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6.2.2. Facteurs de risque face à la réussite scolaire

6.2.2.3. Catégorie socio-économique

Tous les acteurs scolaires interviewés –   hormis l’enseignant de langue italienne et d'intégration de l’école B – ont déclaré noter une distinction parmi les familles étrangères selon qu'elles provenaient d’un milieu socio-économique aisé ou moins aisé.

Nous voyons par exemple cette distinction dans le discours d’un directeur :

63 Citation orignale : « La ragazza che seguo ora a differenziazione curricolare lei è di origine tamil. Lei è nata e cresciuta in Svizzera, i suoi genitori - calcola che lei ha 16 anni - non si esprimono ancora in italiano. Recentemente abbiamo avuto un incontro e abbiamo avuto bisogno di una traduttrice. E capisci che dopo 16 anni, non riuscire quasi a capire nulla di quello che la scuola ti dice è già un segnale abbastanza chiaro di quanto poco integrati siano nella nostra società ».

64 Citation orignale   : « Uno potrebbe pensare che la non conoscenza della lingua italiana sia un handicap marcatissimo. In verità, la nostra idea è che grazie a questi corsi per alloglotti, ma grazie soprattutto al lavoro dei colleghi, grazie alla promozione dei ragazzi alla loro socialità... [...] loro si integrano e riescono negli studi esattamente come gli altri. A me la cosa che preoccupa di più è il tipo di immigrazione e il tipo di contesto socio-economico da cui provengono. Perché quello è un fattore, secondo me, determinante ».

Les immigrés sont de deux types : il y a ceux qui arrivent pour faire des travaux simples ou ceux qui ont peut-être des entreprises, avocats, des personnes qui ont déjà une instruction très élevée.65

Pour l’enseignant de langue italienne et d'activités d’intégration de l’école B, les facteurs qui expliquent une réussite scolaire sont la motivation de la part de l’élève, ses capacités cognitives et le soutien familial. Il ne fait pas de distinctions ou de catégorisations pour ce qui concerne le type de migration ou le type de catégorie socio-économique ; il répète à plusieurs reprises que pour lui les élèves sont « tous égaux ». Pour toutes les autres personnes interviewées, le milieu social des élèves a par contre un lien avec leur chance de réussite scolaire, tant pour élèves étrangers que pour les élèves suisses. Pour beaucoup d'enseignants, les difficultés d'intégration et les difficultés scolaires sont nettement plus importantes pour les étrangers qui proviennent d’un contexte socio-économique populaire. Le directeur de l’école B nous explique que le facteur socio-économique est pour lui le facteur prépondérant :

Ce n’est pas l’étranger qui semblerait être défavorisé en général sur son parcours formatif. Mais c’est le contexte socio-économique qui, à mon avis, est plus important que la culture et la langue d’origine de ces enfants.66

Un enseignant de différenciation curriculaire nous dit que les élèves étrangers qui suivent son cours sont tous des élèves qui proviennent d’un milieu socio-économique populaire. Un autre enseignant de différenciation curriculaire nous explique la grande présence d'élèves étrangers dans son cours en nous mimant le geste de l’argent.

Il a été souvent mis en avant que les familles étrangères de milieux populaires ont des difficultés à répondre aux exigences de l’institution scolaire. D’un côté, il est souvent signalé que ces familles n’ont pas les capacités pour aider les enfants à faire leurs devoirs parce que les parents sont peu ou pas scolarisées ou parce qu'ils ne disposent pas de suffisamment de temps en raison de leur travail. Un enseignant nous dit :

Très concrètement, si nous imaginons deux parents qui travaillent toute la journée parce qu’ils n’ont pas la possibilité de rester à la maison, c’est clair que ceci conduit à une moindre capacité, possibilité de suivre les enfants. Je ne crois pas que l’origine

77 65 Citation orignale : « Gli immigrati sono di due tipi: ci sono quelli che vengono a fare dei lavori semplici o ci sono quelli che vengono che sono magari gente che hanno delle aziende, avvocati, persone che hanno già una formazione molto elevata ».

66 Citation orignale : « Non è lo straniero che sembrerebbe sfavorito in generale nel suo percorso formativo. Ma è il contesto socio-economico che secondo me è più importante della cultura e della lingua d’origine di questi ragazzi ».

culturelle soit déterminante. C'est déterminant parce que dans ce cas, cela amène avec soi des problèmes qui sont plus sociaux.67

D’un autre côté, les enseignants observent une meilleure facilité d’intégration et une meilleure réussite scolaire chez les élèves étrangers provenant d’un contexte socio-économique aisé. Il est souvent mis en avant que leurs parents ont les « capacités » de s’« occuper » des enfants. Le directeur de l’école B nous explique que leur école se situe dans un quartier résidentiel qui est fréquenté par des familles « plus privilégiées » par rapport à d’autres écoles. Ce directeur insiste surtout sur le fait que la question de l’intégration des élèves étrangers n’est pas perçue comme quelque chose de tellement problématique dans son école.

Nous avons ici un certain type d’immigration : des professionnels ou des personnes qui ont beaucoup étudié et qui ne posent aucun type de problème parce qu’ils ont une capacité d’adaptation beaucoup plus rapide. Il s'agit, peut-être, d'un type d’immigration plus consciente et il y a plus d’attention sur ce que sont les besoins... aussi une volonté d’intégration plus forte. [...] Leurs enfants ont un processus d’intégration très simple qui ne crée pour nous aucun type de difficulté.68

Ce directeur observe souvent des élèves étrangers qui proviennent d’un milieu socio-économique modeste fournir de très bons résultats scolaires. Son explication est la suivante :

[...] parce que l’école est perçue comme le lieu dans lequel la famille peut retrouver la célèbre “ mobilité sociale ” [...]. Ce ne sont souvent pas les allophones, mais la première génération après l’immigration. Je le remarque chez beaucoup d’élèves, surtout chez les enfants des émigrants de l’ex-Yougoslavie. S’ils vont bien à l’école, ils vont vraiment bien et ce sont vraiment des arrivistes... on peut dire ça comme ça, ils veulent y arriver et ils cherchent la performance.69

Nous voyons ici la mise en avant d’une attitude qui peut être liée au discours que nous avons tenu plus haut sur la question du « métier d’élève ». Un bon élève est-il un élève qui vit

67 Citation orignale : « Molto concretamente, se immaginiamo due genitori che lavorano tutto il giorno perché non hanno la possibilità di rimanere a casa, è chiaro che questo già porta a una minore capacità, possibilità di seguire i figli. Non credo che l’origine culturale sia la determinante. È determinante perché in questo caso porta con se dei problemi che sono più sociali ».

68 Citation orignale : « Noi qui abbiamo un certo tipo di immigrazione, dei professionisti o comunque di persone che hanno studiato parecchio che non pongono nessun tipo di problema perché hanno una capacità di adattamento molto più rapida. È forse un tipo di immigrazione più consapevole e c’è più attenzione verso quelli che sono i bisogni .. una volontà anche di integrazione più forte [...] I loro figli hanno un processo di integrazione molto semplice che no crea per noi nessun tipo di difficoltà ».

69 Citation orignale : «[...]perché la scuola è vista come il luogo in cui la famiglia può trovare il famoso riscatto sociale [...]. Di solito non sono tanto gli alloglotti ma quanto la prima generazione dopo l’immigrazione. Lo noto in tanti allievi, soprattutto nei figli degli emigranti dell’ex Juguslavia. Se vanno bene a scuola vanno veramente bene e sono proprio degli arrivisti... diciamo così, vogliono riuscire e cercano la performance ».

l’école comme un concours dans lequel c’est la recherche de la performance qui permet la réussite ?