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La chapelle indépendante (protestante) de Cernier-Fontainemelon, construite en 187552, est l’un des chantiers dénichés par Charles L'Eplatte-nier afin que ses élèves du Cours supérieur d’art et de décoration puissent réellement mettre en application leurs recherches décoratives. Cette restau-ration intérieure complète d’éclairage, etc. »53Cet espace sacré et symbolique, véritable de culte a été fortement trans-formé en 197754 pour être réaffecté en habitation et ces modifications ont complète-ment occulté les décors55. Aujourd’hui, à notre connais-sance, seuls un luminaire et un vitrail ont été conservés (fig. e)56. Toutefois, la descrip-tion de cette chapelle nous

52 Ce bâtiment est sis Vy-du-Mottié 21 à Fontainemelon. Voir Maurice EVARD, Fontainemelon, chronique d'un village industriel, Chézard-Saint-Martin, éd. de la Chatière, 1999, p. 102.

53 Dans Un mouvement d'art à La Chaux-de-Fonds, La Chaux-de-Fonds, éd. Haefli, 1914, p. 5.

54 Voir EVARD, op. cit.

55 Un doublage des parois cache actuellement les décors mais l’état de ceux-ci reste incertain.

56 Ce vitrail a été acquis récemment par le Musée d’histoire de La Chaux-de-Fonds.

Fig. a. Elèves de l’Ecole d’art, Peinture décorative murale aux sapins, 1907. (Photographie : Archives Service cantonal de protection des monuments et des sites).

est minutieusement rapportée dans un compte rendu suite à la visite des lieux le 16 septembre 1907 de la Commission de l’Ecole d’art et d’une délégation du Conseil communal de La Chaux-de-Fonds :

« Dès l’entrée dans cette petite chapelle l’harmonie des tons produit le meilleur effet. L’ensemble, en teintes claires et chaudes, contient toute la gamme des jaunes, des bleus, des verts, des bruns.

La lumière, tamisée par les vitraux où domine le jaune répand sur tous ces tons une ambiance d’atmosphère dorée vraiment impressionnante (fig. f ).

La donnée choisie par l’élève qui a conçu le projet de la décoration était celui-ci : ‘Au milieu d’une forêt tout est calme et silencieux : on ne voit le ciel qu’en levant les yeux : tout autour les sapins forment par leurs branches une tapisserie riche de dessins et de couleurs, liée à la terre par des colonnes, les verti-cales des troncs (fig. a) : plus bas les plantes, leurs fleurs forment le tapis le plus agréable. Le calme est complet : le regard est involontairement attiré

destinés à un éclairage Fig. b. Elèves de l’Ecole d’art, Intérieur de la chapelle indépendante de Cernier-Fontainemelon, 1907. Carte postale, collection privée.

électrique. Les lambris sont agrémentés de quelques losan-ges de métal brillant. Les dé-tails, dans les teintes murales très riches, sont peu marqués et ne font que contribuer à les fondre les uns dans les autres.

La frise sombre du soubas-sement est éclaircie par quel-ques fleurs ou insectes en métal repoussé : par de petits carrés en faïence émaillée de diverses couleurs. Les vitraux représentent des plantes du Jura stylisées se découpant sur des silhouettes de montagnes font l’effet d’échappées sur des parties de nos pâturages ou de nos prairies.

La chaire, d’une simple conception, sans sculptures ou moulures inutiles, donne une impression de stabilité bien en rapport avec sa destination : elle est seulement élevée de deux ou trois marches au-dessus du plancher de l’église, l’orateur se trouve ainsi très en rapport avec ses auditeurs. Une niche en cintre peu profonde qui encadre la chaire en arrière est peinte en tons clairs gris-bleu et

Fig. d. Léon Perrin, Etude décorative aux sapins, crayon et gouache, non daté (8,2×13,2 cm). Fondation Léon Perrin.

Fig. c. Léon Perrin, Table de communion aux agneaux, 1907.

(Archives Fondation Léon Perrin).

décorée en reliefs modérés représentant une source où des colombes viennent se désaltérer : discrète allusion aux sources de vie, au rôle même de cette chaire et aux orateurs qui doivent y parler.

Devant cette chaire, une table de communion en pierre du pays : les deux pieds massifs sont formés par des agneaux supportant des croix rayonnantes et enveloppées de quelques nuées.

Tous ces détails ne contrarient en aucune façon l’ensemble : ils ne font que donner de l’intérêt à chaque chose mais en laissant bien tous les accessoires à leur place au rang qu’ils doivent tenir pour contribuer à l’effet général. »57

Fig. e. Elèves de l’Ecole d’art, Intérieur de la chapelle indépendante de Cernier-Fontainemelon, 1907. (Archives Ecole d’art, La Chaux-de-Fonds).

57Dans Rapport de la commission de l'Ecole d'art, La Chaux-de-Fonds, Imprimeries du National Suisse, 1907-1908, pp. 8-9.

Fig. f. Jules Courvoisier, Vitrail aux ombellifères, 1907. (Photographie : Archives, Service cantonal de protection des monuments et des sites).

Dans cette aventure, Perrin se charge de la réalisation de la fameuse

« table de communion en pierre du pays » (fig. c)58. Il n’est pas impossible non plus qu’il ait travaillé sur une recherche destinée à la « tapisserie riche de dessins et de couleurs, liée à la terre par des colonnes, les verticales des troncs » (fig. d) comme pourrait nous le prouver une petite étude décorative très similaire conservée à la Fondation Perrin.

Après une chapelle, L’Eplattenier propose à ses élèves et anciens élèves d’embellir des intérieurs privés mais aussi un crématoire, une poste ou encore un observatoire...

Anouk HELLMANN

Adresse de l’auteur : Anouk Hellmann, Promenade 8, 2300 La Chaux-de-Fonds.

58Perrin, tout comme son ami Charles-Edouard Jeanneret, aurait reçu 20 francs pour son travail à la chapelle. Voir H. Allen BROOKS, Le Corbusier’s formative years, Chicago/Londres, 1996, p. 90, note 81.

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