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VII. LA CONSULTATION INFIRMIERE AU MAROC

4. Exploration des besoins des couples infertiles en Procréation Médicalement Assistée

4.3. Catégorisation des besoins des couples au cours de leurs processus de traitement

L'analyse des données a permis de distinguer cinq grandes catégories de besoins :

i. L’infertilité et soutien social ; ii. L’infertilité et soutien financier ; iii. L’infertilité et soutien spirituel ; IV. Infertilité et soutien informationnel; V.L’infertilité et soutien émotionnel.

Les besoins de soutien ont été les principaux thèmes pour toutes les catégories. Elles sont détailleés en sous catégories, Voir tableau 12 ci –dessous

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Tableau 12: Catégorisation des besoins de soutien en infertilité

Thèmes Catégories Sub-catégories

Les

Besoins

en soutien

L’infertilité et le soutien social Le soutien conjugal

Le soutien de la famille et les amis

L’infertilité et le soutien financier

La couverture médicale de l’infertilité

Le soutien gouvenemental et non gouvernemental Les autorités L’infertilité et le soutien spirituel La croyance en Dieu L'éducation religieuse L’infertilité et le soutien informationnel

-Besoin d'informations sur la maladie et le circuit supporté

Information et éducation de la famille et de la société

L’infertilité et le soutien émotionel

- Bon accueil

- Accompagnement -Réduction du stress de couple

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Infertilité et soutien social

 Le support conjugal

Presque tous les couples (86%) ont rapporté que l’éxpérience de l’infertilité est très difficile et stressante dans la relation conjugale. Les entrevues avec ces couples ont révélé différents besoins, à savoir : le besoin de partager l'amour et la compassion, la compréhension mutuelle, et l'accompagnement du conjoint tout au long du processus de traitement. Cela nous a amené à déduire que le soutien du conjoint est fortement sollicité pour encourager l'autre à surmonter cette épreuve avec force, confiance et estime de soi. Deux des femmes participantes ont déclaré ceci :

“ Quand mon médecin a confirmé mon infertilité, j'étais tellement bouleversée, je me sentais faible et je ne savais pas comment le dire à mon mari et quelle serait sa réaction. Heureusement, quand il a appris la nouvelle, il a été très compréhensif et toujours prêt à me soutenir..." (C3, C21)

Leurs maris ont ajouté respectivement :

“Notre relation est plus forte pour surmonter cette épreuve. Ma femme ferait la même chose si elle était à ma place”.

“L'infertilité est notre cauchemar, mais notre amour existe pour que nous puissions toujours être solidaires.”

La femme en traitement était généralement la plus sensible sur le plan émotionnel que son conjoint, à tel point qu'elle surveille en permanence le comportement de son mari à son égard. Elle a déclaré que son partenaire a réagit de façon désintéressée à une réaction émotionnelle différente. Pour les hommes, l'infertilité est également difficile. Les maris préfèrent généralement ne pas parler du sujet et se retirer. 32 femmes (80 %) ont préféré être accompagnées par leurs maris chaque fois qu'elles se présentaient à la clinique d'infertilité. A ce propos, un autre couple participant C4 a déclaré ceci:

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“J'aime que mon mari soit avec moi quand je viens au centre, je ne veux pas me sentir seule, cela me donne un sentiment d'abandon, mais le temps d'attente dans la chambre le rend impatient d'aller travailler..”. Femme du (C4)

“Je comprends qu'il lui est difficile d'être seule. Je dois l'accompagner pour la soutenir, mais mon patron ne tolère pas les absences répétitives et ma femme doit comprendre ma situation...”.Mari de (C4)

Toutefois, certains couples (C3, C12, C10, C18 et C15) ont indiqué qu'ils préféraient consulter seuls. L'un des déclarations énoncées à cet égard :

“Je ne veux pas impliquer mon mari dans ce problème tout le temps. J'ai demandé à mon médecin dès mon départ de ne pas l'informer. Je préfère ramener mon amie proche pour me soutenir, je transmettrai progressivement la nouvelle à mon mari. J'espère qu'il acceptera la situation plus tard...” (C18, C22, C23).

Le personnel clinique participant à l'étude a exigé la présence du couple lors de la première consultation d'infertilité, puisqu'il s'agit d'une question de couple. La sage-femme (P1) a déclaré à cet égard :

“Nous éxigons la présence des couples en consultation pour qu’ils adhèrent au processus de soins. On leur donne toutes les informations nécessaires. Cela réduit leur stress et les encourage à poursuivre leur traitement”.

Une autre participante a expliqué pourquoi son mari refuse de l'accompagner au cabinet du gynécologue en disant :

“Mon mari me soutient financièrement pendant le traitement, mais il préfère ne pas être avec

moi pendant les visites. Il pense que c'est un problème de femmes à régler.” (C6).

Bien que (65 %) des maris participants aient déclaré que l'infertilité n'affecterait pas négativement leurs relations conjugales et que leurs tentatives de PMA visaient à renforcer cette relation, (70%) d'entre eux pensent que le fait d'avoir des enfants favorise la stabilité de la relation au sein du couple et que l'infertilité est une source de tension et de divorce. D'autres épouses participantes ont dit :

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“Mon mari décidera sans doute un jour de me quitter parce que je ne pouvais pas lui donner un bébé...” (C7, C25, C26).

Nous avons interrogé à nouveau les maris sur ce sentiment négatif des femmes infertiles, (60%) d'entre eux ont dit que c'est la volonté de Dieu et qu'elle doit être acceptée comme telle. Une question d'adoption a été posée à tous les couples participants, onze femmes (27,5%) ont convenu de la possibilité d'adopter en cas d'échec toutes les tentatives de traitement, mais dix-sept maris (42,5%) refusent cette solution malgré le fait qu'elle soit légitime du point de vue religieux. Certains maris (C8, C11, C13 et C18) ont justifié cela en disant que l'adoption comportait de nombreux risques lorsque l'enfant grandit, il se peut qu’il refuse d'être un enfant adopté.

À cet égard, le gynécologue (PD) a déclaré ceci :

“ Notre religion n'accepte pas le don des gametes ou la maternité de substitution pour ces couples infertiles ou leurs familles...”

 Soutien familial et soutien des amis

Les résultats des entrevues ont montré que (60 %) des couples avaient besoin de soutien

familial et celui des amis.. Autres éléments importants ont été explorés à travers les expériences des participants, notamment : L’encouragement à poursuivre le traitement, ii.

L'intervention de la famille dans la vie du couple ; v. La stigmatisation sociale de l'infertilité comme une situation pathétique.

En effet, treize couples (32,5%) ont tenté de restreindre leurs relations sociales et familiales, et d'éviter certains événements comme le baptême ou les célébrations de mariage.

Aussi, certains couples l'ont déclaré en disant ceci:

“A chaque réunion de famille, nous nous sentons sous la pression de nos beaux-parents au sujet de notre infertilité, nous nous sentons moins valorisés que les autres membres de la famille qui ont des enfants”. (C16, C19).

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“Actuellement, nous avons limité nos relations avec sa famille pour cette cause....” (C15) (C29)

“Mes voisins me demandent toujours pourquoi je n'ai pas d'enfants, mais je leur dis que ce n'est pas le moment. J'ai dû déménager à cause de leur intrusion dans ma vie”(C10) (C31).

Les épouses de (C2, C4, C6, C11 et C13) qui ont une infertilité masculine, ont déclaré qu'elles préféraient informer leurs beaux-parents de la source du problème afin qu'ils cessent d'encourager leurs maris au divorce.

A ce propos la femme du C1 a déclaré ceci:

“Au début, nos familles ne savaient pas que la cause de notre infertilité vient de moi... mon mari leur a expliqué cette cause un jour... c'était très difficile pour moi, mais il veut arrêter de lui reprocher cette infertilité... (C1)

“Nous voulons que les familles et les amis cessent de nous traiter comme des pauvres parce que nous n'avons pas d'enfants”. (C14, C30, C34).

Dans ce contexte, comme dans d'autres, la vie des couples infertiles est grandement affectée par la stigmatisation des personnes qui les entourent, qui empoisonnent principalement les relations conjugales des femmes et mène souvent au divorce. à ce sujet une infirmière a déclaré ceci: (P2) a déclaré : " Je pense que le soutien familial est très important pour les couples, mais

sans faire pression sur eux ni les blâmer ".

Un autre couple a exprimé le manque de soutien de leur administration à la consultation, en disant :

“Chaque rendez-vous chez le médecin était pour nous une source de stress, vu qu’il est difficile de s'absenter du travail pour consulter fréquemment” (C14, C35, C38).

Certains couples étaient ennuyés par la perception sociale négative de l'infertilité, comme le malheur ou la punition de Dieu. Seulement 30 % des couples sont satisfaits du soutien de leur famille dans la poursuite du traitement.

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Infertilité et soutien financier

La majorité de notre population n’a pas pu bénéficié des services de PMA en raison du manque de couverture médicale pour cette maladie. Bien que ce centre public ait un coût inférieur à celui des centres privés, (70.5%) des couples intéressés ont rapporté que le problème financier demeure un obstacle majeur à la procréation. Un autre couple a mentionné à cet égard :

"Nous n'avons pas d'argent et la famille ne peut pas nous aider. Les autorités devraient nous soutenir...". (C17)

"Nous avons été témoins que des patients ont sacrifié leurs biens pour payer plusieurs tentatives de PMA..." (P3)

“Nous souhaitons que l'infertilité soit traitée comme les autres maladies et qu’elle soit soutenue par les autorités et avoir le même niveau d'attention que le cancer " (C14, C19,

C20, C36, C39).

Infertilité et soutien spirituel

Le besoin de soutien spirituel, de puissance supérieure (Dieu), de foi en sa volonté, d'aide constante, de prière, ont été parmis les déclarations les plus fréquentes qui ont été soulignées par la majorité des participants. (73%) des couples ont affirmé que le soutien spirituel est essentiel pour soulager les problèmes d'infertilité émotionnelle. Certains couples ont déclaré ceci :

“Nous sommes sûrs que nous sommes sous la surveillance de la compassion de Dieu.... Nous croyons que Dieu seul a le pouvoir de nous donner des enfants, la PMA n'est qu'un moyen..”

(C9) (C14) C17)

“Nous avons beaucoup pleuré et déprimé, mais la prière nous donne de l'espoir et nous aide à surmonter cette souffrance. Nous demandons à Dieu de nous aider à accepter cette épreuve...” (C2) (C11) (C11) (C13)

“Je crois qu'il y aura de l'espoir tant que ma femme est encore jeune pour avoir un enfant, de toute façon, c'est la volonté de Dieu.", a déclaré le mari de (C4).

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En ce qui concerne l'importance des valeurs religieuses et spirituelles des couples infertiles, une autre infirmière a déclaré à ce propos ceci:

“La majorité des gens vivent avec une grande spiritualité, les croyances religieuses sont très fondamentales dans notre contexte culturel. La mosquée joue toujours un rôle très important pour aider les gens à maintenir un grand espoir dans la vie, réduire leur souffrance psychologique qui est au-delà de leur contrôle. Ils peuvent trouver la paix. (P4).

Certains couples pensaient que leur infertilité était une épreuve difficile émanant de Dieu pour éxaminer la force de leur croyance.

Deux autres couples ont mentionné ceci :"Dieu nous a mis à l'épreuve à cause d'un péché

que nous avons commis dans notre passé...”(C20, C37).

Infertilité et soutien informationnel

L'autre question soulevée par les participants au cours des entrevues était la nécessité d'obtenir des renseignements complets de la part du personnel médical et infirmier concernant le diagnostic, le coût, la durée des soins, les nouveaux traitements disponibles et les chances de grossesse pour chaque technologie de traitement. Sensibiliser notre société à la stigmatisation négative de l'infertilité et à la nécessité d'éduquer les jeunes sur d'autres aspects de la question soulignés par les participants. En effet, 80 % des couples sont satisfaits de la qualité de la réponse à leur demande d'information et du suivi de leurs soins, notamment des conseils donnés lors de la consultation infirmière. Ils ont éxprimé que le fait de répondre à leurs besoins d'information, ça diminuerait leur stress et augmenterait leur confiance en eux. L'éducation et l'information des patients encouragaient la coopération pendant le traitement.

“Nous sommes tellement rassurés quand les professionnels répondent à nos questions, cela nous aide à prendre de meilleures décisions...” déclarent les couples (C1, C5, C8)

“Le médecin et les infirmières nous informent de notre état, nous nous inquiétons moins..."

(C3, C7, C10).

“Grâce à la consultation infirmière ma femme a pu faire ses propres injections toute seule le soir ” (C8 C13, C33, C40)

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Toutes les infirmières participantes ont recommandé la nécessité de former les jeunes à l'infertilité et de les sensibiliser avant le mariage. Elles ont ajouté qu il est également nécessaire de sensibiliser les infirmières à l infertilité, dans ses composantes préventive, curative et de gestion.

“Nous devons éduquer la communauté sur cette question par le biais des médias et briser le tabou pour l'encourager à consulter avant qu'il ne soit trop tard..." (PD)

Infertilité et soutien émotionnel

Les couples interrogés ont exprimé un fort besoin de soutien émotionnel tout au long de leur parcours en PMA (85%), selon certains couples :

“L'accueil chaleureux des infirmières et leur soutien durant nos soins nous réconforte, les professionnels de la santé doivent accroître leurs contacts avec nous " (C27), (C28).

“La consultation infirmière m'a permis d'améliorer ma relation avec mon mari ; ce fut un moment inoubliable de partage qui m'a bien soutenue et a réduit considérablement mon stress " (C32).

En ce sens, les infirmières ont déclaré ceci:“ Nous faisons de notre mieux pour réduire la

souffrance des couples malgré la charge de travail et le manque d'infirmières..". (P2, P3)