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Catastrophes et climat

Dans le document Les faiseurs de pluie (Page 175-197)

Le climax : un dogme ?

4.2 Catastrophes et climat

C’est sur ce terrain scientifique, et non philosophique, que Clements réagit aussitôt à l’article de Tansley en publiant un article afin de mettre au point ce qu’il entend par climax. Il s’agissait pour lui de montrer que son écologie végétale n’était pas enfermée dans une vision organiciste rigide, comme une image toute faite du développement des communautés biotiques, mais bien une écologie de terrain, qui nécessitait une large ou- verture de ses concepts aux changements locaux.

Tout comme l’article de Tansley fut publié dans Ecology en 1935, Clements publie cet article dans le britannique Journal of Ecology en 1936 et l’intitule « Nature and Structure of the Climax »1. Dès l’introduction de

l’article, Clements se place dans une posture scientifique de terrain et in- siste fortement sur l’exemple concret des Grasslands. Il rappelle sa défini- tion du climax, sa relation avec le climat, et, bien qu’insistant de nouveau sur l’unité du climax, procède à une déclinaison des types de climax ren- contrés : pro-climax, pre-climax, sub-climax, dis-climax, etc. Sans donner les définitions de ces sous catégories, on peut s’interroger sur les motiva- tions de Clements : répondait-il ainsi à Tansley sur le caractère universel de l’écosystème par la valeur concrète du climax ?

En fait, Clements reprenait, quasiment au pied levé, un article publié en 1925 pour Carnegie, intitulé « Phylogeny and Classification of Cli- maxes »2, et qui comportait l’essentiel des idées qu’il développe en 1936.

1. F. E. CLEMENTS, « Nature and Structure of the Climax », dans : Journal of Ecology 24 (1936), page(s): 253–284.

2. F. E. CLEMENTS, « Phylogeny and Classification of Climaxes », dans : Yearbook of the Carnegie Institution24 (1925), page(s): 334–335.

Si chaque type de climax renvoie à un climax unique mais correspond aussi bien à un modèle de développement local relatif aux espèces, leur environnement et leur évolution, alors le modèle universel de l’écosys- tème, parce qu’il est simplificateur (un shéma pour tous les systèmes bi- otiques), n’est pas satisfaisant pour les objectifs clementsiens consistant à analyser le développement des communautés végétales sur des zones différentes soumises à des climats différents et des histoires différentes. C’est bien la complexité du développement climacique qu’il faut prendre en compte, et non calquer une image immobile et définie une fois pour toute par des concepts rigides. Le climax n’est pas un concept rigide mais malléable et Clements affirme en conclusion de l’article de 1936 :

« Si cela ne l’était pas si souvent pour justifier un point de vue statique, il serait absolument superflu d’affirmer que la difficulté principale dans l’analyse de la végétation réside dans sa complexité. C’est ce qui fut intégré dans l’idée orig- inale de la formation comme unité dans laquelle les commu- nautés ont été assemblées sur des bases physiognomoniques, indépendamment de la composition générique et des rela- tions phylétiques. Il n’est pas curieux que cette conception et ses corollaires aient persisté longtemps après leur époque, puisque c’est exactement ce qui est arrivé avec le système artificiel de Linné1, mais le temps est venu de reconnaître

pleinement qu’un système naturel de communautés doit être construit tout aussi bien sur la base du développement et des relations qui en découlent, que d’après les familles végétales. La complexité est un argument en faveur de cette idée et non contre, et plus spécialement lorsqu’on considère que la com- plexité révèle un modèle défini lorsque le concept fondamen- tal de développement lui est appliqué. »2

Le choix de Clements est bien celui du changement et de l’adaptation de son écologie aux difficultés que représentent les relations complexes des 1. Il s’agit du système de classification binomiale de Linné. Clements publia un article proposant, sur la base d’un cas concret de classification végétale, une méthode alternative. H. M. HALLet F. E. CLEMENTS, The Phylogenetic Method in Taxonomy, the North Ameri- can Species of Artemisia, Chrysothamnus, and Atriplex, Washington : Carnegie Institution, Publication no 226, 1923.

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communautés végétales entre elles et à l’intérieur d’elles. La tâche qu’il se donne après 1935 consiste donc à s’approprier la critique méthodologique et mettre en œuvre sa théorie du climax de manière concrète. Pour cette raison et celle du Dust Bowl qui faisait des plaines l’étude de cas la plus profitable, les modèles des développements végétaux devaient être étudiés sous l’angle particulier de la continuité des climax et de l’histoire des climats1.

4.2.1 Réadapter les communautés végétales : rupture ou continu- ité ?

Pour Tansley, il fallait réévaluer les concepts écologiques à l’aune de méthodes expérimentales plus fiables, auxquels les concepts de l’école de Clements semblaient étrangers. Nous ne désirons nullement revenir ici longuement sur la création du concept d’écosystème et sa filiation, d’autres ouvrages en parlent admirablement2. Nous voulons ici simple- ment en établir les répercutions sur l’écologie de Clements. Sans doute pourrons nous alors comprendre mieux les orientations de Clements vers la conservation.

Nous pouvons résumer en quatre points la critique de Tansley dans son article :

1. La succession végétale n’est pas un développement continu ou pro- gressif, mais il y a des discontinuités entre les formations. Les catas- trophes peuvent être vues comme des discontinuités mais n’entrent pas dans la définition de la succession, c’est un facteur externe. 2. Le terme « organisme » est mal approprié, il faut insister davan-

tage sur l’analogie. Le développement d’une formation n’a pas de 1. La même année, dans le même Journal of Ecology, Clements soumet à évaluation un article intitulé « Origin of the Desert Climate and Climax in North America », non publié.

2. Sur l’histoire du concept d’écosystème, nous renvoyons tout naturellement à la thèse de J.-M. Drouin (citée plus haut). ACOT,op. cit.(pp. 123–130). DELEAGE,op. cit.(pp. 119– 122). Plus récemment, un livre très complet entièrement dédié : F. B. GOLLEY, A History of the Ecosystem Concept, More Than the Sum of the Parts, New Haven : Yale University Press, 1993. Sur la biographie d’A. Tansley, nous renvoyons à H. GODWIN, « Arthur Georges Tansley, 1871-1955 », dans : Biographical Memoirs of Fellows of Royal Society 3 (1957), page(s): 227–246.

rapport avec l’ontogenèse d’un individu vivant : les stades de dé- part peuvent être très différents (milieux aquatiques ou secs) tout en aboutissant au même type de climax.

3. Dire qu’il y a un climax unique, consiste trop souvent à dire que toutes les variations notables à l’intérieur de cet état climacique ne contribuent qu’à un projet finaliste : la formation d’un climax cli- matique. Ce n’est pas une bonne méthode empirique mais plutôt une interprétation des faits vers une permanence supposée unique et formant un tout indissociable.

4. L’expression « organisme complexe » fait référence au holisme de l’écologie végétale, orientation de pensée selon laquelle une com- munauté forme un tout tendant vers le climax. Or, les communautés ne sont que la somme, ou plutôt la synthèse, des parties qui les constituent. Il est donc préférable de les considérer comme des en- sembles fonctionnels. En vertu de quoi, nous pouvons utiliser le concept d’écosystème, permettant d’intégrer la faune, la flore et les facteurs du milieu en un seul ensemble fonctionnel : l’association (biocénose) entre les êtres vivants entre eux (faune et flore) et les conditions de l’habitat (biotope). La succession résulte alors d’un système d’influence des biocénoses et du biotope.

Par la suite, en 1941 et 1942, le jeune Raymond Lindeman fera du con- cept d’écosystème l’unité écologique de référence, dans un effort quan- titatif pour comprendre le comportement de l’écosystème (prenant le lac pour modèle) en termes de circulation énergétique, production et rende- ment1. Idée par la suite popularisée, et élevée, en tant que paradigme, par

Odum dès le début des années 1950.

Nous allons revenir très bientôt sur l’idée selon laquelle l’article de Tansley semblerait marquer la naissance d’un paradigme, au sens kuhnien du terme. En effet, il s’avère ici que le britannique remette en question l’arsenal conceptuel complet utilisé par l’école de Clements. En revanche, comme nous l’avons vu, cet arsenal est depuis longtemps ancré dans une représentation générale de l’équilibre naturel guidant le management des 1. R. LINDEMAN, « Ecological Dynamics in a Sensecent Lake », thèse de doct., Univer- sity of Minnesota, 1941. Et R. LINDEMAN, « The Trophic-Dynamic Aspect in Ecology », dans : Ecology 23.4 (1942), page(s): 399–417.

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sols et de la végétation. Est-ce aussi simple de changer les représentations, même si la méthode scientifique est indiscutable ?

Nous trouvons, dans les écrits de Clements publiés peu après celui de Tansley, une réponse à cette critique en replaçant ses propres concepts dans le contexte de la gestion, suivant les deux dimensions de lieu et de temps, comme si, en définitive, l’écosystème de Tansley, par sa portée générale, comme unité universelle de référence écologique, hors de l’es- pace et de l’histoire, se prêtait peu à l’objet que l’écologie de Clements définissait.

Ainsi, Tansley soulève le problème des catastrophes pour affirmer que les facteurs (perturbatoires) externes ne peuvent faire partie du processus de succession :

« Imaginez qu’un secteur de forêt (A) soit soudainement en- vahi et dévasté mais non pas complètement détruit par un troupeau d’éléphants qui s’en va ensuite vers d’autres terrains chercher sa nourriture. Imaginez qu’après une repousse par- tielle (B) la végétation du même secteur soit complètement détruite par une éruption volcanique et que sur les cendres volcaniques qui ont brûlé, une nouvelle végétation (C) appa- raisse. Les végétations A, B et C peuvent-elles être regardées comme des moments d’une quelconque succession ? »1

Rappelons que ce dernier argument fut soulevé en juillet 1935. Ce n’est que quelques mois après, en décembre 1935, que Clements, dans « Plant Succession and Human Problems », fait référence aux catastro- phes, comme perturbations externes de la succession végétale. Or, il s’agit toujours d’imputer à l’homme la responsabilité des perturbations (l’exem- ple des feux de forêts et des brûlis est particulièrement éloquent), ne lais- sant place, selon le point de vue finaliste, qu’aux actions intentionnelles et non au hasard, et surtout n’influençant en rien sur le climat lui-même. Comme Clements le rappelle dans cet article, les forces entrant en jeu dans la succession restent le climat, la capacité d’adaptation de la communauté (qui influe à son tour sur le climat local pour le rendre plus favorable), et 1. TANSLEY,op. cit.(p. 286). (Nous reprenons la traduction française de DROUIN,op. cit., p. 109).

le niveau de coopération entre les êtres vivants de cette communauté (in- teraction entre la faune et la flore). Seuls les changements provoqués par l’homme amènent une dimension nouvelle par l’induction d’une volonté externe dans cette communauté. C’est ce qui permet à Clements de poser le problème de la réhabilitation de la communauté par l’homme, toujours possible pour peu qu’on s’en tienne aux principes de la succession.

Mais le principal aspect de la réponse de Clements, au vu de ses publica- tions après 1935 (si l’on excepte la seconde publication de Plant Succes- sionen 1938) est la mise en valeur de la théorie de la succession végétale dans la gestion et la réhabilitation. Il s’agit d’engager le débat sur la ges- tion écologique et non pas sur la science et ses modèles.

4.2.2 S’adapter au climat : pertinence de l’approche clementsienne Il peut sembler paradoxal de s’en tenir à une lecture finaliste du changement dans les successions végétales en cherchant, comme le fait Clements, à y intégrer la question du changement climatique, que le com- mun reconnaît aujourd’hui comme fortement soumis au hasard. Toutefois, c’est bien la question de l’influence (cyclique) climatique qui permet à Clements de dépasser la critique de l’équilibre climacique en insistant sur l’aspect pratique de sa théorie.

Si il existe bien un stade climacique (et Tansley ne remet pas tellement en cause ce présupposé) il est cependant toujours relatif aux échelles de temps et d’espace qu’on se donne. Il s’agit là d’une lecture possible de l’article de Clements, « Climatic Cycles and Human Populations in the Great Plains », paru en 1938. En effet, l’écosystème de Tansley implique une prise en compte des facteurs édaphiques du milieu dans lequel sont insérées les communautés. Au contraire, Clements insiste sur les facteurs climatiques changeants, au fil du temps et sur une zone localisée. En cela il ne s’éloigne pas de sa première définition de la formation, re-publiée telle quelle en 1938 aussi. Selon cette définition, toute formation est un produit du climat et du climat seulement, elle se produit dans une zone présen- tant une unité climatique essentielle, et elle est de surcroît l’expression même de ce climat et de cette unité1. Or, pour comprendre cette unité, il

1. F. E. CLEMENTSet J. E. WEAVER, Plant Ecology, New York : McGraw-Hill, 1938 (p. 89).

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faut non seulement un modèle, que l’écologie des Grandes Plaines inspi- rait, mais aussi concevoir une échelle de temps qui puisse inclure tous les changements possibles dans les processus de succession. C’est pourquoi Clements fit appel au géologue et paléo-botaniste Ralph W. Chaney en 19361.

Chaney était depuis 1920, chercheur associé à la Carnegie Institution, dans la section géologie. En 1930, il succéda à William D. Matthew à la chaire de paléontologie. Sa plus importante contribution à la paléob- otanique s’inspirait des théories de l’écologie des associations végétales. Selon lui, les végétaux fossiles ne peuvent pas être considérés comme des entités morphologiques particulières mais comme des membres des asso- ciations que l’on peut étudier avec une approche écologique : il fut ainsi le premier à adopter une approche écologique dans la description et l’- analyse de la flore du Tertiaire dans l’ouest américain. Le présupposé est clair : on peut déduire objectivement les comportements des végétaux du passé à partir de l’analyse statistique des végétaux fossiles. Concernant la végétation du Tertiaire, il en déduit une interprétation géographique, où la distribution et la composition des associations végétales (générale- ment une baisse statistique du nombre des espèces) furent modifiées par les changements de climat propre au cénozoïque2.

On peut très bien lire l’article de Clements et Chaney selon un axe « dis- cours scientifique / discours politique ». La venue de la controverse entre Tansley et l’École Clementsienne pourrait ainsi marquer le profond sen- timent anti-individualiste qui dénote les travaux de Clements, comme à la fois un écho du rejet de la théorie de Gleason, et aussi une préférence pour l’idée de coopération sociale, cherchant à rendre adéquat le couple écologie / réforme sociale (New Deal) à l’analogie société-organisme. Il s’agirait en somme de voir s’effacer l’individualisme agricole au profit de l’idéologie de la reconstruction économique et de la coordination des ef- forts. Ainsi nous pouvons citer au sujet de l’intégration des fermes et des communautés végétales :

1. CLEMENTSet CHANEY,op. cit.

2. R. W. CHANEY, Studies on the Fossil Flora and Fauna of the Western United States, Washington DC : Carnegie Institution of Washington, 1925. On peut ajouter l’article de R. Chaney distribué par l’American Committee of the International Commission of Climatic Variations, lors du Congrès d’Amsterdam en juillet 1938. R. Chaney fait un résumé des données climatiques rassemblées dans les publications en paléontologie : « A Summary of the Climatic Data in the Papers on Cenozoic Paleontology of Western North America. »

« Le besoin d’une synthèse écologique est à moitié reconnu par l’application de cette dernière au processus de réhabil- itation. Il doit être aussi reconnu dans sa pleine expression dans l’organisation des fermes et des ranchs, aussi bien que dans d’autres unités de pratique [agricole]. Chacune doit être remodelée comme une entité organique, avec toutes ses parties présentes et coordonnées pour fournir des résultats économiques et sociaux optimums. »1

Et plus loin, après avoir vanté les mérites du SCS, de l’U. S. Forest Ser- viceet de la Division of Grazing2, comme étant des organisations assurant

un « progrès social », il s’adresse à l’écologue « qui reconnaît que la so- ciété, comme organisme complexe, est sûre d’évoluer en harmonie avec son environnement » : il est pourtant d’une importance primordiale « que l’environnement soit aménagé de manière à appeler le progrès et non la régression »3.

Il nous faut ajouter néanmoins que si, à l’instar de Tansley, nous recon- naissons l’idée spencérienne de l’organisme social dans cette réflexion quasi mégalomane de la part de Clements (la vision des dispositifs agri- coles et de leurs acteurs comme un organisme), il faudrait donner suite à l’analyse et reconnaître que l’idée de l’avènement d’un progrès social par l’injection des connaissances et des techniques dans la société peut se chercher déjà littéralement chez d’Alembert au XVIIIesiècle4 (mais

nous verrons dans le chapitre VII, que cette attitude est loin d’être orig- inale dans les années trente et marque le pas d’une écologie socialement

1. CLEMENTSet CHANEY,op. cit.(p. 51).

2. Suivant la Taylor Grazing Act de 1934, cette division fut établie sous le contrôle du département de l’Intérieur. Il s’agissait de dépêcher, à l’échelle nationale, sur les zones de pâturage des contrôleurs chargés d’établir les limites et les périodes d’utilisation des couvertures végétales afin de garantir un taux de renouvellement acceptable. En 1939, cette division devint le Grazing Service, puis, en 1946, elle rejoignit le General Land Office pour devenir l’actuel Bureau of Land Management.

3. CLEMENTSet CHANEY,op. cit.(p. 51).

4. Dans le Discours Préliminaire de l’Encyclopédie, d’Alembert affirme en 1751 cette ambition de « changer la façon commune de penser ». Voir, pour une édition récente, Dis- cours préliminaire à l’encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Paris, O. Jacob, 1996.

On peut supposer que la volonté d’A. Tanley à chercher dans la philosophie du XIXesiècle

les présupposés organistes de l’école clementsienne, relève de sa parfaite connaissance de Spencer, dont il a revu et corrigé les Principles of Biology (SPENCER,op. cit.).

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engagée). Ainsi, mieux vaudrait, selon nous, considérer qu’en ces ter- mes, Clements voit le moyen, en dehors de toute prétention académique, d’asseoir son écologie sur les bases solides de l’efficacité constatée dans les Grandes Plaines. Au lieu de voir la catastrophe du Dust Bowl comme un démenti de sa théorie (même si Tansley n’y faisait pas explicitement référence, la catastrophe vue comme une discontinuité dans la succession végétale est une allusion au Dust Bowl), il va chercher justement dans la sécheresse brusque des années trente, la confirmation de sa théorie du climax unique.

L’appel à la paléobotanique, ou, devrait-on dire, à la paléoécologie, in- carné par Chaney, est en fait la confirmation d’une continuité des cli- max des Grandes Plaines à travers les changements climatiques depuis, au moins, le Tertiaire. Le changement dans l’échelle du temps, le temps géologique, confirme la dépendance unique du climax au climat. Ap- pliquée localement au modèle des Grandes Plaines, il est désormais pos- sible d’affirmer une loi universelle selon laquelle « chaque changement climatique majeur a produit une réponse correspondante dans la position ou la structure des climax biotiques »1. Ainsi le concept de clisère2émis

en 1916 se voit partiellement confirmé : les changement climatiques sont les facteurs décisifs des successions végétales. Pour Clements, si l’on con- sidère la vague de sécheresse des années trente, comme un événement nor- mal inhérent à l’histoire climatique des Grandes Plaines, il ne s’agit pas d’une discontinuité dans la succession végétale, mais d’une étape supplé- mentaire dans le processus de développement des unités climaciques. Par- tiellement confirmé, disions nous, car il manque encore, outre les expéri- mentations sur le terrain, la possibilité même d’une régularité naturelle dans les changements successifs des formations végétales pouvant servir

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