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Le cas des jeunes entreprises technologiques innovantes (Axe 3.1)

Dans le document L’essence de l’échec entrepreneurial (Page 39-43)

Chapitre 1 Présentation des principales thématiques: problématique, ancrage théorique et

1.3. Stratégies entrepreneuriales de croissance (Axe 3)

1.3.1. Le cas des jeunes entreprises technologiques innovantes (Axe 3.1)

L’analyse de la littérature entrepreneuriale laisse à penser que la conception de la performance est le plus souvent associée à une logique de valorisation financière de l’entreprise qui présuppose la légitimité et la dominance des objectifs financiers sur les autres objectifs potentiels (Saint-Pierre et Cadieux, 2009). Elle associe, le plus souvent, l’atteinte de ces objectifs à une démarche de financement par capital-risque (Savignac, 2007 ; Ghilhon et Montchaud, 2003 ; Hellman et Puri, 2000). Tout un faisceau de recherches consacrées à l’étude de la performance de la jeune entreprise technologique innovante (JETI) mobilise le plus souvent des indicateurs financiers pour rendre compte du degré d’atteinte des objectifs de l’entreprise. L’ensemble de ces constats laisse entendre que la performance de la JETI requiert une approche strictement financière et présuppose la légitimité et la dominance des objectifs financiers de la JETI sur les autres objectifs potentiels. Aussi, une telle logique ne s’explique-t-elle pas par la dominance d’un « modèle fort », celui de la "Silicon Valley" qui « s’est imposé et a inspiré le monde entier » (Albert, 2000, p. 9).

En dépit de la diversité des mesures usitées, aucun consensus ne semble se dégager quant au meilleur indicateur de mesure de la performance de la JETI. La plupart de ces recherches, recourant le plus souvent à une approche unidimensionnelle financière, ne permettent pas de restituer la réalité complexe et protéiforme de la performance entrepreneuriale (Murphy et al., 1996). L’étude de Song et al. (2008) préconise, à cet effet, l’usage de mesures différentes en vue de rendre compte de la multidimensionnalité du phénomène de la

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performance. Ce caractère multidimensionnel trouve bien son écho dans les résultats de plusieurs recherches qui sont parvenues à identifier différents profils de techno-entrepreneurs (Boissin et al., 2009 ; Robert et al., 2010 ; Miles et Snow, 1978) ou de jeunes entreprises technologiques innovantes (Heirman et Clarysse, 2004 ; Bernasconi, 2000 ; Bantel, 1998) associables à différents modes de croissance, de stratégies ou de ressources. En outre, nombre de recherches (Steffens et al., 2009 ; Zahra et Bogner, 2000) soulignent, dans leur conceptualisation de la performance de la JETI, ce qu’elles qualifient de "trade off" entre rentabilité et croissance dont les deux perspectives sont mutuellement exclusives. De telles conclusions ne poussent-elles pas à supposer l’existence de logiques différentes dans la conception de la performance d’une JETI ? C'est dans ce cadre que s'inscrit le présent article qui a pour objectif d’explorer les représentations que se font les dirigeants de la performance de leur JETI. Il s'articule autour de deux questions : "Quelle(s) représentation(s) se font les dirigeants de la performance de leur JETI ? La logique dominante de la performance de la JETI reflète-t-elle la ou les représentation(s) de ces dirigeants ?"

Khiari, S., Khelil, N., Zouaoui, M., &Smida, A. (2011). Représentations que se

font les dirigeants de la performance de leur jeune entreprise technologique innovante (JETI). Approche exploratoire basée sur la cartographie cognitive.

Revue de l’Entrepreneuriat, 10(3), 33-65. [FNEGE: 2; HCERES: A ; CNRS: 4]

Par opposition au principe de la saturation théorique qui est une caractéristique fondamentale de la théorie enracinée, la construction du terrain d’étude relève davantage d’une approche phénoménologique qui procède à un échantillonnage raisonné en termes de variété (Hlady-Rispal, 2002, p. 87). Pour respecter ce principe, nous avons choisi délibérément des dirigeants ayant les représentations les plus contrastées de la performance. En plus du principe de la variété, la sélection des JETI s’est fondée sur l’accessibilité, le potentiel de collecte et d’analyse des données (Hlady-Rispal, 2002, p. 82) auprès des dirigeants. Dans le choix du nombre des cas, nous avons aussi respecté les normes de quatre à dix cas d’une étude qualitative à visée exploratoire (Eisenhardt, 1989). Les cinq entreprises retenues ont été sélectionnées selon différents critères : elles sont jeunes (âgées entre six et huit ans), mènent des innovations en appliquant de nouvelles technologies susceptibles d’introduire des facteurs de succès pour leurs clients et opèrent dans le secteur

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du logiciel spécialisé et implantées dans la même zone géographique (Région Provence-Alpes-Côte d’Azur - France).

Les cinq cas ont été construits sur la base des données d’entretiens menés auprès des dirigeants-fondateurs des cinq JETI, leaders dans leur équipe entrepreneuriale. La production des données s’est déroulée pendant le mois de novembre 2008 sur la base d’un guide d’entretien portant spécifiquement sur la question de la performance de la JETI, ses mesures et ses déterminants. L’analyse des résultats s’est traduite dans un premier temps par une investigation fondée sur l’analyse des cartes cognitives individuelles élaborées sur la base des entretiens menés auprès des dirigeants A, B, C, D et E. À partir de l’étude de la cartographie cognitive, nous avons pu identifier et qualifier les représentations qu’ils se font à propos de la performance de leur JETI. Notre première investigation a porté sur l’importance relative des concepts structurant leur propre représentation de la performance. Dans un second temps, il s’agira de caractériser, c’est à-dire de préciser, les contenus de ces représentations en mobilisant le cadre théorique de Song et al. (2008).

Figure 1.3. Comparaison entre les deux logiques de valorisation financière versus patrimoniale

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Les résultats de cet article se rapportent à l’identification de deux logiques stratégiques contrastées (voir figure 1.3). À la lumière des résultats des recherches antérieures (Boissin et al., 2009; Marchesnay, 1998), ces deux logiques pourraient être interprétées, non pas comme deux logiques opposées, mais comme les deux bornes d’un continuum allant d’une logique de valorisation financière à une logique de valorisation patrimoniale. Les techno-entrepreneurs portés par une logique de valorisation patrimoniale tendraient vers une stratégie de croissance endogène, « organique », fondée principalement sur l’autofinancement et sur les revenus tirés des ventes de la JETI et se traduisant par une indépendance par rapport aux sources de financement externes et un recours aux partenariats pour soutenir le développement technologique et commercial du produit. L'accompagnement des entrepreneurs animés par une logique de valorisation financière, se traduit par une offre adaptée à la volonté d’une croissance rapide et exogène privilégiant une logique de financement par capital-risque.

Une deuxième recherche a été également conduite dans le cadre de ce sous-axe. L'objectif est d'étudier les déterminants de la performance (financiers et non financiers) des JETI selon une perspective configurationnelle qui envisage la notion de "fit" ou d'"alignement" au sens de "co-variation". Cette recherche, en cours de préparation, a été conduite en deux temps. Après avoir construit un modèle théorique articulé autour de quatre dimensions clés : (1) stratégie (développement de produits innovants; différenciation marketing; envergure des activités; développement des partenariats et rythme de développement); (2) compétences (compétences entrepreneuriales; compétences technologiques; compétences humaines/conceptuelles; compétences politiques; compétences collectives); (3) environnement (turbulence; munificence), la validité de ce modèle sera testée via une étude empirique qui sera menée auprès des JETI. A l'heure actuelle, nous disposons d'un échantillon de 101 JETI. Le présent projet d'article s'inscrit dans la continuité des travaux fondateurs de Sandberg et Hofer (1987) ainsi que Eisenhardt et Schoonhoven (1990) qui démontrent que la performance des entreprises dépend de l'alignement entre trois dimensions : environnement, stratégie et équipe fondatrice. C'est dans ce cadre que s'inscrit le présent article qui est en cours de préparation en vue d'être envoyé à Entrepreneurship Theory and Practice.

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Khiari, S. & Khelil, N., The interaction between strategy, entrepreneurial team

competence and environmental conditions: technological based venture.

Entrepreneurship Theory and Practice. [en cours de préparation] [FNEGE: 1; HCERES: A ; CNRS: 1]

Dans le document L’essence de l’échec entrepreneurial (Page 39-43)