; 

 le  processus  de  valorisation  d’une  cargaison  de  produit  raffiné  suit,  comme  en  brut,  sur  le  marché  international,  des  modalités  de  détermination  d’une  valeur  relative  entre  cette  cargaison  et  un  « benchmark »,  compte  tenu  des  écarts  mesurables et/ou attendus entre chacune des caractéristiques physico‐chimiques  spécifiant  cette  cargaison,  et  les  mêmes  paramètres  habituellement  observés/mesurés pour le « benchmark » de cette famille de produits ; 

 in  fine,  ce  sont  les  marchés  des  barges  de  certains  produits  qui  servent  de  prix  directeur  aux  marchés  des  cargaisons  de  produits  obéissant  aux  spécifications  européennes. On peut en effet écrire, pour la plupart des grands produits raffinés : 

Prix (produit spécifique / cargo FOB / départ raffinerie européenne) =  Prix produit « marker » / barge FOB / en ARA) 

+ Différentiel de qualité (spécifique / « marker »)  + Différentiel logistique (raffinerie / ARA) 

 le  marché  des  barges  de  la  zone  ARA  peut  servir  à  approvisionner  aussi  bien  le  Benelux  que  les  dépôts  situés  tout  au  long  de  l’axe  rhénan.  Il  concerne  donc 

on  ef

également  la  France,  l’Allemagne  et  la  Suisse.  La  question  de  s ficience  se  présente donc moins sous un angle « national » que dans le cas des bruts ; 

 le processus de fabrication d’une cotation de produits raffiné par Platt’s mériterait  l’attention d’un régulateur européen tout autant que pour le brut ; 

 parmi les grandes familles de produits, en Europe, seule celle des distillats moyens  dispose d’une visibilité indiscutable en matière de formation de son prix directeur,  du  fait  de  l’existence  du  contrat  de  gasoil  négociable  sur  ICE,  qui  prévoit  une  possibilité  de  résolution  transactionnelle  par  livraison  physique  en  bac,  en  zone 

a a reven  cette

ARA, dans des conditions permett nt l te de  marchandise directement  sur le marché physique des barges FOB pour ce produit ; 

 chacune  des  cotations  publiées  par  Platt’s  ou  Argus  pour  un  produit  raffiné  correspondant  à  un  produit  aux  spécifications  de  l’Union  européenne,  quelles  qu’en soient les modalités de livraison – barge ou cargo, FOB ou CIF, nord‐ouest  Europe ou Méditerranée – peut en principe servir de support au développement  d’un marché d’instruments dérivés OTC ; 

 le marché des dérivés OTC sur produits raffinés européens est très standardisé :  pour  l’essentiel  il  s’agit  de  swaps  consistant  à  échanger  un  prix  fixe  contre  une  moyenne  de  cotations,  les  périodes  de  référence  pour  ces  moyennes  étant  typiquement la « balance of the month »13 ou le mois calendaire14. Ces swaps aussi  bien  que  les  options  asiatiques  sur  cotations  de  produits  sont  le  plus  souvent 

férence à un accord 

conclus par ré cadre de l’International Swaps and Derivatives  Association (ISDA), faisant référence à la loi anglaise15 ; 

 les clauses de Credit Support Annex (CSA) développées par l’ISDA pour les marchés  de  dérivés  de  matières  premières  permettent,  quand  les  lois  nationales  l’autorisent  et  que  les  deux  parties  aux  contrats  dérivés  OTC  y  consentent,  de 

   

mettre  en œuvre  des  accords de  collatéralisation  bilatéraux  limitant  de  façon  effective le risque de contrepartie ; 

 pour  les  professionnels  des  marchés  de  dérivés  pétroliers,  l’avantage  des  plateformes  de  clearing  par  rapport  à  cette  solution  de  réduction  du  risque  de  contrepartie consiste en l’unification du processus post­trade (un appel de marge  par CCP au lieu d’un par contrepartie OTC) et en l’élimination du risque résiduel  (montant du seuil éventuel à risque dans le CSA). Ceci dans l’hypothèse, bien sûr,  d’une fiabilité financière assurée des CCPs utilisées. ICE et CME‐NYMEX proposent  déjà des solutions de clearing pour un certain nombre de sous jacents. 

 sur  les  marchés  physiques,  jusqu’à  présent,  le  risque  de  contrepartie  n’a  pas  eu  besoin de la médiation d’une plateforme de clearing : le recours aux techniques de  crédit documentaire qui prédominent en la matière  16 a permis de maintenir les  risques  de  contreparties  dans  des  limites  acceptables  par  chacun  des  acteurs  concernés. 

Nous  retiendrons  de  ce  rapide  survol  des  principales  caractéristiques  des  marchés  de  produits raffinés physiques européens que s’il y a bien  un secteur de ces  marchés qui  mériterait l’attention d’un régulateur européen, ce serait celui du négoce de barges dans  la zone ARA.  

       

13 On se règle alors l’écart de valeur constaté entre le prix fixe convenu et la moyenne des cotations non 

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