• Aucun résultat trouvé

Le cas de l’Angleterre et du Pays de Galles

B. LA NOUVELLE-ZÉLANDE

4. Le cas de l’Angleterre et du Pays de Galles

Le droit pénal anglais n’est pas codifié. Malgré l’existence de législations spéciales, ce sont encore largement les principes de la Common Law et la jurisprudence des cours qui régissent la matière en Angleterre et au Pays de Galles. Malgré une tradition autonome du droit romanogermanique qui se manifeste notamment dans une conceptualisation différente, le juge anglais poursuit une réflexion sur la responsabilité pénale et l’effet de l’alcool ou des drogues qui recoupe celle de ses homologues continentaux.

En principe, l’établissement de la responsabilité pénale en droit anglais nécessite de prouver la commission d’une infraction caractérisée par un élément matériel objectif (actus reus), qui caractérise les faits et le comportement de l’auteur, et par un élément mental subjectif (mens rea) qui décrit l’état d’esprit de l’auteur au moment de l’acte. Le second élément vise schématiquement à imputer une intention ou une négligence coupable à l’auteur. Même si les éléments matériels et mentaux sont présents et constituent l’infraction pénale, l’auteur peut encore être exonéré totalement ou partiellement de sa responsabilité pénale en présentant certains moyens de défense (defences).

L’état d’intoxication de l’auteur dû à la consommation d’alcool, de drogues ou autres psychotropes est en général moins retenu comme un moyen de défense, que comme un argument pour nier l’élément mental subjectif nécessaire à la constitution de l’infraction1. En effet, le niveau d’ébriété ou d’altération mentale peut être tel qu’il empêche l’auteur de former une intention. Dans ce cas, il peut être déclaré entièrement irresponsable.

Toutefois, la Common Law distingue plusieurs cas en s’appuyant sur deux distinctions croisées entre intoxications involontaire et volontaire et entre infractions à intention simple (basic intent) et à intention spéciale (specific intent).

La distinction entre intoxication volontaire ou involontaire est intuitive. La consommation volontaire de substances dont la personne sait ou devrait savoir qu’elle a des effets sur l’état mental ou le comportement génère une intoxication volontaire2.

1 Crown Prosecution Service, Legal Guidance – Intoxication, 19 novembre 2018 ; J. Herring, Criminal Law – Texts, Cases and Materials, pp. 147-155 & pp. 675-678, Oxford University Press, 2018.

2 Cela vaut aussi pour des médicaments prescrits par un médecin si la posologie n’est pas respectée.

Quick [1973] QB 910. En revanche, si l’auteur de l’acte a consommé des médicaments a priori

Les infractions à intention spéciale ne peuvent être commises qu’intentionnellement sans résulter d’une négligence et nécessitent une intention spécifique de nuire au-delà de la simple commission de l’acte1. Le meurtre ou homicide volontaire, les coups et blessures volontaires, l’incendie volontaire ou autre infraction destinée à mettre en danger la vie humaine sont des infractions à intention spéciale. Parmi les infractions à intention simple, on compte l’homicide involontaire, l’incendie ou les dommages causés par négligence coupable, les voies de fait simples, certaines agressions sexuelles.

La jurisprudence demeure très complexe mais on peut en tirer les orientations suivantes.

L’auteur d’une infraction, qui se trouvait au moment de l’acte dans un état d’intoxication avéré, volontaire ou involontaire, mais dont l’intention de commettre le crime est aussi avérée, est responsable2.

L’argument voulant que l’auteur n’aurait pas commis l’acte, s’il avait été sobre, doit être rejeté comme sans effet3. C’est encore le cas lorsque l’auteur a été drogué par un tiers et qu’il a, dans cet état, formé l’intention criminelle et commis l’acte4.

Une intoxication involontaire ne peut lever la responsabilité pénale de l’auteur d’une infraction de toute nature, que si elle l’empêche de former l’intention de commettre l’acte.

Une intoxication volontaire ne peut jamais lever la responsabilité de l’auteur d’une infraction à intention simple. Elle peut constituer un motif d’exonération de responsabilité pour les crimes à intention spéciale, dès lors qu’elle est d’une nature ou d’une intensité telle qu’elle empêche l’auteur de former mentalement l’intention spéciale à la source de l’infraction5. Il faut noter que typiquement une telle intoxication obérant la capacité de former une intention criminelle laisse ouverte la possibilité de reconnaître une négligence coupable. L’auteur pourra par exemple être acquitté du chef d’homicide volontaire et condamné pour homicide involontaire.

Cependant, l’auteur qui se mettrait délibérément dans un état d’intoxication, en consommant volontairement alcool, drogues ou psychotropes, pour se motiver ou se désinhiber avant de commettre son crime ne peut se prévaloir de son intoxication pour s’exonérer de sa responsabilité pénale6.

bénins mais qui soit par un effet secondaire, soit parce qu’ils présentent un défaut, l’ont placé dans un état d’intoxication dans lequel il a commis un crime, alors il faut considérer que son intoxication était involontaire. Hardie [1984]3 All ER 848.

1 Majewski [1977] AC 443 HL ; Caldwell [1982] AC 341 HL ; Heard [2007] 3 WLR 475 2 « A drunken intent is still an intent ».

3 Bowden [1993] Crim LR 379 (CA).

4 Kingston [1995] 2 AC 355.

5 Sheehan and Moore (1974) Cr App R 308 (CA).

6 « Dutch courage rule », Attorney General of Northern Ireland v Gallagher [1963] AC 349.

LES ENTREPRISES DU SECTEUR DE L’ÉNERGIE EN EUROPE

À la demande de Mme Sophie Primas, présidente de la Commission des Affaires économiques du Sénat, la Division de la Législation comparée a effectué une recherche sur l’organisation des principales entreprises du secteur de l’énergie en Europe.

Neuf groupes caractéristiques ont été retenus afin de permettre une meilleure appréciation des projets de réorganisation d’EDF : Enel (Italie) et sa filiale Endesa (Espagne), Iberdrola (Espagne), E.ON (Allemagne), RWE (Allemagne) et EnBW (Allemagne), Vattenfall (Suède), Fortum (Finlande) et Centrica (Royaume-Uni). La présente étude précise leur statut juridique, la répartition de leur capital et la structuration de leurs activités, en particulier dans la production d’énergie nucléaire.

Le statut de société anonyme sous ses différentes guises et variations nationales est unanimement retenu. Le capital est ouvert et la cotation en bourse généralisée, sauf dans le cas de l’électricien d’État suédois, Vattenfall.

Les États ne détiennent plus la majorité du capital à l’exception des pays nordiques, tandis que l’État italien demeure le premier actionnaire d’Enel sans détenir la majorité. EnBW présente un cas particulier où l’actionnariat est dominé par les communes et le Land du Bade-Wurtemberg.

Il s’agit systématiquement de groupes organisés autour d’une holding et d’une constellation de filiales par métier et par produit, ces filiales pouvant elles-mêmes constituer des subholdings contrôlant d’autres sociétés filiales. Le secteur a connu également des séries de fusions-acquisitions, réabsorptions, échanges, reventes et scissions. Il en résulte des organisations matricielles très complexes.

Les activités nucléaires ne font pas exception mais on retrouve en général une filiale-pays dédiée à la production d’énergie nucléaire qui contrôle ou possède une participation dans des sociétés propriétaires ou exploitantes de chaque centrale. On notera qu’en Espagne, la plupart des centrales nucléaires sont exploitées par des groupements d’intérêt économique rassemblant les principaux énergéticiens du pays.